outfit - Les cours avaient repris depuis peu et ce n’était pas plus mal. Il était bien content que ça ait repris avec tout ce qui lui était arrivé durant les vacances. Aujourd’hui, sa journée n’avait pas été très remplie et il avait décidé d’en profiter pour se poser à la bibliothèque et par la même occasion voir Kô. Tous les deux s’étaient connus car ils faisaient parti de la même licence, même si Kô était plus âgé que lui de deux ans. Il était content d’avoir pu un jour le trouver sur son chemin parce qu’ils étaient devenus bons amis et qu’ils savaient qu’ils pouvaient compter l’un sur l’autre. Il n’en était pas à lui raconter tous les problèmes présents dans sa vie mais il lui avait déjà parlé de Chansol… peut-être aussi parce qu’il ne tenait pas l’alcool et qu’il était une véritable pipelette quand il était saoul. À savoir qu’il n’avait pas non-plus su pourquoi un soir il avait pu parler de ce garçon l’ayant traumatisé une période sa vie car, s’il y avait bien une chose qu’il s’était promis de ne plus faire, c’était de ne plus penser à lui quand c’en fut fini pour eux de se voir.
Il trouva Kô à la table à laquelle il avait l’habitude de s’installer et posa ses affaires devant lui avec fermeté. Kô, il était un peu comme lui ; c’était un être à part et qui ne parlait pas trop non-plus de ses problèmes. Il voyait bien qu’il était concentré sur ce qu’il faisait ou bien était-il plongé dans ses pensées. Néanmoins, c’était plus délicat de demander à un aîné quels problèmes lui tiraillaient les esprits.

« Salut, Kô, dit-il, Est-ce que tu as passé de bonnes vacances ? »

Comme il n’obtenait pas de réponses, il continua. Il se fichait bien qu’il l’écoute ou non, il fallait que ça sorte.

« J’ai revu Chansol, dit-il en s’asseyant, Et j’ai couché avec lui. Tu sais, c’est le mec qui me frappait au lycée. »

Là, Kô releva la tête. Il se mordilla la lèvre inférieure et se passa une main dans les cheveux. Oui, il n’en était pas forcément fier mais c’était arrivé. Il n’avait eu de cesser d’y songer et en était venu toujours la même conclusion qui était qu’il ne regrettait pas un instant d’avoir couché avec Chansol.

@hitoshio kô

ootd / Rehaussant ses lunettes sur son nez, Kô abandonne un soupir quand ses doigts continuent pourtant de travailler sur ses feuilles. Indépendamment de lui, ses phalanges esquissent ses œuvres, pensant déjà à la prochaine collection de vêtements qu’il a envie de créer, réfléchissant également à cette séance photo qu’il doit avoir d’ici quelques jours avec la marque de streetwear japonaise dont il est l’un des mannequins depuis son arrivée en Corée. Néanmoins, quand une moitié de son cerveau pense mode, l’autre pense… à autre chose. Portant le bout de son crayon entre ses lèvres maquillées, il ne peut balayer certains actes, certaines personnes, de son esprit fertile. Il se revoit encore, quelques jours plus tôt, installé sur ce rocher humide, accroché désespérément à la main de sa meilleure amie ; ne se sont-ils pas secrètement fait la promesse de vivre plus fort encore ? Kô ne fait pas attention que quelqu’un arrive dans sa direction, les écouteurs dans ses oreilles, le berçant de ses musiques de visual kei préférées. Il relève le visage quand il la ressent, cette présence, plus qu’il ne la voit de premier abord. Il se défait de l’un de ses écouteurs pour fixer Evan sans expression, n’ayant rien à répondre à son interrogation. Les vacances n’ont été qu’un moment à passer et la vie a repris son cours. « Qu-quoi ? » Son regard bi-colore s’enfonce dans le sien et son exclamation ne manque pas de faire relever la tête à d’autres étudiants concentrés. Peu importe. « Pourquoi est-ce que c’est à moi que tu viens en parler ? Tu ne devrais pas mieux en parler avec lui, ce Chansol ? » Parce qu’en plus, Kô voit très bien à quoi il ressemble, le fait étant qu’ils vivent dans la même fraternité.
Malgré son agacement, le blondinet fait une place à son cadet, l’invitant à prendre place, en espérant qu’il n’ait pas surréagi à ses aveux. Les hommes sont pourris jusqu’à la moelle ; qui sait ce qu’il pourrait utiliser contre ce Chansol si jamais il vient fouiner un peu trop près ? « C’était bon, au moins ? » Et il rit doucement, caché derrière une main aux ongles manucurés, avant de refermer la page de son carnet. Même s’il ignore que l’histoire d’Evan lui permette de se sentir mieux lui-même après. Tant pis, ne sont-ils pas amis ? « Je suis désolé que ça te soit arrivé, vraiment. » Il fronce les sourcils avant de reprendre la parole, amenant la conversation vers une direction un peu différente de cette zone peu agréable pour les deux garçons. « Est-ce qu’il t’a forcé à le faire ? » Parce que pour Kô, les hommes ont beau prétendre changer, ils ne changent jamais vraiment. Quand la violence chatouille le creux de la main, comment se retenir de ne pas la lever pour l’extérioriser ?

@choi evan

outfit - C’était arrivé, voilà tout. Pour le coup, Chansol s’était lui aussi trouvé sur son chemin un jour où il en avait eu besoin. Il ne lui avait pas posé de questions, il s’était contenté de l’emmener loin de ses démons. Evan ne l’en remercierait jamais assez, même si aujourd’hui il n’avait plus d’autres choix que de bien s’armer et d’affronter son passé. C’était dur, la douleur était plus vive que jamais. Il avait d’abord revu l’être qui avait achevé de le brûler à petit feu, il s’était efforcé de s’en éloigner sans qu’on ne lui prête une oreille attentive et étonnamment, il en était venu à commencer à l’apprécier. Puis, puisque ça ne suffisait pas, on lui avait repris que s’il était venu sur Séoul c’était pour échapper à cette vie qui avait failli le tuer. On l’avait retrouvé et il avait des comptes à rendre. Il ne dormait déjà plus très bien, il dormait encore moins. Il avait des cernes qui ne le quittaient plus et des tremblements qui ne cessaient de le rendre plus alerte au moindre mouvement autour de lui. Il connaissait cette peur, il était capable de l’entourer, la rendre plus faible mais il savait aussi qu’elle ne tarderait pas à ravoir le dessus sur lui sans qu’il ne puisse plus y faire grand-chose. Alors, oui, c’était dur et il s’était simplement laissé aller entre ses bras.
Il avait l’impression d’en avoir profité. Il n’avait pourtant pas été dupe. Avant qu’ils ne se revoient l’autre jour, il avait bien vu comment Chansol posait différemment son regard sur lui et la manière dont cela s’était fait petit à petit. À quel moment avait-il commencé à attirer le regard de ce garçon sur lui ? Cela ne l’avait pas effrayé, il s’était même senti flatter si ce n’était que lui ne s’était pas senti attirer par lui. Alors pourquoi avait-il senti ce désir naître et s’enflammer quand il l’avait touché et embrassé ? Il revoyait ses yeux plongés dans les siens, cette étincelle qu’il avait également lui-même allumé chez lui mais pas n’importe laquelle.

« Quoi ? »

Il regarda Kô, incrédule, puis se mit à rire. Kô avait vécu des choses douloureuses lui aussi et vivait dans un monde bien différent du sien mais il l’adorait. Il était aussi surprenant qu’avait pu l’être Chansol à son égard.

« Je crois que s’il m’avait forcé, je ne serais pas en train de t’en parler sereinement, sourit-il, Donc, non, il ne m’a pas forcé mais peut-être que moi j’en ai profité. »

Il posa son menton dans la paume de sa main et regarda les étudiants qui s’affairaient autour d’eux.

« Et si tu veux tout savoir, oui, c’était bon, dit-il, Au point que je suis un peu perdu. »

Il poussa un léger soupir. Il ne lui avait pas envoyé de messages, ni appeler mais autant parce qu’il avait été occupé avec sa famille. C’était la pagaille et il n’avait pas eu un seul instant à lui. On lui intimait de rentrer à Jeju pour mettre les choses au clair, on lui suppliait de s’exprimer. Il le fera sauf qu’il y avait ce prénom qui flottait dans les airs. Est-ce que tu vas encore fuir ? Il revoyait son visage déformé par la tristesse. Était-il la bonne personne placée pour être auprès de lui ?

@hitoshio kô