Il avait enfin l’autorisation qu’il attendait depuis des heures. Celle qui lui permettait de tout oublier et rentrer chez lui, celle qui devait aussi lui permettre d’aller retrouver son meilleur ami, et moitié, Qin Tian, d’aller se loger dans ses bras et oublier tout cette effrayante situation. Seulement, c’était aussi une chose qu’il devait se forcer d’éviter. Avec l’état dans lequel il était, avec ses mains encore abîmées, tachées de sang, il ne pouvait pas se permettre de rejoindre le chinois et lui imposer aussi brutalement ses peurs. Il était idiot, les deux amis étaient assez proches pour se partager leurs peines et terreurs et pourtant, Mingwei arrivait encore à hésiter. Il devrait avoir honte, honte de douter ainsi de Qin Tian, pourtant il osait. Assis dans un coin, le téléphone coincé dans le creux de sa main, le sino-coréen avait le regard fixé sur le policier en attendant celui qui le sortirait de cette situation. Cela faisait plusieurs semaines qu’ils ne s’étaient pas vus, plusieurs semaines depuis la dernière fois où ils avaient profité d’une soirée, de plusieurs verres et d’un lit chaleureux dans un hôtel. Enfin, Kwangho arriva et, dévoilant un sourire, l’étudiant sauta de sa chaise pour aller l’accueillir. « Hyung ! » S’il n’avait pas encore les mains tachées, il l’aurait pris dans ses bras, or il doutait que ça plairait à son aîné en public, surtout alors qu’il ne semblait pas être de sa meilleure des humeurs. Le sourire se fit plus timide, alors que Mingwei se doutait que Kwangho avait sûrement d’autres choses à faire que de venir chercher un enfant qui ne savait pas se contrôler au commissariat. « Désolée pour ça, mais je pouvais pas partir seul... » Rares étaient les fois où le sino-coréen montrait son hésitation et peurs dans le timbre de sa voix. « Merci d’être venu. » Ils ne se connaissaient pas tant que ça, bien qu’ils avaient déjà découvert le corps l’un de l’autre. Alors il força un sourire plus large, cachant son stress ainsi. Un regard se perdit sur ses mains et il s’excusa rapidement pour s’éloigner de quelques pas et effacer enfin les dernières traces de ses erreurs en frottant. Les mains enfin propres, Mingwei attrapa le bras du plus âgé et les firent enfin sortir du commissariat, sans un dernier regard sur le policier. « J’espère que tu n’étais pas trop occupé. » Comme s’il ne venait pas de manquer de passer par l’étiquette du criminel, le cuisinier se montrait au naturel, essayant de rester calme. « Et si je te paie un verre pour me faire pardonner ? J’en aurais bien besoin d’un ou plusieurs. » Alors qu’une petite voix dans sa tête lui rappelait qu’il était déjà en train de boire lorsqu’il avait dérapé avec ces étudiants. Il n’avait pas été ivre pourtant.

L’homme était chez lui tranquillement. Travaillant sur un de ses programmes quand son téléphone avait sonné. Il avait hésité à décrocher ce dernier en voyant le nom sur l’écran. mais avait finalement pris l'appel. Écoutant ce que son correspondant avait à dire avant de répondre qu’il se mettait en route. Clairement, il n’avait pas vraiment prévu de quitter son domicile et sa tenue en était la preuve. Alors il avait pris le temps de se changer, quittant le confort de son jogging pour un jean et un haut légèrement plus présentable. Ne possédant pas de voiture, il avait dû se débrouiller avec les transports en commun. Ce qui n’était pas forcément toujours simple. Mais il n’avait pas les finances, enfin si mais pas l’envie, de s’acheter une voiture. Donc après avoir fait le trajet, il s’était retrouvé devant le commissariat. Entrant à la recherche de son plan cul qu’il n’avait pas vu depuis quelque temps. Si il l’avait vu récemment il n’aurait surement pas fait la rencontre de ce gamin. Mais la n’était pas la question. Kwang Ho avait soupiré légèrement en voyant Ming Wei l’accueillir avec autant d’énergie. “Et tu t’es dis que demander à ton plan cul était une bonne idée ? Tu as eu de la chance que je décroche.” L’homme s’était montré franc, normalement il se faisait assez discret sur sa sexualité. Mais là, peu de monde semblait réellement faire attention à eux. Alors il s’était permis cette remarque. Il n’allait même pas lui demander pourquoi il se trouvait ici. Ce n'était pas ses affaires et il doutait que le jeune homme ait réellement envie de parler de la raison de sa présence ici. “Allons-y maintenant que tu peux sortir.” Il n’était pas vraiment le plus grand fan des commissariats. Ca lui rappelait quelques événements qu’il cherchait à oublier depuis plusieurs années. Ce n’était pas le moment d’y repenser, au contraire, il valait mieux qu’il pense à autre chose. Il avait laissé Ming Wei les guider vers la sortie. Se souciant peu de l’état des mains de ce dernier, ils n’étaient pas proches alors il ne lui devait aucune explication sur l’état de ces dernières. Sauf si il voulait en parler de lui-même. Dans ce cas, Kwang Ho l’écouterait. Il savait parfois faire preuve d’un minimum d'empathie Un léger sourire s’était posé sur ses lèvres en entendant la remarque son emploi du temps. “Ne t’en fais pas pour ça. Si j’avais été trop occupé je te l’aurais dit au lieu de venir.” Il n’allait sûrement pas lui dire que c'était seulement le deuxième soir depuis le début de la semaine qu’il rentrait chez lui. Sinon il se doutait que Ming Wei se sentirait encore plus mal que ce qu’il avait pu voir précédemment quand il était arrivé au poste. “Ok pour un verre. Au moins je n’aurais pas fait la route juste pour te faire sortir de là.” Si ça avait été le cas, il aurait passé plus de temps dans les transports qu’à le faire sortir. Puis il n’avait plus vraiment envie de se remettre le nez dans son travail pour l’instant. Alors autant profiter un peu. Un verre ou deux ne lui ferait pas de mal. “Je connais un bar sympa dans le coin. A moins que tu aies déjà un lieu en tête.” Kwang Ho ne voulait pas lui imposer l’endroit et rester ouvert aux propositions de son cadet. Après tout, celui qu'il connaissait été le bar d'un hôtel où il était déjà aller plusieurs fois. Donc ca ne serait peut être pas aux goûts du garçon à ses côtés.