ootd / Alors, lentement, le temps s’étire et reprend son cours. Les jours défilent, l’anniversaire des vingt-trois ans de Kô n’est qu’un soleil parmi tout le reste, et, le cœur serré à l’approche de la fête des amoureux, le jeune homme a préféré s’inscrire comme bénévole pour aider les ventes d’un café. Plutôt que rester à se ronger les ongles jusqu’au lendemain, il préfère se vider la tête, même s’il est bien au courant que toute cette journée va n’avoir de cesse de lui faire penser à Jiwoong. A ce prénom, il déglutit, terminant de se préparer pour rejoindre le stand en question.
Depuis leur dernière dispute, ils ne se sont pas revus. A l’évidence, Kô meurt d’envie de se blottir dans ses bras… et pourtant, il ne l’a pas fait. Parce qu’il lui en veut aussi fort de ne pas avoir su conserver son sang-froid, d’avoir osé le pousser dans ses retranchements sans jamais lui laisser l’envie d’y croire. Le plus jeune a été honnête dans ses mots, depuis le début, alors pourquoi douter de tout cela ? D’accord, son identité physique n’a pas été révélée avant la fin de l’année dernière ; et ensuite ? Un genre sexuel fait-il la personnalité de quelqu’un ? Kô abandonne un soupir, secoue doucement le visage, avant d’épingler deux adorables oreilles roses dans sa chevelure argentée.
Quelques instants plus tard, le voilà qui a fait la connaissance des autres bénévoles et il a reçu les indications. Un délicat sourire étiré sur ses lippes nues de tout maquillage, l’étudiant en stylisme prend malgré tout plaisir à vendre les cafés, les pâtisseries et autres gourmandises aux élèves curieux, seuls ou bien accompagnés. Être de l’autre côté de la ligne, celles des bénévoles, permet à Kô de ne pas (trop) se projeter parmi la foule ambiante. Pourtant, il est bien jaloux de cette demoiselle qui reçoit une attention de la part de son petit ami, ou bien de cet autre garçon qui achète, rougissant, une friandise pour l’élu.e de son cœur. Celui de Kô est brisé en de bien nombreux morceaux.
Alors, presque timide, le blondinet abandonne ses prunelles dans le flot continu des étudiants qui vont et viennent. Et, une seconde, il l’aperçoit. Jiwoong. Bêtement, il détourne la tête, mais le contact a eu lieu. Bref, rapide, et les joues se teintent de rose. Kô resserre son tablier, perdant quelques secondes ses moyens avant de saisir une paire de gants pour servir un couple de l’autre côté du stand. Cependant, il ne peut s’empêcher de se demander ce que fait le sportif ici. Et s’il est venu accompagné. Encore une fois, son myocarde a l’impression d’étouffer sous sa poitrine.

@suh ji woong

tenue | Ces derniers temps rien ne va, que ce soit dans le gang, en cours, ou dans ta vie privée. En effet tu as beau avoir pris du galon au sein du gang, tu as du mal à réunir des informations et tu n'as rien à donner à tes supérieurs. Ces derniers s'impatientent, mais ils n'ont pas compris que c'est un travail de longue haleine. D'autant plus que tu n'as pas eu beaucoup de temps à toi avec la période d'examen. Sans parler de ta petite amie qui te reproche de ne pas assez l'appeler et bien sûr...lui, Kô. Tu as essayé de le sortir de ta tête, de l'oublier et pourtant il te hante. Tu revois son air en colère à la piscine et sa détresse la dernière fois que tu l'as abandonné suite à votre dispute. Tu t'en veux, tu as été trop loin avec lui. Tu t'es souvent surprit à vouloir lui écrire un message. Cependant tu n'as jamais rien envoyé, trouvant ça stupide. C'est vrai que tu as été un salopard avec lui alors qu'il n'avait rien fait de mal. Il ne t'a pas dit toute la vérité, mais tu n'es pas mieux. Cette histoire te revient souvent en tête dans tes moments libres, aussi tu essayes de t'occuper, ce qui n'est pas difficile vu tes différentes casquettes. D'ailleurs aujourd'hui, si tu es là pour déambuler au milieu des stands ce n'est clairement pas pour le plaisir. Ayant participé à la dernière victoire de l'équipe de natation, tu as été désigné pour faire la proportion du club. Tu te saurais bien passer de t'afficher la tenue de l'équipe sur le dos et des flyers à distribuer. Néanmoins cette activité a donné des idées au gang. Tu as donc été chargé d'une équipe de dealers à déployer et à encadrer. Comment souvent ton objectif est double et tu as donc préparé la journée et organisé ton équipe. Toi tu as juste à faire figuration et surveiller l'ensemble pour ne pas se faire repérer par des adversaires ou la police. Pour ce qui est des forces de l'ordre c'est facile, la police c'est toi et pourtant tu dois participer à ce genre de choses pour t'infiltrer un peu plus et surtout pour ne pas mettre ta vie en péril.

Pour l'instant la journée se déroule sans accro, enfin c'était jusqu'à ce que tu croises son regard. Si instinctivement, tu aurais affiché une mine triste, là tu as monté de toutes pièces un visage placide et un regard dur. C'est stupide, tu en as conscience mais personne n'a dit que tu étais intelligent lorsqu'il s'agit de sentiments. C'est même plutôt l'inverse. Quand il a détouré le regard, ton cœur s'est serré et tu n'es pas parvenu à faire de même. Tu l'as observé quelques secondes, profitant de ta taille pour voir au-dessus de la foule. Tu sens comme une larme te transpercer le cœur et involontairement tes doigts se sont fermés sur les flyers que tu tiens. Tu as fini par serrer les dents, pestant pour détourner ton attention. Il ne manquait plus que ça, à croire que tu ne penses pas assez à lui alors le destin le remet sur ta route. Tu n'as pas le droit de te déconcentrer de ta mission, pas celle pour l'équipe de natation, bien ce que c'est celle que tu effectues. Tu souris d'ailleurs à un couple qui approche pour te demander des informations

ootd / Si Kô détourne ses pupilles de ce visage à la mine fermée, ce n’est pas par honte, par crainte ou quoi que ce soit d’autre de négatif. Non, c’est plutôt parce qu’un instant, son cœur s’est mis à battre un peu plus fort dans sa poitrine sans qu’il ne puisse vraiment en expliquer la réelle cause. Oui, à l’évidence, il s’interroge sur la présence de Jiwoong sur ce festival, mais peut-être que ce dernier se questionne autant sur celle de Kô ? Le jeune homme à la chevelure argentée tremble doucement quand il enfile ses gants afin de servir deux garçons devant eux. Son sourire se veut plaisant tandis que ses prunelles affichent une certaine tristesse. D’ailleurs, ces deux garçons, ne sont-ils pas en couple ? Cela en a tout l’air et l’étudiant en stylisme ne peut réprimer un pincement dans sa poitrine. Pour la première fois depuis des années, il se rend compte qu’il a envie de construire quelque chose avec quelqu’un. Et ce quelqu’un, il aurait tant aimé que cela soit Jiwoong.
Il finit par secouer doucement le visage, tendant les deux pâtisseries achetées contre de la monnaie, souhaitant un excellent festival aux deux garçons. Et lui ? Ses doigts se serrent sur le tablier noir qu’il porte accroché à la taille. Il sait qu’il ne doit pas se laisser abattre, poursuivre le cours de sa vie, pourtant, malgré ses récentes « reprises d’activités » avec les hommes, il n’en éprouve qu’un goût amer – au sens propre, comme au figuré. Sans cesse, ses songes se dirigent avec avidité vers le membre de l’équipe de natation envers lequel il se retient d’envoyer des messages, de venir trouver pour qu’il lui prenne le bras comme ils ont eu l’habitude de le faire. Tout ça et tellement plus… Mais à quoi bon continuer de se faire du mal ainsi ?
Un soupir s’échappe de la barrière de ses lippes peu maquillées et il décide de se ressaisir. Il prépare un plateau de petits morceaux de pâtisseries et autres viennoiseries, proposant de faire une dégustation dans la foule des étudiants afin de ramener davantage de monde encore à leur stand. Après tout, il s’est engagé en tant que bénévole alors il doit mener à bien son engagement et ce n’est pas en demeurant là à se morfondre qu’il va y parvenir. Renouant correctement son tablier, il entraîne une autre personne bénévole avec lui pour se propulser au beau milieu des allées du festival. « Dégustations offertes, déclare-t-il avec assurance, venez nous rendre visite au stand ! » Songer à autre chose lui permet d’aller de l’avant et c’est cela qui lui plaît.
Un instant plus tard, il se faufile parmi plusieurs hommes groupés, sans s’apercevoir qu’il s’agit de l’équipe de natation, et, du haut de sa petite taille, il s’impose avec grâce. « Spécialités de la maison, messieurs. » Large sourire étendu sur ses lèvres, il fait glisser son plateau à bout de bras pour présenter le tout aux étudiants. Il ne se rend pas tellement compte, Kô, de l’ombre qui s’étend juste derrière lui. Ses fausses oreilles de chat rosées en frémissent avant lui.

@suh ji woong

tenue | Tu te concentres sur le couple en face de toi pour éviter de penser à lui. Visiblement la jeune femme est intéressée, mais plus pour son homme que pour elle. Encore une qui pense que décider pour son petit ami fera durée son couple. Elle ne manque d'ailleurs pas de dire à son petit ami qu'il prendrait en carrure. Situation gênante pour lui, mais tu te montres compatissant, lui donnant le flyer en expliquant de le club propose des cours et des entrainements pour tous les niveaux. Tu repars ensuite pour un bain de foule, évitant soigneusement de t'approcher du stand ou se trouve Kô. Tu fais un tour, surveillant les dealers, échangeant des regards discrets pour t'assurer que tout va bien. Aucun n'est en difficulté et il n'y a pas un rivale en vue. Tout est parfait, enfin autant que faire se peut. Tu rejoins tes co-équipiers las de déambuler, tu peux aussi faire de la pub près de votre stand. Encore une fois la vie se joue de toi, à moins que ce soit Kô qui cherche à t'agacer. Cela serait un juste retour de bâton vu le comportement que tu as eu avec lui la dernière fois. C'est un de tes partenaires qui t'avertit

Hey mec, c'est pas le gars que t'as pris pour une fille, ahahah.

« T'es mal placé pour parler tu voulais te le faire aussi. »

Ouais faut avouer qu'il est plutôt efféminé. Viens on va le voir, la dégustation est gratuite et on pourra s'amuser.

« T'as qu'à y aller, moi j'ai pas faim. »

Tu t'es détourné de lui, t'éloigner de l'équipe, passant à proximité de Kô. Tu aurais plutôt du tourner les talons, comme ça tu n'aurais pas senti son parfum, cette odeur qui te rappele les bons moments passés, avec lui accroché à ton bras. Tu ne lui accordes aucune attention, préférant éviter de poser tes yeux sur lui et ses petites oreilles qui tintent alors qu'il propose à ton équipe de gouter ses préparations. Tu préfères t'éloigner. Décidément cette journée va être longue s'il est toujours dans tes pattes. Ça t'énerve car tu n'arrives pas à l'ignorer totalement. Tu as beau t'éloigner, tu as, malgré, tout jeter un coup d'œil et manque de bol, vos regards se sont encore croisés. Cette fois c'est toi qui a détourné les yeux dans la seconde, refusant qu'il perçoive ta gêne, ou pire, ta tristesse. Parce que oui tu as le cœur lourd de regret et son odeur t'enivre encore, comme si celle-ci coulait dans tes veines, te brulant de l'intérieur pour te punir de ton comportement immature. Qu'est ce qui t'empêche d'aller vers lui ? Simplement la fierté, et cette peur de comprendre pourquoi tu n'arrives pas à le sortir de tes pensées. Non tu refuses de penser que tu t'es attaché à lui, c'est stupide.

ootd / Alors il essaie de faire le fier, Kô, de ne pas se laisser abattre pour un homme qui, visiblement, n’a pas plus envie que cela de revenir vers lui. Au fond de lui, ça le blesse, il est effondré, mais peut-il continuer son chemin avec la tête baissée ? Alors il esquisse des sourires, comme il sait si bien le faire, proposant des dégustations aux passants avant de se faufiler vers un groupe d’étudiants. Ses lippes conservent leur douceur tandis que ses oreilles installées sur ses cheveux tintent en même temps que les petits rires cristallins qu’il abandonne sur son chemin. Un effluve, un tourbillon, Kô. Cela semble plaire aux quelques garçons qui s’approchent, dégustent, le taquinent et le draguent, pour certains, sûrement loin de se douter qu’il n’est pas une fille. Cependant, il continue de minauder, le blondinet, pour permettre d’attirer un peu plus de clientèle.
Jusqu’à ce que son plateau soit à moitié vide, qu’il pivote sur ses talons en désignant le stand pour lequel il est en train de déambuler et que son sourire s’éteigne aussitôt sur son visage. Ses prunelles viennent encore de croiser le visage, les pupilles, de Jiwoong, et son cœur s’étreint. Sa maladresse débarque et il manque de tout renverser sur l’un des garçons. Perturbé, il s’excuse platement, ses esprits largement tournés vers celui à l’origine de tout cela. L’espace de ces brèves secondes, Kô a eu l’impression de lire du regret, de la tristesse. Mais pour quelle raison Jiwoong le serait avec tant de force, lui qui n’a eu de cesse de continuer de le provoquer, de lui marteler qu’il n’est qu’un menteur ? Sa gorge se serre et il s’excuse auprès des étudiants pour rejoindre en vitesse le stand, s’y cachant quelques minutes.
Kô plaque une main sur sa bouche, se retenant de s’effondrer un peu plus encore. Il a envie de se précipiter vers le sportif, de lui attraper la main pour y mêler ses doigts, ou bien de saisir son bras, s’y accrochant comme il a eu l’habitude de le faire. Il désire tout cela et, en même temps, il se rappelle avec douleur cette dispute où Jiwoong a véritablement été trop loin en le provoquant. Un frisson s’étend dans son échine tandis qu’on vient lui demander si tout va bien. Il balaie la question d’un geste de la main, prétextant qu’il a juste un peu chaud, à force de s’activer dans tous les sens. Et, quelque part, il y a une part de vérité là-dedans.
Il finit par se reprendre, ayant trouvé une sorte de détermination en lui. S’il ne parvient pas à rejoindre Jiwoong, il va demander à quelqu’un d’y aller à sa place. Après tout, ces dégustations proposées, il a aidé à la confection de certaines et il connaît les goûts de son aîné. Prenant son courage à deux mains, il demande à l’un des autres bénévoles d’apporter une petite assiette cartonnée à Jiwoong, guettant, tapi derrière le comptoir, la réaction qu’il va avoir en réceptionnant – ou non – cette offrande.
S'agit-il d'un premier pas vers la réconciliation ? Kô se mordille la lèvre, incapable d'en penser davantage.

@suh ji woong

tenue | Tu ne supportes pas de le voir miauler comme si tout allait bien. Il fait son show, s'exhibe comme il l'a fait avec toi, des mimiques charmeurs, des rires que tu reconnais parmi le bruit ambiant. C'est bien pour ça que tu t'éloignes, car ton cœur se serre en le voyant agit comme si rien ne s'était passé. C'est à toi d'agir comme ça, c'est toi qui devait l'avoir oublié. Tu n'as pas de temps à perdre avec lui, des problèmes tu en as assez, pas besoin d'en ajouter à la liste. Et pourtant tout te semble futile en sachant qu'il est là, au milieu de la foule. Tu ne penses qu'à lui, à ce que tu lui as dit et fait la dernière fois. Tu voudrais t'excuser, mais ta fierté t'en empêche et son comportement ne t'incite pas plus à aller vers lui. Il a repris sa vie, son cinéma et visiblement tout cela ne lui a rien appris. Et à toi, qu'est-ce que ça t'as appris ? Que tu ne contrôles pas si bien ton cœur, contrairement à ce que tu veux faire croire. En tout cas tu t'éloignes, espérant que cette journée se termine vite et sans encombres. Pour l'instant tout va bien du côté des dealers, il ne reste plus que quelques heures à tenir et tu pourras quitter cet évènement stupide. Enfin c'était sans compter sur une jeune femme du stand qui vient te proposer une assiette à toi personnellement. Tu la dévisages un instant en fronçant les sourcils. Elle se justifie en s'appuyant sur ta carrière de sportif, comme quoi tu dois manger avec tous les allers retours que tu fais. Tu ne peux pas l'envoyer sur les roses. Tu n'as rien à faire de ta réputation, mais elle n'a pas à pâtir de ton humeur maussade. Tu acceptes donc l'assiette avec un sourire et une parole gentille. Lorsqu'elle s'éloigne pour rejoindre son stand tu la suis du regard et à nouveau tu le vois lui, Kô. Est-ce que c'est lui qui t'a fait porter cette collation ? En posant tes yeux sur les différents amuses-bouches tu comprends que oui. C'est évident, il connait tes gouts et il y a là tout ce que tu aimes. Ton cœur se serre à nouveau et tu as l'impression que le carton te brule les doigts. Tu n'as qu'une envie : jeter tout ça, mais une partie de toi t'en empêcher. Tes pas se sont dirigés vers le stand, ton cerveau a beau savoir que c'est une mauvaise idée, ton cœur te pousse vers là-bas. Une fois devant le stand, c'est lui dont tu captes le regard et d'un signe de tête tu lui demandes de s'approcher. Tu sais qu'il n'a pas le choix, il doit servir les clients et c'est ce que tu es...dans un sens.

Je n'ai pas faim, merci. C'est pas les prétendants qui manquent…

Tu lui tends alors l'assiette, essayant de garder un visage aussi neutre que possible alors qu'en réalité ton sang pulse dans tes tempes, ton cœur bat beaucoup trop vite. Tu as envie de lui dire un million de choses et pourtant tes lèvres se sont scellés, incapable de prononcer un mot de plus. Tu agites l'assiette pour qu'il se dépêche de la récupérer et éviter qu'il ne voit les tremblements auxquels tu es sujet. Tu aimerais pouvoir t'excuser, tout simplement, malheureusement tu as dépassé les bornes et tu n'es même pas sûr que cela change quelque chose. Tu ne sais même pas pourquoi tu es venu lui ramener l'assiette au lieu de la jeter dans la première poubelle qui passe. Décidément pour lui tu fais un tas de choses stupides et ça t'énerve de plus en plus.

ootd / Mais s’il agit de cette façon, Kô, c’est de sorte à pouvoir tenter de ne pas se noyer. Les maux se gravent dans son âme à l’infini, dur instant de voir s’éloigner la demoiselle qu’il a chargé de cette assiette de gourmandises. Les doigts tremblent, cachés sous le tablier, tandis que des clients arrivent et qu’il ne peut pas conserver le regard dirigé vers la scène qui se joue à quelques mètres. Et si Jiwoong refuse ? Et s’il se met à faire un esclandre au beau milieu de ces festivités ? Sa gorge se serre tandis que ses lèvres s’étirent en un sourire surfait pour servir le couple de l’autre côté du stand. Ils ont l’air si beaux, collés l’un contre l’autre, à minauder et à s’échanger des attentions toutes plus adorables les unes que les autres. Mais n’est-ce pas le but principal de cette fête des amoureux ?
Les pâtisseries choisies, puis soigneusement déposées dans une boîte en carton en forme de cœur, Kô se courbe doucement pour les tendre aux deux jeunes gens. Les remerciant quand il reçoit l’argent, son myocarde manque un battement quand il aperçoit la bénévole qui est déjà revenue. Il l’interroge du regard et elle n’a pas le temps de lui répondre. Parce que le regard de l’étudiant en stylisme s’étend sur la foule, espérant trouver Jiwoong sans réellement l’espérer non plus. Que dire, que faire ? Il tente au mieux de ne pas flancher, pourquoi il frémit quand tombe droit dans ses prunelles si sombres. Il se mordille la lèvre inférieure, se dirigeant un peu plus sur le côté pour venir à sa rencontre.
Immanquablement, il voit que le sportif a bien reçu l’assiette qu’il lui a concocté. Cependant, tous les morceaux sont entiers et les doigts serrés de Jiwoong sur le rebord prouve encore une fois que la colère n’est pas redescendue. Mais que peut-il faire de plus, Kô ? Jiwoong n’est pas le seul à avoir été blessé et pourtant il se conduit encore comme une personne égoïste. Alors les mots fusent tandis qu’il veut lui rendre cette assiette.

« Si tu n’en veux pas, tu n’as qu’à la jeter. Tu sais très bien le faire, non ? »

C’est mauvais, c’est mesquin ; mais qui joue à blesser peut aussi l’être en retour. Kô a décidé de ne pas se laisser faire. De ne plus jamais se laisser faire. Et pourtant, il se sent affreusement faible face à cet homme qui remue tant de choses en lui. Les sourires ont laissé place à la rancœur et le vague à l’âme l’emporte. Heureusement que Jiwoong ne voit pas ce qui se passe derrière le stand, sinon il verrait les jambes frêles du plus jeune trembler légèrement. Le haut de son corps, Kô le contrôle de son mieux pour ne rien laisser paraître.

« Je ne peux pas la reprendre de toute façon, comme elle a été servie. »

Ses doigts fins continuent de jouer avec son tablier avant de replacer l’une de ses oreilles roses qui semblent se détacher de ses cheveux argentés.

« Jiwoong, c’est pour me voir que tu es venu jusqu’au stand ? »

Les lippes vendent le secret qu’il voulait enterrer en lui et il se sent idiot, Kô, à espérer encore quoi que ce soit quand le regard dur de Jiwoong le sonde de part en part.

@suh ji woong

tenue | Ses mots te blessent et tu as une furieuse envie de lui jeter l'assiette au visage. A la place tu l'as posé violemment sur le stand, faisant trembler la table. Tu le foudroies du regard, te demandant si tu dois répondre. Tu as envie de tourner les talons, c'est ce que tu devrais faire, mais ton cœur t'interdit de lui tourner le dos. Tu n'as pas envie de le rabaisser encore, pourtant c'est la seule technique de défense que tu connaissais. Tu as entre-ouvert la bouche pour commencer ta réplique, mais il t'a coupé l'herbe sous le pied, te questionnant sur pourquoi tu es venu jusqu'à lui. A cet instant ta réponse est mécanique.

Je suis juste venu te rendre ton assiette.

Tu serres les dents, comprend l'intonation d'espoir qu'il a mis dans sa question. Malheureusement si sa voix le trahit, la tienne est encore sèche. Malgré ta réplique assez froide tu n'as pas tourné le dos, un brin de fierté peut être, mais aussi un désir que tu n'arrives pas à réprimer de ton cœur qui a envie de le voir. Tu préférerais que cela soit dans d'autres conditions. Tu aimerais pouvoir le faire sourire et rire comme avant, cependant la seule chose que tu parviens à faire répliquer sur la défensive.

C'est à moi de te poser la question ! Pourquoi tu m'as fait porter ça ? Est-ce que tu cherches ? Est-ce que tu attends de moi putain ?

Si au départ le ton employé est mauvais, au fil de la phrase tu t'adoucis, terminant réellement par une interrogation sérieuse. Tu ne sais plus comment agir avec lui. Pourquoi tu peux pas juste l'oublier ? Pourquoi tu n'arrives pas à détacher ton regard de lui ?

ootd / Cette Saint-Valentin est une catastrophe, comme tous les autres jours qui ont précédé depuis la dispute qui a eu lieu entre eux. Les mots sont blessants, les attitudes sont absurdes, et pourtant, ils ont l’air de se complaire là-dedans, ni l’un ni l’autre capable d’aller de l’avant. Si Kô n’y parvient pas, c’est parce que ses sentiments, malgré tout, restent très présents pour l’homme qui est revenu en face de lui. Encore et encore, il a envie de l’entendre, il a envie de le voir, il a envie, tant pis, de se faire crier dessus avec cet air si glacial qu’il arbore avec succès. Mais pour Jiwoong, pourquoi n’y parvient-il pas ? Pourquoi continue-t-il d’entrer dans son jeu ? Kô lui a fait envoyer des pâtisseries qu’il aurait tout simplement pu jeter et pourtant, le voilà debout devant lui à lui demander à son tour pourquoi.
Et Kô n’arrive pas à cesser ses doigts de triturer son tablier, à son cœur de tambouriner un peu plus fort dans sa poitrine. L’entends-tu, Jiwoong ? Les regards se croisent, s’éternisent et Kô a l’impression de suffoquer, coincé entre le stand et le sportif.

« J’en sais rien, Jiwoong ! »

Mais c’est faux. Terriblement faux. Tout au fond de lui, l’étudiant en stylisme le sait, pourquoi. Et c’est sûrement grâce à la voix radoucie de son camarade qu’il parvient enfin à parler avec plus d’aisance que pendant trois mots.

« Parce que je voulais être sûr que tu n’étais pas accompagné aujourd’hui. Je veux que tu ne regardes que moi, Jiwoong. Tu n’as pas encore compris ?! »

Mais il sait aussi, Kô, que celui qui a volé et brisé le cœur est déjà en couple avec quelqu’un. Pourtant, il ne peut pas s’empêcher de se montrer égoïste. Aujourd’hui, il lui tend ses sentiments, et il peut bien en faire ce qu’il veut. De toute façon, ça ne peut pas être pire, n’est-ce pas ?

« Maintenant, tu m’excuseras, mais des clients attendent… »

Retiens-moi, Jiwoong.
Parce que les clients, eux, ils peuvent attendre.

@suh ji woong

tenue | Tu sais plus ou tu en es avec lui. En réalité est-ce que tu l'as su un jour ? Votre rencontre a été le fruit du hasard, contrairement à tes habitudes. Il est apparu dans ta vie sans crier garder et tu as baissé ta garde, trop vite surement. Parce que tu te sentais bien avec lui, croyant naïvement qu'il était une fille. Pourtant tous ces moments passés ensemble étaient agréables, même si aujourd'hui tu réalises qu'ils étaient teintés de mensonge. Tu as eu peur pour lui lors de l'explosion il y a quelques temps. Tu t'es réellement inquiété, parce qu'il comptait pour toi et si tu es là, face à lui aujourd'hui, c'est parce qu'il compte encore, même si tu refuses de l'admettre. Sa réponse te fait frémir, ton faux prénom sorti de ses douces lèvres te culpabilise. Tu lui reproches de ne pas avoir été honnête alors que tu ne l'es pas toi-même. L'ironie te serre le cœur et les paroles suivantes terminent de t'achever. Alors c'est ça, il est intéressé et c'est pour ça qu'il a joué avec toi ? Le comble c'est que c'est réciproque, ce que tu laisses sous-entendre sans t'en rendre compte dans un murmure en plongeant ton regard dans la sien.

Je ne regarde que toi....

Et c'est bien ça le problème. Tu affiches un regard un peu dur, espérant ne pas laisser transparaitre la véracité de cette information. Avec ton jeu d'acteur, il y a des chances pour qu'il pense que c'est toi qui t'amuse avec lui maintenant. Alors qu'au fond, tu es sincère, dans cette foule, tu l'as tout de suite vu, peut-être parce que son visage ne sort pas de tes pensées.

Lorsqu'il se détourne tu ne lâches pas du regard. Qu'est ce que tu dois faire : le retenir, le laisser partir. Tu as envie de tendre le bras pour lui attraper la main, mais ça serait égoïste. Non pas parce que tu es couple avec une fille, non puisqu'il est un homme. Simplement parce que tu l'as déjà trop fait souffrir. Peut être qu'il vaut mieux que le jeu s'arrête là ? Mieux pour qui, lui, toi, vous deux ? Il mérite surement mieux qu'une partie de jambe en l'air, mieux qu'un homme juste là pour gouter sa peau délicate. Pendant une fraction de seconde, tu as envie que ce soit toi. Sauf que tu n'es pas cet homme là, tu ne l'as jamais été et tu ne le sauras peut être jamais. Alors tu te détournes, préférant t'éloigner à nouveau de lui. Pourquoi ton cœur souffre ? Qu'est-ce que ce sentiment qui t'empêche de respirer ? La culpabilité, la frustration, autre chose. C'est la première fois que tu te poses autant de questions et ça t'énerve. Parce que oui, c'est plus simple de tout refouler dans la colère non ?