Nayoung tentait de laisser de côté ces mauvais moments pour se concentrer sur le positif. Elle avait retrouvé la personne qui l’avait sauvé de son ex petit ami et elle pouvait le remercier. Il ne semblait pas le vouloir, mais elle tenait à le faire parce qu’il était la raison pour laquelle elle arrivait à ne pas être trop mal en société. Certes, elle faisait quelques crises mais ce n’était rien comparé au traumatisme qu’elle aurait pu traversé. Alors, elle changea de sujet et préféra parler d’autre chose. Enfin parler c’était un grand mot vu qu’aucun son ne sortait de sa bouche parce qu’elle ne le pouvait plus. Elle n’avait pas toujours été muette. Avant, il n’y aurait pas eu de silence gênant entre eux le temps qu’elle parle parce qu’elle pouvait répondre du tac au tac. Là, il lui fallait attendre qu’il ait tout dit pour pouvoir lui répondre en écrivant sur son téléphone et en lui tendant. C’était autant épuisant pour elle que pour lui et le temps qu’elle écrive et qu’il lise, le silence les entourait. Mais elle avait beau essayer de parler, elle n’y arrivait pas. Elle avait un blocage et ne pouvait sortir aucun son de ses cordes vocales. Nayoung était donc pour le moment obligée de communiquer ainsi avec son entourage. Keeho ne faisait donc pas exception à cette règle. Elle lui tendit donc une nouvelle fois son téléphone et le laissa lire et commenter à chacune de ses phrases écrites. Elle fit la moue quand il parla du reste. De quoi pouvait-il parler ? Ce n’était pas comme s’il était un mauvais garçon. Il n’était pas comme son ex. Elle était sûre que Yunho l’aurait très certainement laissé dans cette situation s’il avait été un inconnu comme Keeho l’avait été. Elle se refusait donc à croire qu’il était quelqu’un de mauvais. Il lui posa alors une question et elle haussa les épaules pour toute réponse. Ce n’était pas réellement un déclic. Elle ne savait pas ce qu’elle devait attendre en vrai. Ça reviendrait quand ça reviendrait. C’était ainsi. Comme lui apparemment avec les maths. Il en faisait parce que c’était ainsi. Elle l’écouta attentivement et écrivit tout en l’écoutant. Elle lui rendit son téléphone. « Pas vraiment un déclic. Ça arrivera quand je serai prête je pense. Oh tu danses ? J’aimerai bien voir ça un jour… Faudrait que tu fasses quelque chose qui te plaise même si tu penses que ce n’est pas une carrière pour toi. Y a toujours des débouchés. Et pour te répondre oui. J’avais un petit niveau avant l’incident… Et j’ai repris simplement pour mes études parce que je suis pas très intelligente. » Heureusement Hanjae l’avait aidé en lui donnant des cours particuliers mais les matières autres que sportives n’étaient pas son fort.

La jeune femme se sentait de mieux en mieux. La crise était passée et même si elle n’avait sûrement pas encore la force de se lever pour aller ailleurs, ça ne la dérangeait pas spécialement. Elle ne sentait bien avec Keeho. Elle n’avait pas peur de lui. Certes, elle était méfiante, parce qu’elle ne pouvait pas prévoir ce qu’il allait dire ou faire, mais de ce qu’elle savait de lui et de ce qu’elle voyait, il ne lui ferait jamais de mal. Donc, elle ne pouvait pas s‘empêcher d’apprécier discuter avec lui. Ou plutôt l’entendre parler et l’écouter. Depuis qu’elle ne parlait plus, c’était devenu son quotidien. Elle écoutait plus qu’elle ne parlait réellement et ça lui changeait. Elle ne pouvait pas couper la parole pour réagir sur le moment. Elle se devait d’attendre et de laisser ces silences qui pouvaient parfois être pesant. Nayoung communiquait donc ainsi et s’excusait souvent du manque de spontanéité des conversations qu’elle avait avec d’autres personnes. Heureusement, Keeho ne semblait pas embêté par la façon dont ils discutaient s'accommodant bien de ce mode. Elle sourit quand il reprit la parole, réagissant à ce qu’elle avait écrit. Pour lui montrer qu’elle écoutait bien, elle hocha la tête quand elle devait le faire et grimaça quand il se dénigra. Elle ne savait pas ce qui se passait dans sa vie, mais s’il aimait danser, il devait le faire. Elle était curieuse, mais elle savait qu’en lui répondant, elle ne creuserait pas plus que ça. Ce n’était pas ses affaires et elle n’était pas là pour le faire parler de choses dont il ne souhaitait pas discuter. Nayoung sourit un peu plus en l’entendant la complimenter sans la connaitre et elle haussa les épaules. La jeune femme récupéra son bien et se remit à écrire dessus en écoutant ses questions. Elle se décala pour qu’il puisse s’installer plus confortablement sur la table sans le gêner. Elle mit quelque temps à écrire et lui posa sur les genoux. « On verra si ça arrive ou pas. Pour le moment, ça me va ainsi. Je viens bien venir te voir un jour. J’ai toujours aimé la danse et je suis sûre que tu mérites même si tu penses que ce n’est pas le cas. On mérite presque tous une seconde chance… Et je faisais des compétitions avant. J’aurais pu faire les JO si j’avais voulu… Mais voilà tu sais ce qui s’est passé et j’ai tout arrêté. Maintenant, je sais pas si j’ai envie de reprendre. Ça me semble être rop loin dans ma vie, comme si c’était une autre personne. » Et c’était le cas parce qu’elle n’avait plus le même caractère. Ça l’avait changé.

La jeune femme n'avait jamais autant communiqué avec quelqu'un depuis longtemps. Il y avait bien eu ce garçon cette nuit-là, mais d'ordinaire, Nayoung ne le faisait plus énormément. C'était épuisant pour elle et les gens près d'elle. Elle ne pouvait pas parler et passait parfois plusieurs minutes à écrire. Minutes pendant lesquelles il y avait un silence assez bizarre entre elle et la personne avec qui elle communiquait. De ce fait, elle préférait donc rester réellement silencieuse. Mais avec Keeho, ça venait presque naturellement. Elle avait envie et possiblement besoin de lui parler. Ça lui faisait bizarre de le faire et elle se rendait compte qu'il était le seul garçon, en dehors de ceux qu'elle connaissait depuis des années, comme Yunho à qui elle parlait vraiment beaucoup et surtout à qui elle s'était laissée aller. Alors, elle écrivait pour lui répondre, prenant le temps de répondre à tout ce qu'il avait dit, un léger sourire sur les lèvres. Nayoung tendit le téléphone à Keeho pour qu'il puisse lire et appréciait le fait qu'il répondait lui aussi à tout ce qu'elle avait écrit. Elle hocha la tête quand il le faisait, pour lui montrer qu'elle l'écoutait. Elle aurait très certainement voulu lui dire qu'elle acceptait son mutisme parce qu'elle n'avait pas le choix, mais préféra taire ce détail. Elle sourit légèrement plus quand il reprit qu'elle serait prévenu quand il danserait. Maintenant qu'elle le savait, elle voulait venir le voir même s'il ne pensait pas mériter. Elle grimaça à la suite. Nayoung savait très bien à qui elle pensait et hocha la tête vigoureusement. Malheureusement, certaines personnes ne méritaient pas de secondes chances et malgré sa gentillesse, la gymnaste ne l'était pas assez pour être stupide. Keeho finit par lire la suite et elle ne put s'empêcher de rougir à ses mots, détourant légèrement la tête pour qu'il ne le voit pas. Elle récupéra son téléphone, se remettant à écrire et releva les yeux vers lui, un sourire timide sur les lèvres. Il était mignon à lui dire ça alors qu'il ne la connaissait pas et ne savait pas le niveau qu'elle avait. Parce qu'elle avait très bien pu se faire une fausse idée de ce qu'elle aurait pu accomplir. Nayoung reprit son écriture et après quelques minutes elle lui donna à nouveau l'appareil. « Oui les JO. J'avais un petit niveau. Et non je veux pas reprendre. Même si les compets me manquent, ce n'est pas le cas de la vie médiatique. Mon histoire serait connu de tout le monde et je serai la fille qui s'est faite agressée. Je préfère faire autre chose de ma vie parce que cette personne est morte ce soir-là... Et toi ? T'es sûr que tu veux faire des maths toute ta vie ? Tu veux pas plutôt danser et faire ce qui te plaît réellement ? » Nayoung avait bien compris que Keeho ne pensait pas mériter, mais tout le monde devait faire ce qu'il voulait dans la vie.

Nayoung aimait bien cette conversation qu'ils avaient tous les deux. Enfin conversation était un grand mot. Keeho répondait à voix haute à ce qu'elle écrivait et elle appréciait le fait qu'il réagissait à tout ce qu'elle pouvait dire. Ça lui faisait plaisir et lui donnait l'impression d'être réellement écoutée. La jeune femme le remerciait d'un sourire parce que ce n'était pas souvent que c'était le cas. Elle parlait, enfin écrivait, beaucoup et souvent, on ne répondait qu'à la moitié. Keeho fait l'effort de répondre à tout et ça lui faisait chaud au cœur. Elle se détendait légèrement avec lui, laissant des sourires de plus en plus sincères et chaleureux se poser sur ses lèvres. Elle parlait même plus facilement de ce qu'elle avait fait dans sa vie avant qu'elle ne soit ainsi. Elle mentionna les J.O et se surprit à rougir quand il recommença à la complimenter sur le fait que ce n'était pas forcément un petit niveau qu'elle devait avoir pour faire les jeux olympiques. Une nouvelle fois, la jeune femme balaya ses compliment d'un revers de la main. Elle ne devait pas être si douée que ça vu qu'elle avait tout abandonné. Elle haussa cependant les épaules pour toute réponse avant de sourire, presque amusée. C'était certain que cette histoire remonterait à la surface. Ayant été une personnalité publique et le redevenant en reprenant, tout le monde saurait et ce n'était pas possible. Elle n'avait pas envie que ça arrive. C'était quelque chose de personnel et elle ne voulait pas que toute la Corée soit au courant. La suite lui fit perdre son sourire. C'était triste la façon dont Keeho disait les choses. Nayoung était sûre qu'il était trop dur avec lui. Ça ne lui plaisait pas vraiment, mais que pouvait-elle dire de plus ? Elle ne le connaissait pas, elle ne savait pas ce qu'il avait vécu et surtout pourquoi prendrait-il en compte son avis. Elle récupéra son téléphone pour commencer à écrire, laissant le silence s'installer entre eux. Trop concentrée sur son écran, elle n'entendit pas qu'il se déplaçait dans la pièce. Ce ne fut que lorsqu'elle entendit sa voix plus lointaine que quelques secondes auparavant que Nayoung releva la tête vers lui. Elle avisa sa main sur la fenêtre et secoua la tête. Ça ne la dérangeait pas qu'il fume, mais elle n'aimait pas vraiment les gens qui fumaient. En bonne sportive qu'elle était, elle ne concevait pas ce genre de choses. Lui non plus ne devrait pas alors qu'il dansait. Néanmoins, encore une fois, son avis ne comptait pas. Elle se leva également pour se rapprocher de lui, s'installant à un bureau près de la fenêtre. Elle continua de taper sur son clavier et une fois qu'elle eut fini, elle lui tendit pour qu'il lise. « J'ai repris... Avec mes cours. Mais pas dans des compétitions. Mon agression sera connue du grand public et je n'ai pas envie que ce soit le cas. » Nayoung en avait parlé dans un blog, mais peu de monde savait qui elle était réellement et surtout les fans de gymnastique ne suivait pas forcément ce genre de choses. « T'es dur avec toi-même. Je suis sûre que tu pourrais faire un excellent danseur et que tu penses ne pas mériter grand chose alors que c'est pas le cas. Tu mérites. Mais je dis ça comme ça. On se connaît pas après tout. Comme la clope... C'est pas bon pour la santé tu sais... Puis tu risques de te faire choper et engueuler... Mais t'aimes vivre avec le danger, je me trompe ? » Elle lui sourit légèrement avant de regarder par la fenêtre, repensant à cette nuit quelques années auparavant quand il l'avait aidé. Il était seul face à plusieurs garçons. Il aurait pu y laisser quelques plumes dans le combat et pourtant, ça n'avait pas été le cas. Enfin, elle ne se souvenait pas très bien de cette soirée. Nayoung frissonna sans réellement s'en rendre compte et elle ferma complètement la veste, passant une nouvelle fois la capuche sur sa tête, se protégeant ainsi de quelque chose qui se passait dans sa tête. Elle souhaitait plus que tout que ça se termine et qu'elle aille mieux.

Nayoung se sentait mieux maintenant et malgré le fait qu’elle ne pouvait pas tenir une conversation orale, elle le faisait grâce à son téléphone. Heureusement qu’elle ne possédait un et que ce mode de communication n’embêtait pas Keeho. Ils se confiaient plus ou moins sur leur vie respective et la jeune femme était contente d’en apprendre un peu plus sur celui qui lui avait porté assistance quand elle en avait eu besoin. Elle trouvait néanmoins qu’il se dévalorisait grandement et ça ne lui plaisait pas forcément. Certes, elle ne le connaissait pas plus que ça, ne savait pas ce qui s’était passé dans sa vie, mais chaque être humain avait le droit d’avoir des rêves et des envies. Envies qu’il devrait suivre s’il en ressentait l’envie et le besoin. Cependant, ça ne semblait pas être le cas et Nayoung avait le sentiment que Keeho se punissait pour ça. Elle n’allait pas creuser parce que ce n’était pas à elle de le faire, mais elle était quand même curieuse de savoir ce qui se passait dans sa tête. Elle ne quitta donc pas la pièce quand il allait à la fenêtre pour fumer et se rapprocha même de lui. Elle lui tendit son téléphone pour qu’il lise ce qu’elle avait écrit. Un sourire tendre s’afficha sur ses lèvres alors qu’elle l’écoutait lui répondre. Elle hocha la tête en même temps. Ça lui avait manqué de faire du sport c’était sûr, mais pas au point où elle referait des compétitions. Nayoung ne souhaitait pas que son histoire ne soit connue du plus grand nombre. Certes, elle en avait parlé sur un blog mais son visage n’était pas connu et surtout elle n’avait pas été trop dans les détails. C’était un coup pour que les médias s’emparent de l’affaire et lui pose des questions auxquelles elle ne désirait pas répondre. Puis c’était sûr qu’elle serait catégorisée comme handicapée parce qu’incapable de parler. Mais elle ne souhaitait pas que ça arrive, alors elle continuait de pratiquer sans vouloir de plus hauts résultats. Ses yeux se rétrécirent légèrement tandis qu’il reprenait la parole. Keeho n’avait pas tort, elle ne le connaissait pas. Mais s’il l’avait aidé, il n’avait pas mauvais fond. Elle lui dirait quand elle récupérerait son téléphone. La suite la fit sourire un peu plus. Elle s’en était doutée. Il se moquait pas mal des règles. Un peu bad boy sur les bords le Keeho. Ça le rendait encore plus attachant. Elle secoua la tête et remonta les genoux sous son menton pour signifier qu’elle ne partirait pas, tandis qu’elle lui répondait sur son téléphone. « Ça m’avait manqué oui mais pas au point de reprendre en haut niveau. Tu peux pas dire que tu le mérites pas. Si tu m’es venu en aide, que ce soit la dernière fois comme aujourd’hui… Tu peux pas avoir mauvais fond. Et je partirai pas… Sauf si tu veux que je te laisse seul. » Si c’était lui qui lui disait explicitement qu’il ne voulait plus d’elle à ses côtés, elle partirait. « Je sais plus… Et j’ai pas envie d’y retourner. Je suis pas intégrée dans ma classe. » Façon détournée de dire qu’elle y était même harcelée. « Et toi ? » Elle serait triste s’il devait y retourner mais comprendrait.