Passant une main dans ses cheveux pour se recoiffer, Alana termina d’appliquer une touche de gloss sur ses lèvres rouges avant de sortir de la voiture. Femme appliqué et dont l’apparence était toujours soignée, Alana ne laissait jamais rien au hasard. Traversant la rue rapidement, elle entra dans le building qu’elle ne connaissait que trop bien. Place lumineuse et immense, l’accueil lui paraissait toujours interminable à traverser. Elle grimpa rapidement les étages préférant les escaliers à l’ascenseur. Depuis qu’elle était Declan elle voulait s’assurer que sa silhouette reste la même. Elle n’en faisait pas une obsession mais Alana tenait à ce regard qu’il posait sur elle. Cette façon qu’il avait de ne voir qu’elle. Cette façon qu’il avait d’avoir fait d’elle une reine. Elle se sentait au sommet du monde quand elle était dans ses bras et pour ne pas avouer sa panique, Alana n’aurait jamais cru possible d’aimer un homme aussi intensément que lui. Elle avait peur parfois, de ce que l’avenir leur réservera. Alana n’est pas une femme d’avenir, sa maladie la condamne à une mort prématurée. Pourrait-il le supporter ? Ne pas lui offrir d’enfant ? N’aimer qu’elle … jusqu’à la fin de leur vie. De sa vie, courte mais pleine de sincérité. Poussant la porte comme une habitude qu’elle avait, elle entre finalement dans le bureau de son amie. L’une des rares femmes qu’Alana juge digne de sa présence. Peut-être que leur vécu similaires les avaient rapprochés, faisant ainsi tomber les barrières que dressait Alana autour d’elle. Ae Ra était une femme de la même qualité qu’elle et les deux s’étaient naturellement trouvés. Un soutien sans faille depuis que la jeune coréenne avait exposé ses parents. Fière de ce courage dont son amie avait fait preuve Alana s’était promis de toujours l’aider. Se laissant tomber dans le fauteuil en face de son bureau, Alana ferme les yeux et grimace « Ae Ra c’est foutu … » murmure-t-elle avant de redresser la tête et le buste pour venir croiser ses jambes félines. « Pour Declan. » dit-elle simplement en secouant la tête. Alana ne parlait que très peu, trop peu, souvent de lui … mais l’amour qu’ils se portaient bien qu’il soit simple était d’une telle intensité qu’elle avait l’impression de devoir gérer un incendie dans sa poitrine. Elle n’était pas certaine de savoir comment s’y prendre … elle se sentait en roue libre et c’était un sentiment détestable pour elle. Pourtant loin de vouloir faire croire à un échec avec l’homme, elle n’arrivait juste pas à décrire ce qu’elle ressentait vraiment. « Je l’aime. » voilà ce qui foutait tout en l’air. « Je l’aime trop. » et seule Ae Ra pourrait comprendre à quel point c’était apeurant … Alana avait débarqué sans même se demander si son amie était occupée, ou en état de la recevoir. Mais Alana, comme toujours, prenait ses aises, et ses envies pour acquis, une attitude qui agaçait mais qui faisait partie d’elle. Et Alana on l’aimait ainsi. Elle lança un regard vers le canapé du bureau, Damon s’y trouvait toujours, tout du moins le plus souvent, mais pas ce soir. Il faut dire qu’Alana avait choisi son heure pour venir trouver son amie. Qu’est-ce que je dois faire Ae Ra ? Avait-elle envie de demander bien que tout soit pourtant … limpide dans son esprit.

Les tâches s'accumulaient toujours sur ton bureau. Parfois tu pouvais t'en charger seule, et souvent tu devais laisser Damon lire pour toi, te montrer où signer, te dire ce qu'il se passait. Alors bien souvent tu l'attendais. Aujourd'hui tu profitais de cette solitude pour errer un peu dans les bureaux, observer sans voir ce que les autres faisaient, avant de retourner à ton bureau donnant l'ordre à ce boîtier technologique ayant même un nom, de mettre de la musique. Seule celle ci pouvait détendre les muscles qui continuaient de se tendre chaque jour un peu plus. Seule elle pouvait prévenir les larmes de couler. Seule elle semblait donner un sens à une vie que tu voulais pourtant mener pleinement, avec toutes les convictions du monde. Tu ne pouvais pas te vanter de pouvoir voir toutes les beautés du monde, reconnaître même quand tes cheveux étaient décoiffés, tu ne pouvais pas dire qui était beau garçon ou bien quand une fille avait un maquillage trop foncé, ou trop clair. Mais tu savais reconnaître les bons musiciens, les bons compositeurs. Ceux avec une âme. Et tu savais corriger ces personnes qui osaient te défier. C'était déjà bien assez. Et pourtant. Ton humeur était toujours morose, le sourire t'ayant laissé depuis de longues années, il ne semblait pas vouloir revenir. Perdue dans des pensées qui te dépassaient tu fus interrompue par une porte s'ouvrant. Tu manquais de crier au crime mais bien vite tu reconnus ton amie. La seule d'ailleurs. Une perle rare, ou plutôt une folle comme toi. Sa voix s'élevant dans l'air tu tournais ton siège pour être face à elle, du moins ton visage. Tu ne voyais que quelques formes, flous et des couleurs que tu voulais imaginer. Tu la savais parfaitement apprêtée, connaissant plus les habitudes que les réels traits ce n'était pas compliqué. Posant ta tête sur tes mains reliées tu étais presque à deux doigt de commander de l'alcool. Quand c'était foutu, il fallait boire. "Oh " Répondis tu alors distraitement. Il était temps de te lever et consoler ton amie avec toute la compassion que tu éprouvais sans comprendre ce sentiment d'amour naissant. Encore moins lorsqu'elle déclara l'aimer haut et fort te donnant une moue surprise et sérieuse. "Quoi ? " Venant prendre la place qu'occupait généralement Damon tu croisas les bras. " Yah.. quel cupidon vous frappe tous là ? " Ou bien étais tu entourée de personnes ayant trouver l'amour fou ? Un soupire t'échappa tandis que tu appuyais ton dos contre le canapé. "Et donc ? Tu l'aimes trop donc tu as peur ? "La peur de tout perdre. C'était glaçant. Tu la vivais en ce moment en sachant que ce moment arrivera, quand ta vision disparaîtra, tu pourras enfin laisser l'angoisse partir. Alana devait se sentir pareil. "Tu as essayé de le manger ? " Même si ton visage était des plus sérieux, ceci était une blague, rapidement couronner d'un petit sourire. "Et lui ? " L'enfermer toute sa vie n'étant pas une option décente tu préférais connaître l'avis du camp adverse. "Tu veux que je l'effraie ? Que je le menace avec Damon si jamais il ose te faire du mal ? " Tu étais prête, clairement prête et clairement capable. Vu ton visage, on aurait rapidement peur, enfin , c'était ce que tu imaginais.


" "

Alana ne réalisait pas à quel point son amie sombrait dans l’obscurité. Elle n’avait pas idée que le noir engloutissait chacune de ses journées. La lumière tant nocive pour Alana, était un manque cruel pour son amie … Peut-être qu’elles s’étaient ainsi trouvées car beaucoup trop de similitude les unissait. A commencer par leur passé, mais finalement leur avenir. Alors elles n’avaient qu’à faire en sorte que leur présent soit leur plus facile possible pour savourer chaque minute qu’on leur accordait de plus. Mais l’avenir … n’était pas une chose à laquelle Alana avait pensé. Elle détestait ce mot et l’idée que l’on s’ne faisait. Elle n’en avait aucun, elle le savait, alors qu’aurait-elle à offrir à Declan ? Si ce n’est la vie d’un veuf esseulé ? Lui qui subissait les assauts de son corps cassé, qui souffrait en silence et elle que la lumière pouvait tuer. Peut-être qu’eux aussi s’étaient bien trouvés, mais leur vie ensemble semblait bien compromise … Prise d’un élan de peur qu’elle masquait derrière de l’ironie et un débit de paroles sans fin, Alana ne put retenir un rire à la remarque sa son amie. Un sérieux qui ne se prêtait qu’à de la dérision agréable. Passant une main dans ses cheveux elle souffla l’air innocente « Je l’ai dévoré. » et quand bien même bien ses paroles pouvaient être interprétées de plusieurs façons, il était certain qu’Alana avait tout fait pour avoir le dessus sur Declan, suffisamment pour flancher et tomber amoureuse de lui inconditionnellement. Laissa sa tête retomber sur le bureau elle souffle « Il m’aime sans limite … » et de ça, la jeune femme en était certaine. « Il a aménagé un chalet à la sortie de Séoul dans les montagnes juste pour nous … il a même changé les vitres pour que je sois à l’abris du soleil en journée. » Qui faisait ça ? Qui faisait ça pour une femme ? Par amour, qui ? Il avait à nouveau dépensé une fortune pour s’assurer de la sécurité de sa petite amie. Il avait changé les vitres de sa voiture, de ce chalet, de chez lui … il avait teint tout ce qu’il pouvait teindre pour la protéger où qu’elle sait dès qu’elle serait avec lui. « Je sais qu’on s’aime mais … dans quoi je l’embarque ? » dit-elle en grimaçant. Elle se redresse lentement et sait qu’elle se permettre d’afficher un visage triste, faisant ainsi tomber son masque, elle mordille sa lèvre et triture ses doigts sans oser penser à leur lendemain. Alana avait déjà failli détruire la carrière de son petit ami, et maintenant qu’il lui offrait le monde elle avait peur. Peur de lui briser le cœur. Elle qui était capable de mourir demain ne pouvait supporter l’idée de le blesser ainsi … mais il était trop tard pour reculer maintenant. C’est foutu. Ils s’aiment … alors qu’espérait-elle ? Qu’il l’oubli ? Ça non plus elle n’était pas certaine de pouvoir le supporter. Retenant un soupire, elle laisse échapper « Je n’ai pas d’avenir à lui offrir … » et elle savait qu’Ae Ra comprendrait ses propos. Et pourtant, malgré tout, on pouvait sentir qu’elle était prête à lui offrir chacun de ses jours … Alana n’avait jamais été amoureuse jusqu’à lui, comment aurait-elle pu comprendre toutes ces choses avant de s’engager dans son histoire avec Declan ? « Donne moi une raison de continuer. » il y en avait des centaines de milliers mais une seule suffirait à la convaincre d’avancer encore … rien que pour le bonheur que lui procurait Declan.