outfit - Il était nerveux. Les vacances avaient commencés mais personne ne lâchait prise. Ça continuait de s’activer autour de lui et il était le premier à se lever tôt le matin pour parfaire sa maîtrise de la danse. Il avait accepté de faire plus d’heures au bar à chats où il travaillait car il avait besoin d’argent comme n’importe quel étudiant s’en sortant indépendamment. Shanyuan lui aussi travaillait et ils ne se voyaient pas plus que lorsqu’ils étaient en cours. Ils ne rataient néanmoins pas une occasion de passer du temps ensemble mais, aujourd’hui, c’était la première véritable journée qu’ils passaient ensemble depuis le début des vacances car son petit-ami avait été invité à venir déjeuner chez ses parents et par la même occasion il lui avait proposé de venir. Ce n’était pas qu’il ne souhaitait pas l’accompagner mais il aurait préféré refuser parce qu’il avait peur de croiser ses parents.
En soi, il n’avait plus réellement peur d’eux car il avait muri et grandi depuis un an qu’il ne les avait pas vus. Il était plus en colère qu’apeuré du comportement odieux qu’avait eu sa mère à son encontre et de l’absence de son père. Son père présent mais incapable d’aller au-devant des décisions de sa mère alors que c’était lui le chef de la famille. Il se laissait marcher sur les pieds et Soah ne savait pas ce qu’il en pensait. Ce qui traversait son esprit quant aux événements qui avaient détruit leur famille. Il le voyait se laisser corrompre par cette femme et sa santé se dégradait car il se tait. Soah ne parlait pas lui non-plus avant mais c’était fini cette époque où les mots ne sortaient pas de sa bouche. Il était plus lucide désormais et il ne se laisserait plus marchait sur les pieds. Cependant, il n’était pas encore assez fort pour y faire face et les souvenirs douloureux affluèrent lors du trajet. Ce n’était pas parce qu’ils allaient chez les parents de Shanyuan qu’ils verraient les siens mais sa mère avait dû en entendre parler et se ferait un plaisir d’essayer de le saisir au vol en le traitant de fils indigne. Quand est-ce que son existence avait-elle pris ce virage excessif lui entaillant le corps ?

« Pourquoi est-ce que tu as voulu que je vienne avec toi ? »

La question lui avait brûlé les lèvres depuis que Shanyuan l’avait invité. Il tourna le regard vers lui et posa sa main sur sa cuisse comme pour s’assurer de sa présence à ses côtés. Shanyuan était pourtant bien là à côté de lui en train de les conduire jusque chez ses parents. La question était plutôt comment parvenait-il à trouver le courage de rendre visite à ses parents après ce qu’ils lui avaient fait subir ? Ils étaient bientôt arrivés et un sentiment étrange parcourut son corps. Il avait cru ne jamais revoir Shanyuan et déserter cet endroit et le voilà à y revenir avec lui comme dans un rêve éveillé. Ce n’était que la réalité qui se dévoilait pourtant devant ses yeux.

@koh shanyuan

ootd | Shanyuan est en vacances et ses parents n’ont pas manqué l’occasion de lui demander de revenir passer un peu à la maison. Une main frottant sur son visage, le jeune homme n’a pas tout de suite su répondre au message de sa mère avant de, finalement, inviter Soah pour y repasser avec lui. D’un certain côté, il sait que tout seul, il se serait montré froid, presque gêné, parce que depuis tout ce temps, le chinois conserve une certaine amertume envers ses géniteurs. A l’évidence, ils ignorent ce qu’il a vécu durant ces deux années de service et Shanyuan doute qu’un jour il leur avoue. Parce qu’il apprend aujourd’hui à vivre avec ses cauchemars, à vivre avec ses douleurs, et il espère parvenir à en faire une véritable force. Comme un moteur à travers les pas de danse qui élance son corps avec robustesse. On peut pardonner, mais on n’oublie jamais vraiment assez.
Le regard fixé sur la route qui s’étend devant lui, il conduit les kilomètres qui les séparent de leurs vieux souvenirs. La présence de Soah, qui a accepté de venir avec lui, le rassure et sentir sa main déposée sur sa cuisse lui permet de se détendre un peu. Ces derniers jours ont été assez intenses, autant à son travail, qu’avec les devoirs qu’il s’applique bien sûr à faire pour ne pas être « en-dessous » des autres dans la septième année d’études qu’il va entamer d’ici peu. Ainsi, le fait que son petit ami soit juste présent lui donne le courage d’affronter tout ça ; parce qu’il ne le fait peut-être pas vraiment pour lui, mais davantage pour le blond à ses côtés. Il esquisse un sourire en tournant brièvement le visage vers lui. « Parce que tu me donnes beaucoup de force. Et je crois que nous en avons bien besoin tous les deux. » Il abandonne un léger soupir dans l’habitacle, ses prunelles revenant bien sûr se focaliser sur la route. Doublant une autre voiture, c’est lorsqu’il prend la sortie de leur ancien quartier qu’il rajoute : « En fait, j’ai aussi très envie de te présenter vraiment à mes parents. » Arrêtés à un feu, les doigts du plus âgé caresse délicatesse la joue de son cadet. Peu importe les regards que ses parents donneront sur cette relation. Elle est celle qu’ils ont choisi de construire, Soah et lui.
Moins d’une dizaine de minutes plus tard, Shanyuan se gare devant le portail de la maison de son enfance. Le moteur coupé, il conserve quelques secondes les mains sur le volant avant de retirer les clefs du contact pour les glisser dans sa poche. « Ça va aller, Soah. On est ensemble. » Il se penche vers le plus jeune, lui dérobant un doux baiser avant de lui faire un signe de la tête. Ensemble, rien ne peut plus leur arriver, n’est-ce pas ? Et quand les doigts s’écrasent sur la sonnette d’entrée, c’est la mère de Shanyuan qui les accueille, souriante. Une délicate odeur s’élève de la cuisine et malgré tout le reste, le chinois se sent un peu revenu vraiment chez lui.

( @liu soah )

outfit - L’un comme l’autre ils avaient besoin d’avancer. Il n’était plus question de rester ancré les pieds au sol ou même de revenir en arrière. Peut-être avaient-ils fait un demi-tour en se retrouvant mais ça n’avait été que pour mieux avancer. Tous les deux étaient ensemble aujourd’hui et un nouveau chemin s’était tracé devant eux, plus long et moins semé d’obstacles. Il y en aurait, il y aura toujours des barrières se dressant devant eux sauf qu’ils les franchiraient à deux désormais. Cela n’empêchait pas qu’il restait effrayé et il se demandait où Shanyuan puisait la force nécessaire pour faire face à ce que lui-même avait du mal à faire face. Il n’avait pas revu ses parents depuis un an et il ne les avait eu au téléphone que pour ce qui était nécessaire. Il n’avait pas posé la question à son petit-ami mais, au fond, sa relation avec ses parents étaient probablement moins distordu que la sienne avec les siens. Au fond, qu’en savait-il ? Ils ne parlaient pas beaucoup et il ressentait bien à la façon dont il se tenait que Shanyuan avait fait de gros efforts pour prendre le volant ce matin pour les emmener jusque dans les banlieues de Séoul. Il sut même ensuite qu’il ne s’était pas trompé à ses mots et qu’en fait, c’était grâce à lui qu’il avait été capable de se lever ce matin. Cela lui réchauffa le coeur mais ne le rassura pas plus que ça. Il ne voyait pas l’intérêt qu’ils se dressent devant leurs vieux démons s’ils n’étaient pas prêts. Il s’apprêta presque à protester mais resta sans voix en entendant ce qu’ensuite il lui dit.
Il avait envie de rire, gêné, en disant que ses parents le connaissaient déjà mais il ne s’agissait pas de cela. Il sentit son coeur battre plus fort et regarda les paysages défilant par la fenêtre. Était-ce une bonne chose ? N’était-ce pas parce que ses propres parents avaient parlé aux siens que ceux-ci en étaient venus à envoyer leur fils au service militaire pour qu’il grandisse ? Il tritura ses doigts et songea que c’était une mauvaise idée. Ils n’avaient pas besoin de le savoir, il estimait presque qu’ils n’en possédaient pas le droit. Ils avaient fait souffrir leur seul enfant alors, même s’ils l’acceptaient, il lui était inconcevable qu’ils puissent se réjouir pour eux. Il resta silencieux avec ses sombres pensées mais répondit toutefois au baiser offert par son petit-ami. Il le suivit jusqu’à l’entrée et se revit subitement des années en arrière traverser cette allée en riant avec Shanyuan avant qu’ils ne s’embrassent fougueusement et qu’ils ne s’envolent loin du monde réel pour se perdre dans les limbes de la folle jeunesse.

« Bonjour !, s’exclama sa mère, toute souriante avant d’embrasser son fils sur la joue, Je suis contente que tu sois là, dit-elle avant de se tourner vers Soah, Soah, comme tu as changé ! Tu es devenu très beau garçon.
- Merci, parvint-il à articuler, Et vous, vous n’avez pas pris une ride.
- Oh, tu me flattes, rit-elle, Mais entrez, entrez. »

Il rit lui aussi, gêné, et entra avec Shanyuan. Rien n’avait changé, tout était à sa place. La maison avait été quelque peu rénovée mais restait la même que dans ses souvenirs. Comme ce canapé sur lequel où ils avaient su qu’après plus rien ne serait comme avant.

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ootd | C’est la première fois pour Shanyuan qu’il ramène quelqu’un chez lui depuis qu’il a quitté cette demeure à ses dix-huit ans. C’est la première fois et ce n’est pas quelqu’un de passage. Il s’agit de Soah pour lequel il a décidé de prendre son courage à deux mains et de le présenter pour la personne qu’il chérit du plus profond de son âme. Tout doucement au fil de ces derniers jours, dernières semaines, ses sentiments se sont éveillés et il a commencé à comprendre que son attachement pour ce jeune homme n’est pas seulement son meilleur ami. Soah est bien plus que cela et il n’a eu de cesse de se dire qu’il était temps qu’il en prenne une pleine conscience. Alors, sûrement pour l’y aider à rendre tout cela un peu plus réel, il a tenu à ce qu’il l’accompagne dans cette visite à ses parents. A l’évidence, Shanyuan n’est pas dupe et sait toutes les souffrances et réticences qui animent son petit ami, mais il sait qu’à eux deux ils sont plus forts. Des obstacles se présentent devant eux, mais s’il y en a, n’est-ce donc pas pour les surmonter ? Aujourd’hui, le plus âgé n’a plus envie de vivre dans la peur, dans la douleur. Il connaît le poids des événements du passé, il vivra avec, cependant, il n’a plus envie de trembler la nuit, recroquevillé dans son lit. Cependant, même s’il ne le montre pas vraiment, il sent que tout son corps est tendu et ses doigts se ferment en deux poings à l’intérieur de ses poches. Tout va bien se passer, Soah est à ses côtés.
Ils ont donc fini par sortir de la voiture afin de se diriger vers la porte où Shanyuan a toqué. Toc, toc, toc. Qui est là ? Il a l’impression que sa gorge est devenue complètement sèche, pourtant, lorsque sa mère arrive sur le pallier pour leur ouvrir et les accueillir, l’effluve de la maison lui fait esquisser un doux sourire. Tant de souvenirs se répercutent dans sa mémoire. Elle l’embrasse, les salue et complimente Soah avant de leur permettre de la suivre à travers le couloir les menant au salon où son père est installé au fauteuil. Il se lève pour venir leur dire bonjour à son tour, main ferme qui s’abat sur les épaules de Shanyuan et Soah. Les banalités sont échangées et jusqu’ici tout semble se dérouler sans accroche. Petit à petit, Shanyuan se détend et n’hésite pas à taquiner Soah quand ils se mettent finalement à table. « Soah n’a pas beaucoup grandi en taille, mais c’est pour ça que je l’aime. » Et il rit parce que ça passe inaperçu. Il rit parce qu’il connait la vérité derrière tout cela. Mais pas ses parents. Pas encore. Shanyuan dépose sa main sur la cuisse de son petit ami, échangeant un regard avec lui pour lui faire signe qu’il va aborder le sujet, tout de suite. Les faux semblants l’amusent, mais jamais bien longtemps. « Papa, maman, si je suis venu avec Soah aujourd’hui c’est parce que nous sortons ensemble. » La réaction de sa mère est instantanée : sous l’effet de la surprise, elle lâche son verre qui s’éclate en morceaux. « C’est donc ça que l’armée t’a appris ?! Ne dis pas ce genre de choses devant ta mère. » Mais le jeune homme garde la tête haute et ses doigts viennent chercher ceux de Soah. Tout va bien se passer, tu es à mes côtés.

( @liu soah )

outfit - Sauf que le verre se brisa en mille morceaux au sol comme son âme s’était distordue quand il avait appris que le seul être cher à ses yeux était parti à des milliers de kilomètres de son coeur. Il en eut presque le souffle coupé et déglutit péniblement. Il avait eu raison de songer que ce n’était pas une bonne idée de venir jusqu’ici parce que ce n’était pas le cas. On ne changeait pas quelqu’un ancré à point nommé dans ses convictions. Il regarda en voyant trouble sa mère ramasser morceau par morceau ce qui n’était qu’un récipient commun pour se désaltérer ou s’hydrater et plus rien n’eut plus d’importance que ce geste pourvu de maladresse informe. Il en vint même à oublier la toute première déclaration d’amour de son petit-ami insinué subtilement dans ses mots. Toute sa colère refermé en lui dans un tiroir ressurgit alors qu’il en vint à avoir peur que cette femme délicate ne se coupe. Dérisoire. Heureusement il parvint à garder son sang-froid quand Shanyuan saisit ses doigts sous la table et il les entrelaça avec fermeté entre les siens en continuant d’observer la scène devant lui comme si cela n’était qu’une illusion bientôt remplacée par le réel. Puis, sa mère ordonna à son père de l’aider à ramener l’entrée avec ce même sourire triste qu’il avait vu sur le visage de la sienne alors qu’elle l’abandonnait à son sort à l’hôpital.
Le ton était donné. On n’en reparlerait pas, on ne ferait pas non-plus semblant. Le repas fut simple, rapide et quelques banalités furent échangés. Il s’efforça du mieux qu’il le put à rester calme et à répondre aux questions des parents de Shanyuan. Il eut des rires nerveux et des sourires forcés tandis qu’il sentait la pression qui s’accumulait sur les épaules de son petit-ami. Il n’avait plus la même prestance qu’en arrivant et il le comprenait. Il comprenait que cela soit difficile parce que lui-même avait dû affronter les siens avant de partir sur Séoul. On ne l’avait pas cru capable, on voulait continuer de l’enchaîner parce que c’était plus aisé si le moindre incident avait lieu. Il avait protesté, avait tenu bon et, aujourd’hui, il respirait alors, incapable de se contenir plus longtemps, il abattit son poing sur le bois, faisant sursauter la tablée.

« Ça suffit, lâcha-t-il, froidement, Vous dites vouloir agir pour le bien de vos enfants mais vous ne vous rendez pas compte que vous ne nous faites que du mal.
- Jeune homme, je t’interdis de…, commença son père.
- C’est moi qui vous interdis de lui faire encore du mal !, éleva-t-il la voix en se redressant et en serrant sa serviette dans sa main à s’en blanchir les phalanges, À cause de votre propre ignorance, vous avez envoyé votre unique enfant vivre l’enfer alors que les miens m’ont enfermé ! En quoi est-ce que ça nous a rendu plus mature ?! Que vous le vouliez ou non, le monde évolue et ce n’est pas à nous de s’y adapter, c’est à vous. »

Il n’avait pas à en dire plus. Il jeta sa serviette dans son assiette et sortit à l’extérieur. Il tremblait plus que de raison et avait l’impression que si une brise d’air se faisait ressentir il tomberait. Et son regard croisa le sien. Elle avait toujours le même, dépourvu d’émotions et tranchant comme une lame de rasoir. Sauf qu’aujourd’hui cela ne le clouait plus sur place. Il avait les armes pour se défendre et le soutint sans oublier de respirer et la regarda rentrer à l’intérieur de chez eux. Chez elle parce que ce n’était plus chez lui. Il ferma les yeux et les rouvrit pour observer le soleil radieux en cette douce journée de printemps.

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ootd | Tout va bien se passer, ou pas vraiment. Ses mots s’éclatent comme le verre qui se brise entre les doigts de sa mère et les paroles de son père. Pourquoi attendre davantage pour avouer la vérité ? Shanyuan a suffisamment eu peur durant ces deux années où il a fini par ne plus être que l’ombre de lui-même et aujourd’hui… aujourd’hui il a pris son courage à deux mains. Et ce courage s’appelle Soah. Alors que ses doigts se referment dans les siens, le repas reprend son cours, un peu pénible, car les tensions demeurent dans l’air. Shanyuan voit bien ses deux parents les dévisager, Soah et lui, comme s’il s’agissait de deux inconnus venus manger à leur table. Pourtant, Shanyuan est toujours leurs fils, peu importe ce qui se passe. Seulement, les prunelles semblent mauvaises, les postures raides et les sourires de façade. Lui-même ne se rend pas vraiment compte que son corps s’affaisse sur sa chaise car malgré tout l’avis et le regard de ses géniteurs restent importants pour lui. Il a toujours été un bon fils, il a toujours obtenu de bonnes notes sans jamais faire de vagues, et cela reste encore le cas aujourd’hui. Pourquoi dévoiler son amour pour Soah rend-t-il tout le reste obsolète ? Il pince légèrement les lèvres à l’instant même où ce dernier explose. Ses paroles résonnent dans le salon alors que son père essaie de se manifester, mais Soah ne lui en laisse pas la moindre chance. Shanyuan ne le retient pas, parce qu’il arrive à poser des mots sur ce qu’il ne parvient lui-même pas à dire.
Son cœur s’étreint et l’envie de vomir le submerge quand les pas du blondinet s’enfuient à travers la porte qui claque. Le plus âgé demeure stoïque quelques secondes avant de se relever à son tour. « Je vais le rejoindre. » Son ton est plus froid et tranchant qu’il ne l’aurait pensé, et tant mieux. Quand il se retourne, bizarrement, un poids paraît avoir quitté sa carne, se dérobant en même temps que sa mère qui s’effondre dans les bras de son père. Papa, maman, aujourd’hui, vous n’aurez pas raison. Et les bras de Shanyuan entourent la silhouette si frêle qui se découpe au milieu du jardin de son enfance, déposant son visage entre le creux de son épaule et de son cou. Les pupilles ont aperçu, brièvement, la voisine et mère de Soah, seulement ils demeurent silencieux. « Merci pour ce que tu as dit à l’intérieur. » Il abandonne ses lippes dans le cou laiteux de son camarade, y apposant un doux baiser papillon avant de le faire tourner vers lui, glissant ses mains sur son visage. « Soah, je ne te forcerais pas à aller la voir si tu n’en as pas envie. » Il le rassure parce qu’il a l’impression de le sentir trembler entre ses bras. La force d’un humain est plus aisée à offrir à son prochain qu’à posséder pour soi-même. L’évidence est que Shanyuan peut réellement être fort pour aider Soah à son tour. « Finalement, tout ça aurait quand même être pire, tu ne crois pas ? Je ne veux plus jamais lâcher ta main. » Il tente un doux sourire en laissant ses phalanges glisser du visage du blond pour rejoindre l'une de ses mains. Les regards des étrangers ne lui ont jamais pesé.

( @liu soah )

outfit - Alors tout lui revint en mémoire. L’aube commençait à poindre à l’horizon alors qu’il quittait la maison de Shanyuan. Il avait regardé longtemps cette maison dans laquelle il s’était laissé porter par les événements comme son regard s’était longtemps attardé sur la silhouette endormie de son ancien meilleur ami d’enfance. Cela n’avait pas été dû qu’au hasard et ce n’était pas non-plus l’alcool ou l’effervescence du moment qui les avaient portés ensemble à se dévoiler. C’était bien plus et, au fond, pas un jour ne l’avait-il regretté. C’était après que c’était devenu plus compliqué et il revoyait avec aisance les images dans sa tête où sa mère avait balancé ce qui se trouvait sur la table par terre. Cela s’était fracassé comme ce verre en des milliers de morceaux dans lesquels sa mère s’était laissée emporter par de vives émotions. Jamais n’avait-elle levé la main sur lui, jamais ne se l’était-elle permis. Elle l’avait frappé avec une force brutale qu’il s’était demandé si elle ne lui avait pas déboité la mâchoire. Il l’avait ensuite regardé, plein d’incompréhension, alors que d’un ton sec elle lui ordonnait de monter dans sa chambre. Parce que sinon quoi ? Il ne doutait pas un instant qu’elle aurait perdu pied comme lui n’avait pas tardé à le faire à la suite des événements. Marqué pour l’éternité de ce corps enchevêtré. Le fil s’était brisé de lui-même à cet instant.

« Je ne veux plus revenir ici. »

Il plongea son regard dans le sien et serra sa main dans la sienne. Le concernant, c’était tout ce qu’il souhaitait qu’il retienne. Shanyuan était en droit de revenir voir sa famille si l’envie lui prenait mais, pour lui, c’était terminé. Il avait tracé une croix sur cet endroit et il ne lui appartenait plus. C’était du passé sur lequel il avait réussi à avoir le dessus alors les vieux démons n’avaient plus qu’à rester au placard.

« Est-ce qu’on peut aller quelque part avant de rentrer ? »

Ils rejoignirent la voiture et Soah indiqua à son petit-ami de prendre la route vers l’hôpital se dressant à la périphérie de la ville. Il vit bien son regard interloqué mais il resta silencieux. La vie ne faisait pas de cadeaux. Elle vous offre et vous, vous vous devez d’offrir en retour. Sa famille n’était plus que le néant de ce qu’elle avait été autrefois et il culpabilisait chaque jour d’en être le point de départ. S’il avait regretté quoi que ce soit, ce n’était pas d’avoir couché avec Shanyuan. Ce n’était pas d’avoir posé les lèvres sur les siennes. C’était qu’ils n’aient pas fait assez attention parce qu’ils n’auraient pas dû avoir besoin de partir de cette fête. Ils auraient pu avoir tout le loisir de s’abandonner l’un à l’autre à l’étage mais les années avaient pris le dessus et ils avaient été imprudents au point que ce n’était pas que leur vie qui avaient dérapé. Shanyuan coupa le moteur après s’être garé et il le regarda.

« Ma petite-soeur, Louna, a tenté de se suicider et, aujourd’hui, elle est dans un coma artificiel, articula-t-il difficilement, Je suis désolé de ne t’apprendre ça que maintenant. Rima y est normalement. On y va ? »

Ils sortirent de l’habitacle et Soah l’entraîna jusqu’à l’ascenseur, dans de nombreux couloirs, et enfin ils arrivèrent à la chambre de Louna d’où son autre soeur jumelle en sortit. Elle leur sourit et prit son frère dans ses bras qui la serra fort contre lui. Il n’avait réussi qu’à ne revenir qu’une fois dans l’année mais il essaierait à l’avenir de faire plus d’efforts pour venir les voir. En particulier parce que sa soeur avait attenté à sa vie après que lui ait essayé sans y parvenir, mis à part d’aggraver son cas qu’on en était venu à le séquestrer à un plus haut degré.

@koh shanyuan

ootd | Complètement hébété de la situation qui est en train de se dérouler sous ses yeux, Shanyuan ne peut qu’observer ce qui se déroule. De longues minutes, il a l’impression d’être déconnecté et d’uniquement subir les événements qui se passent tout autour de lui. La voiture s’arrête à l’hôpital et les mots de Soah résonnent en lui comme une partie qu’il ne connaît pas. L’inconnu l’effraie une seconde avant qu’ils n’arrivent dans la chambre de Louna. Une demoiselle qu’il a bien sûr connue, pas revu depuis autant d’années que celui qui est désormais son petit ami. Il observe Rima qui enlace son frère et choisit de lui-même de demeurer un peu en retrait. A-t-il le droit de se tenir là avec eux ? Il enfouit les mains dans ses poches, le regard vagabondant dans cette pièce à l’odeur éthérée. Lui aussi est passé par là, comme Louna aujourd’hui, comme Soah, aussi. Les douleurs n’ont de cesse de le surprendre et il ne sait que dire. Parce qu’un ‘désolé’ serait considéré comme inutile, à l’évidence. Que s’est-il réellement passé pour que la vie de la demoiselle en arrive à ce stade ? Les hommes tombent sous les tirs ; mais ils ne doivent pas tomber sous les mots.
Parvenant à croiser le regard de Soah, c’est grâce à lui que le chinois a enfin le courage de s’avancer. Il vient le soutenir, encadrant sa silhouette de la sienne en déposant des prunelles bienveillantes sur cette situation difficile. Soah a dû conserver cette souffrance supplémentaire en son sein sans jamais en parler à qui que ce soit. Depuis combien de temps cela dure-t-il ? « Merci de me faire confiance. » Sa voix est un peu plus rauque, mais elle est sincère autant que ses doigts qui viennent se déposer avec tendresse sur son poignet. Aujourd’hui, les épreuves semblent être bien plus élevées que le jour précédent, mais ils sont capables de se tenir debout côte à côte pour y faire face, n’est-ce pas ? Après le fiasco qui a eu lieu chez lui, c’est chez Soah que l’histoire poursuit son cours, les plongeant ensemble dans une atmosphère bien particulière.
Au fond de lui, le plus âgé ne peut s’empêcher de se revoir des années plus tôt. Il ne peut s’empêcher de se voir hurler alors qu’il se bouche les oreilles pour ne rien entendre et que son cœur se pare d’un gilet hermétique. Mais pas suffisamment. Tout ricoche et finit par résonner avec une exubérante puissance qui enivre les sens et l’émeut. Pour quoi s’est-il battu, envoyé là-bas durant vingt-quatre mois ? Contre la colère des siens ou pour lui-même ? Tout s’embrouille et même sept ans plus tard, Shanyuan ne possède pas encore les réponses à ses questions. Alors il n’ajoute rien et se contente d’être là, juste là, à cet instant précis où Soah a voulu le faire venir. Ils ne sont plus des enfants et ils savent que le monde qui a ouvert ses portes devant eux est encore semé d’embûches. Pourtant, Shanyuan l’a promis, il ne lui lâchera pas la main. Envers et contre tous.

( @liu soah )

outfit - À peine ses sept bougies soufflées, deux nouvelles têtes avaient envahi son champ de vision. Deux nouvelles têtes identiques l’une à l’autre et pourtant si différentes l’une de l’autre. Il les avait choyées comme ses parents l’avaient fait et les avait portées haut dans son coeur, content d’être le plus heureux des grand-frères. Deux jumelles hautes en couleur, poussées dans la folie enivrante et s’abreuvant des connaissances acquises plus poussées du gêne fraternel. Elles étaient devenues son tout avant qu’il ne prenne conscience que Shanyuan en était la racine de l’arbre. Son univers qu’il chérissait aujourd’hui plus que tout. Il était constellé d’étoiles longtemps tombées du ciel, d’ombres mouvantes qui en effraieraient plus d’un, mais il y apparaissait de temps à autre une douce lumière qui réchauffe les âmes esseulées.
Son regard se posa sur Louna et sa main effleura la sienne. Jeunesse éternelle qui ne se réveillerait peut-être jamais. La situation ne s’était pas amélioré et voilà déjà deux ans qu’elle habitait ce lit qui la déformait. Il la déformait de son côté vivace, plein d’énergie à revendre, à vous en couper le souffle. Il avait failli. Il lui avait montré le mauvais exemple et elle en avait hérité sans se louper. Pas totalement, assez pour demeurer endormie comme dans les contes de fées sauf que la réalité était plus cruelle. Est-ce qu’elle les entendait lui parler ? Quel était son souhait ? Il ferma les yeux quand Shanyuan vint contre lui et se mordit la lèvre inférieure. Il n’était pas question de confiance, c’était plus que cela. Il laissa faire Rima quand celle-ci entraîna son petit-ami à l’écart pour qu’il puisse rester seul un instant avec son autre soeur jumelle.
Elle l’emmena jusqu’au distributeur et leur commanda à chacun un café. Elle observa ce garçon devenu jeune homme et lui tendit son café non avec une certaine froideur quand il fut prêt.

« Je te préviens, lui dit-elle, Si tu lui fais encore le moindre mal, tu ne t’en tireras pas aussi facilement, articula-t-elle chaque mot pour que le message soit bien réceptionné et quand elle le vit ouvrir la bouche, elle reprit, Je n’ai pas fini. Tu n’étais pas là, Shanyuan. Tu n’étais pas là quand il est tombé dans l’escalier et qu’il a perdu le contrôle de lui-même. Je sais où tu étais, ne t’inquiète pas, mais la moindre des politesses aurait été de le prévenir avant de partir et ne me dis pas que c’était impossible. Vu votre amitié à l’époque, je suis sûre que tu aurais réalisé l’impensable si tu avais eu le cran de le faire. Si tu savais…, railla-t-elle alors que son visage se déformait sous la colère, Ni lui ni elle ne méritaient qu’on les traite de la sorte. »

Et elle referma la bouche. Soah se tenait face à eux et lui avait fait comprendre d’un regard entendu qu’elle cesse sa tirade. Elle n’avait pas à s’inquiéter, le message était arrivé au destinataire sans préavis. Il la regarda passer à ses côtés et sourit, gêné, à son petit-ami. Il ne servait à rien de s’attarder plus encore alors ils retournèrent à la voiture et reprirent la route assez déserte malgré l’heure de la journée.

« Je suis désolé pour Rima, dit-il, Tu la connais, elle a toujours été protectrice et elle l’est devenue plus encore depuis. »

Il restait leur grand-frère, cependant, Rima avait plusieurs mois d’affilée tenu le flambeau et avait du mal s’en délester aujourd’hui. Il s’étira les bras et se pencha pour embrasser Shanyuan sur la joue comme ils s’étaient arrêtés à un feu.

« Et si on allait au karaoké ?, proposa-t-il, Tu sais celui où on allait tout le temps quand on était plus jeunes. »

La journée avait été mouvementée, il serait dommage de ne pas finir sur une bonne note. En plus, en soi, c’était leur toute première sortie à deux depuis qu’ils sortaient ensemble alors il entendait bien en profiter. Il lui sourit et regarda par la vitre ces paysages qu’il ne connaissait que trop bien. L’enfance était loin derrière eux, pourtant si présente parce que c’était une page qu’on ne tournait jamais réellement.

@koh shanyuan

ootd | A l'instant où Rima le prend à part pour lui dire tout cela, Shanyuan ne peut pas reculer. Il se tient là pour affronter précisément ce qu'il veut affronter, prouver qu'il est aujourd'hui capable de prendre soin de quelqu'un. De Soah. Cet homme qui fait battre un peu plus fort son cœur, qui a toujours eu une place particulièrement pour lui. Dans cet hôpital où son cadet lui a offert les douleurs de sa propre famille, Shanyuan se sent tout à coup prêt à tendre un peu plus encore ses doigts vers ceux de Soah. Installés tous les deux dans cette voiture en direction du karaoké, le plus âgé est demeuré relativement silencieux, perdu dans ses pensées qui tournent à mille à l'heure. Ce n'est qu'au baiser du blondinet sur sa joue qu'il revient à l'instant présent, esquissant un délicat sourire dans sa direction. "Tout ce qu'il te fera plaisir, Soah." Et même si le feu passe au vert pour les voitures, Shanyuan prend le risque de se faire klaxonner pour embrasser les lèvres de son petit ami. Chaleur enivrante qui lui donne envie que plus rien ne puisse plus jamais l'atteindre. Ils ont tous les deux eu, et ont encore, leur lot de désolation. La lumière ne peut que poindre dans leurs deux âmes fragilisées, dont, ensemble, ils sauront prendre soin sans nul doute possible. Aussi, quand la voiture se gare près de l'enseigne qu'ils ont rejoint, Shanyuan fait signe à Soah de ne pas sortir tout de suite. Le monde peut les attendre une minute ou deux de plus. Il vient attraper ses doigts des siens, plongeant son regard dans le sien. "Et si nous habitions ensemble ?"

Pour tout ce qui est aujourd'hui, pour tout ce qui a été hier, et pour tout ce que sera demain. En cet instant, les deux enfants que nous étions ont laissé la place aux adultes que nous sommes devenus. Mon cœur vibre à l'unisson du tien et plus jamais je ne pourrais penser à ce que nous soyons séparés. Merci d'exister et d'avoir toujours cru en moi, même lorsque moi-même je n'y croyais plus. C'est toi qui m'a tenu éveillé, c'est toi qui efface peu à peu mes démons.
Je t'aime.

( @liu soah )