On toque à la porte et ce ne sont malheureusement pas les yeux qu'elle aurait voulu voir. « C'est le troisième que je vois quitter ton bureau en larmes cette semaine. » S'il n'avait pas ce sourire aux lèvres, elle l'aurait pris comme un reproche. Qu'il ne prétende pas valoir mieux qu'elle. Elle était bien moins sadique qu'elle n'y paraissait, à moins que la rigueur en soit l'exact synonyme. « Et par-là tu veux dire que...? » Elle affiche un sourire intéressé, elle le défie de clarifier le fond de sa pensée. « Rien. Ce n'est pas à moi de te dire comment faire ton travail. Mais vas-y mollo sur les stagiaires. » Et le voilà qui s'amuse de l'entendre soupirer. Ce qu'il peut être contrariant quand il s'y met. « T'as toujours été comme ça ou c'est un diplôme que tu nous as caché ? Deux mois dans l'année c'est trop te demander apparemment. » La voilà qui roule des yeux sans se cacher. « Si tu t'inquiètes pour le fils d'Im Seok Woo je ne vais pas le briser ne t'en fais pas et si tu veux mon avis, je ne crois pas que ce soit son genre. » Son genre à lui, c'est plutôt d'être têtu, trop sûr de lui et arrogant. Si fier qu'il ferait n'importe quoi sans broncher. Certainement pas le genre à larmoyer à la première critique. Son téléphone sonne et elle décroche. De nouvelles lignes s'ajoutent à la longue liste de ses tâches mais elle n'aurait pas l'idée de se plaindre et elle raccroche. Quand son regard se pose à nouveau sur l'homme posté sur le pas de sa porte, elle y voit surtout une pile de documents qui gigote dans l'entrée. « Tiens ! quand on parle du loup. Pousse-toi de là tu veux. Mon bureau n'est pas une salle de pause où tu peux te détendre à ta guise. » Elle ne le voit pas, trop occupée à passer en revue un courrier à son attention mais elle l'entend et son rire s'éloigne dans le couloir en même temps que lui. « Et il ne sait même pas fermer une porte. Toi là, tu peux fermer la porte s'il te plaît. » Après tout, elle manque de compassion mais pas de politesse. Reculant sur son siège pour observer le garçon et sa pile de documents, elle prend un moment, pondère et opine. « Pose les sur cette table de l'autre côté ; qu'est-ce que c'est ? » Curieuse, elle demande.

Yeong Bin soupira en voyant le tas de documents qu’il devait ramener à sa tutrice. Franchement ? Elle le prenait plus pour son larbin que son stagiaire mais qu’importe. Il n’allait pas faire comme les autres et aller chouiner. Ce n’était pas son genre. Il allait endurer et lui prouver qu’il méritait bien que faire le café et les photocopies. D’ailleurs, il avait placé au-dessus de la pile un dossier qu’il avait lui-même constitué pour convaincre Hae Yeon de s’occuper de l’affaire. Cette pauvre fille était venue le voir, persuadée qu’il pourrait l’aider. Et bordel, il s’était retrouvé bien con face à elle, incapable de répondre à ses questions, lui, premier de sa promotion. Il détestait ça, paraître pour un con et être incapable de répondre quoi que ce soit. Ça l’insupportait alors il avait planché sur le sujet. Ça faisait des jours qu’il cherchait plein d’informations, qu’il lisait, se documentait. Cependant, il n’était rien pour défendre cette fille. Il devait convaincre sa tutrice de prendre le dossier et, clairement, il ne comptait pas lâcher l’affaire. Le dossier placé en premier et bien en évidence, Yeong Bin récupéra le tas entier et se dirigea vers le bureau de l’avocate. Il s’arrêta devant, bloqué par un collègue de la jeune femme. Il le salua comme il put et entra finalement dans le bureau. Si le garçon n’apprécia pas le ton utilisé, il ne répliqua pas, prenant sur lui. Il alla gentiment fermer la porte à l’aide de son pied, les mains toujours prises, gardant le silence pour une fois, attendant qu’elle lui indique où déposer tout ça. Il déposa les dossiers sur la table, comme demandé. Mais, bien évidemment, et il l’avait fait exprès, son dossier dénotait complètement. Il sortait du lot. Et comme il l’avait prévu, elle tiqua. Ça l’intriguait. « C’est le dossier sur l’affaire de Myung Se Na, sunbaenim. » Dit-il en prenant le dossier et lui tendant de ses deux mains.

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Good Boy Gone Bad.

Erase that boy inside of you then fill it with the wreck that I’ve become. I’m like a zombie dead alive born atop the tomb of love.

Elle le toise longuement. Son regard n'exprime rien mais il est posé sur lui dans un silence terrifiant et qui ne semble pas avoir de fin. Elle pourrait jouer les ignorantes et le faire tourner en rond jusqu'à lui faire comprendre son erreur mais n'a pas à cacher que sa réponse ne lui plaît pas et sans doute s'y attendait-il en poussant vers elle un dossier épais de plusieurs pages dans l'espoir de le lui faire lire. Elle y jette un rapide coup d'œil par-dessus le verre de ses lunettes. De le voir les deux bras tendus en sa direction depuis un petit moment lui fait un peu de peine mais ce n'est pas pour autant qu'elle cède à sa demande. Elle se désintéresse de son cas avec beaucoup de calme et ses yeux reviennent se poser sur les travaux qu'elle avait sous les yeux avant que l'on vienne la déranger. Au bout d'un moment, elle pousse un long soupir et ce n'est pas pour meubler la conversation. « Je pensais avoir été claire la dernière fois : ce n'est pas un dossier dont s'occupe le cabinet. » Il était brillant pourtant et elle l'avait sous-estimé parce qu'elle acceptait rarement donner du crédit à de pauvres idiots parachutés grâce à leur nom de famille. Mais Yeongbin avait une fougue et une résistance à certains égards qui lui avait plu en dépit de son background. Ce qu'elle était déçue... « Peux-tu me dire qui fait ton travail pendant que tu t'obstines à jouer les justiciers par intermittence ? » Elle était crue et ne cachait pas combien ces libertés qu'il s'octroyait éhontément lui déplaisaient.

Yeong Bin savait parfaitement que l’avocate ne voulait pas prendre ce dossier. Pourtant, il l’avait placé en évidence sur la pile qu’il tenait entre les bras. Il voulait réellement qu’elle y jette un œil et même si elle ne voulait pas s’en occuper personnellement, elle pouvait au moins lui donner son avis ? Le garçon déposa les dossiers là où elle lui indiqua et prit le tout premier alors qu’elle lui demandait ce que c’était. Bingo. Il sentait la remontrance venir, l’ignorance du dossier aussi mais pas grave, il tentait le coup quand même. Il le prit et le tendit de ses deux mains, attendant qu’elle le prenne, les yeux pleins d’espoir et pétillants. Mais elle ne le prit pas. Elle l’ignora, se désintéressant du dossier. L’étudiant n’était pas pour autant démonté. Il baissa tout de même les bras, il n’allait pas les garder tendus. « Et je ne comprends pas pourquoi. Pouvez-vous me réexpliquer s’il vous plaît, sunbaenim ? » Demanda-t-il alors qu’il savait très bien pourquoi. Elle lui avait déjà expliqué. Ça ne l’empêchait pas de continuer à plancher sur le dossier de Myung Se Na et de tout faire pour que sa tutrice s’en occupe ou au moins y jette un œil pour le guider. « Je m’occupe de mon travail moi-même. » Affirma-t-il. Ce n’était pas son genre de faire faire le travail par quelqu’un d’autre. Qu’il s’occupe de ce dossier lui déplaisait, il le savait et pourtant, il continuait. Il ne lâcherait pas. « Pouvez-vous juste jeter un œil s’il vous plaît ? » Demanda-t-il en lui tendant de nouveau le dossier, déterminé à ce qu’elle le regarde.

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