Soirée silencieuse, tranquille. Ses pensées éparpillées et ses jambes qui ne savent réellement vers où aller, que faire, en quoi s’occuper. Insu n’était pas là et tout devenait étrangement vide et sans sens. Les murs de leur petit appartement lui ont semblé soudainement étouffants et froids. Namsu avait enfilé un gros pull et avait dévalé les escaliers, détestant tout autant la pensée de rester immobile dans l’ascenseur. Il affronte le froid de l’extérieur sans but, à réaliser à quel point son existence était dépourvue d’ambitions. A quoi passait-il son temps libre avant ? Des sorties d’ivresse sans sommeil, le nez poudreux et les yeux injectés de sang, papillonnant d’un corps à l’autre. Mais il avait promis de ne plus être ainsi, depuis qu’Insu partageait son quotidien.
Et maintenant ? Qu’est-ce qu’il devait faire ? Qu’est-ce qu’il pouvait faire ?
Il soupire et enfoui les mains dans les poches jusqu’à se laisser guider vers le premier convenience store. Il finit avec une bouteille de soju et une glace, mélange peu charmant mais qui lui donnait envie. Il passe ses articles devant le caissier et quand vient le moment de payer, il réalise qu’il avait oublié sa carte chez lui. Stupide. Il contemple le cassier, gêné et honteux. Il aurait dû continuer à étouffer chez lui.

Spoiler:

Les jours passaient et se ressemblaient. Cette douleur continuelle qu'elle ressentait, et que rien ni personne ne pouvait lui retirer. Le poids d'une certaine culpabilité, mêlée à ce quotidien trop rude pour elle. Qu'était-elle en train de devenir ? Une question qui tournait en boucle dans son esprit. Qu'allait-elle faire de sa vie ? Etait-elle finalement vouée à devenir ce pantin ? Cette idée continuait inlassablement de la tourmenter. La peur de l'inconnu était finalement tout ce qui l'empêcher de sauter le pas, de vivre la vie qu'elle avait toujours voulu. Et ce soir encore, elle laissait son esprit la torturer, de la pire des façons.
Vagabondant dans les rues, elle appréhendait encore le moment ou il faudrait rentrer. Retrouver son appartement, laissant ses pensées se noircir davantage encore. Comme par réflexe, elle s'était arrêté au combini devant elle, avait choisi quelques friandises et une bouteille de soju. Seul petit réconfort d'une autre journée à souffrir en silence. A la caisse, elle remarquait un jeune homme, vraisemblablement gêné. Et à voir le choix qu'il avait fait, peut-être ressentait-il la même chose qu'elle. "Ajoutez ça." avait-elle simplement rétorqué au caissier, posant ses articles, sortant quelques billets pour payer le tout. "T'as l'air d'en avoir besoin autant que moi." répliquait-elle au jeune homme, sans réellement attendre de merci. Une façon d'expliquer son geste, certainement, sans pour autant vouloir avoir l'air de juger. Après tout, ils semblaient tous les deux trouver leur réconfort dans de l'alcool et quelques gourmandises ce soir.

Il y’a ses mains qui s’enfouissent dans sa poche, la surprise, mêlée à la gêne, qui tintent son visage d’enfant quand la réalisation se fait, il avait oublié son portefeuille, aussi simple que ça. Et les pensées tournent, l’incertitude le gagne alors qu’il se voit déjà rebrousser chemin pour remettre chaque article à sa place, la tête ployée sous la honte. Il en avait eu besoin, pourtant, de cette bouteille et namsu est certain que la lassitude s’emparera de lui s’il retournait à son petit appartement le temps de ramener quelques billets. Les pensées n’ont pourtant pas le temps de s’éloigner plus, une voix féminine résonne et sur ses yeux se dessinent la surprise, rapidement suivie d’une reconnaissance d’abord silencieuse et hésitante.
C’était une simple bouteille de soju et une glace, mais à cet instant, ce geste reçu valait de l’or à ses yeux. « Merci, c’est vraiment gentil. » commence-t-il doucement, tendant la main quand le caissier lui tend les articles payés. Quelques rougeurs voilent ses joues, avait-il l’air si perdu que ça ? Le sourire pourtant ne tarde pas. « Est-ce que…tu voudrais boire avec moi ? C’est triste de le faire seul. » murmure-t-il finalement, plus timide qu’il ne l’avait jamais été face à un inconnu, surement parce que ses rencontres ne se faisaient jamais dans un combini. Il lance un regard sur la petite table en face à l’extérieur.