je finis par me détendre, lorsqu’il ne fût plus en notre présence. je ne bronche point lorsque jung seok me questionne sur le sujet. il est loin d’être le parfait inconnu à mes yeux, et ce n’est pas moi qui devrait me méfier de lui, mais bien l’inverse et j’en suis consciente. je le fixe, les explications se déroulent lentement, au fil des secondes. les bras croisés, fermée et anxieuse, je l’observe un instant lorsqu’il me donne une réponse. il aurait pu s’en aller et me laisser, de la même manière que je l’ai fait. il aurait pu se défaire de mon emprise et partir dans son coin. il aurait pu m’ignorer totalement, mais non. rien de tout cela ne lui correspond. contrairement à moi, il n’a pas l’air d’avoir changé. et sans que je ne puisse y faire quoique ce soit, ce comportement réveille en moi un sentiment nostalgique. je le vois froncer ses sourcils et pousser un profond soupir. cependant, jung seok avait totalement raison. c’était son portrait qu’il fallait abîmer, pour qu’il ne puisse plus avoir l’opportunité de passer devant la caméra. il tiqua sur mon surnom. « ce sont les médias coréens qui m’appellent ainsi. pour mon image, de princesse distinguée. » échos, mensonges à cette fameuse réalité. il s’agit de l’image que je me plais à donner, mais je ne suis pas si parfaite qu’ils le croient tous. jung seok le sait, et il n’est pas le seul. « non, ce n’est pas la première fois. mais fort heureusement, je peux encore les compter sur les doigts d’une main, contrairement à d’autres. » mes collègues m’ont rapporté que c’était déjà une dizaine de fois pour certaines femmes dans le milieu. le brun se mit en quête du distributeur, pendant que le silence retombait autour de moi. ce couloir était bien vide, mais l’atmosphère restait tout aussi pesante. le rire léger de l’acteur restait encore dans mes oreilles malgré son absence. je reste distante néanmoins… je n’arrive pas à reprendre mon indifférence habituelle qui me tient pour reine de son royaume. et lorsque je le revois à nouveau devant mes yeux, je reçois comme une confirmation que c’est bien lui, l’auteur de ces faits. « un manager ? » une pause se fit. celle qui tient les rênes, c’est ma mère. je ne suis pas sûre que jung seok soit au courant, et je n’ai pas forcément envie qu’il le sache. « il n’en a rien à faire de ça. tout ce qui l’intéresse, c’est que je signe les meilleurs contrats. » ai-je répondu d’un air froid. un silence s’installe à nouveau. d’un air curieux et nouvellement intéressé, je jette un coup d’œil aux deux verres d’eau remplis à ras-bord qu’il tenait toujours. j’affiche un léger sourire en coin devant cette vue plus ou moins amusante. « dois-je te le prendre des mains de force parce que tu as prévu de finir les deux ? je te pensais plus gentleman. » une lueur de malice dans le regard. j’attendais qu’il me le tende, je ne suis pas une voleuse tout de même. « j’imagine que si tu es ici, c’est que tu as commencé à te faire un nom dans le milieu. » feindre l’intérêt, l’indifférence que l’on ne ressent plus, en ne posant aucune question. une constatation plus que des points d’interrogations. mon regard détourné du sien, je n’osais le regarder. pas par timidité, oh non, mais par crainte qu’il sonde l’intérieur de ma carapace.