Tout allait bien. Il n’y avait pas grand-chose à dire sur sa vie. Du moins, au départ. Né dans une famille aimante, Kee Ho n’avait jamais manqué de rien. Ses parents ne roulaient pas sur l’or mais ils se débrouillaient bien. Le garçon avait des amis, une famille qui l’aimait, de bonnes notes. Rien ne pouvait venir entacher sa vie. C’était ce qu’il pensait. Qu’est-ce qu’il pouvait bien lui arriver ? Même s’il était plutôt bagarreur et insolent, inquiétant ses parents à cause de ses bêtises, il n’y avait rien de grave. Jusqu’à ce jour…

2015. Le début de l’enfer. Un appel. Sa mère qui tombe en larmes. Son père a eu un accident de voiture. Il est mort sur le coup. Il n’y a eu aucun moyen de le sauver. Tout bascule rapidement. Sa mère devient dépressive. Il est obligé de changer de collège, pendant les vacances d’été, quittant ses amis. Il doit se faire à sa nouvelle vie dans la pauvreté. Ils n’ont pas grand-chose. Un petit appartement miteux. Et heureusement, une ajumma assez gentille pour prendre soin de lui. Mais ça ne l’empêche pas de suivre le mauvais chemin. Il n’a plus aucun repère, personne pour le guider. Du moins, pour le guider sur le droit chemin. Il préfére prendre la route vers l’enfer avec Chang Min. Son père n’est plus là, sa mère bien trop dans son monde pour réaliser la souffrance de son fils. Abandonné de toutes parts.

2016. Sa réputation le suit au lycée et personne n’ose l’approcher. Sauf elle. Elle n’a pas hésité à lui tirer l’oreille, l’obligeant à faire son tour de ménage. Un sacré culot. C’est sûrement grâce à ça, d’ailleurs, qu’ils sont devenus amis. Elle met un peu de lumière dans son enfer. Mais il ne lui a jamais dit. Il lui a toujours caché. Elle n’a pas besoin de ça, elle a d’autres choses à gérer que son cas.

2018. Peut-être qu’il est la lumière de quelqu’un. De cette fille, ce jour-là. Il ne sait pas mais il n’hésite pas à intervenir. 3 contre 1, ça ne lui fait pas peur. Il intervient, ne la laisse pas seule. Il l’emmène à l’hôpital, lui laissant sa veste, expliquant à ses parents ce qu’il s’est passé. Avant de disparaître. Son regard baigné de larmes, il ne l’oubliera jamais. Ancré dans sa tête à tout jamais.

2019. Une lumière. Sa lumière. Il remonte la pente. Du moins, le croit, grâce à cette douce fille. Il ne sait pas vraiment ce qu’elle lui trouve mais il se sent bien avec elle. Elle découvre ses travers mais ne le jette pas pour autant. Il s’accroche à sa bouée, refuse de couler, garde la tête hors de l’eau. Jusqu’à la surdose d’antidépresseurs de sa mère en 2020. Son monde bascule de nouveau. Son beau-père, il ne l’aime pas. Il ne l’a jamais aimé, le déteste. Il pense pouvoir remplacer son père. Mais jamais. De nouveau, il retombe, il rechute, retrouve le chemin vers l’enfer. Et elle le quitte.

Grande gueule, Kee Ho ne sait pas tenir sa langue. Trop direct. Trop honnête. Trop brutal. Trop mordant. Il n’hésite pas à dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Il a l’air rude et méchant, mais il est juste trop franc. Il vous dira toujours la vérité, même si cela peut blesser ou mettre en péril votre amitié. On devine alors facilement s’il aime bien quelqu’un ou pas. Il n’apprécie pas qu’on tourne autour du pot, préférant qu’on lui dise clairement les choses. Tout comme lui le fait.

Kee Ho peut faire peur quand il est énervé et il ne vaut mieux pas l’approcher dans ces cas-là, au risque de vous en prendre une. Il tente de contrôler son tempérament, parce qu’il se sent toujours mal d’agir sous la colère. Il a tendance à répondre par l’action, plutôt que réfléchir.

Le garçon est conciliant et peut laisser passer beaucoup de choses. Il a tendance à donner trop de chance. Jusqu’à ce qu’il ne donne plus rien du tout ou décide d’exprimer ses sentiments, notamment sa jalousie. Il est généreux mais fait attention devant les abus de certaines personnes. Il n’y a pas écrit bonne poire sur son front.

Il n’aime pas éventer ses problèmes aux autres, préférant les résoudre par lui-même. C’est un cachottier, n’hésitant pas à masquer toute une partie de sa vie à ses proches. Il ne se plaint jamais et préfère souffrir en silence, plutôt qu’en parler et inquiéter les autres.