La nuit avait été parfaite. Qu’importe les barrières que tentaient de mettre Sang Jun entre eux, rien n’était plus grisant que la sensation d’être dans ses bras. Ma Nah savait qu’il lui faudrait encore de longs mois, peut-être même des années, pour qu’ils puissent vivre pleinement leur amour. Cela ne l’effrayait pas, bien au contraire, elle aurait fait n’importe quoi pour Sang Jun et c’était bien ça le problème … L’homme le voyait bien, il voyait combien son petit ange était des plus têtues et des plus bornées et que sa vie semblait ne pas valoir grand-chose si c’était pour être auprès de lui. Mais la vie de Ma Nah valait tout ce qu’il possédait et plus encore … Alors c’était cette contradiction qui les repoussait autant que cela les attirait. Tenir à la vie de l’autre plus que sa propre vie. Elle descendit de la voiture rapidement et après un dernier regard rentra rapidement chez les Pyo malgré l’heure tardive. Elle savait que son amant ne quitterait pas les rues de son dortoir tant qu’elle n’était pas entrée à l’intérieure du bâtiment. Elle ne voulait pas le retarder d’avantage, bien que l’envie de se retourner pour un dernier au revoir lui avait serré le cœur. S’adossant à la porte, Ma Nah ne pouvait retenir un sourire. Elle caressa ses lèvres doucement en frissonnant. Elle avait encore le goût de ses baisers sur la bouche, une sensation dont elle ne se lasserait jamais. Elle se reprit et se dirigea vers les escaliers avant d’apercevoir une silhouette dans la salle commune. Elle ne s’y attendait pas mais n’eut aucunement peur. C’était si courant pour les Pyo de trainer à des heures insensées dans les couloirs de leur fraternité qu’elle savait dans le fond que ces silhouettes fantomatiques lui manqueront quand elle aura fini ses études. Passant une main dans ses cheveux elle s’avance vers le garçon et reconnait Junho. Depuis des jours il n’est plus que l’ombre de lui-même. Lui qui semblait si heureux, et si dévasté à la fois. Elle ressentait de la peine pour lui, bien loin d’être de la pitié. Elle ressentait de la tristesse mais aucun dégoût face à lui. Elle se laissa tomber délicatement dans le canapé et le regarda quelques instants avant de souffler. « A quoi tu penses ? » sa voix est douce, alors que son regard se porte sur le carnet de croquis gribouillés et raturés. Elle aurait pu lui demander tu ne dors pas ? tu n’es pas fatigué ? c’était monnaie courante de le voir éveillé la nuit. Mais d’ordinaire il était accompagné de Mok ou de son petit ami. Ma Nah lui laissa le temps de se faire à sa présence, et le fixa avec un petit air plein d’intérêt.