Mes doigts glissaient doucement, envahissant la salle d’une mélodie triste… je ne savais pas si je l’aimais ou si je la détestais. Je l’avais écrit vite, trop vite pour réellement en faire quelque chose de bien. Mais c’était une sorte de thérapie… à moins que je ne cherchais à me faire plus de mal encore ? Les notes résonnaient, ma voix était plus sombre, moins forte, je n’osais pas réellement la chanter comme il le fallait. En y mettant plus que la peine que je ressentais. Souvent je m’arrêtais, griffonnait quelques notes sur ma partition pour changer ce que je n’aimais pas. J’avais honte je crois, de la jouer, de l’avoir écrite. Kitae aurait compris… mais c’était mon truc à moi. Une chanson que je ne sortirais jamais. Elle était juste là pour me servir de… pansement. Mais je ne savais pas encore dans quel état il serait. Assez grand pour panser ma douleur ? Je n’y croyais pas. Je ne pouvais plus chanter la chanson que je lui avais écrite. Sorry ne me correspondait plus… elle n’était plus cette femme que jamais je n’aimerais. Elle était celle que j’aimerais toujours… et c’était ça qui me rendait le plus malheureux. Tout était devenu obsolète. Cette relation, ces sentiments… à quoi ça avait servi de les accepter ? Si c’était pour en souffrir. Je poussais un soupir, contrarié en écoutant à nouveau le son qui sortait de ce piano. Je grimaçais, corrigeais et chantais à nouveau. Je m’enfermais dans ma bulle. C’était mieux qu’aller boire je croire… pourtant dans mon sac j’avais ces jolies doses. Trop précieuse qui je pensais pourrais m’aider si je lâchais prise. Je ne suis pas celui qu’elle espérait, et je ne le saurais jamais. J’avais déçu tellement de gens autour de moi… et je me détestais plus encore en m’écoutant chanter cette chanson. N’était-ce donc pas ridicule ? De la regretter alors que j’avais tout fait foirer ? Je n’aurais jamais dût… tout ce que j’avais à faire c’étit m’en sortir. M’accrocher à nous pour avancer… mais rien n’avait eut de sens tout à coup. Mon téléphone sonnait… Kitae encore une fois. Pire qu’un flic pensais-je, en l’ignorant. J’avais besoin d’un peu de temps pour moi cette fois… juste une heure. Alors je reprenais la mélodie… en espérant qu’elle m’aiderait à tourner la page… 

Assise sur le toit du bâtiment, tu as les yeux tourné vers le ciel. Tu viens souvent ici pour leur parler, à tes défunts parents. Tu as beau toujours afficher un sourire, tu n'en restes pas moins humaine et parfois leurs absence presses trop lourd dans ton cœur. En réalité ta mère te manque a chaque instant. Tu n'as jamais eu l'occasion qu'elle te prenne dans tes bras pour te réconforter. Cependant l'image ton père en train de te veiller est aussi douloureuse. Parfois tu te demandes ce qu'il veut mieux, souffrir à causes des souvenirs ou de leurs absences. En réalité la réponse importe peu, le résultat est le même, la douleur est indélébile. C'est ce que tu leur dis d'ailleurs les yeux dans les étoiles.

Vous me manquez ! Mais…mais on va bien…promis, on est fort et on avance toujours la tête la première, comme toi papa.

Pour une fois c'est un sourire triste qui trône sur son visage. Tu finis par baisser les yeux en inspirant l'air frai. Le froid t'envahit et tu as l'impression qu'il cristallise sur les parois brulantes de ton cœur meurtrie. Tu as les larmes aux yeux mais tu les chasses d'un revers de manche.

Vous me manquez tellement….

Tu finis par serrer les dents et quitter le toit. En traversant un couloir, tu t'es arrêté, voyant dans la seule salle allumé Il Kyang au piano. Tu te souviens de l'état dans lequel tu l'as quitté l'autre jour, aussi tu veux prendre de ses nouvelles. Tu entres ouvres en silence la porte. La musique qui te parvient te serre le cœur immédiatement. Sa voix grave et empreint de tristesse font remonter les larmes dans ta gorge. Tu ne fais aucun bruit, écoutant encore un peu. Sans t'en rendre compte, tu t'es mis à danser, telle une ombre derrière lui. S'il s'exprime en chantant, toi c'est pas la danse. Au fil de tes pas ses paroles t'ont pris au cœur et tu t'es mis à chanter avec lui

Down…..

Il y avait ces mélodies qui réchauffent les cœurs, qui inspirent et qui donnent un sens à une vie. Puis il y avait celles qui vous marquent, vous font pleurer et vous donnent l’impression que plus rien ne vaut le coup. Cette douleur ardente, je la ressentais. Et je ne savais plus à qui je pensais… à elle ? À lui… ou à cette vie qui m’avait échappé. J’étais ce gosse plein de rêves… aujourd’hui je n’étais plus rien. Qu’une émotion parmi tant d’autre. Prit par la musique, les paroles que je chantais… j’avais cette brusque angoisse qui me gagnait. Cette souffrance trop forte, au point qu’il fallait que je ferme les yeux pour ne pas sombrer. Pour ne pas laisser échapper ces larmes qui menaçaient… je voulais juste que ça m’aide. Que tout s’arrête… et tandis que j’entendais ma propre voix, une autre avait fini par rejoindre la mienne. Au point que j’en frissonnais, comme un doux rêve… une lueur d’espoir, quelqu’un qui entendait ma peine. Dans un rêve fou c’était elle… son sourire aux lèvres, d’un geste délicat elle poserait sa paume sur la mienne. Pour me dire qu’elle était là… mais je n’étais pas fou. Juste plein d’espoirs… le cœur battant, j’ouvrais les yeux, et continuais le refrain qu’elle avait retenu… Quand j’osais tourner le visage je la voyais là… Rin… mon cœur ratait un battement. Mes mains tremblaient, alors que je laissais la dernière note résonner entre nous… Je ne me sentais pas honteux, ni même ridicule. J’avais le regard brillant et étrangement je trouvais le sien aussi… chargé que le mien. Comme un écho à la peine que je ressentais. Avais-je réussi à la toucher ? Comprendrait-elle le sens de ces paroles ? Ou ressentait-elle quelque chose qui n’appartenait qu’à elle ? Je ne savais pas combien de temps j’étais resté mon regard rivé dans le sien… je n’osais pas parler. Peur de briser cet instant, cet équilibre fragile entre nous… Je n’avais laissé qu’une lumière allumée… l’ambiance était si étrange tout à coup. Et j’avais peur de revenir à cette réalité de ne rendre compte que c’était déjà trop tard. Elle savait… elle avait pu lire en moi cette détresse. Avait-elle entendu toute la mélodie ? Avait-elle dansé dessus ? Je n’avais envie de rien… bizarrement, je voulais juste qu’elle… reste… alors dans un geste, je me décalais sur le fauteuil, pour lui laisser la place. Une invitation silencieuse à ce qu’elle me rejoigne… 

En dansant tu as les larmes aux yeux et ta voix triste s'accorde bien avec celle d'Il Kyang. Tu as continué jusqu'à sentir la fin du morceau venir. A cet instant tu t'es tourné doucement vers lui. En le voyant aussi émotif que toi, tu as serré les dents, refusant de laisser tes larmes prendre le dessus. Une a peut-être roulé sur ta joue alors que tu es resté immobile face à lui. Il t'a fait passer par plusieurs émotions déjà, la joie en parlant de votre passion, la colère en t'insultant, le rire avec ses blagues, et maintenant la peine. Tu sais qu'il ne doit pas comprendre la tienne, d'ailleurs au fond tu ne sais rien de la sienne. Et de toute façon, quelle importance…A son invitation silencieuse, tu ne parviens pas à sourire, venant simplement essuyer tes yeux rapidement. Tu t'es approché sans un bruit, sans le quitter des yeux. En t'installant à côté de lui, tu n'as toujours rien dit, déposant juste ta tête sur son épaule. Tu as inspiré profondément avant de déposer tes doigts sur le piano. Tu n'es pas certaine d'arriver à parler alors tu vas essayer autrement. Tes doigts débutent quelques notes et malheureusement tu ne connais pas la suite, cependant tu fredonnes.

You raise me up….

Tu ne le chantes pas pour lui, quoi que….Pour l'heure, tu fermes juste les yeux, reprenant ce refrain comme s'il pouvait fonctionner, comme s'il pouvait être vrai. Il y a une pointe de regrets dans ta voix, car en effet tu chantes bien d'absence de ces personnes cher à ton cœur qui devrait être là pour t'épauler. C'est pour eux que tu veux être forte, que tu veux affronter la vie, même si ta voix pleure, ces mots redonnent un peu d'espoir à ton cœur

Aucun de nous ne voulait tout briser. Parler pour ne rien dire, rire… nous n’étions pas prêt pour ça. Lorsqu’elle approchait, je ne la quittais pas des yeux. Cet instant semblait presque irréel. Comme un songe dans lequel j’étais plongé. Mais il n’avait rien de douloureux… c’était beau, presque poétique en fait. Deux souffrances qui se rejoignaient… et se comprenaient surement un peu. En sentant sa tête se poser sur mon épaule, je me sentais étrangement apaisé. Je n’étais plus habitué, tout me semblait froid autour de moi. Et en cet instant c’était surement tout ce dont j’avais besoin. Un contact humain, une chaleur réconfortante… l’odeur de son parfum était aussi rassurante. Pourtant je la connaissais à peine, mais c’était cette fragrance qui avait envahi mon appartement cette nuit-là. Comme une marque de sa présence, que je n’avais pas été seul toute cette soirée, que quelqu’un avait veillée sur moi. Baissant les yeux, je l’observais, la laissait faire et jouer ce début de mélodie. Je la connaissais… et j’aimais cette chanson. Voyant qu’elle n’avait pas l’air de connaitre la suite, je reprenais avec elle rapidement en capella pour lui répondre. Mais pendant que je chantais, j’avais passé un bras autour d’elle, venant attraper sa main doucement pour l’aider à jouer. J’accompagnais ses gestes, pour lui montrer où frapper la note. Je ne forçais rien, je pensais même que tout était naturel entre nous. Comme si elle acceptait de me faire confiance et moi de lui donner la mienne… et tandis qu’on jouait, j’écoutais sa voix s’élever. Cette harmonie délicieuse… c’était toujours aussi doux. Et l’émotion qui se dégageait de nous était particulière. Pour la première fois surement, je me rendais compte que cette fille souffrait aussi… et ça n’avait rien de malsain, c’était juste… humain. Je chantais avec elle, laissant surement nos sentiments s’égarer. Je pensais même qu’on se livrait bien plus sur une chanson que sur une discussion. Et j’étais envahi par ce malaise, ce besoin de lâcher prise… je tentais de retenir cette voix qui devenait chevrotante. Mes gestes moins assurés… pouvait-elle sentir mes mains trembler contre les siennes ? J’avais trop de choses en tête, trop d’images, trop de regrets… au point que je finissais par sentir une larme couler sur ma joue. Faiblesse, que je ne savais retenir, je me reculais brusquement, coupant court à la mélodie avant de vulgairement essuyer mon visage. « Je suis désolé… » Lâchais-je honteux. Détournant le regard, j’avais le cœur qui battait à cent à l’heure. Je devais être ridicule n’est-ce pas ? Je lâchais même un petit rire désabusé, pour avoir moins l’air idiot face à elle. Je ne savais même plus pourquoi je pleurais… Ye Won, Yohan, mes erreurs, mes rêves brisés, ma famille ou… alors juste ce moment ? C’était un tout je crois… j’étais lassé de ces émotions…

Tu t'en veux parfois d'être triste. Tu sais qu'il y a toujours plus malheureux et aussi plus heureux. Cependant tu as parfois besoin de vivre ta peine et de laisser la douleur t'envahir. Tu sais qu'il ne sert à rien de fuir ses émotions au risque qu'elles te rongent de l'intérieur. Cependant c'est rare que tu partages ces moments de faiblesse. Tu n'es pas en manque d'épaules pour pleurer, néanmoins tu n'aimes pas te dévoiler. Tu préfères affronter tes peurs, tes doutes et tes démons, seule. Ta famille pourrait te soutenir, mais là encore tu ne veux pas qu'ils se fassent du souci. Alors oui, en général tu n'exposes pas tes états d'âme. C'est pour ça qu'à cet instant tu te sens presque heureuse de pouvoir dévoiler la tristesse qui t'habite. Tu ne connais pas Il Kyang, ou si peu, et pourtant tu as l'impression qu'il comprends ta douleur. Tu te sens moins seule à souffrir et même si cela n'enlève rien à ta peine, cela allège un peu ton cœur. Tu n'as pas refusé son aide, laissant sa main chaude guider la tienne. Tu t'es même permis de fermer les yeux, t'abandonnant totalement, laissant vos mains glissées sur le piano alors que ta voix s'élève doucement. Quand il reprend en cœur avec toi, tu sens toute sa détresse, ce qui te serre le cœur, comme si vos douleurs s'harmoniser en musique. Tu sens ses tremblements et la pression de votre désespoir explose. Lui se recule, s'excusant en essuyant ses larmes.

Toi, tu n'as pas retenu tes larmes. Après tout pour une fois, tu as le droit de pleurer. Tu t'es tourné vers lui pour l'enlacer sans réfléchir. Tu as remis ta tête sur son épaule alors que des larmes silencieuses coulent. Tu le serres conter toi à son rire ironique. Même si aucun mot ne traverse la barrière de tes lèvres, tu veux par ce geste lui faire comprendre qu'il n'a pas besoin d'être désolé. Il a le droit d'être triste, il a le droit de pleurer, de craquer. Ta présence n'est qu'un maigre soutien et pourtant la sienne te fait du bien. Il est une bouée dans l'océane de larmes muettes qui se déverse sur son épaule. Tu ne sais pas réellement combien de temps tu es resté là, quelques secondes, quelques minutes, plus…Cela n'a aucune importance. Tu t'es légèrement reculé et toujours sans un mot, tu as sorti un paquet de chocolat de ton sac que tu lui as tendu, en prenant un toi-même. Tu as esquissé un léger sourire qui contracte avec les traces de larmes sur ton visage et tes yeux rouges.

Je n’aurais pas pensé que je croiserais son regard attristé, que je verrais ces larmes sur son visage. Un court instant. Quelques secondes tout au plus avant qu’elle ne me prenne dans ses bras. Mon cœur ratait un battement, alors que sentais sa tête sur mon épaule. Abasourdi, surprit par son geste, je me sentais subitement apeuré… mal à l’aise. Ça n’avait rien à voir avec sa présence, mais ce qu’elle ressentait. J’avais vu dans son regard, cette tristesse qui m’avait clouée… au point que ma propre peine n’avait brusquement plus aucune importance. C’était la sienne… cette lueur, cette douleur qui m’avait tuée… j’avais même passé mes bras autour d’elle. Sans rien maitriser, ni contrôler… si elle voulait pleurer, je serais là pour elle. Au même titre qu’elle me le disait… silencieusement. Je savais oui, qu’elle était là... et ça avait quelque chose de libérateur… je ne savais pourtant rien d’elle… et je crois que j’avais finis par laisser échapper ces larmes aussi. Des perles salées qui se mêleraient aux siennes… c’était presque plus sain de cette façon. Qu’on lâche tout… qu’on oublie tout quelques instants. Je ne savais plus ce qui se passait. Ni ce qui me tourmentait. Tout ce que je ressentais, c’était ce besoin d’être avec elle… d’être dans cette même émotion que la sienne. Qu’importe pourquoi elle pleurait, on avait nos raisons… et quand elle se reculait, un frisson parcourait ma peau. Je n’avais pas essuyé ces marques sur mes joues, les mêmes que les siennes. On devait avoir l’air de deux pauvres malheureux. Et en observant ses gestes, j’avais ce sourire… le reflet du sien… parce-que peut-être qu’en cet instant on se comprenait mieux que personne. D’un geste fin j’avais attrapé un chocolat avant de mordre dedans. Les épaules basses, dépité… mais c’était différent. Je n’avais pas l’impression d’être à bout. D’être coincé dans cette rage folle qui m’envahissait. C’était plus apaisant… comme une permission que je m’étais accordé. Passant ma paume sur mes joues, je souriais encore « Ils sont bons… » Ces chocolats. Ce gout rassurant… Rin avait-elle toujours les solutions aux peines ? Mais en la regardant je me sentais inquiet… ouais, c’était ce que je ressentais. Ça me faisait de la peine de la voir ainsi. Et je n’arrêtais pas de me demander ce qui la rendait malheureuse. Comment une fille aussi souriante qu’elle pouvait cacher cette souffrance ? Je levais une main vers elle, hésitant un instant, sans savoir si je pouvais… mais je finissais mon geste pour venir essuyer ses marques de larmes. D’un doigt délicat, presque apeuré à l’idée de la toucher. J’avais la brusque impression que quelque chose s’était écroulé entre nous. Une barrière surement, celle que je voulais mettre entre les autres et moi… mais face à elle je n’avais plus de raison de me cacher. Lui souriant attendri « Tu es toujours là quand il faut… » à croire qu’elle le faisait exprès. Mais j’étais bien plus tourmenté par son visage triste que par le reste… que pouvait-il lui être arrivé ? Lui demander me paraissait être trop intrusif. Je ne voulais pas la brusquer… 

Son visage n'est que le reflet du tien. Des sillons de larmes luisent sous l'unique lumière de la salle. Il n'y a que le bruit de vos respirations retenues. Sa présence te fait du bien sans que tu ne puisses te l'expliquer. Tu n'es pas du genre à partager tes peines et pourtant c'est exactement ce que tu viens de faire. Parfois le silence est plus loquace qu'un discours. Évidement tu ne sais rien et pourtant dans ton cœur tu as l'impression de ressentir sa douleur. Je ne sais pas quoi dire ? Qu'y a-t-il a dire ? Tu ne veux pas poser de questions et pourtant elle ne manque. Tu as différentes pièces du puzzle, un hôpital, un groupe de musique, des cartons d'une femme et par-dessus tout une souffrance immense. Tu sais pas si ta présence l'apaise autant que la sienne Tu l'espères, malgré tout tu sors des chocolats. La nourriture est ton arme préféré contre la déprime. Lorsque son sourire apparait comme par mimétisme, tu sens un poids s'envoler de ton cœur. Sa phrases termine de te redonner ta voix.

Je les adore…

Tu en prends d'ailleurs un autre avant qu'il approche sa main. Tu n'as pas eu peur, tu lui fais confiance. Tu as fermé les yeux lorsqu'il a essuyé ta joue. Tu t'es laissé porter par ce geste si simple et pourtant si attentionné. C'est la première que dernière ce geste tu ne ressens pas de la pitié. C'est souvent la lueur qui apparait lorsque les gens apprennent ton histoire. Même dans les yeux de tes proches, parce que tu es la petite dernière, qui n'a pas connu sa mère et qui a perdu son père jeune. Alors oui, ce geste dénué de jugement te fait du bien. Tu ré ouvres les yeux uniquement à ses mots. En découvrant son visage toujours souriant, le tien s’élargit.

C'est toi qui est toujours sur mon chemin…

Tu pouffes de rire, car cela te rend heureuse qu'il soit toujours là. D'abord à l'hôpital, devant ton dortoir et maintenant. Tu lis dans ses yeux les questions, tu t'en poses aussi beaucoup. Cependant tu n'es pas certaine de voir débuter la conversation. Tu ramènes donc ton sac devant toi, lui indiquant qu'un signe de tête.

J'ai dû salé si tu préfères. On se prend un truc à boire et on discute après ?

Je n’avais pas envie de la repousser, encore moins de l’éviter. Je n’avais jamais cru qu’on se reverrait aussi facilement. Comme si quelque chose la pousser indéniablement vers moi. Mais j’étais presque désolé pour elle en réalité. Qu’elle doive affronter mes démons, devoir les supporter… une fois de plus je n’avais rien maitrisé. Mais elle non plus je crois... et je me sentais brusquement un peu plus proche d’elle. Sous ses airs de fille joyeuse se cachait des blessures. Je n’avais pas envie de briser cette atmosphère. Je me laissais aller à de simples banalités. Et ça m’allait... pourtant à son sourire, j’avais le cœur plus léger. Comme si elle pouvait tout arranger. Etait-ce son fameux secret ? Ce pouvoir que je ne comprenais pas ? Je n’en savais rien, mais je suivais des yeux ce qu’elle me montrait. Acquiesçant d’un geste de la tête. J’avais terriblement faim… je supposais qu’elle n’avait aucune boisson sur elle. Alors je me levais pour qu’on aille en chercher. Marcher nous ferait surement du bien. En sortant de la salle, les couloirs étaient vides. L’atmosphère aurait pu être pesante mais j’avais ce sentiment de sérénité. Etrange je le savais, mais je me sentais… bien. Malgré les doutes que j’avais. Je repensais d’ailleurs à la dernière fois qu’on s’était vu… Qu’avait-elle pensé de moi ? Etait-elle déçue ? Je ne savais pas pourquoi je pensais à ça. On ne se connaissait pas… mais j’aimais montrer une autre image de moi. Plus… maitrisée je crois. J’aurais aimé être ce type qui essayait de s’en sortir. Qu’elle me voit peut-être comme quelqu’un de plus… courageux. Arrivé près du distributeur « Tu veux quoi ? » j’allais lui payer sa boisson. Je lui devais bien après tout. Et tandis que je tapais les codes, j’avais finis par dire « Rin tu sais… à propos de la dernière fois… » Parce-que en réalité j’y pensais beaucoup. Il fallait que je lui dise… « Je suis désolé… que tu ais assisté à ça… » Ce que j’étais et ce que je suis en ce moment. J’aurais pu être différent, mais je n’arrivais plus à m’en sortir. C’était trop dur, je n’en avais plus la force. Ça faisait plus d’un an que je me battais avec tout ça. Mais je m’en voulais surtout qu’elle m’ait vu dans cet état. Qu’elle se soit senti obligée d’être là… je ne savais pas réellement ce qu’elle avait cru ou comprit. Je n’allais pas lui mentir. Lui dire que ça n’arrivait jamais… elle avait dut le voir d’ailleurs. M’avait-elle trouvé minable ? Bizarrement elle ne m’avait pas jugé… du moins c’est ce que je pensais. Rin était encore là ce soir, sans m’avoir fui. Sans me tourner le dos… je ne savais pas ce qui l’attirait vers moi d’ailleurs. Si j’avais été assez lucide, je lui aurais dit de m’éviter… mais je me rendais compte que je n’en avais pas envie… « Je ne te mentirais pas en te disant que je ne suis pas comme ça… » J’avais l’air désolé pour elle. Je n’avais pas besoin de me cacher… « C’est mon quotidien… » Lui avouais-je simplement. Parce-que ça faisait longtemps que j’avais accepté mes vices. C’était même la chose la plus importante. Vivre avec, pour pouvoir avancer. Mon thérapeute me le disait souvent... mais je n’avais plus envie de me battre. Je me laissais juste consumer… Baissant les yeux « Est-ce que… ça t’effraie ? Les gens comme moi… » ceux qui sombre. Ceux qui peuvent du jour au lendemain vouloir se foutre en l’air. Ceux qui n’avaient plus de rêve… je ne pensais pas qu’elle avait peur et je craignais presque sa pitié. Je n’étais pas prêt à lire dans ses yeux cette lueur… je pensais même que ça m’achèverait… 

Tu lui demandes une boisson latté avec un regard reconnaissant comprendre qu'il veut de l'offrir. Tu aurais pu te la payer, tu ne roules pas l'or mais ça tu peux te le permettre. Lorsqu'il reprend gardant son regard sur le distributeur, tu affiches un sourire triste. Il n'a pas à s'excuser, tu ne veux pas qu'il le fasse, aussi quand ses mots sortent, tu lui frappes doucement l'épaule.

Arrête t'as pas à t'excuser, ça arrive à tout le monde

Quand il te donne ta boisson, tu lui affiches un sourire complice, prouvant que tu ne tiens pas rigueur de son état pitoyable de l'autre fois. En effet tu serais mal placé pour juger et puis tu n'es pas du genre à juger la vie des autres. Chacun porte sa croix, lui comme toi. Elles ont beau être différent, elles vous pèsent et chacun se libère de ce poids comme il peut. Toi-même tu as usé de drogue à une époque et aujourd'hui encore tu en as parfois envie. Comme si tu avais gouté au fruit interdit, à présent cette saveur hante ton esprit dans les moments difficiles, comme voix qui t'appelle pour la rejoindre. Tu chasses cette pensée, alors que tu le tires par le bras pour aller dans les étages. Tu veux rejoindre un coin que tu apprécies particulièrement. Quand il avoue qu'il est alcoolique, parce que c'est le sous-entendu de son aveu. Tu te rapproches pour lui donner un petit coup de hanche amicale.

Personne n'est parfait tu sais. Au moins tu ne te voiles pas la face et ça c'est bien

Tu lui jettes un regard confiant. Tu ne le connais pas depuis longtemps et pourtant, malgré ses sautes d'humeurs et son problème d'alcool, il te semble honnête et surtout brisé. Au fond tu trouves que tu lui ressembles un peu. Tu es triste de le voir baisser les yeux honteux. Tu crochetés ton bras avec le tien, lui offrant un sourire rassurant, signe que tu n'as pas peur. Tu reprends ensuite

Tu sais il y a un proverbe qui dit : La vie, c'est comme un piano. Il y a du blanc, du noir et il faut jouer les pour avoir un belle mélodie.

Tu laisses échappé un petit rire avant de l'entrainer dans une salle. D'ici le ciel est dégagé, tu le lâches pour t'approcher de la fenêtre. Pendant une seconde ton regard se perd dans les étoiles et tu murmures.

Moi mon problème c'est la drogue…Il faut croire qu'on lutte tous contre quelque chose.

Ton sourire est triste et douloureux, pourtant tu te retournes vers lui, l'invitant à s'asseoir avec toi alors que tu sors un tas de snacks de ton sac. Il va peut-être te prendre pour une boulimique. Dans un sens il n'aurait pas trot, la nourriture a surement remplacé la drogue.