« Reviens. » suppliait-il encore. La mâchoire crispée, le regard dans le vide… perle salée qui s’écrasait sur cette feuille de papier. D’un revers de la main, maladroit il l’effaçait… un soupir qu’il laissait échapper, une angoisse qui le prenait. Encore une fois, il était ailleurs. Dévasté et perturbé, le gosse restait assit des heures sur ce bureau. Un bref essai de revenir à la vie quotidienne. Mais le monde continuait à tourner… trop vite pour lui. Seul et désemparé, il n’avait plus grand-chose à quoi se raccrocher. Même son meilleur ami ne lui suffisait plus… comment lui expliquer la douleur qu’il ressentait. Il inspirait doucement, suffoquait alors qu’il ravalait ses larmes d’un gamin abandonné. Le moindre souffle lui faisait mal, et cette sensation qui ne le quittait pas. Les mains tremblantes, il observait son téléphone, levait les yeux vers le monde. Malgré les rires, les sourires, rien ne l’atteignait. Il était mal l’enfant, à ne plus savoir ce qu’il fichait ici. Des jours qu’il ne l’avait pas vu, des jours de silences, d’une absence qui le tuait. Je vais crever… se répétait-il en serrant son crayon dans sa paume. Nouvelle inquiétude qui gagnait son cœur… une angoisse si intense qu’il n’arrivait plus à respirer. Grimaçant, de douleur, il se levait, rassemblait ses affaires et courraient à l’extérieur. De l’air il lui en fallait à plein poumon. Mais malgré qu’il y parvenait quelque chose le gênait. Une sensation affreuse qui le prenait aux tripes… mal d’estomac, mains moites. Voilà à quoi se résumerait sa vie désormais… ça ne vaut pas le coup. Pensera-t-il à l’abri des regards… un jour je disparaitrais. Si facilement, que personne ne s’en apercevrait. Mais ce n’est pas son mal-être qui le rendait mal… une intuition. Ou juste une certitude… et ce message qui s’affichait. Je suis désolée… Tout s’arrêtait brutalement. Figé, dans un instant… il se serait écroulé si la peur ne lui rongeait pas le ventre. Si elle ne se transformait pas en adrénaline. Et il savait déjà… que quelque chose n’allait pas. Il n’avait pas besoin d’en douter, ni même d’y penser. Son cœur parlait pour lui, se lançant à pleine course à travers le campus. A courir à en perdre haleine. Il devait la retrouver… persuadé que sa place était surement à ses côtés. Il l’appelait encore et encore. S’agaçait même parfois « Réponds putain !! » criait-il à lui-même. Démarrant en trombe sa moto, il prenait tous les risques. Sans casque, sans rien, il s’en foutait. Il aurait pu en crever, tant qu’il pouvait la voir une dernière fois ! Accélérant encore, dévalant les routes à toute allure jusqu’à arriver à cet endroit. Il était descendu comme un fou de son véhicule, le laissait même s’écraser sur le bitume dans un fracas. Et ses pas plus désespéré, sa course plus folle encore alors que le souffle lui manquait. Mok ! Il savait qu’elle était là. Dans cet entrepôt. Quelque part sur ce toit. Il traversait l’endroit criait déjà son nom « Mok !! » qu’elle réponde… qu’il se soit inquiétait pour rien. Il avait grimpé les marches, plus vite encore pour arriver sur ce toit. Et il se figeait… une nouvelle fois. Sa douce flamme, à peine vivace au rebord du bâtiment. Si fébrile… un frisson qui parcourait sa peau. L’effroi le prenait à la gorge, son regard effrayé… un fragment de temps qui se brisait. Comme un verre qu’on venait fissurer… il n’avait surement pas le temps de comprendre. Mais ce regard qu’il croisait, l’avait surement achevé.