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Réminiscence | Dim 21 Fév - 11:52 Citer EditerSupprimer
Liwei avait donné une conférence. Il n’en était pas un très grand amateur mais ça faisait partit de la publicité et entre le scénario qu’il venait de terminer pour la mise en route d’une nouvelle adaptation cinématographique et son tout dernier roman, finit depuis de longs mois qui venait d’être publié, disons qu’il avait un devoir envers son éditeur. Il connaissait la chanson, il y était habitué depuis le temps. Mais ces conférences en particulier, celles dans des universités, c’était autre chose. Lui qui n’avait obtenu aucun diplôme et quitté les bancs de la fac dans une sorte de précipitation liée à l’urticaire que le milieu de l’éducation moderne lui donnait… Pourtant ça c’était bien passé. Il avait parlé un peu pour ne rien dire lorsqu’on s’était fait indiscret… Répondu à beaucoup de questions professionnelles dont certaines qu’il avait déjà entendu au moins cent fois. Et puis au final, il y avait fait la rencontre d’une connaissance qui remontait à plusieurs années. Un chanteur qui n’en était plus vraiment un, aujourd’hui. Il avait l’air d’avoir perdu la moitié de son âme derrière ses sourires et… Bref. Ils avaient bavardé un moment, ça avait tout de même fait du bien de retrouver un visage connu.
Et finalement, lorsque Liwei s’extirpe enfin de l’amphithéâtre vide, visant la sortie de cette université qui était une ville dans une ville, ni plus ni moins, il ne s’attendait pas à ce que les « retrouvailles avec de vieilles connaissances » se poursuivent. Et pourtant…
Il était à quelques pas de là, ne l’ayant visiblement même pas vu. Il était de profil, et encore pas tout à fait. Pourtant sa silhouette avait inconsciemment accroché son regard et Liwei, sans s’en rendre compte, s’était arrêté de marcher. Il avait si hâte de quitter les lieux quelques instants avant ça et puis là, il restait planté là, les bras le long du corps, sa paire de gants en cuir dans une main sans les passer. Rebranchant d’ailleurs un instant, Liwei les enfonce à nouveau dans le fond de la poche de son trois-quart, sourcils légèrement froncés. Ca le laissait pensif, tout ça.
Est-ce que Ye Jun -puisque c’était lui- savait qu’il devait donner cette conférence ? Est-ce qu’il n’y était pas venu exprès ? Ou bien y était-il ? Ou avait tourné dans les environs « au cas où » ? Ce petit jeu de tracasserie mentale allait vite exaspérer Liwei qui se décide enfin à bouger, s’approchant du jeune homme qui discutait avec ce que le chinois supposait être un étudiant de sa connaissance. Assez près à présent, le regard de Ye Jun croise le sien. C’était étrange. C’était comme revenir un an en arrière et même plus que ça, parce que les souvenirs de leur séparation n’était pas ce qui dominait ses souvenirs au sujet du jeune homme.
Il y avait beaucoup de très beaux souvenirs attachés à ces beaux yeux là. Il avait touché ce corps là, cette âme sensible. Il y avait sûrement laissé une empreinte indélébile, heureusement ou malheureusement. Ye Jun n’avait pas beaucoup changé mais ça ne faisait qu’un an, plus ou moins, alors c’était sûrement normal. En s’approchant pour être pile à sa hauteur, Liwei se surprend à retrouver ce même parfum qu’à l’époque. Oui, il était pareil à la dernière fois qu’ils s’étaient vu, même si une sorte de surprise et d’hésitation se lisait dans ses beaux yeux noirs.
« Bonjour. Le monde est petit. »
Son accent chinois s’était amoindrit depuis un an, dans son coréen appris sur le tas. Ye Jun pour sa part n’avait pas encore ouvert la bouche que Liwei pouvait presque déjà se figurer le son de sa voix. C’est qu’il l’avait entendu très souvent, dans tout type de situation. Peut-être ne serait-elle jamais aussi jolie que dans ces moments d’intimité qu’ils avaient partagés, entre deux moments d’incompréhension. Liwei savait avoir été un amant parfois trop détaché pour cette fleur qu’était Ye Jun à sa façon. Il l’avait cueillit, sans brusquerie… Mais parfois avec une petite fougue que seuls ont les amants de l’âge qu’ils avaient alors. Liwei se souvenait de tout. De la douceur de sa peau et des petits frissons qui l’agitait lorsqu’il pouvait passer sa langue sous son nombril, dans des jeux adultes qu’il préférait taire aux yeux de tous, par pudeur.
Il avait ces mêmes lèvres rondes aussi, rehaussée d’un probable baume pour les protéger du vent et du froid. S’il osait, il parlerait de la façon que Ye Jun avait de les mettre en cœur lorsqu’à genoux, il se plaisait à les glisser sur lui, d’une langue inexpérimentée mais qui savait lui tirer des frissons pourtant. Bref… Son esprit divaguait sur ce que leur relation avait eu de plus sensuelle, c’était bizarre. Ou peut-être que c’était son célibat abusif de la dernière année qui réveillait tous ces souvenirs précis. Ces hanches étroites qu’il avait attrapé, ces fesses rondes qu’il avait caressé, pénétré. Cette nuque qu’il avait mordillé.
Oui, plein de bons souvenirs.
« Je donnais une conférence, dans cet amphithéâtre. »
Il était temps qu’il dise autre chose, clairement !
« J’ai été surpris de te voir. J’ignorais que tu avais repris des études. En quoi ? »
Et puis bon, parce qu’il n’allait pas lui parler entre deux couloirs, surtout si Ye Jun ne le souhaitait pas :
« Je t’offre un café ? J’ai vu une sorte de buvette, pas loin... »
Probablement pas l’endroit le plus chic qui soit mais bon, c’était juste pour discuter.
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Re: Réminiscence | Dim 21 Fév - 23:06 Citer EditerSupprimer
Pourquoi suis-je venu à cette conférence ? Avais-je des tendances masochistes pour assister aux activités de mon ex ? Ces questions mériteraient que nous nous y attardions un peu plus. Qui est mon ex ? Nam Kyu ? Plus jamais je ne souhaitais évoquer le prénom de mon ancien voisin, celui qui avait ranimé la flamme éteinte au fond de moi. Comment pourrais-je pardonner au mec qui avait eu le culot de me faire croire en un avenir plus radieux ? Cette rupture avait laissé une marque au fer rouge sur mon cœur. Il est probable que je ne pourrais plus jamais faire confiance. Passons comme nous ne parlons pas de ce jeune homme… Non je fais référence au grand amour ! Celui qui devrait durer toujours. Malheureusement il y a des choses sur lesquelles nous n’avons aucune prise, et notre rupture a été plus douloureuse de toutes les ruptures. Huang Liwei, un homme merveilleux qui avait été ma bouée et ma lumière pendant deux années. Il n’y avait pas de mots pour décrire notre relation.
Cette conférence avait été une erreur ? Possible. Je m’y suis rendu en compagnie d’une amie qui est fan des romans de Liwei. Une belle excuse pour le voir. Une curiosité mal placée. Que ferai-je si jamais mon petit cœur faisait encore des bonds en sa présence ? Bah écoutez je suis bon pour chercher la solution. Lorsque mes yeux se sont posés sur lui, mon palpitant avait fait des loopings dans ma poitrine. Il est beaucoup plus beau que dans mes souvenirs. Je me suis éclipsé avant la fin parce que je ne souhaitais pas me faire remarquer.
Une fois dehors, je me retrouve en compagnie de notre asperge rose : Young Min. Nous discutons des dernières nouveautés concernant les Pyobeoms quand une voix me colle une vague de frissons qui parcourt ma colonne vertébrale. Je me fige comme une statue avant de me tourner vers lui. « Bonjour. » Ma voix tremble légèrement mais cela va le faire. Que puis-je faire pour paraitre décontracté ? J’enfonce mes mains dans les poches de mon jeans. Suis-je différent depuis la dernière fois que nous nous sommes rencontrés ? Oui ! Physiquement pas trop en dehors de mes tatouages. Un détail. « Oui j’y étais. » Pourquoi je lui avoue ? Purée ! Je devrais tourner ma langue sept fois dans ma bouche avant de parler. Je voulais paraitre cool, décontracté mais limite il allait me prendre pour un fan – il n’aurait pas tort car ses bouquins sont géniaux. « J’imagine que tu es juste de passage. C’était chouette de te voir ! » Je pensais que cette pirouette me permettrait de m’en sortir car Young Min venait de partir en plus.
La question de Liwei me surprend. Demande-t-il par politesse ou pas ? Je sens mes joues prendre quelques degrés. A mes yeux, je suis toujours un imposteur qui voulait entrer dans la cour des grands mais qui restera toujours sur le palier car il n’a pas les compétences pour ça. C’est toujours bizarre de répondre à cette question. « Cela s’est fait sur un coup de tête… mais je ne sais pas si ma place est réellement ici. » Je sentis une grosse bouffée de honte monter en moi. Mes compétences artistiques me semblent ternes quand je vois le travail des autres. Je devrais rester tatoueur et enfouir mes rêves dans les tréfonds de cette planète. Il y a aucune honte à ne pas réaliser ses rêves. On peut être quand même heureux, non ? « Oh je suis en arts, option dessin. » Liwei m’avait poussé dans cette voie alors que je cherchais quoi faire de mon existence. Sans lui, mes dessins ne seraient pas apparus dans un cahier de coloriage pour adultes et jamais je n’aurai fait l’apprentissage pour être tatoueur.
« Euh… oui je veux bien. Tu n’es pas pressé ? » Je ne veux pas qu’il fasse de la charité envers un ex. Evidemment nous avons vécu quelque chose de fort mais cela ne veut pas dire qu’il avait une quelconque obligation envers moi. Je me dirige vers la buvette en question puis passe commande. « Tu prends comme d’habitude ? » Oui je me souviens encore de ce genre de détails. En attendant nos boissons, je prends place à une petite table. « C’était chouette la conférence… je ne pouvais pas rester jusqu’au bout. Tu as eu beaucoup de questions ? » Je me sentais étrange en sa présence parce qu’il y avait tant de souvenirs qui remontaient à la surface, et forcément pas des douloureux. Non ma mémoire sortait des placards tous les moments intimes que nous avons partagés. Je me maudissais pour ça mais il fallait que je garde un visage neutre. « Tu sembles en forme… » Oh pitié ! Que suis-je nul en conversation ?! « C’est bizarre de te revoir mais pas forcément dans le mauvais sens. Je ne peux pas t’oublier… Rassure-toi je suis passé à autre chose. »
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Re: Réminiscence | Lun 22 Fév - 11:59 Citer EditerSupprimer
C’est une petite satisfaction personnelle, quoi qu’insignifiante, de réaliser que la voix était telle que dans son souvenir. Un peu plus hésitante oui… Mais Ye Jun avait toujours été dans l’émotion. Ils étaient deus âmes très différentes et s’ils avaient eu d’autres vies avant celle-là, Ye Jun avait dû être un poète en kimono de soie et lui un samouraï. Quelque chose comme ça. Deux chemins de vie très différents en somme. Un moment, Liwei avait cru que c’était ce qui les avait rapprochés. Maintenant, il ne saurait plus tellement le dire.
En tout cas, le coréen avait assisté à sa conférence et Liwei à un « Ha. » qui n’a pas de suite. Une constatation, peut-être le début d’une réaction surprise qui ne s’était pas enchaînée.
« Tu as lu mon livre ? »
Son dernier, évidemment. Sa question s’entrechoque presque avec l’espèce de départ précipité auquel Ye Jun à recours mais au final la tentative reste veine. Ce n’est pas tant que Liwei l’empêche de partir, s’il le souhaite, que Ye Jun ne semble pas avoir besoin d’être tant retenu pour rester de lui-même. Ça faisait presque un an sans se parler… Ils valaient mieux que ça, non ? D’ailleurs ses pensées font visiblement un minimum écho à ce que pense Ye Jun.
« Hé bien tu es étudiant ici. Alors je suppose que c’est plus ta place que la mienne. »
Lui n’avait pas pu faire une année entière dans une université. L’école… ça n’avait jamais été pour lui. Pas l’école traditionnelle quoi. Mais il ne lui crachait pas dessus non plus : sans elle, il n’aurait jamais appris la lecture, l’écriture… Et aujourd’hui il en avait fait sa vie après tout.
« Ça ne m’étonne pas, que tu ais choisit le domaine des arts. »
Ye Jun avait la fibre pour ça. Finalement, c’était un des rares points communs qu’ils avaient réellement. Leurs arts étaient très différents c’est sûr… Mais pas moins inspirés.
« J’ai souvenir de très belles pièces que tu faisais parfois. »
Et s’il avait sûrement été trop dans la retenue pour beaucoup de chose, il n’avait jamais manqué de bons mots pour le travail et les efforts de Ye Jun. Liwei avait bien des défauts… Mais pas celui d’avoir nier le talent du jeune homme. Il l’avait encouragé même. A l’époque, il s’était bien vu -peut-être- jouer les mécènes pour que Ye Jun puisse vivre un peu de sa passion. La vie en avait décidé autrement.
Le grand chinois hoche négativement la tête à propos de son emploi du temps. Il n’était pas pressé. Ou en tout cas, depuis qu’ils avaient commencé à bavarder, il ne l’était plus. Et lorsqu’ils arrivent sur place, un fugitif sourire ourle légèrement ses lèvres tandis qu’il acquiesce à la question. Le café ne se mariait qu’avec un peu de crème, pour Liwei. C’était vrai pour le café chaud comme pour le café glacé qu’il affectionnait l’été. Il n’était d’ailleurs pas si « café » que ça. Mais dans ce genre d’endroit, il allait toujours au plus simple.
« Oui, pas mal de questions. Se sont souvent un peu les mêmes tu sais. »
Mais les gens qui les posais étaient tous différents, eux. Alors Liwei prenait son mal en patience, comme on dit. Il acquiesce à propos de sa santé et de sa forme en général, notant d’ailleurs :
« Toi aussi. Du moins il me semble que tu as maigri un peu. Mais rien d’affolant. »
Rien qui ne semblait mettre sa santé en péril. Et puis dans le fond, si ça se trouve ce n’était même pas le cas. Peut-être était juste la façon qu’il avait de se tenir, la coupe et/ou la couleur de ses vêtements.
« C’est bizarre pour moi aussi. »
Et lui n’avait pas vraiment eu le temps de s’y préparer. Mais il était bien plus maître de ses émotions que cette bulle de sentiment toujours prête à éclater qu’était Ye Jun. Mais ça faisait partit de son charme, ça aussi.
« Ne t’inquiète pas, je comprends ce que tu veux dire. »
Ne pas pouvoir oublier… Tout en ayant relégué le « nous » aux simples souvenirs. Ils se conjuguaient au singulier à présent. A moins que…
« Ou alors tu voulais dire que tu fréquentais quelqu’un ? »
Il ne posait pas directement la question du célibat parce qu’il n’aimait pas qu’on entre dans sa vie privée alors il évitait de le faire avec les autres. Mais avec Ye Jun, ce n’était pas vraiment pareil. Il n’y avait pas de grands secrets à faire à un homme qui vous à vu dans le plus simple appareil, qui a parfois passer des nuits entières à observer vos formes naturelles pour s’en empreigner.
« Tu sais ce que tu voudrais faire une fois tes études terminées ? »
Le domaine qu’il souhaitait explorer…
« D’ailleurs tu es partit pour combien d’années du coup ? »
Et puis soudainement, il réalisait que le jeune homme s’était probablement rapproché à nouveau de ses parents… Ou pas ? En tout cas ces derniers devaient encore le maudire, des années plus tard ! Mais ça aurait sûrement été un peu indiscret d’interroger Ye Jun au sujet de ses finances !
« Il paraît que cette université est une des meilleures. Tu t’y plais ? »
Quelques banalités et autres platitudes… Disons qu’il leur fallait un peu de temps pour se réhabituer l’un à l’autre certainement.
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Re: Réminiscence | Jeu 11 Mar - 21:44 Citer EditerSupprimer
Combien de temps s’est écoulé depuis la dernière fois que nous nous sommes vus tous les deux ? 365 jours… cela me paraissait avoir duré une éternité. Liwei me manquait encore aujourd’hui. Il avait été une personne importante pendant deux ans, et il y avait tellement de choses directement reliées à « nous » que cela me paraissait impossible de faire une croix sur lui. Ne croyez pas que mes sentiments sont les mêmes que le jour où je suis parti de la demeure familiale pour ne pas y revenir. Heureusement que le jeune homme avait été présent pour moi parce que mes parents comptaient m’envoyer dans un centre pour me « guérir » de mon homosexualité à grands coups de cachets. Je ressentais une profonde affection pour lui, et une certaine gratitude pour tous les moments passés ensemble.
Je me mords la joue en entendant mon aveu concernant ma présence lors de sa conférence. Comment arrive-t-il à me soutirer des informations aussi facilement ? Je peste intérieurement contre moi parce que je suis faible devant son regard acéré. Je me sens comme un lapin en présence d’un renard. Je tente une fuite mais vaine. Avouons qu’une part de moi voudrait lui consacrer un peu de temps. Ce serait malpoli de lui tourner le dos alors que Liwei a été important pour moi. De plus je souhaite prendre de ses nouvelles.
« Pas encore. Il est dans mon sac mais pas le temps me manque pour m’y mettre. »
Je hausse les épaules avant de sortir mon exemplaire pour lui montrer.
« Tu accepterais de me le dédicacer à l’occasion s’il te plait ? »
Je suis un grand fan de ses romans. Souvent je les lisais dans notre lit pendant son sommeil ou ses absences pour qu’il n’imagine pas que cela me rendait plus « fan » que « petit ami ». Après notre séparation, je continuais toujours de lire son travail. Je ne voyais pas spécialement les films car le cinéma est beaucoup trop cher pour moi.
« Quand on regarde la situation ainsi, il parait normal de me trouver sur un campus. Je voulais faire référence au syndrome de l’imposteur. Je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire. »
Je hausse les épaules de façon désinvolte, essayant de ne pas montrer mon émoi de le revoir. Il est toujours aussi beau. Il dégage un charisme qui est comme un coup de poing dans l’estomac. Cet homme est brillant. Il n’a pas poursuivi ses études, et cela n’enlevait rien de son talent. Il avait de l’or au bout des doigts, dans sa plume.
« Merci. »
Les compliments sont toujours un sujet sensible pour moi. Mes parents ont détruit chaque once d’estime de moi que je pouvais posséder. Il fallait que je devienne le pantin dont ils avaient besoin. Je ne me trouve jamais légitime quand on me fait des compliments. Je deviens cramoisi en entendant LIwei m’en faire. Les siens avaient beaucoup compté parce que son regard me rendait meilleur, beau. Cela avait été flippant parfois car personne ne croyait en moi comme lui. Ma sœur ? Oui mais disons qu’elle est une vendue. On est du même sang.
Nous nous installons dans une petite buvette, non loin du campus. Je commande pour nous deux. Cela me vient naturellement. Nous avions quand même eu une relation longue. Il est normal que je me souvienne de certains détails. Ils sont dérisoires dans le fond mais je m’en souviens.
« On ne peut pas se permettre d’avoir de la graisse autour du ventre quand on connait la faim. »
La discussion est encore naturelle, bien que l’on puisse ressentir une certaine distance entre nous. C’est triste dans le fond que nous ne puissions pas rester dans une relation amicale sans éprouver des « remords ». Je demande parfois comment les choses seraient si nous avions poursuivi ensemble, si je n’avais pas demandé autant d’attention. Je me suis montré assez égoïste dans le fond. Sa question me tire de mes réflexions. Je fronce des sourcils pour le regarder.
« Un peu des deux… »
Mes joues prennent une teinte rouge ainsi que mes oreilles. Je me sens tout bizarre de parler d’un autre. Il est mon ex, pas n’importe lequel : mon grand amour.
« Il y a bien quelqu’un qui me plait… mais ce n’est pas réciproque. »
Je hausse les épaules avant de disparaitre derrière ma tasse. Je voudrais que la terre s’ouvre sous mes pieds. Pourquoi avais-je avoué une telle chose ? Il va me prendre pour un type désespéré. Je cours après un homme qui ne me voit pas. Je suis transparent. On se chamaille quand nous sommes ensemble. Une telle attitude était sans équivoque. On s’entend bien dans le fond mais c’est tout.
« Je me suis surpris à rêver de devenir illustrateur pour des comics ou des albums de jeunesse. Je crois surtout que je resterai tatoueur parce que jamais je ne pourrais me faire un nom dans ce monde. »
Je ne me fais aucune illusion. Ce sera toujours bien d’avoir un diplôme.
« Il me semble que ce sera pour 3 ans mais cela peut être plus si je souhaite me spécialiser… comme ça ne paiera pas les factures, je pense tout arrêter dans deux ans. »
Je me montre assez pragmatique, non ?
« Tu es juste de passage ? »
Je bois une gorgée de mon café.
« Tu deviens quoi ? Tu voyages toujours autant ? »
Je frotte mes mains sur mon jeans.
« Merci pour tout ! »
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Re: Réminiscence | Lun 15 Mar - 12:03 Citer EditerSupprimer
Liwei acquiesce, se demandant s’il devait lui dire qu’il y avait un petit bout de lui dans ce bouquin. Une trace subtile mais que Ye Jun, en tant que protagoniste « dans la vraie vie » ne pouvait probablement pas ignorer, à moins de vouloir absolument nier leur histoire ce qui ne semblait pas être le cas.
« A l’occasion ? »
Ou tout de suite ? Ça sonnait un peu comme une invitation à se revoir plus tard et Liwei supposait que c’était un peu inconscient puisque Ye Jun semblait déjà passablement mal à l’aise, sans être non plus au niveau de la syncope. Et en même temps, s’il le signait maintenant, qu’est-ce qu’il écrirait comme dédicace ?
Liwei a un nouveau signe positif de la tête à propos du syndrome de l’imposteur. Il visualisait le terme plus ou moins clinique de celui ou celle qui pense avoir quelque chose à quoi il ou elle n’a pas le droit. Il avait le chic pour tomber sur des personnes qui se dépréciaient aujourd’hui. Ji Hoon venait de faire la même chose quelques instants plus tôt, dans le bâtiment. Lui il l’avait fait sous le voile de l’humour. Ye Jun se croyait pour sa part sûrement plus malade qu’il ne l’était.
« Tu le fais à tort. Tu as toujours fait ça. »
Le chinois n’était pas du genre à taire les choses, Ye Jun le savait déjà. Ce morceau de sa personnalité n’avait pas changé en un an. Aucun des morceaux de sa personnalité d’ailleurs.
« Est-ce que tu crois que tu seras moins déçu si ça ne fonctionne pas, juste parce que tu auras essayé de te convaincre -et peut-être même réussi à le faire- que tu ne le méritais pas ? »
Il savait que peu importe ce qu’il dirait, Ye Jun ne changerait pas d’avis à propos de lui-même dans un claquement de doigts. C’était un travail à faire sur soi. Peut-être qu’il devrait le faire aussi, dans un autre domaine. Bref.
« Ça ne changera rien, mais j’ai foi en ton talent. »
On ne le disait pas assez aux autres, lui le premier il ne le niait pas. Mais la société avait tendance à nous mettre en compétition plutôt que de nous valoriser et le système scolaire actuel… Ha, il aurait pu écrire toute une encyclopédie sur le mal qu’il en pensait, à différents niveaux !
L’écrivain vient tourner un peu la petite touillette en bois dans son café, observant la crème passer définitivement du blanc laiteux et pur à quelque chose de plus sombre… Un instant la marbrure dorée disparait dans le syphon créé par son mélange, comme aspiré par le noir profond du liquide… Et finalement elle reprend le dessus, se repend… Jusqu’à ce que finalement la tasse entière soit dorée. Ça aurait fait une belle analogie du bien et du mal, sans doute. Liwei se promettait de s’en souvenir et de le noter dans un coin. Ça pouvait toujours servir.
« Tu as des problèmes d’argent ? »
C’était Ye Jun qui avait mis le premier le sujet sur la table. Liwei ignorait si c’était une façon délicate de lui faire le reproche de l’avoir laissé un peu sans un sou… Mais il ne s’en offusquait pas. Il savait qu’il avait sûrement manqué de délicatesse pour mettre Ye Jun en face de leur rupture. Mais il n’avait pas voulu pour autant mettre le jeune homme dans le besoin.
« Tu peux me le dire, si tu es en difficulté. »
Il n’était pas une banque ambulante… Mais il aurait clairement eu l’impression de jeter Ye Jun du pont s’il n’avait pas, au minimum une fois, tenté de lui apporter son aide.
Quoi qu’il en soit, au sujet de sa vie personnelle, elle semblait être à l’image typique des étudiants, non ? Pas forcément bohême mais inutilement compliqué. Un amour qui n’était pas réciproque.
« On a fait des pièces pleines de drames des histoires d’amour à sens unique. Mais rassure-toi, elles finissent généralement mieux que celles qui parlent d’amour réciproque. »
Roméo et Juliette en tête de file évidemment… Mais même si leur histoire était secondaire dans cette pièce, la préférence de Liwei allait à Hamlet et Ophélie. La douce Ophélie, emportée par la folie, suicidée, noyée dans les eaux de la rivière, les cheveux emmêlés de fleur, le sein durcit d’une robe trempée d’eau et de froid… Il s’égarait un peu.
« Au final, c’est lui qui passe à côté de quelque chose, dis-toi bien ça. »
Quant à l’ambition professionnelle de son ex :
« Ceux qui se sont fait un nom ont essayé en tout cas. »
Alors il fallait se donner l’impulsion.
« La déception est moins lourde à porter que les regrets, Ye Jun. »
On pouvait gérer la déception en se disant qu’on avait tout donné. Mais par le regret de n’avoir jamais essayé et d’être peut-être passé à côté de quelque chose d’incroyable. En tout cas l’argent revient sur le tapis… Et de fait :
« Tu sais combien coûte ta scolarité au total ? »
Puis, histoire de ne pas pratiquer la langue de bois :
« Je peux t’aider, au moins pour régler les factures liées à ta scolarité. Ne refuse pas sans y réfléchir ou pour de mauvaises raisons. Je ne suis pas en train de te proposer de vivre à mes dépends. Tu ne me devras rien. C’est peut-être moi qui te le dois, après tout. »
Finalement, histoire de dédramatiser :
« Et le jour où tu seras célèbre, tu me devras l’illustration d’un roman ou deux. »
Quant à son emploi du temps :
« Je m’arrête à Séoul quelques mois cette fois. Mais oui, je voyage toujours autant. Enfin… J’ai beaucoup été en promotion pendant notre relation. Alors ça s’est un peu calmé malgré tout je suppose. »
Et puis des remerciements qui semblent un peu tomber de nulle part et Liwei arque un sourcil surpris.
« Pour tout ? Ça fait beaucoup. Merci pour quoi, par exemple ? »
Il savait lui avoir brisé le cœur. Et on vous remerciait rarement pour ça.
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Re: Réminiscence | Mer 7 Avr - 0:02 Citer EditerSupprimer
Certaines choses plus faciles à dire en présence d’une personne de votre passé. Liwei avait toujours été une oreille attentive quand je voulais bien raconter ce qui n’allait pas. Ses conseils sages m’avaient souvent permis de relativiser la situation. Le pauvre, il en avait entendu des jérémiades !
« Liwei, je suis une personne normale qui essaie de se démarquer en espérant avoir une once de talent… mais j’en ai pas. Je me débrouille en dessin parce que je copie, je recopie. Jamais je n’ai inventé quoique ce soit. »
Est-ce que je vis bien cette prise de conscience ? Franchement pas. Ma vie est une succession de déceptions professionnelles. J’aurai dû suivre mes parents : reprendre l’entreprise familiale. On doit probablement être heureux dans une existence simple, choisie par la famille. Pourquoi avais-je tant voulu m’affranchir de leur influence ? Pourquoi avais-je voulu me dresser contre eux pour les beaux yeux d’un homme avec qui je ne suis plus ? Je me demandais souvent si les choses auraient été différentes.
Les paroles de mon ex sont plaisantes mais il souhaite juste me rassurer. Il se montre poli. Malheureusement il est loin de la réalité. Pas grave ! C’est gentil de sa part.
Mes yeux suivent le mouvement de ses doigts qui font tourner la touillette de son café. Les deux teintes qui se mélangent pour en former une nouvelle est comme une image de la vie. Nous faisons des rencontres qui nous changent pour que nous devenions une autre personne. Chacun influence les autres, même inconsciemment.
Liwei rebondissait sur mes problèmes financiers. Une attitude qui me fit esquisser un sourire. Il est sûrement la seule personne qui se préoccupe de moi, pourtant nous ne sommes plus ensemble. Cela ne devrait pas le concerner mais il n’est pas ainsi. Je hausse les épaules avant de lui répondre.
« La routine… depuis que j’ai été banni de la famille pour te suivre, mes comptes bancaires sont tous gelés. Il est même probable que mes parents aient tout repris en disant que je suis mort puisque c’est la version qu’ils ont donné pour expliquer mon absence. »
Je déchire en petits morceaux ma serviette en papier car ce sont des souvenirs douloureux.
« Un mort ne peut pas avoir d’argent… je trime pour me payer mes études, ma chambre. Je ne mange pas à ma faim, et je ne peux rien m’offrir en dehors de mon matériel de dessin. Rien n’est gratuit dans la vie. J’ai choisi d’abandonner ma cage dorée, je dois en payer les conséquences. »
Les fins de mois sont parfois tellement difficiles que je pose pour des sites peu convenables. Je ne peux pas lui dire ça… pourtant c’est la vérité. Il pourrait tomber sur mes photos aisément mais pas besoin qu’il soit au courant. C’est assez humiliant comme ça.
Heureusement la conversation part sur un sujet plus léger : les amourettes. Il se trouve que je suis actuellement plongé en pleine relation platonique et non réciproque. Discuter avec lui, c’est un bon moyen de me changer les idées.
« Oh je ne m’attends pas à un regard de sa part. On va dire que cela me permet de penser à autre chose. Ca repousse mes autres soucis. »
Sera-t-il dupe ? Evidemment que l’indifférence de Ye An est blessante, que la rupture sans explications de Nam Kyu est douloureuse… mais ils sont tous des expériences pour me rappeler que mon cœur pourrait se remettre plus tard. Je ne peux pas être positif pour tout !
« Tu cherches toujours à me consoler… même quand je te parle d’un autre. »
Je prends une grande inspiration avant de lever les yeux vers lui. Il est comme un grand frère finalement ? Cela ne lui fait rien que nous parlions de ma vie amoureuse alors qu’il en est exclu ? Les choses n’ont pas réellement changé : il est toujours aussi distant. Liwei est bien là, tout en étant super loin. Il est détaché. Rien ne peut le toucher, l’atteindre. Espérons que cela changera pour lui. Il loupe des émotions qui pourraient le changer.
« Cette proposition est généreuse mais je ne peux pas accepter. Tu ne me dois absolument rien. Nous ne sommes plus ensemble. Chacun reprend sa route, ses problèmes. Tu es gentil mais je ne suis pas Julia Roberts dans Pretty Woman. »
Une petite blague pour détendre l’ambiance. Je ne veux pas avoir ce genre de relation avec lui. Evidemment que cet argent serait le bienvenue mais je ne peux pas accepter. Je ne pourrais plus le regarder droit dans les yeux. J’aurai la sensation d’être Cendrillon quémandant quelque chose. Non je ne veux pas de ça !
« Tu trouveras mieux que moi pour ça. »
J’esquisse un petit sourire avant de disparaitre derrière ma boisson. La tournure de la conversation me met dans l’embarras.
« Tu voyages seul ? Ce n’est pas trop fastidieux ce rythme ? Tu ressens jamais le besoin de te poser ? Quand comptes-tu vivre pour toi ? »
Liwei envisageait-il de toujours être entre deux pays pour ne pas se poser quelque part, et construire un quotidien ?
« Sans toi, je ne me serai jamais affranchi de l’influence de mes parents. J’aurai sûrement été dans ce centre pour me guérir de mon homosexualité. Je serai encore leur pantin. Tu m’as donné la chance de vivre ma propre existence. J’ai grandi auprès de toi que ce soit sur le plan des sentiments que professionnel. Je ne serai pas ici sans toi… alors merci. »
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Re: Réminiscence | Mer 14 Avr - 9:20 Citer EditerSupprimer
Liwei est bien tenté de répliquer à ça… Mais cette conversation serait stérile non ? Lui n’était pas du genre à supplier et visiblement Ye Jun pas du genre à en démordre.
« D’accord. Si tu en es convaincu, qu’est-ce que je pourrais dire ? »
A une époque ça aurait été son rôle d’insister sûrement… De trouver une méthode pour que Ye Jun accepte de se donner un peu plus de crédit. Mais aujourd’hui, quelle légitimité aurait-il pu trouver ? Il espérait juste que le jeune homme soit en mesure de mieux s’entourer à l’avenir… Avec des gens qui seraient capables de lui faire comprendre que parfois il faut simplement du temps aux choses.
« Mais si je peux me permettre, je suis bien placé pour dire que l’inspiration de quelque chose de « nouveau » ça peut arriver n’importe quand. Et puis ne dit-on pas qu'on invente rien ? Qu'on ne fait que copier la nature de toute façon... »
Bien sûr il ne dessinait ni ne peignait ni rien du genre. Son talent en la matière devant s’en tenir au niveau d’un enfant de CE1 à peu de choses près. Et pas le plus doué on s’entend. Mais l’inspiration, dans son métier, c’était quand même une grosse part de ce qui le faisait marcher. Alors oui : il savait un peu de quoi il parlait quand même.
Ye Jun glisse sans pudeur sur les raisons de sa relative disette financière. Peut-être parce que ce sont des choses qu’ils ont déjà évoqués ensemble ou parce que c’est un choix plus ou moins inconscient de chercher à provoquer sa culpabilité.
« Tu regrettes ? »
La question se posait. Est-ce que Ye Jun aurait préféré que leurs chemins ne se croisent pas ? Liwei ne pouvait pas présumer du fait qu’il aurait été plus heureux ou malheureux. Ça aurait été présomptueux de sa part de laisser croire qu’il pouvait entrer dans la tête de son ex pour déterminer ce qui aurait été le mieux pour lui.
Liwei savait que les parents de Ye Jun n’y avaient pas été avec le dos de la cuillère à l’époque déjà. Il n’avait jamais eu grand-chose d’autre que du mépris pour eux, bien qu’il ait tenu sagement sa langue l’extrême majorité du temps. Aujourd’hui néanmoins il se permet, en constatant que rien n’avait changé :
« Tes parents sont des crétins. »
Ils pensaient que les choix de Ye Jun leur avait fait perdre un fils mais c’était bien de leur côté qu’était venu la répulsion. Et au final, c’était d’eux que venait cette histoire de fils mort. C’était cruel. Et absurde au-delà du possible à ses yeux. Pas que ses parents vivent forcément hyper bien l’idée que Liwei puisse se poser entre les reins d’un autre homme mais un accord tacite faisait qu’ils n’en parlaient pas vraiment, même si Liwei devait un jour leur ramener quelqu’un.
Ye Jun fait le tour de ses possessions et de ce qu’il ne peut pas se permettre d’avoir. C’était étrange cette différence entre eux. Pas la différence pécuniaire ! Mais lui n’aurait jamais été capable de dire toutes ces choses de but en blanc. Pourtant il était du genre franc… De ceux qui posent les questions lorsqu’ils veulent des réponses, peu importe le sujet concerné. Mais peut-être que là on aurait un peu trop touché à lui-même, à ses soucis, ses tracas… Et dans ce genre de conversation, sa pudeur était, c’est vrai, exacerbée.
« Tu préfèrerais que je ne t’apporte aucun réconfort ? »
Il ne s’était pas vraiment rendu compte que c’était ce qu’il faisait. Mais si Ye Jun en doutait, Liwei lui assure de manière posée :
« J’ai encore de la tendresse pour toi, même si tu as peut-être cru que non. »
Il faut dire que lorsque ce n’était pas dans ses livres, Liwei avait du mal à mettre certaines formes aux choses. Il pouvait se montrer distant, froid, détaché… Peut-être même cruel. Et ce sans que se soit nécessaire la volonté derrière ses actions.
Quoi qu’il en soit sa proposition est repoussée… Mais la comparaison avec Pretty Women lui fait arquer un sourcil.
« C’est ce dont j’ai l’air ? »
De vouloir quelques faveurs en échange d’une tournée shopping, pour être un peu réducteur. Ça ne l’avait pas froissé mais clairement ça ne le faisait pas sauter au plafond de plaisir de l’imaginer. Ça lui rappelait un peu sa mésaventure à l’hôtel. Décidément. Il donnait vraiment ce genre d’image ou quoi ?
« Si c’était vraiment comme ça que je te voyais je ne te l’aurais pas proposé. »
Ceci étant dit :
« Je ne vais pas insister. C’est toi qui choisis mais si jamais… »
Le chinois vient rapidement fouiller dans une poche intérieure avant d’en sortir une petite carte professionnelle. D’un joli stylo sortit lui aussi de l’intérieur de sa veste Liwei vient de son écriture indéniablement littéraire noter son numéro de téléphone personnel. Finalement la carte et posée sur la table et poussée vers Ye Jun.
« Mon numéro. Si je ne réponds pas tout de suite… Bref, tu le sais, comme d’habitude. »
Liwei ne répondait jamais ou presque jamais au téléphone. Il détestait ces appareils en dehors de quelques sms de temps en temps. Alors il était presque toujours sur silencieux, ce qui faisait qu’il consultait sa messagerie de temps en temps et qu’il rappelait. C’était exceptionnel en soit de l’entendre décrocher et ça avait toujours été comme ça ! Pas ça qui aidait à sa communication c’est sûr.
Quant à lui, à son mode de vie et tout ça… Liwei vient chercher son paquet de cigarettes en se renseignant :
« On peut fumer ici ? »
Et pour répondre à Ye Jun :
« Ça va. C’est une question d’habitude. Et puis la Corée, tu sais que j’aime m’y poser quand j’ai envie d’un peu de calme justement. »
Peut-être que cette impression que la Corée représentait un peu « le calme » venait en partie du fait que Ye Jun avait représenté un « retour à la maison » à une époque. Peut-être oui…
« En réalité ça me plaît. Pas « toujours », mais on ne fait pas toujours ce qui nous plaît non plus. Mais la majorité du temps. Si je me pose définitivement un jour, se sera peut-être en Chine. J’en sais rien. »
Il espérait quelques ouvertures de la part de la Chine et pour le moment le pays n’était clairement pas prêt disons. Liwei avait l’esprit un peu chauvin mais pas au point de s’aveugler.
Et puis comme quoi, qu’il regrette ou pas, Ye Jun avait réussi à sortir son épingle du jeu pour vivre à sa façon et en tirer quelque chose de positif, voilà qu’il lui fait une trombe de fleurs, de remerciement. Clairement Liwei est indécis, silencieux un instant… Pas mal à l’aise mais clairement pas dans son champ d’action habituel ! On lui faisait plus souvent des reproches sur son attitude qu’un tombereau de merci !
« Hé bien… »
Il s’arrête. C’était assez rare de le résoudre au silence et il esquisse un sourire en constatant :
« Ça t’a pris du temps mais tu as réussi à me clouer le bec on dirait. »
Plus sérieusement :
« Je crois que nous avons tous les deux beaucoup inspiré l’autre. Je ne le mets peut-être pas beaucoup en application, mais j’ai grandement appris de ta fragilité comme de ton humanité. Je ne suis pas meilleur qu’à l’époque où j’ai fait tout ce dont tu parles… Ou celle où je t’ai brisé le cœur. Je ne suis pas comme toi, je n’arrive pas à changer pour m’adapter. Mais j’ai appris quand même, et moi aussi je t’en remercie. »
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