parfois, j’ai besoin de ces moments où je me retrouve avec moi-même. sans paparazzis, sans journalistes à tout va : la simplicité de la vie. mon agenda m’accorde rarement ces moments-là alors quand j’en ai j'en profite un maximum. mais si j’aime ce genre d’instant, il y a un point noir non négligeable : je ne peux pas sortir tranquillement dans les rues de seoul sans me faire aborder. je suis toujours obligée de me camoufler d’une manière ou d’une autre, et aujourd’hui encore, ne fais pas exception à la règle. l’endroit où je me trouve actuellement.. je grimace en observant le couloir sombre qui se défilait devant moi. ce n’est sûrement pas l’endroit le plus sûr pour une actrice. on pourrait me reconnaître à tout moment, et ce, malgré mon déguisement. je m’observe d’un œil discret dans le reflet de la fenêtre sur mon côté. je portais un long manteau doudoune noir, des bottines de la même couleur néanmoins restant tendances ainsi qu’un masque paillette qui prenait presque tout mon visage. un énorme chapeau gris ornait ma chevelure toutefois parfaitement bien coiffée. vérifiant bien autour de moi, je finis par rentrer dans une des salles vides du karaoké. j’aime chanter, c’est une de mes passions. mais j’ai toujours préféré l’acting à ce secteur des idoles, que je trouve trop strict, trop restreint. et puis, j’ai l’habitude d’évoluer en solo, et il y a de fortes chances qu’on ne m’aurait pas laissé construire ma carrière seule. je prends place sur le sofa de la salle illuminée par les lumières des spots et sélectionne une chanson d’une chanteuse solo que je connais bien. j’apporte le micro à mes lèvres et commence à chanter, faisant résonner mélodieusement ma voix à travers la salle insonorisée. je me sentais bien. libre de chanter la chanson que je voulais au moment où je le souhaitais. à l’abri des regards indiscrets ou.. peut-être pas ?

Est-ce que le destin est-il écrit d’avance ?
Le soleil dardait ses rayons sur la chambre du dortoir alors que les volets étaient à peine ouverts. Il avait ramené ses jambes contre son torse et posé sa tête dessus en regardant par l’interstice le monde extérieur. Autour de lui, on s’était activé et il n’y avait plus que lui qui trainait au lit. Aujourd’hui, il ne savait plus quoi penser car il avait été loin de se douter qu’il reverrait un jour Chansol et que cette rencontre le bouleverserait plus qu’il ne l’aurait imaginé. Il poussa un long soupir et étira ses bras avant de bailler. Les nuits étaient plus courtes, le sommeil se faisait fuyard. Il avait besoin de se vider l’esprit et, même s’il avait la chambre pour lui tout seul pour des heures à l’infini, il préféra se préparer et sortir.
Le meilleur endroit pour souffler était pour lui le karaoké. Il prit soin d’abord à prendre du temps pour se préparer et avisa son matériel de dessin et ses travaux mis en branle-bas sur son bureau. En rentrant du travail, malgré l’heure avancée, il avait travaillé tard jusque dans la nuit. Sauf que Chansol ne lui sortait pas la tête. Il regorgeait à ses mots, à ses gestes et avait honte des réactions qu’il avait eu. C’était Chansol qui l’avait brimé mais c’était lui qui se sentait coupable. Ça n’avait pas de sens mais en quoi cela avait-il plus de sens qu’il se soit fait harcelé durant ses années de lycée ? Il regarda son reflet dans le miroir et trouva qu’il avait mauvaise mine. Un fantôme du passé avait ressurgi et il s’était promis d’être à la hauteur si cela arrivait. Il avait été pathétique.
Il sortit du campus, réussit à se hisser dans un bus à temps et le laissa l’emmener en centre-ville, là où il se perdrait à loisir sans avoir à penser au lendemain. Il y avait un peu de monde au karaoké comme c’était les vacances mais on lui trouva une salle et il s’y dirigea après avoir remercié les employés. Il était presque arrivé quand il entendit une voix qui le happa et lui donna de légers frissons. Légère, entraînante, attrayante. Il s’arrêta et tourna la tête vers la porte d’où cela provenait. Il n’était pas réellement de nature curieuse mais il ne put s’empêcher d’y jeter un coup d’oeil. Jolie demoiselle, plus âgée que lui mais de deux ou trois années. Elle lui disait quelque chose… La chanson prit fin et sans en avoir conscience, il applaudit. Quand il vit qu’il avait simplement signifié sa présence de ce geste, il se raidit.

« Ah… Ah !, se surprit-il lui-même, Je suis désolé, je ne voulais pas vous importuner !, paniqua-t-il en se courbant plusieurs fois devant elle, Je dois bien avouer que vous chantez particulièrement bien… Il est rare d’entendre une voix comme la vôtre, se gratta-t-il l’arrière du crâne, Mais je ne vous importune pas plus longtemps. Passez une bonne journée. »

Gêné, il sourit et referma la porte pour partir vers la salle qui lui était destinée. Sinon, où l’avait-il déjà vu ?

@meng rose

hrp:

j’aurais pu continuer à chanter aussi longtemps que mon souffle me le permettait. je me sentais bien dans cette salle, seule, seule avec moi-même mais aussi avec une de mes passions. je n’en ai pas beaucoup dans la vie, à part la comédie, c’est vrai que je ne suis pas attachée à découvrir d’autres activités, j’aime l’acting, la danse, les fleurs, le shopping et le chant. je pense que c’est amplement suffisant. alors me retrouver ici, à faire entendre ma voix dans la pièce, sur une de mes chanteuses favorites, je me trouve libérée de toute la pression que je ressens au quotidien. ça me fait du bien, je respire. sans ma mère, sans mes tournages et mes émissions, mes interviews, et mes apparitions à la télévision en général. j’ai risqué le tout pour le tout en sortant ainsi, je ne suis pas reconnaissable au premier coup d’œil, mais si l’on me regarde avec plus d’attention, même avec mon énorme chapeau qui me cache la tête et les yeux un peu, je pense qu’on peut me reconnaître. après tout, je suis connue depuis que je suis une enfant, je n’ai jamais quitté les projecteurs. les dramas, les films, c’est un peu ma seconde maison. je suis aimée autant par les jeunes que par les plus vieux. mon image de princesse fait rêver les petites, tout comme elle fait baver les hommes et femmes plus âgés. et pourtant, ce n’est qu’une image. je suis loin d’être un ange dans la vie de tous les jours. je suis froide, irritante, hautaine, indifférente. la reine des neiges dans une autre vie. la rose a des épines et j’en suis le parfait exemple. toutes ces raisons font que la pression sur mes épaules se fait de plus en plus grande et que je suis obligée de sortir, comme quelqu’un de lambda. je ne peux pas rester indéfiniment enfermée dans ma tour dorée, tout en haut de ce bâtiment où le penthouse de l’agence vaut une fortune. la chanson continue, puis se termine et mes lèvres se ferment. soudainement, j’entends un bruit sur ma gauche, pas très loin de la porte. je sursaute légèrement et tourne vivement la tête, surprise de ne plus être seule dans cette pièce. je baisse le micro au fur et à mesure que mes yeux se posent sur un jeune homme, sûrement un peu plus jeune que moi, mais très légèrement. il venait d’applaudir après ma performance vocale et ne semblait s’être rendu compte qu’il y a quelques secondes qu’il était à découvert. je l’ai regardé en silence s’excuser, se courber plusieurs fois pour accompagner ses mots. il se gratte la tête tandis que mes doigts se resserrent sur mon micro. une voix comme la mienne.. je ne suis pas une chanteuse, mais ça fait toujours plaisir à entendre. surtout finalement, quand on pense que ce n’est pas mon métier. il décida automatiquement de prendre congé et referma la porte après lui. je suis restée quelques secondes dans mon silence, assez perturbée d’avoir été entendue. est-ce que c’était un fan ? est-ce qu’il m’a reconnu malgré mon accoutrement d’actrice voulant profiter des lieux publics le plus normalement possible ? je ne sais quoi penser. je laisse mon regard dans le vide un moment, me mordant la lèvre, avant de me lever pour ouvrir la porte qu’il venait de refermer. ma main s’arrêta sur la poignée, alors que le micro était toujours dans mes mains. je suis bien seule, mais s’il ne m’a pas reconnu, après tout… la salle ne m’est pas réservée. j'ouvre la porte. « mes cordes vocales sont fatiguées. tu peux entrer si tu le souhaites. » ai-je lancé à son encontre, debout à l’entrée de la salle. l’air d’une diva affichée sur le visage derrière mon masque, je lui tends le micro avec professionnalisme. je repars ensuite me rasseoir dans le sofa avec mon caractère d’ice queen que mes proches connaissent bien. tant qu’il ne m’a pas reconnu, inutile de faire des manières, je peux être qui je veux.

@choi evan

hrp:

Et ce fantôme du passé était redevenu une réalité. Les corps s’étaient rencontrés d’abord avec brutalité avant de s’emmêler avec douceur et sensualité. Chansol avait été une première fois qu’il n’était pas prêt d’oublier et c’était pour cette unique raison qu’il ne lui sortait pas de la tête. Il avait encore les esprits troublés face au flot d’émotions qu’il avait ressenti ce soir-là sans en saisir la réelle signification. Il lui restait en tête leurs gestes et leurs mots échangés comme s’il y cherchait une réponse. Que se serait-il passé s’il ne l’avait pas bousculé alors qu’il fuyait son passé ? Que serait-il arrivé s’il ne lui avait pas dit de l’embrasser ? Il n’était pas certain que Chansol aurait osé lui voler un baiser après les coups interceptés avec ardeur au lycée. Il se revoyait néanmoins lui autoriser de s’approcher et de le toucher plus que de convenance sans en éprouver le moindre regret. On dit des premières fois qu’il fallait savoir choisir le bon moment pour ne pas qu’elles soient décevantes et, étrangement, étonnamment, cette première fois avait été probablement la plus éprouvante de toute sa vie. Alors qu’attendait-il pour lui envoyer un message ?
Les minutes s’étiolaient devant lui alors que, gêné, il faisait face à la jeune homme devant lui. Elle l’avait rattrapée sans qu’il n’en sache la raison et lui avait proposé de lui tenir compagnie. Il se voyait mal refuser sauf qu’il était mal à l’aise d’avoir agi comme il l’avait fait. Il était curieux et la curiosité était un vilain défaut. Effectivement. On le lui avait déjà reproché, néanmoins, il semblerait qu’elle ne soit pas que mauvaise. Il hésita malgré tout sur le seuil de la porte avant de se dire que si cela lui avait été proposé, c’était que cette demoiselle avait peut-être besoin elle aussi de compagnie. Autant apprendre à faire connaissance, on ne faisait pas des rencontres fortuites tous les jours.

« Excusez-moi pour le dérangement. », dit-il en entrant et en se courbant légèrement.

Il s’installa à côté d’elle mais en mettant assez de distance entre eux. Il observa l’écran et son visage s’illumina. La chanson qu’elle avait chanté était l’une de ses favorites alors il s’empressa de la relancer avant de saisir le micro. Il espérait qu’en chantant l’ambiance deviendrait moins tendue et plus enjouée. Lui se sentit mieux après avoir laissé sa voix se porter à la mélodie et ses épaules s’affaissèrent quelque peu, délesté le temps d’un instant de son fardeau. S’il ne lui avait pas envoyé de message, c’était à cause de sa famille qu’il allait devoir affronter bientôt.

« La vie n’est pas facile, n’est-ce pas ?, lança-t-il avec un petit rire nerveux, J’ai toujours aimé moi aussi me réfugier ici pour décompresser... À moins que vous ne soyez là seulement par simple loisir, rajouta-t-il avant de tourner le visage vers elle, Je suis désolé, baissa-t-il les yeux en passant une main dans ses cheveux avant de reprendre, Au fait, je m’appelle Choi Evan. Enchanté. »

Il lui sourit et se déconcentra sur la tablette posée sur la table. Quelle chanson intéressante allait-il pouvoir chanter ensuite ? Il proposait ici un catalogue de choix et ça avait été un sacré coup de coeur en sachant que sur Jeju les karaokés étaient déjà peu nombreux et de ce fait ne proposaient qu’un nombre restreint de chansons.

@meng rose

qui aurait pu deviner que je ferais autant preuve de charité ? ou de courtoisie envers cet homme que je ne connais ni d’adam, ni d’eve ? pourtant, me voilà debout sur mes deux longues jambes élancées, à le toiser longuement du regard. il attrape le micro et du haut de mes 1m75 (en comptant les semelles de mes bottines), je fais demi-tour et reprend place sur le sofa de la salle de karaoké. quelle ironie. moi qui aimais mon moment de solitude, je le brise à présent avec le premier venu. cachée derrière mon masque pailleté, je lâche un soupir pour moi-même et détourne le regard en l’entendant entrer poliment. je n’ai pas à faire semblant avec lui. tant qu’il ne sait pas qui je suis, inutile de continuer à construire ma couverture. je le sens s’installer pas très loin de moi mais tout en gardant tout de même une distance raisonnable entre nous. le menton relevé telle la princesse que je suis, je dévie mon regard lorsque les premières notes de sa voix retentirent dans la pièce. du coin de l’œil, je l’observe, je l’écoute. les bras croisés me donnent une attitude renfermée, glaciale, l’attitude que je veux avoir. mais la chanson qu’il avait choisie était la même que celle que je chantais quelques minutes auparavant et me réchauffait le coeur. quelle coïncidence... aurait-il du goût ou ne savait-il juste pas quoi choisir ? tout de même, je dois avouer qu’il chante bien, lui aussi. enfin, c’est pas mal quoi. mon chapeau de grande dame me tombe de plus en plus sur les yeux mais je distingue toujours sa silhouette, à présent bien tournée vers lui. il m’adresse la parole pendant que je le fixe sans rien dire. quelques secondes s’écoulent après sa présentation, des secondes pendant lesquelles je réfléchis si je pars sans demander mon reste ou bien si je me présente à mon tour. et si je lève la voix pour échanger, que vais-je échanger au juste ? je ne vais pas lui dire qui je suis.. peut-être devrais-je donner mon surnom ? mes fans me surnomment hana, peut-être que ce n’est pas un fan et qu’il ne va pas comprendre la référence. de toute manière, je n’ai pas d’autres idées présentement. je ne sais même pas pourquoi je fais des efforts. « on m’appelle hana. » répondis-je simplement d’un air qui tendait à être de moins en moins froid. j’ai une forte envie de m’attacher les cheveux.. dans tous les cas, j’ai mon masque. ça m’étonnerait qu’il tique ou qu’il me reconnaisse. j’enlève mon chapeau et le pose délicatement sur le sofa, dévoilant ma longue chevelure brune lisse, soyeuse et tout droit sortie de chez mon coiffeur personnel au matin même. « vous avez vu juste au sujet de ma présence ici. c’est à peu près le seul endroit où je peux être moi-même. » mes doigts passent habilement dans mes mèches foncées, formant au fur et à mesure une queue de cheval plutôt haute. « vous aussi ? » mes mains manucurées se reposent sur mon chapeau que j’attrape et pose sur mes genoux. « ah, et au fait. votre voix n’est pas si mal. et prenez ça comme un compliment de ma part. » j’observe la tablette et le micro dans ses mains. peut-être que le choix de chanson venait sincèrement de lui après tout.

@choi evan