TW : Suicide

Il parait que je n'ai jamais été un enfant ordinaire. J'étais pourtant la fierté de ma mère, ma vraie mère, celle qui m'a porté neuf mois et qui m'a mise au monde. D'elle, je n'ai que peu de souvenir. Elle était très belle, très douce et un peu fragile. Elle était également malheureuse. Je crois que c'était à cause de mon père, de la manière dont il la traitait et de ses infidélités. C'est ce qui a fini par la pousser à se pendre. J'étais là. C'est moi qui ai poussé la chaise parce qu'elle n'avait pas le courage d'en sauter et qu'elle me l'avait demandé. J'avais sept ans, non plutôt huit. C'était un acte d'amour et de charité. C'était l'acte le plus humain dont je pouvais faire preuve pour elle, c'est ce que Dame Jiandi, ma belle-mère m'a expliqué. Elle était également là ce soir-là. Elle était déjà à l'époque la maitresse de mon père.

Dame Jiandi, ou mère comme elle préfère que je l'appelle, est celle qui s'est occupée de mon éducation. Pour elle, il était hors de question qu'un monstre comme moi se mêle aux autres. M'envoyer à l'école, serait comme introduire un loup dans une bergerie. Alors j'ai étudié depuis notre résidence, avec des professeurs particuliers et je n'ai eu le droit d'apparaitre en société qu'en entrant en faculté de médecine. Bien sûr, je n'étais pas toujours obéissant et il m'est arrivé d'échapper à la surveillance de mon adorable marâtre mais vous raconter toutes ces anecdotes sur mon enfance et mon adolescence serait bien trop long. Sachez simplement que la pire des punitions qu'elle m'ait infligé fut de m'envoyer un été chez l'un de ses oncles en Chine.

Mon entrée en faculté de médecine a été une libération. J'en ai profité pour voyager et découvrir le monde. C'est ainsi que j'ai rencontré mes meilleurs amis, c'était à Londres et bien que j'avais les moyens de vivre seul, j'ai préféré m'installer en colocation. J'y ai rencontré Kali, une anglaise d'origine indienne et Miseok, un autre coréen qui sont devenus mes amis les plus proches et avec qui j'ai pu partager un nombre incalculable de mésaventure toutes placées sous le signe du sang et de la mort. Tout à fait entre nous, je crois que Scotland Yard était bien content de se débarrasser de notre trio infernal, toujours mêlé de à tristes et horribles affaire, même si je crois que Kali vit toujours à Londres où elle y a ouvert son cabinet en tant que psychiatre. Miseok ? Je ne sais pas, aux dernières nouvelles il était en Russie. Il est toujours en vadrouille et n'est pas souvent joignable. D'ailleurs à cause de cette particularité, j'ai été un jour accusé de l'avoir tué. Heureusement, ce n'était encore qu'un énième malentendu. Non vraiment, croyez-moi sur parole, je ne suis pas un tueur en série sorti d'un polar. Je suis simplement malchanceux, à moins que je ne porte malheur à mes proches ?

J'ai été marié. J'ai même eu un enfant. Un petit garçon qui me ressemblait beaucoup. Un futur petit monstre comme aimait le dire Dame Jiandi. Malheureusement dans une crise de folie, mon épouse l'a tué avant de se suicider. Elle était sujet à des crises de paranoïa et des phases dépressives mais je n'aurais jamais cru qu'elle aurait été capable d'un acte aussi désespéré. De mon côté, j'étais à un séminaire à l'autre bout du pays, en compagnie de Miseok. Autant dire que l'enquête a très vite écartée mon implication.

Après cet épisode, j'ai vendu notre maison et j'ai préféré vivre dans un petit appartement dans un immeuble dépourvu de luxe, comme pour conjurer le sort et payer ma dette car pour vivre tous ces malheurs, je dois bien être coupable de quelque chose, non ?

Voici ce qu'on peut dire de mon histoire, du moins pour ce qui est de la version officielle. Quant à la version officieuse, venez donc partager une bière avec moi sur le toit de l'immeuble, je suis certain qu'elle vous intéressera...