(Selyan) chiale, tu pisseras moins
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(Selyan) chiale, tu pisseras moins | Dim 16 Mai - 22:35 Citer EditerSupprimer
Debout dans le couloir, la jeune japonaise tenait une feuille entre ses doigts. Ou plutôt, elle la chiffonnait avec toute la force qu’elle mettait dans sa poigne. C’était indécent, c’était injuste. Tant de haine, de colère et de mal-être se lisait sur son visage à cause d’une seule feuille si cruelle, à cause de deux chiffres notés dessus. C’était les résultats de son dernier examen. Un simple projet qu’elle avait rendu à temps, pour lequel elle avait passé de très nombreuses nuits blanches et beaucoup trop de temps. Elle avait encore manqué de faire un malaise au travail, alors qu’elle en oubliait de manger, mais ce n’était pas seulement de la faute du projet alors que Yami avait beaucoup de mal à prendre soin d’elle. Néanmoins, les résultats qu’elle avait sous les yeux n’étaient pas ceux auxquels la demoiselle était habituée. Ses notes avaient baissées et c’était inadmissible pour la japonaise qui donnait tout ce qu’elle avait dans ses études. Si ça continuait ainsi, elle ne mériterait pas de rester dans l’université, si ça continuait, elle pensait bien qu’elle ne serait pas au niveau pour ce master. C’étaient là des pensées qui devenaient de plus en plus toxiques, alors que la roue étaient lancée et ne pouvait plus s’arrêter. La panique monta en elle alors qu’elle revoyait tous ses plans d’avenir s’effondrer d’un coup. Elle repensa à ce que lui avait dit un jour son ami Jihae, qu’est-ce qu’elle ferait si jamais elle échouait et Yami avait répondu très fièrement et sûre d’elle, qu’elle n’échouerait jamais. Hors elle n’était plus sûre de rien à présent.
Beaucoup de choses avaient changées, depuis a destruction du dortoir des Cheonglyong il y avait quelques mois, où elle avait dû racheter la majorité de ses affaires alors qu’elle galérait déjà assez pour finir ses mois (elle avait dû travailler encore plus au restaurant) et maintenant le changement de fraternité. Elle n’était pas avec Sojin dans la chambre et elle partageait la sienne avec plus de filles. C’était trop soudain, c’était beaucoup trop de changements et la japonaise n’avait pas eut une seconde pour se poser et penser à tout cela. Elle voulait un moment où elle était tranquille, où elle ne devait pas travailler ni étudier. Elle voulait souffler un coup, manger de bon plats et pourquoi pas boire un coup pour être sûre d’oublier toutes ses angoisses. Sa poigne lâcha alors sa feuille de résultats. Puis alors qu’elle ferma les yeux et se recroquevilla sur elle-même, au sol, contre un mur du couloir, elle éclata en sanglots.
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Re: (Selyan) chiale, tu pisseras moins | Lun 17 Mai - 12:55 Citer EditerSupprimer
La dernière soirée avec Reo tapait encore contre ses tempes. Il avait bu, beaucoup bu, voire trop bu. Il tenait l’alcool, cela le rendait euphorique comme la plupart des gens et il en était même à se targuer de ne subir aucune gueule de bois le lendemain. Cette fois-ci, ça n’avait pas été le cas, en fait, c’était comme si ça avait été la goutte d’eau faisant déborder le vase littéralement. Les litres d’alcool s’étaient déversés hors de son corps au petit matin et il avait eu du mal à garder les yeux ouverts sur ses cours à la bibliothèque. Il était déjà fatigué avant cette soirée, il l’avait été bien plus après cette soirée et n’avait plus rechigné à laisser son corps se reposer. Il rattraperait le retard après, il referait des nuits blanches comme d’habitude au lieu de prendre la peine de dormir le minimum d’heures que son corps avait besoin la nuit. Il avait été stupide, il n’était pas du genre à ne pas faire attention comme il l’avait fait. Il connaissait ses limites alors il se demandait une nouvelle fois pourquoi les verres s’étaient empilés sous ses yeux. Était-ce parce que Reo était là ? Il avait pris soin de lui comme toujours.
Il s’en remettait donc difficilement et longeait les couloirs en direction de la sortie du bâtiment taejo. Il avait l’intention de retourner au dortoir, il y avait oublié un livre pour l’un de ses cours. C’était calme à cette heure de la journée, la plupart se trouvait justement en cours ou à bûcher sur leurs devoirs dans les endroits appropriés. C’était ce qu’il avait l’intention de faire après avoir récupéré son livre puisqu’il aurait du temps devant lui avant son dernier cours de la journée. Toujours remplies celles-ci sauf qu’aujourd’hui un professeur s’était absenté pour une urgence et on leur avait laissé le choix d’en profiter pour travailler leurs projets. Dossiers, exposés, les étudiants en médecine n’avaient pas le temps de se tourner les pouces. Peut-être Reo était-il à la bibliothèque et ce serait l’occasion de se revoir. Ils se voyaient moins ces derniers temps et ce n’était pourtant pas les cours qui les avait arrêtés lors de leur première année. C’était étrange comme le temps était capable d’étioler des relations mais Reo restait l’un de ses plus proches amis. Il ne souhaitait pas le voir s’éloigner, il n’en avait vu que trop le faire.
Il était presque arrivé à la sortie quand il entendit des pleurs. Il s’arrêta et se retourna. La curiosité était un vilain défaut. Cependant, ne souhaitait-il pas soigner le coeur des gens ? Il aurait dû choisir la voie de la psychologie. Il fit demi-tour et suivit le bruit des pleurs pour tomber nez à nez avec une jeune fille qui lui parut désemparée. Il ne la connaissait pas mais il n’aimait pas voir des gens souffrir. Il saisit la boule de papier chiffonnée au sol et la déplia. Lui aussi se sentait mal après une mauvaise note.
« Je n’ai pas beaucoup de cours de mathématiques en médecine mais j’aime cette matière et de ce que je vois, tu as compris l’essentiel, lui dit-il, C’est le contexte qui est complexe. Je sais qu’on ne se connait pas et c’est peut-être osé de ma part mais je suis sûr que tu réussiras la prochaine fois. »
Il la regarda et lui tendit sa feuille d’examen de cette main à laquelle il s’était blessé lors de cette soirée de fête. Ça guérissait doucement, ça laisserait une cicatrice. Quelles cicatrices ornaient le corps de cette demoiselle qui pleurait à chaudes larmes ?
@mukai yami
- hrp:
j'espère que ça te plaira
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Re: (Selyan) chiale, tu pisseras moins | Mer 19 Mai - 21:02 Citer EditerSupprimer
C’était humiliant, c’était frustrant et surtout désolant. Jamais Yami ne s’était sentie aussi faible, aussi inutile. Que diraient ses parents s’ils savaient qu’elle avait aussi facilement échoué. Demanderaient-ils à ce qu’elle rentre aussitôt au Japon pour reprendre le restaurant familial ou décideraient-ils qu’elle s’était elle-même mise dans cette situation. La japonaise était celle qui avait coupé les liens avec sa famille, celle qui était partie sans un mot, ni une explication. Elle avait pris la décision de ne jamais se retourner et remettre les pieds sur son village natal. Tant pis pour ses parents, tant pis pour ses frères et sœur. A l’époque, elle s’était sentie supérieure à eux. Elle qui pensait avoir tout vu à Tokyo alors qu’ils étaient coincé dans leur compagne. Elle qui avait décidé d’en apprendre plus sur le monde pour être dégoûté de celui-ci. Ce n’était pas pour rien qu’elle étudiait l’informatique, la programmation. Elle voulait avoir l’argent et le pouvoir. Elle voulait prouver à ses parents qu’elle valait bien mieux que reprendre le restaurant dans un village de montagne et rivière. Elle en voulait plus, toujours plus. Alors cette simple note, ce stop net la mettait dans un état lamentable. Une accumulation de problèmes qui lui étaient arrivés récemment.
Elle ne releva pas la tête lorsqu’elle entendit des bruits de pas. Pas non plus lorsqu’une voix s’éleva. Elle s’en fichait bien, elle voulait simplement déverser sa peine et qu’on la laisse tranquille. Elle n’avait même pas eu le courage d’attendre d’être à l’abri, dans son dortoir. Pour quelles raisons même. Ce n’était plus comme si elle était encore tranquillement dans sa chambre avec Sojin, chez les Cheonglyong. Elle partageait à présent sa chambre avec beaucoup plus de filles et Yami ne le supportait pas. L’inconnu en question continuait son monologue et il suffit d’un mot de plus pour enfin attirer l’attention de la demoiselle. Elle le regardait, le regard emplis de haine alors que d’épaisses larmes continuaient de dévaler sur ses joues rosées. « T’es qui toi. » Sa voix cassée par les sanglots parvenait encore à résonner dans le couloir. « Qu’est-ce que t’en sais. Tu me connais pas comme tu dis. » Dans son ton, on pouvait sentir la colère qui s’accumulait et ne demandait qu’à exploser. On pouvait aussi remarquer un accent japonais beaucoup plus prononcé comme à chaque fois que Yami se laissait emporter par les émotions et en oubliait son coréen. « Peut-être qu’il n’y a pas de prochaine fois. » Elle s’était levée d’un bond, manquant de perdre l’équilibre à cause de la rapidité de son mouvement. La japonaise arracha la feuille des mains du garçon pour la chiffonner de nouveau et la lui lancer dessus. « T’es qui d’abord. »
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Re: (Selyan) chiale, tu pisseras moins | Mar 25 Mai - 12:05 Citer EditerSupprimer
Empathique, voilà ce qu’il était Selyan. Incapable de passer son chemin face à une personne en détresse. Ce n’était pas nécessairement que de la curiosité mal placée, il était juste incapable de passer son chemin. Il n’agissait pas de cette manière pour tout le monde, il n’était pas le sauveur de toutes les âmes esseulées, néanmoins, il allait naturellement vers les gens qui le poussaient à croire qu’ils en avaient besoin. C’était délirant et il ne fut pas étonné de la réaction de son interlocutrice. Il regarda la boule de papier qui lui fut balancé au visage tombait mollement par terre et songea que sa vie ne valait pas plus que ce papier froissé. Il s’efforçait lui aussi chaque jour à faire de son mieux, il n’avait pas conscience qu’il n’avait pas à faire de réels efforts pour réussir parce qu’il en avait déjà la capacité en claquant des doigts. Il se savait plus intelligent que la moyenne mais il était bien plus. Peut-être savait-il aussi qu’il était surdoué, il se cantonnait à ranger ça au fond d’un tiroir parce que ça l’effrayait. D’être surdoué ne lui apporterait pas plus que ce qu’il désirait véritablement dans la vie.
Abandonné, pauvre enfant. Il était capable à ce jour de partir à la recherche de ses parents biologiques sauf qu’il ne le souhaitait pas plus que ça. Ils l’avaient laissé seul dans la rue, garçon âgé d’un petit quatre, n’étaient pas revenus alors que la pluie s’abattait avec vigueur et se mélangeaient à ses larmes sur ses joues rougies. Quand il avait reçu ses premières mauvaises notes au lycée - enfin les plus basses qu’il eut pu avoir -, il n’avait personne à qui les présenter et à chercher qu’on le pousse de l’avant pour qu’il puisse mieux faire la prochaine fois. Non, à la place, il rentrait dans sa famille d’accueil du moment et présentait son corps l’accès aux plus jeunes pour contrer les coups de l’un de leurs hôtes mal attentionnés. Rares avaient été ceux qui les avait attendus avec des gâteaux et un verre de jus frais faits maison à la sortie de l’école.
« Je m’appelle Selyan, lui répondit-il en japonais, et toi ? »
Il planta son regard dans le sien et enfonça ses mains dans ses poches. Il n’était pas bête, il avait clairement entendu son accent japonais reprendre le dessus quand elle avait parlé et le japonais, il le maitrisait plutôt bien. Il avait vécu quelques mois avec une famille japonaise, peut-être la seule l’ayant considéré comme un membre à part entière des leurs.
« Est-ce que tu veux aller boire quelque chose ?, lui proposa-t-il, Quand je me sens acculé, je sais qu’une bonne boisson chaude me fait toujours du bien. »
Il tâtait le terrain, il ne reviendrait pas sur ses cours tant qu’elle ne serait pas détendue. Il le voyait à ses épaules contractées et évita tout geste qui pourrait lui paraître plus suspicieux qu’il ne lui semblait déjà.
@mukai yami
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Re: (Selyan) chiale, tu pisseras moins | Sam 29 Mai - 12:59 Citer EditerSupprimer
Totalement perdue dans cette peur de l’échec, les efforts de Yami pour faire partir ses larmes et sanglots étaient vains. Elle détestait se montrer aussi faible devant d’autres personnes. Même ses propres parents ne l’avaient jamais vu éclater ainsi en sanglots. Elle, qui avait été l’aînée de la famille, grande sœur de trois frère et une sœur elle ne pouvait se montrer faible. Elle était leur accroche, leur soutien alors elle devait toujours être la plus forte. Surtout lorsqu’elle s’en occupait car les parents étaient pris par le restaurant familial. Mais qu’elle craque ainsi, c’était humiliant. Et encore plus devant ce garçon qu’elle n’avait jamais croisé. Ou alors peut-être une fois sans y faire attention, le campus était immense, il était bien difficile d’y connaître tout le monde. Si le désespoir était clairement présent sur le visage de la demoiselle, la colère s’y rajouta avec l’approche du garçon. Elle avait envie de hurler, lui dire de partir, de la laisser tranquille dans ses pleurs mais avec son état elle passerait sûrement pour une hystérique. Alors elle l’observa, laissant les perles salées glisser contre les joues jusqu’à tomber depuis son menton. Elle mit un certain moment avant de comprendre qu’il lui parlait en japonais ce qui l’humilia encore plus. Avec ses pensées actuelles, elle ne pouvait s’empêcher de dire qu’il lui parlait en japonais car même pour le coréen elle était une perdante. Elle avait appris la langue depuis qu’elle dans le pays et même si elle avait beaucoup galéré au début, elle avait finit par se débrouiller jusqu’à parler couramment la langue. Bien qu’avec quelques fautes encore. « Yami. » Elle n’avait pas besoin de s’attarder pour faire une phrase, surtout que dévoiler son prénom n’avait pas été prévu dans ses plans.
Ses mains étaient toujours occupée à faire partir les traces de sa faiblesse alors qu’elle continuait d’observer le garçon du coin de l’œil. L’idée d’une boisson chaude était la bienvenue seulement Yami était souvent sans sous entre ses études, le logement et la nourriture à payer. Et une boisson dans un café faisait partie des dépenses à éviter. « Tu paies ? » D’habitude elle aurait automatiquement refusé de se faire offrir à boire, et se serait même battue pour ne pas que ça arrive. Mais aujourd’hui c’était différent. Elle était fatiguée, elle voulait une pause dans ces règles strictes qu’elle s’était imposée. Elle continua de se frotter le visage. Si ils étaient partis pour aller dans un café, il était hors de question que les autres la voient dans cet état. Son maquillage cependant avait forcément coulé et alors que la japonaise tentait de sortir son téléphone pour l’utiliser comme un miroir, il lui glissa des doigts et finit par terre. « Mais jusqu’au bout, fait chier. » Avait-elle râlé en japonais. Et ce e fut pas la fissure qui traversait son écran qui l’aida à aller mieux. « Ça serait plus du soju qu’il me faudrait plutôt qu’un café. » Elle voulait déjà oublier cette journée qui n’était pas beaucoup avancée non plus. Mais elle se prenait tous les échecs à la figure et c’était beaucoup trop pour elle.
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Re: (Selyan) chiale, tu pisseras moins | Mer 2 Juin - 20:22 Citer EditerSupprimer
Peur de l’échec, peur de décevoir, lui aussi ça le hantait mais pas sur ce sujet. C’était plus sur tout le reste qu’il s’inquiétait et qu’il s’efforçait au mieux chaque jour de répondre aux attentes de son entourage. Il ne souhaitait désoler personne, ou du moins plus personne, parce qu’il l’avait trop fait et il avait vu ces personnes s’éloigner, voire disparaître. Ça lui avait transpercé le coeur et il avait appelé à l’aide plusieurs fois sans même en communiquer la formule. Il les avait suppliés de revenir et qu’il réparerait ses fautes par tous les moyens possibles et inimaginables dans l’unique but de les voir prendre place une nouvelle fois à ses côtés. Pour certains, ça avait marché, pour d’autres non, pour les existences envolées, il n’y avait que dans les rêves qu’on parvenait à les ramener. Il marchait sur une corde et le vide ne se présentait pas à sa vue alors qu’il baissait les yeux pour voir ce qu’il en était. Vie fragile, besoin inconditionnelle d’attirer l’attention. C’était loin de n’être que de la curiosité mal placée, c’était ce besoin irrésistible qui lui emplissait les poumons et plus que tout, il savait que Reo en subissait les dégâts à chacune de leurs rencontres. Pardonne-moi mon incompétence de la vie.
Alors il la voyait souffrir et, au fond, peut-être s’abreuvait-il de cette vision qu’elle lui montrait sans réellement le vouloir. Peut-être était-il soulagé d’apprendre qu’il y avait pire douleur que la sienne et qu’il était alors capable d’affronter le réveil au petit matin. Il était pathétique, il ne valait pas mieux qu’un autre et pourtant, il continuait à agir exactement de la même façon jour après jour. Un prénom fut donnée et une condition fut presque ordonnée. C’était lui qui lui avait proposé de sortir prendre l’air alors ça paraissait évident qu’il paie. Ça ne lui posait pas de problèmes, même si lui non-plus ne roulait pas sur l’or, et il s’apprêta à lui répondre quand son téléphone portable lui glissa des mains. Effectivement, l’alcool aiderait mieux qu’un boisson chaude commune. Il s’approcha légèrement d’elle pour voir la fissure et lui sourit légèrement.
« Ça se répare, lui dit-il, Et va pour du soju. Au fond, je crois que j’en ai bien besoin moi aussi. »
Il réajusta la bandoulière de son sac sur son épaule et commença à se diriger vers la sortie. Il s’arrêta à quelques mètres et regarda en arrière pour voir si elle le suivait. Elle était plus âgée que lui mais il devait bien avouer qu’elle était mignonne. Il n’irait pas non-plus profiter d’une jeune femme désemparée, néanmoins, elle avait de quoi plaire aux hommes. Il espéra pouvoir lui faire oublier ses soucis au moins avec un verre l’espace d’un instant.
@mukai yami
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Re: (Selyan) chiale, tu pisseras moins | Dim 6 Juin - 8:17 Citer EditerSupprimer
Yami était une jeune femme matérialiste et pour qui le capitalisme était la solution à tout. Elle ne s’en était jamais cachée car beaucoup trop fière de ses idéaux et la façon dont elle voyait le monde. Elle savait que ce n’était pas aux goûts de tout le monde, elle s’était pris des remarques, des réflexions et parfois même des insultes. Elle les avait toujours ignorées. Elle était toujours passée outre ces mots qui se voulaient blessants pour continuer à se concentrer sur ses objectifs. La japonaise était une femme forte, indépendante et qui continuait sur le chemin qu’elle s’était elle-même tracé, sans flancher. Elle détesterait donner raison à ses parents où encore à sa sœur. Elle devait toujours pouvoir se débrouiller seule sans jamais accepter l’aide des autres. Seulement Yami la matérialiste venait de briser l’écran de son téléphone, comme un retour imagé de cet échec cuisant qui venait de la bouleverser. Le regard qu’elle jeta sur le garçon qui venait de lui dire que ça se réparait comme si ce n’était qu’un détail insignifiant était la preuve de sa colère bouillante en elle. Ce qu’elle pouvait détester ces gens qui n’avaient aucune connaissance de la réalité. « Ça se répare, mais avec quel argent. » Certes, elle étudiait dans une des trois meilleures universités du pays et payait cher ses trimestres. Seulement, elle travaillait dur au restaurant tous les jours pour bénéficier de ces études. Tout son argent passait dans le prix de sa chambre étudiante et ses études, laissant un tout petit peu de côté pour se nourrir. La majorité du temps, elle ramenait des restes du restaurant, bien que le fait qu’ils soient préparés par Mingwei ne l’arrangeait pas tellement. Mais ce n’était pas rare qu’elle saute des repas, surtout à la fin du mois par manque de moyens. Alors cette fissure était terrible pour elle, la pauvre japonaise Yami. Au moins, il fonctionnait encore et son écran restait relativement visible.
L’alcool était donc la bienvenue. Elle ne comptait pas payer la moindre bouteille – elle n’en avait pas les moyens – et voulait s’embrumer l’esprit à tout prix pour oublier rapidement ses craintes. Quelques heures de perte d’elle-même et elle serait prête à redevenir cette jeune femme forte qui se tuait la santé pour ses études. Elle suivit Selyan, silencieuse. Son téléphone abîmé dans la main, elle ne pouvait s’empêcher de jeter un coup d’œil dessus toutes les trois secondes comme si la fissure allait disparaître soudainement. « T’as un drôle de prénom, non ? » Elle ne se sentait pas légitime de poser une telle question avec le prénom qu’elle possédait aussi. Mais tout était bon pour oublier ses malheurs. « Désolée, je suis juste fatiguée... »
Si elle brisait ses principes pour se faire payer un verre, elle refusait d’aller dans un bar où la bouteille serait plus chère et emmena l’étudiant jusqu’à une épicerie ouverte vingt-quatre heures sur vingt-quatre et les firent s’installer sur une des tables en extérieur. « Je n’ai pas pour habitude d’accepter ça normalement. » Elle détournait le regard, presque trop timide soudainement. Elle n’avait pas l’habitude de sortir avec des amis, tout comme elle n’avait toujours pas l’habitude des comportements appropriés. Elle s’était améliorée depuis le temps et, surtout, depuis qu’elle avait rencontrée Sojin mais avec les garçons c’était encore différent. « J’espère surtout que tu ne fais pas ça… Car tu es intéressé, tu serais vite déçu... » C’était beaucoup trop dur à dire, et le rouge sur ses joues en était la preuve. Seulement, elle ne voulait pas à avoir à gérer une situation gênante.
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Re: (Selyan) chiale, tu pisseras moins | Jeu 17 Juin - 13:23 Citer EditerSupprimer
Parce qu’une fissure reflétait simplement beaucoup de maux. Cassé le gamin, crevé le pauvre enfant. Quand quelque chose se brisait sous nos yeux et que ça nous prenait à la gorge, c’était que ça avait son importance. On était capable de réparer les objets, pas les êtres humains. Il le savait et il s’était malgré tout engagé dans la médecine dans le but de réparer les êtres humains. On lui apprenait en théorie comment guérir, soigner, cautériser, sectionner, arrêter une hémorragie, et il en passait. Un jour, il passerait à la pratique, ce n’était pas faute d’y être déjà passé sur le terrain militaire. Dans la boue, la pluie, et les bombardements et balles perdues. Il avait hâte de passer à la pratique, réel, plus poignante, sans avoir peur de s’y perdre parce que tout le monde savait que, putain, on ne pouvait pas soigner le coeur des êtres humains.
« Je m’en fiche de ton argent, lui répondit-il, Si tu me le passes, je te le rends demain tout neuf. »
Il n’était pas non-plus homme à tout faire, il était capable de réparer deux-trois trucs mais il avait ses connaissances. Mine de rien, être orphelin, ça lui avait ouvert des portes et il avait rencontré beaucoup de personnes de son côté attractif. La fissure à son écran de téléphone portable était minime et, même si les techniciens en magasin prenaient chers pour une craquelure aussi futile, ses ami(e)s et lui ne prenaient que du plaisir à la réparer. Il n’était pas convaincu que Yami lui passe son téléphone portable en toute sécurité mais c’était une proposition comme une autre. Là où il en avait les moyens, il apportait une solution car c’était en lui proposant d’aller boire quelque chose ensemble qu’il avait commencé à dévier vers cette voie. Tu ne peux pas tous les sauver, Selyan, si tu ne te sauves pas d’abord toi-même. Dur constat. Ces mots tournaient en boucle dans ses esprits depuis qu’on les lui avait dits. Il ne se souvenait plus qui mais les faits étaient là. Plus que vrais, impossible à éviter.
Il la suivit hors du campus, la laissa le traîner jusqu’à une épicerie du coin. Un verre coûteux dans un bar, une bouteille singulière dans une boutique, peu importait. Il déboursa l’argent nécessaire et sourit à ses paroles. Plus que tout, qui avait l’habitude d’accepter qu’un inconnu vous paie un verre pour panser le strict nécessaire les plaies ? Il regarda le contenu de son verre ; si seulement il était limpide comme la transparence immaculée de cet alcool.
« C’est tout ce que j’ai, lui dit-il, ce prénom. Moi, c’est ce à quoi je me raccroche. »
Il plongea son regard dans le sien et esquissa un nouveau sourire. Amer, qui se voulait pourtant dépourvu d’émotions.
« Tu sais, tu n’as pas à t’en faire. Je ne me jette pas sur les filles qui vont mal, reprit-il, Ce dont tu as besoin, au fond, je ne le sais pas. Boire, parler, vas-y, fais-toi plaisir si ça peut te soulager, la rassura-t-il, Après, c’est sûr que je ne vais pas te cacher que je te trouve mignonne mais c’est plus toi qui serais déçue si tu es intéressée par moi. »
Parce qu’il n’en valait pas la peine. C’était bien beau de s’accrocher aux gens, c’était courageux de les laisser partir le moment venu.
@mukai yami
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