Cela faisait un moment qu’il faisait ca. Se lever tôt et quitter le dortoir des beolsaes avec un sac. Il se faisait discret à chaque fois pour ne pas réveiller ses camarades. Certes il n’avait pas de colocataire mais ce ne voulait pas dire qu’il pouvait se permettre de faire du bruit tôt le matin parce que lui se levait à cette heure là. Après avoir vérifié que Bai ait bien ce qu’il lui fallait en paille, nourriture et eau, il était sorti de sa chambre sur la pointe des pieds. Vérifiant qu’il était bien le seul à se balader à une heure aussi matinale. Évidemment il avait veillé à ne pas oublier son sac. Ca aurait été dommage de l’oublier quand ce qu’il contenait été la raison de son réveil à cette heure là.

Une fois dehors il avait pris un chemin qu’il commençait à connaître par cœur pour l’avoir emprunté de nombreuses fois déjà. Et il ne comptait pas faire en sorte que cela s’arrête. Malgré le froid bien présent sur la capitale, les premiers travailleurs faisaient leurs apparitions dans les rues. Forçant le danseur à les éviter pour ne pas finir par terre après avoir été bousculé. Surtout qu’il aurait été embêter que le contenu de son sac soit abîmé maintenant. Ce n’était peut être pas grand chose. Mais c’était déjà ça. Et c’était pour cela qu’il se déplaçait maintenant. Pour aller déposer quelques anciens vêtements à lui et de la nourriture à un refuge pour animaux. C’était devenu une de ses habitudes et il essayait de venir déposer ses dons toutes les semaines. Au moins il faisait un effort pour essayer de sauver des animaux qui pouvaient être dans le besoin.

Wang Ji venait d’arriver devant le refuge, déposant doucement ce qu’il avait ramené. Ne voulant pas que ce qu’il donnait se retrouve abîmé par le froid. Ce serait dommage que ça se produise maintenant. Une fois son sac vidé et refermé, il s’était redressé pour partir. Cependant un événement qui n’était absolument pas prévu se passa se retrouver nez à nez avec quelqu’un. Qui plus est une demoiselle. Lui qui n’était pas très sociable avait été surpris de croiser une personne ici à une heure aussi matinale. “Je… je partais.” Pour une raison inconnue, il avait senti le besoin de se justifier devant la demoiselle.

Quand elle n’était pas en cours, qu’elle ne révisait pas au dortoir ou qu’elle n’allait pas stalker Dongyul au shark coffee shop, Liwei passait énormément de temps à aider son père au refuge qu’il avait ouvert à leur arrivée en Corée du Sud. C’était avec les animaux que la jeune femme se sentait le mieux. Avec eux, elle ne ressentait pas ces silences bizarres, les moqueries derrière les sourires et pire encore l’hypocrisie de la race humaine. Au moins, avec les bêtes, on savait directement ce qu’ils pensaient et Lili avait appris avec le temps à ne jamais faire confiance à quelqu’un qui n’aimait pas les animaux, ne leur donnait aucun regard ni affection et pire, qu’un animal n’aimait pas. C’était souvent révélateur du genre de personne qu’elle avait en face d’elle. Certes, elle ne devrait peut-être pas faire autant attention à ce que les animaux faisaient en présence d’humains, mais elle considérait qu’ils étaient bien plus fiables que n’importe qui d’autre.

Ainsi la jeune femme s’était levée tôt pour aller s’occuper des animaux et ce avant même que son père ne soit prêt. De toute façon, Lili se levait toujours plus tôt que tous les membres de sa famille et n’eut aucun mal à être avant 8h30 à l’intérieur. Elle s’occupa de nettoyer les cages, les litières et faire sortir les chiens. Une fois cela fait, elle entreprit de leur donner à manger et de vérifier qu’ils auraient de quoi passer la journée. Liwei savait que son père vérifiait toujours après elle, mais on était jamais trop prudent. Il n’était pas question qu’un animal se retrouve sans rien dans la journée. Elle sourit en voyant son père entrer dans le refuge et ils firent l’inventaire de ce qu’ils avaient. L’étudiante sourit un peu plus quand cela arriva aux mystérieux dons qu’ils recevaient à peu près une fois par semaine. C’était toujours anonyme et malgré tout ça lui redonnait foi en l’humanité. Peut-être que tout n’était pas perdu. D’ailleurs, cette semaine, il n’était pas encore venu. Ce n’était pas dans ses habitudes, mais Liwei se disait qu’il finirait par faire son apparition.

Elle attrapa donc les sacs poubelles qu’elle avait rempli avec les déchets des animaux et se dirigea vers la porte de derrière pour les mettre dans les containers. Normalement, elle serait de retour dans quelques secondes pour dire au revoir à son père et partir en direction de la Yonsei pour suivre ses cours. Cependant, elle s’arrêta net quand elle vit quelqu’un déposer des vêtements et de la nourriture avant qu’il ne se relève. Elle rougit instantanément quand leurs regards de croisèrent et remarqua qu’il n’était pas plus à l’aise qu’elle en sa présence. « Désolée. » balbutia-t-elle alors qu’elle le fixa quelques secondes avant de détourner son attention vers ce qu’il venait de déposer. « Vous venez de déposer ça non ? » Liwei avait très bien vu, mais elle demandait confirmation en cas que ses yeux lui aient joués des tours.

Wang Ji avait été élevé comme un enfant sage et docile, le genre qu’on oubliait presque dans un coin de la pièce tellement il pouvait être discret dans certains cas. Il avait les manières qui allait avec, la politesse qui faisait de lui le fils idéal mais aussi un garçon ennuyeux aux yeux des autres. Le jeune chinois en avait parfaitement conscience depuis bien longtemps. Entre ses passes temps et son caractère il n’était clairement pas le genre de personne à attirer naturellement les autres vers lui. Certes il avait quelques amis sur lesquels il pouvait compter. Mais il préférait souvent la solitude et la tranquillité que le monde et le bruit ambiant. La seule compagnie qui ne le dérangeait était celle de Bai, le lapin qu’il avait adopté peu de temps après être arrivé en Corée du Sud. Le petit lapin avait bien grandi depuis toutes ces années mais le jeune danseur continuait à prendre grand soin. Il était un peu son confident dans ce pays étrangé.

Le jeune chinois avait donc choisi d’aider comme il le pouvait un petit refuge animalier. Et aujourd’hui était l’un des jours où il faisait la route pour aller déposer de quoi venir en aide à ce dernier. Ce n’était jamais beaucoup, il n’était qu’étudiant et avait d’autres frais à sa charge ce qui l'empêchait de pouvoir faire plus. Mais c’était déjà le fait de donner un peu qui compter. Au moins il restait dans son idée de venir en aide à ces petites bêtes qui étaient mal traitées et avaient besoin de soin. Si il avait pu faire plus et peut être donné de son temps il l’aurait fait sans hésiter. Mais entre ses cours, ses entraînements de danse et les courses de moto qui n'allaient pas tarder à reprendre, il n’avait pas spécialement beaucoup de temps. Et le peu qu’il lui restait servait à voir les rares personnes qui le considérait comme un ami.

Si aujourd’hui avait commencé normalement et comme chaque fois qu’il venait. Cette matinée avait différé des précédentes fois après qu’il ait fait son dépôt de don. Il n’avait pas entendu la demoiselle arriver derrière lui. Et pourtant, elle semblait l’avoir vu faire. Lui qui aimait la discrétion s’était fait prendre la main dans l' sac. Même si ce qu’il faisait était une bonne chose, il n’avait jamais pensé qu’on le verrait faire. Ce fut d’ailleurs pour cette raison là qu’il était clairement gêné de s’être fait pincer. D’ailleurs la demoiselle ne semblait pas beaucoup mieux que lui, vu qu’il avait pu apercevoir ses joues se rosir. Il était sur le point de partir quand elle le questionne, le faisant se tendre légèrement à la suite de ses propos. Wang Ji n’était pas certain de la réponse à donner à la jeune femme. Si il acquiescait, elle saurait maintenant que c’était lui. Mais si il disait le contraire ca serait encore plus bizarre. Alors il avait simplement hoché la tête pour lui répondre. Avouant timidement. “Je ne pensais pas qu’il y aurait déjà quelqu’un.”

Ce n’était pas rare que Liwei aide son père au refuge le matin avant d’aller en cours, le midi pendant sa pause déjeuner ou même le soir en sortant des cours. Elle aimait tellement les bêtes qu’elle passait plus de temps en leur compagnie qu’en compagnie des humains. On lui avait souvent fait la réflexion d’ailleurs, mais elle s’en moquait. C’était auprès d’eux qu’elle se sentait le mieux. Au moins, avec eux, pas de jugement, pas de moqueries dans le dos et ce genre de gaminerie. Si un animal ne nous aimait pas, il le montrait directement. Pas de faux semblant avec eux et c’était ça que Lili aimait particulièrement. Ainsi elle comprenait mieux la faune que le genre humain et les animaux lui rendaient bien. De ce fait, elle passait énormément de temps à nettoyer et si avant, ça l’ennuyait à cause de l’odeur, maintenant ça ne la dérangeait plus et elle le faisait même avec plaisir. C’était une façon de leur montrer qu’elle les aimait en leur donnant des maisons propres. C’était comme ça qu’elle nommait les enclos et autres cages. Elle se disait que si elle, elle n’aimait pas que ce soit sale chez elle, c’était aussi leur cas. Alors, Liwei s’appliquait.

Son père arriva après elle et ils firent, comme tous les matins, la revue de ce qu’ils avaient et donc noter ce qui leur manquait. Il y avait cependant des choses qu’ils n’achetaient pas parce qu’au moins une fois par semaine, un inconnu venait déposer des dons. Cela faisait maintenant quelques temps et Liwei n’avait jamais vu le visage de cette personne mais elle la remerciait tous les jours. Ça lui faisait bizarre parce qu’elle ne pensait pas que quelqu’un d’autre qu’elle aimait les animaux à ce point. Elle était heureuse qu’une âme charitable ait ce genre de démarche et aurait aimé rencontrer cette dernière pour la remercier en vrai. Néanmoins, jusqu’à maintenant, elle ne l’avait jamais vu et donc, rester dans le mystère. Elle s’était imaginée plein de choses mais savait que la plupart étaient fausses. Peut être ne le saurait-elle jamais d’ailleurs.

Elle sortit donc les poubelles et tomba sur quelqu’un qui laissait un sac. Liwei fut surprise et en lâcha presque son sac poubelle alors que ses joues se tinrent de rouge. Elle s’excusa même, comme si elle était en faute et détourna le regard, gênée. Elle posa les ordures sur le côté avant de demander si c’était lui qui venait de déposer les affaires. Elle ne voulait pas assumer que c’était le mystérieux donneur, mais son instinct lui disait potentiellement que c’était lui. « On vient tôt avec mon père pour nettoyer et leur donner à manger. » se sentit-elle obligée de préciser, se justifiant légèrement sur sa présence sur les lieux. « C’est vous… » Liwei se tut en pleine phrase, ne sachant pas très bien comment la tourner. « On a souvent des dons anonymes… Est-ce vous ? » finit-elle par dire après quelques secondes de réflexion. Ce n’était pas la meilleure façon de demander, mais elle ne savait pas vraiment comment faire pour le demander autrement.

Si Wang Ji avait su qu’il se ferait prendre la main dans le sac aujourd’hui, peut-être qu’il ne serait pas venu. Il était assez discret et aimait bien l’anonymat que lui procurait de venir déposer ces petits sacs de provision tôt le matin. Au moins personne ne le voyait faire et c’était très bien ainsi. Il était de nature discret alors ne pas être connu pour cela lui allait très bien. Mais voilà aujourd’hui il s’était retrouvé nez à nez avec une jeune femme après avoir déposé le petit sac de don, laissant très peu de doute sur qui il était et ce qu’il venait de faire. Il était clairement gêné mais ne semblait pas être le seul dans cette situation. “Oh. Je vois.” Dit-il d’une petite voix en comprenant qu’il aurait dû venir plus tôt pour éviter cette soudaine rencontre. Pensant qu’il allait simplement pouvoir s’enfuir ainsi, il avait fait un pas en avant. Mais à ce moment-là une question passa les lèvres de l’inconnue. Faisant rougir le jeune chinois qui ne s’était aucunement attendu à ce qu’elle ose poser directement la question. Il ne savait pas quoi répondre. Si il disait oui, elle saurait que c’était lui et il serait démasqué. Mais si il disait non, ça serait encore plus bizarre. Alors il était un peu perdu sur ce qu’il devait faire actuellement. C’était encore hésitant qu’il avait répondu. “C’est moi.” Maintenant il voulait juste se cacher dans un trou de souris tellement il était embarrassé. “Je… je ferais mieux d’y aller.” Pour le moment, c'était ce qui lui semblait le plus raisonnable et être une porte de sortie pour fuir. Surtout qu’il devait encore retourner à l’université avant que ses cours ne débutent. Donc il valait mieux qu’il file. Et il saurait pour la prochaine fois qu’il fallait qu’il vienne un peu plus tôt pour ne croiser personne ce qui serait mieux pour tout le monde. “Désolé du dérangement.” Il s’était légèrement incliné par respect avant de contourner la demoiselle sans traîner plus que cela.

Liwei ne s’était pas attendu à voir quelqu’un en sortant les poubelles et pourtant, il était là en face d’elle. La jeune femme ne savait pas réellement quoi faire et ses joues devenaient déjà rouges. Elle n’était pas vraiment à l’aise avec les humains, ne trouvant jamais rien de bien intéressant à leur dire. Parler avec les animaux était un exercice bien plus facile pour la chinoise et elle excellait dans le domaine. Peut-être était-ce parce qu’elle n’attendait pas de réponses et que les animaux auxquels elle se confiait ne la jugeait pas ou même ne montrait pas de mépris à son encontre. Néanmoins, face à l’inconnu, elle se devait bien de parler, sinon, elle passerait pour une idiote, encore une fois. Alors, d’un ton mal assuré, elle expliqua la raison de sa présence sur les lieux, presque comme si elle devait se justifier d’être là. Elle mentionna le fait que son père et elle venaient très souvent tôt le matin pour nettoyer et leur donner à manger. Ce n’était donc pas rare de la voir ici le matin avant ses cours. Lili finit par lui demander s’il était l’auteur des dons anonymes qu’ils recevaient souvent. Elle ne voulait pas le mettre mal à l’aise, mais le fait qu’il venait de déposer un sac et qu’il semblait vraiment gêné de s’être fait prendre la main dans le sac lui indiquait que c’était sûrement le cas. Alors, elle avait pris son courage à deux mains pour poser la question. Le regretterait-elle ? Potentiellement, mais Liwei était de nature curieuse. Elle voulait donc savoir. Quand elle eut sa réponse, un sourire tendre s’afficha sur ses lèvres. La chinoise ne connaissait pas le jeune homme, mais elle l’appréciait déjà. Cependant, lui semblait de moins en moins à l’aise et elle ne put lui reprocher. Elle le laissa s’excuser et la contourner pour partir. Aussitôt, elle l’arrêta, le retenant par la manche. « Vous n’avez pas besoin de vous excuser… » Elle sourit les joues légèrement rouges et Lili perdit ses moyens, continuant dans sa langue natale, sans se douter une seule seconde qu’il comprendrait. « Merci de faire ça ! Les dons nous aident énormément. » Liwei sortit rapidement ce qu’il y avait dans le sac et lui tendit vide pour qu’il le récupère. « Vous voulez récupérer les autres ? » demanda-t-elle toujours en chinois alors qu’elle rougissait. Son père et elle avait gardé tous les sacs qu’il avait déposé depuis le début.