Pendant qu'elle essaie de se convaincre que ses exercices sont les bons, que ses choix sont les meilleurs et que son labeur n'a pas son pareil, elle laisse tout le loisir à la petite plante qu'elle vient de changer par mégarde de grignoter bout par bout le tee-shirt de Yua. « SO - MI » la rappelle-t-elle à l'ordre pour lui remettre en tête la chronologie de ses priorités les plus urgentes ; et la principale intéressée n'a pas l'air heureuse de s'exécuter lorsqu'elle débat seule de ses heures de sommeil et de son teint radieux qui ne doit pas souffrir du moindre écart. Griller la plante non plus n'est pas une option, non pas parce que Yua irait le répéter à sa camarade de chambrée, mais plutôt parce que Meiling avait un sixième sens avec les végétaux et qu'elle sentirait inévitablement que quelque chose d'atroce s'était produit sous son propre toit. Yua voulait à tout prix éviter ça. Et de là à être aussi désobligeante quant à une optionnelle carrière d'opéra... Yua soupire longuement, faisant virevolter ses quelques mèches de cheveux qui lui tombent sur le visage pendant qu'elle se débat avec la plante pour récupérer ses vêtements le plus indemne possible et sans y perdre un doigt dans le processus. Bon sang, Somi s'exécute enfin ! Au milieu du chaos total, elle se décide enfin à prononcer une formule que Yua devine un peu hasardeuse mais les secondes passent et l'orbe de lumière autour de la plante se pâli... et voilà la plante carnivore revenue à son état de petit pot en terre parfaitement innocent. « Merci. » Un soupir de soulagement quitte ses lèvres puis elle est stupéfaite par l'état de son tee-shirt, manifestement déchiqueté en lambeaux et laissant apparaître une grande partie de son ventre. « Mon tee-shirt, non ! je l'aimais bien ce pyjama... fichue plante carnivore ! » Elle fait la grimace avant de revenir scruter le comportement désintéressé de sa meilleure amie. « Et je te crie dans les oreilles si je veux, rien de tout ça ne serait arrivé si tu avais révisé correctement depuis le début ! » Elle n'était pas ravie. Pourtant, elle savait que Somi faisait de son mieux, n'en déplaise ce que pouvaient bien dire les autres. Elle soupire une nouvelle fois, tirant sur son tee-shirt meurtri pour cacher la misère, en vain. Puis, tirant une chaise autour de la table, elle s'y installa en laissant reposer son visage dans le creux de sa main. « Bon... comment tu te sens pour l'examen de cet après-midi...? » Elle retentait malgré tout la question. Somi avait beau garder sa composition entre toutes circonstances, Yua savait aussi déceler quand elle faisait la comédie et s'évertuait à s'auto-convaincre.

Tout cela s'était complètement ridicule, la brune aurait dû enfermer sa meilleure amie dans la chambre, bloquer la porte ou on ne sait quoi pour être sûre de rester tranquille, et seule, pour travailler ses formules. Voilà que tout était parti en cafouillage parce que Yua avait décidé de pointer le bout de son nez et de la déconcentrer. C'était sa faute après tout, Somi était concentrée et ça se passait bien jusqu'à peu, elle avait la parfaite maîtrise de la situation et ça ne serait pas devenue cette plante carnivore sans la complicité de Yua. Pourquoi elles ne pouvait tout simplement faire ce que Somi avait proposé ? Au diable, si leur fée préférée se rendait compte plus tard que miss je-grignote-les-doigts avait grillé, qu'est-ce qu'elle allait leur faire ? Somi lui sortira son petit regard de biche, et le tour serait joué ! « Oui, oui, je suis là. » Elle lève les yeux au ciel, se concentrant une fois de plus, jetant un regard dédaigneux vers la plante, maudissant intérieurement qu'elle ne puisse pas l'utiliser pour son prochain barbecue, marmonnant les paroles de la formule de métamorphose qu'elle devait faire à la base, avant tout ce foutoir. Quel temps perdu. Satisfaite de voir que cette fois-ci le résultat attendu est là, elle grogne quand elle entend la voix stridente de Yua, se tournant vers elle en croisant les bras, observant les dégâts sur son vêtement. Si elle était médisante, elle pourrait lui dire qu'elle l'avait bien mérité, mais elle ne l'était pas. « Quel dommage, oui. » Elle répond, se concentrant sur son pot de terre redevenu inoffensif. « Cela ne serait pas arrivé si tu n'avais pas déboulé dans la chambre comme une hystérique ! » Elle rétorque en retour, mauvaise foi absolue, mais jamais ô grand jamais elle n'approuverait ce que Yua venait de dire, même si c'était la vérité. Maugréant dans son coin pour remettre ses affaires en place, Somi s'arrête à la question de sa meilleure amie, jetant un regard par dessus son épaule vers elle. « Peachy, mais tout va bien, j'ai pas le choix. »

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