Il était tard dans la soirée lorsque Yeosang s’éclipsa soudainement de la salle commune des beolsae. Il n’avait rien dit en partant, jetant simplement quelques regards furtifs afin de réussir à s’évader le plus discrètement possible. Bien qu’il aime les colibris, il était mal à l’aise, plus encore lorsque son corps entier le faisait souffrir. Finalement, une porte de sortie lui fut offerte et il s’éloigna sans que personne ne s’en rende compte. Prudemment il gagna les douches et s’installa à l’intérieur de celle-ci. Il avait besoin d’un peu de chaleur pour apaiser les douleurs lacérant son corps. Il se déshabilla avec difficulté s’arrachant de nombreux gémissements de douleurs, avant de finalement réussir à se glisser non sans mal dans la douche. Rapidement, il fit couler l’eau chaud sur sa peau, grognant de mal-être lorsque le contact fiévreux de l’eau s’abattit sur son corps frigorifié. Le jeune botaniste resta alors pas moins d’un bon quart d’heure immobile et muet dans la douche, avant que les larmes ne fassent leur apparition. Sans qu’il ne puisse rien y faire il éclatât en sanglots violents et l’eau ne put guère étouffer ce son plein d’agonie. Yeosang laissa alors libre court à sa peine et sa colère, pleurant à chaudes larmes avant de finalement décider de quitter la douche après s’être nettoyé. Il se sécha ensuite lentement, constatant avec horreur la couleur vermeille ayant imbibé sa serviette immaculée. « Pas encore … » souffle-t-il plein de tristesse, alors qu’il attrape une autre serviette pour la nouer autour de sa taille. Lentement, il s’avance vers le miroir et observe de longues secondes son reflet dans le miroir « Tu es pathétique Yeosang. » murmure-t-il, avant de baisser la tête, ne pouvant plus soutenir son propre regard une seconde de plus. Soudainement il entendit la porte s’ouvrir et son corps ne fit qu’un tour, par automatisme il jeta un rapide coup d’œil avant de crier « Azriel ! Je … » lui dit-il, avant de se jeter précipitamment vers la seule serviette libre pour la plaquer contre son torse … Dévoilant sans le vouloir la couleur inquiétante que celle-ci avait prise, signe que l’une de ses blessures s’étaient réouvertes. « Je … Sors … S’il te plait. J’ai … J’ai oublié de fermer la porte. » explique-t-il avec une petite voix, son corps commençant à trembler, terriblement mal à l’aise de se montrer avec si peu de tissus sur le corps. Pour la première fois, Yeosang avait peur. Il avait peur d’Azriel.

Tu viens de boucler un projet de groupe, une étude stupide sur les méfaits de l'alcool sur la santé. Entre les clichés des foies malades en passant par la liste des effets sur la peau et les troubles psychologique, tu en as ta claque de devoir démontrer que l'alcool est mauvais pour la santé. Tu es épuisé d'avoir été conciliant, poli et courtois avec des gens que tu méprises. Oh oui tu joues la carte de l'arrogance dans ta promotion, préférant éviter de  lier des relations futiles. De toute façon les gens ne restent pas dans ta vie. En général ils ne te supportent pas et pour cause tu ne fais rien pour. Même si ton père t'a toujours appris que tu devais entretenir de bonnes relations pour le business, au fond de ton cœur tu sais qu'il veut mieux être seul que mal accompagné. Si tu acceptes les fréquentations imposées par ta famille pour le reste tu es sélectif et peu sont tes amis. Il se compte sur les doigts d'une main à peine. C'est d'ailleurs l'un d'eux que tu vois quand tu entres dans la douche. Tu n'as pas frappé, parce que si s'est occupé c'est toujours fermé, mais pas ce soir.

Non ce soir le spectacle que tu vois t'arrache une mine horrifiée. Yeosang ton colocataire, qui est devenu un ami, est presque nu devant toi. Oh ce n'est pas ça qui te choque, bien que tu n'es pas du genre exhibitionniste. En temps normal tu l'aurais taquiné et tu l'aurais laissé finir. Seulement en voyant le sang sur la serviette et l'état de son corps, tu ne peux pas faire abstraction. Il a beau essayer de le cacher, son reflet dans le miroir ne peut pas mentir. Il s'est fait battre, il s'est fait passer à tabac plutôt. Comment ? Par qui ? Pourquoi ? Il y a trop de questions, mais elles attendront. Tu fermes la porte à clé et t'avance vers l'armoire pour sortir la trousse à pharmacie. Avant d'être son ami tu es médecin.

Yeosang.... laisse-moi voir stp...

Ta voix est tremblante trahissant la peine que tu ressens face à ces blessures. Tu lui présentes la trousse de soin, espérant avoir son accord. Tu prends son regard pour un oui, alors tu t'avances, posant le matériel sur l'évier. Tu déposes doucement une main sur la sienne, espérant le faire baisser cette serviette entre vous.

Assis toi, je vais te soigner.

Si Yeosang n’avait pas prévu quelque chose ce soir-là, ce fut bien de se retrouver presque nu devant son colocataire. Et pire encore que celui-ci allait apercevoir le carnage qu’avait subi son corps dernièrement. « Ne ferme… » commence-t-il alors qu’Azriel ferme la porte, surpris il se recule légèrement semblant soudainement mal à l’aise. Il avait l’impression de se retrouver pris au piège sans pouvoir espérer retrouver une issu de secours. « Azriel je … Je n’ai rien ne t’occupe pas de moi et sors …s’il te plaît. » supplie-t-il tandis qu’il ose à peine regarder son colocataire dans les yeux. Les secondes passent, mais Azriel ne bouge pas et finalement le botaniste l’autorise à s’approcher de lui. Il observe un instant la trousse de secours qu’il pose sur l’évier et murmure. « C’est rien de grave, tu n’as pas à t’inquiéter comme ça. » lui dit-il en essayant de le rassurer. Mais il n’est pas dupe et dépose doucement une main sur la sienne. Surpris, Yeosang sursaute, alors que son corps entier est pris de tremblement « ça va cicatriser, ce n’est rien je te le promets. » lui dit-il, en venant serrer un peu plus fort sa serviette contre son torse. Il ne voulait pas que son ami puisse le voir dans cet état, et surtout pudique qu’il était il ne pouvait supporter la simple idée de dévoiler son torse au jeune homme. C’était trop dur pour lui, et le regard suppliant qu’il lance au futur médecin est suffisant pour comprendre la douleur, la peur et l’angoisse que ressent le pauvre botaniste à cet instant précis.

Tu ne tiens pas compte de ses réclamations. Tu as fermé la porte à clé, pas pour de mauvaises raisons. Tu veux simplement que personne d'autre ne le voit comme ça. En allant attraper la trousse de soin, tu as essayé de te calmer. Un million de questions te viennent en tête avec une vague de colère pour celui ou ceux qui lui ont fait ça. Cependant ce n'est pas le moment de laisser ta rage exploser. YeoSang n'en a pas besoin. Tu commences à le connaitre et tu sais qu'il est sensible. Aussi tu t'approches doucement, en silence, attendant qu'il accepte ta présence, comme si tu essayais d'apprivoiser un animal blessé.

YeoSang, sérieusement, ce n'est pas rien...Il faut soigner ça. Tu ne voudrais pas éviter de te retrouver avec une tâche de sang sur ta chemise demain en cours ? Laisse-moi fait, s'il te plait.

Ta main reste sur la sienne, espérant qu'il accepte ton aide. Tu n'as pas envie de lui forcer la main, même si ce n'est pas l'envie qui te manque. A cet instant, ce moment particulier, gênant et intime, tu espères qu'il te fasse confiance. Après tout tu es médecin, tu n'as pas prononcé ton serment d'Hippocrate et pourtant si tu suis cette voix, c'est bien pour aider ton prochain. En l'occurrence Yeosang n'est pas n'importe qui, tu l'apprécies comme un ami. Découvre les sévices qu'il subit te touche forcement, néanmoins, tu essayes d'afficher une mine aussi rassurante que possible.

En l’espace d’un instant Yeosang s’était retrouvé dans cette position inconfortable de proie apeurée. Il se savait son ami incapable de lui faire du mal, mais malgré tout se retrouver enfermer avec un homme faisait voler en éclat toutes ses certitudes. « Azriel je … Je n’aime pas que … Je ne me sens pas bien quand je suis … Je suis seul avec un homme. » avoue-t-il d’une petite voix, tandis que son corps entier se met à trembler à son insu. Yeosang n’y pouvait rien, c’était plus fort que lui et lorsque son ami approche il ne peut réprimer un mouvement de recul violent. Comme pour se protéger, Yeosang colle sa serviette ensanglantée contre son torse, la serrant de toutes ses forces tandis que son regard effrayé ne quitte pas des yeux Azriel. « C’est … Ce n’est vraiment rien. » bégaye-t-il tandis que des larmes commencent à rouler sur ses joues d’enfant « Je … Je n’irai pas en cours demain de toute manière. » proteste-t-il, espérant que cette réponse finira de convaincre le médecin de s’éloigner. Mais celui-ci n’abandonne pas, ne lâchant pas la main de l’ex renard. « Azriel … » gémit-il avant d’exploser en sanglots incontrôlable. Doucement sa main se desserre autour de sa serviette et finalement celle-ci s’écrase à ses pieds dévoilant son torse frêle à la vue de son ami, lui offrant son consentement silencieux. « Je suis désolé Azriel, je suis vraiment … vraiment désolé. » pleurniche-t-il se sentant le seul coupable de son état physique et de cette vue misérable qu’il offre à son colocataire. Yeosang aurait tout donné pour disparaitre à cet instant précis, s’enfoncer six pieds sous terre pour ne plus jamais revenir. Il se sentait misérable, si misérable qu’il avait l’impression de crever chaque jour un peu plus, et aujourd’hui plus que n’importe quel jour. Parce qu’aujourd’hui il venait de croiser le regard inquiet d’un être qu’il aimait tant, et ce regard il ne pouvait le supporter.

Si d'habitude tu as le sang chaud, face à Yeosang apeuré, tu adoptes une attitude calme et rassurante. C'est surement la première fois que tu agis comme un médecin et aussi comme un ami mature. Ton cœur a beau te hurler de le faire s'asseoir et de le questionner, tu t'approches lentement pour ne pas le brusquer. Lorsqu'il a un mouvement de recul, tu t'arrêtes un instant, lui indiquant d'un regard qu'il n'a rien à craindre de toi. Oui vous êtes seul et ce n'est pas la première fois. Tu reprends ton approche, espérant qu'il accepte ton aide.

Yeosang, ce n'est pas juste demain que tu ne devrais pas aller en cours...Est-ce qu'il a quelqu'un qui peut te prendre les cours ? Tu as besoin de repos là.

Ta voix n'est pas accusatrice, plutôt inquiète. Tu ne le quittes pas du regard, espérant qu'il comprenne la lueur de sincérité dans tes yeux et qu'il te fasse confiance. Quand il baisse les armes tu lui offres un léger sourire. Tu sors une compresse et du désinfectant, effectuant chaque geste lentement pour qu'il ne panique pas. A ces excuses tu secoues doucement la tête.

Arrête de te blâmer . Tu n'as pas à t'excuser, ce n'est pas ta faute. Assis toi là, ça va un peu piquer.

Tu entreprends alors de désinfecter sa plaie, jugeant de l'ampleur des dégâts. Est-ce qu'il faut des points, un bandage ou simplement un pansement. Tu te demandes comment il fait pour ne pas en avoir parlé, d'autant plus que tu vois d'autres marques plus anciennes. Tu n'as pas besoin de poser la question, il se fait battre mais pas qui ? Sa famille, enfin ce qui lui sert de famille ? Tu as beaucoup de questions, mais tu sais qu'il ne répondra pas. Tu préfères donc garder le silence pour le soigner. Tu n'es pas certain qu'il te parle de lui-même. En général tu dois lui tirer les vers du nez. Tu ne lui en voudras pas s'il reste muet, la seule chose qui t'importe pour l'instant c'est de le soigner, lui faire un bon repas et le mettre au lit

« Non … Je … Je n’ai pas d’amis Azriel. Je dois aller en cours, si je n’y vais pas je vais tout louper. Et je ne veux pas rater mon année. » explique Yeosang d’une petite voix, son regard vide de toute autre émotion que la tristesse et la peur de rater les cours. Il ne pouvait pas se laisser aller à cause de pauvres petites blessures, il n’en avait pas le droit. « Je n’ai pas besoin de repos Az’. Je suis habituée ce n’est rien de grave. » lui dit-il soudainement, d’un ton devenu plus froid l’espace d’un instant. Finalement, après de longues minutes de méfiance et d’inquiétude le jeune botaniste baisse finalement les armes, laissant l’occasion à son colocataire de s’approcher de lui. Lorsque celui-ci lui demande de s’asseoir il obéit sans un mot, bien trop rapidement pour que son comportement ne paraisse d’ores et déjà suspect aux yeux d’Azriel. Inconsciemment, il avait peur que celui-ci s’énerve s’il n’obéissait pas. Puis soudainement, il éclate en sanglots pleurant à chaudes larmes tout en s’excuser, ses perles salées doublant d’intensité lorsqu’il entreprend de désinfecter sa plaie. « Ça fait mal. » pleurniche-t-il sans réussir à s’arrêter « Je suis désolé. Je suis désolé de te déranger comme ça, tu … tu devrais être entrain de profiter de ton temps libre. Je suis qu’un vieux boulet … Pardon. Pardon mille fois. Même … Même si tu dis que ce n’est pas de ma faute je … Je mérite ça et je … je te pourris ta soirée.

Tu lui lances un regard désolé en apprenant que personne ne pourrait lui prendre les cours. Tu ne juges pas puisque de ton côté tu n'es pas mieux. Tu ne t'es lié d'amitié avec personne dans ta promotion. Tu es même certain d'être la tête à abattre vu ton arrogance générale. Tu comprends aussi qu'il ne veuille pas rater les cours et pourtant son état t'inquiète réellement.

Ok mais promet moi de te reposer d'accord ?

Tu soupires lorsqu'il dit que ce n'est rien de grave. Tu n'es pas du même avis, mais cela ne sert à rien de lui mentionner, il doit le lire dans ton regard. Quoi qu'il en soit, tu te mets à désinfecter la plaie la plus importante, te jugeant intérieurement de le surveiller de près. Si la conversation sur le comment et pourquoi il subit de tels traitements n'est pas pour aujourd'hui, tu comptes bien lui en toucher deux mots. Pour l'heure, tu vas te contenter de l'aider, autant que faire se peut. Quand il éclate en sanglot, tu serres les dents, te doutant que la douleur du désinfectant est désagréable, mais c'est surement rien comparé à ce qu'il a subi vu les blessures. Tu te doutes donc que c'est autre chose qui le fait fondre en larme. Tu poses une main amicale sur son épaule, venant essuyer ses larmes d'un revers de manche.

Arrête de t'excuse, je ne serais pas là si je ne le voulais pas, d'accord Yeosang ?

Tu plonges ton regard dans le sien pour lui faire comprendre qu'il peut compter sur toi. Tu esquisses un sourire, espérant détendre un peu l'atmosphère.

T'es pas assez vieux pour te qualifier comme tel, tu sais ça ?

Tu reprends tes soins, détournant ton regard de lui tout en ajoutant.

Yeosang, je ne te laisserais pas retourner la bas. Je suis sérieux, on va trouver une solution.

Tu es prêt à louer un appartement s'il le faut, ou même l'inviter chez tes parents. Tu ne sais pas qui lui fait subir ça mais tu as des doutes. Cela peut être à l'université c'est vrai, mais vu ce que tu connais de lui, tu as plutôt l'impression que c'est son cercle familiale le problème.