Ce n’était pas la première fois qu’il croisait le garçon. Le sino-coréen l’avait déjà repéré plusieurs fois lorsqu’il allait rendre visite à son didi préféré Wangji, au détour d’un couloir, dans leur dortoir. Il était fort possible qu’il avait pu lui lancer de grands sourires, voire même un bonjour un peu trop fort pour être ignoré alors qu’il voulait s’assurer d’attirer une réaction de la part du jeune homme. Il mentirait s’il disait qu’il n’était pas complètement obsédé par ces yeux en amande. Mingwei était comme tombé complètement dingue de ces deux organes et ne rêvait que d’une chose depuis quelques temps, c’était de pouvoir les avoir que pour lui. Il voulait que le jeune garçon le regarde, yeux dans les yeux, et ne le quitte plus. C’était là peut-être un fantasme bien étrange, mais un qui, il savait, pouvait facilement exciter le cuisinier. Seulement, ce n’était vraiment pas la première fois qu’il le croisait et, bien trop curieux pour son bien, Mingwei n’avait pas hésité une seule seconde avant de demander à son cadet le nom de cette personne. Quelques doutes et une petite vérification plus tard, non seulement il avait ce nom mais aussi le numéro de sa chambre au dortoir. Il n’en demandait pas tant mais il s’agissait d’informations sur lesquelles il ne pouvait pas cracher.

Alors sans un mot pour son cadet chinois, Mingwei avait pénétré le dortoir des Silla jusqu’à atterrir devant la porte de la chambre en question. D’ordinaire, il serait du genre à ouvrir celle-ci en grand, sans gène ni loi mais il ne voulait pas brusquer le petit. Si ce dernier était actuellement à l’intérieur de sa chambre. Alors il frappa d’abord à la porte, attendit littéralement deux secondes avant de tourner la poignée. « J’entre ! » Il avait tout de même la politesse d’annoncer son entrée, au cas où quelqu’un était en train de se changer. « Dahwon ? Ahn Dahwon, t’es là ? » La porte complètement ouverte le sino-coréen entrait dans la chambre. Il ne devrait pas se trouver là, ce n’était ni sa chambre, ni son dortoir. Mais, s’il se trompait, il pourrait toujours utiliser l’excuse qu’il cherchait après son jeune ami. Wangji allait forcément lui pardonner d’utiliser son nom à des fin peu innocentes.
Le destin semblait de son côté pourtant alors que le jeune homme en question se trouvait dans la chambre. Toujours sans aucune gène, Mingwei entra dans la chambre pour aller se poser devant son cadet. « Eh, Dahwon, ça va, tu me reconnais ? » Depuis le temps, ils avaient pu discuter une fois, très rapidement, alors que le cuisinier avait simplement demandé une chose très simple dont la mémoire lui faisait défaut. « Je suis la maman de Wangji. » Il ne serait pas étonné s’il était pris pour un gars complètement taré alors qu’il continuait son jeu du père et de la mère avec son cadet, Qintian portant le rôle du père.

Je continue peu à peu à m’installer à l’université. Je ne suis pas quelqu’un qui apprécie forcément les changements. Si j’aime apprendre des choses nouvelles, sur le monde, sur la société. Chaque petit changement dans mon quotidien est un peu comme un grand bouleversement dans ma vie. Parce que je ne sais pas comment fonctionne le monde qui m’entoure et je ne sais pas comment me comporter en son sein. Petit à petit je me construis, mais ça reste compliqué. Je m’appuie sur les quelques connaissances que j’ai, qui m’aident sans contrepartie. Et c’est tout. J’ai toujours tellement peur de trouver des gens comme eux. Comme mes parents. Pourtant je fais toujours trop facilement confiance, à plier le dos quand on lève un peu trop la voix sur moi. Les psys qui me suivent depuis que je suis arrivé disent que j’ai été conditionné. Que mon cerveau ne réfléchit pas quand on me donne trop direct. Qu’il me pousse à dire oui. Comme ça. Quelque part je ne veux pas le croire. Je sais qu’il me manque des codes et tout. Mais est ce que je suis vraiment aussi malléable pour tout le monde du moment qu’ils aient un peu d’autorité ou de charisme ? Peut-être que c’est vrai. Peut-être que je devrais travailler là-dessus. Mais c’est difficile. Donc pour l’instant je subis plus qu’autre chose. Mais je m’en sortirai bien un jour non ? Et puis, pas grand chose ne se passe dans ma vie ces derniers temps après mon arrivée et le changement des fraternités. Ah si, il y a ce garçon un peu trop bruyant qui a l’air de passer pas mal de temps au dortoir. Je réponds mollement à ses bonjour quand il passe, avec de grands sourires tout de même pour ne pas paraître impoli. Mais sans plus. On ne se connait pas après tout. Et puis, mon expérience m’a toujours appris que ce n’était pas toujours une bonne chose d’être trop spontané avec les inconnus. Distant mais souriant. C’est un bon compromis non ? J’espère que je ne lui paraît pas trop froid. Après, il ne vient pas parler avec moi donc j’imagine que ça ne le dérange pas plus que ça.

Ça fait des heures maintenant que je suis allongé sur mon lit. Je ne fais rien. Je me repose juste. Les semaines de cours sont épuisantes pour moi. J’ai toujours l’impression d’être largué et je dois bosser encore plus. C’est des coups sur la porte qui finissent par me réveiller. Alors que j’allais répondre. Une voix annonce qu’elle va entrer. Paniqué je me lève en vitesse pour enfiler bien mal un pantalon et un t-shirt et pour finir par m’asseoir sur le lit en attendant l’inconnu. “Euuh… je suis là” je dis doucement, un  peu paniqué par cet inconnu. Enfin, pas si inconnu que ça. Le fameux monsieur trop bruyant me fait face. Qu’est ce qu’il fait là ? Et pourquoi il me cherche ? Et surtout comment il connaît mon nom ? La peur est passée. C’est ma curiosité qui prends le dessus. Un grand sourire se pose sur mon visage alors que j’ancre mon regard dans le sien. “Euh oui ça va et v… toi ? Je te reconnais oui, tu passes souvent ici voir Wang Ji-ssi je crois. Tu es Ming Wei c’est ça ? Je me souviens qu'on a discuté un peu la dernière fois que tu es venu.” dit il timidement. Puis il explose d’un petit rire cristallin face à sa remarque. Il n’avait pas vu la relation entre les deux comme ça, mais il faut dire que ça l’amuse beaucoup. “La maman de Wang Ji-ssi ? Et bien il m’a caché cette information, je ne savais pas qu’il avait besoin de quelqu’un pour le border la nuit.” je dis d’un air taquin avant de poser ma main à côté sur le lit. Main qui rencontre un objet dur qui me fait rougir automatiquement. Comment ça ? Je ne l’ai pas rangé ça ? Doucement je tourne la tête vers ce qui est un des objets que j’utilise pour mon plaisir, pour me découvrir, ça et une longue lanière de cuir. “Oh…. euhh..” je dis en cachant le tout sous la couverture, faisant comme si le garçon n’avait rien vu. Là-dessus, je me relève rapidement et lui fait face. Lissant inutilement mon t-shirt. Je suis rouge et pourtant je n’arrive pas à quitter son regard, comme hypnotisé. Comme si j’allais louper quelque chose si je me détournais. “Je euh tu venais pour quelque chose ? Tu veux à boire, t’asseoir ? Parler ? Je suis à toi. Je veux dire à ta disposition. Bref tu viens pourquoi ?” je demande, complètement perdu, et sûrement très ridicule. “Fais comme chez toi.”