ootd / De la peur. Oui, c’est bien ce qu’il a ressenti lorsque, pourtant, son cœur s’est mis à battre un peu plus fort quand ses doigts ont déchiré l’enveloppe contenant l’acceptation de sa candidature au sein de la Yonsei University. En faisant ses bagages, il a eu ce sourire que peu de personnes peuvent lui avoir vu. En saisissant son manteau pour partir à l’aventure, il a senti sa main se crisper sous un coup parti, à la dérobée. Et ces prunelles qui se sont jetées dans les siennes, comme des menaces silencieuses. Tu auras beau t’enfuir à l’autre bout du monde, tu me ressembles et tu n’es pas mieux que moi. Mon fils. Alors il a dégluti, il a prié pour que sa sœur demeure en sécurité et il s’est enfui à bord de ce même ferry ; mais dans l’autre sens. Il a cru bon d’ouvrir ses poumons à la liberté d’un instant volé et ses maux ont espéré être pansés par ce changement.
Aujourd’hui, s’il sent la peur diminuée, s’il sent cette liberté un peu plus durement que des années auparavant, il sait que c’est grâce à ce garçon qu’il s’est cependant appliqué à détruire. Petit à petit, morceaux par morceaux. Il a commencé par des coups, pour lui faire du bien ; sauf que cela n’a jamais été le cas. Plus il a l’a frappé, plus il en a souffert. Rédemption faussée en ces minutes par ce baiser échangé, par ses paroles qui lui sont offertes alors qu’il est convaincu de ne pas les mériter. Chansol est le spécialiste pour tout faire foirer. Son cœur est enivré du parfum d’Evan qui résonne en lui, qui caresse son visage au rythme des remous du bateau. La vue est si belle qu’il l’enferme dans ses bras, l’enserre plusieurs secondes contre sa poitrine. « Evan, je… je veux être fort avec toi, pour toi. » Son visage a rejoint le creux du cou de son interlocuteur, doux murmures qui font écho à son oreille.
Puis, lentement, ils se détachent, mais pas complètement. Chansol conserve ses doigts liés à ceux de son petit ami, peu importe les regards qui se tournent dans leur direction. Personne ne peut comprendre ce qui les lient vraiment. Et c’est parfait ainsi, il s’agit de leur secret, rien qu’à eux, bien conservé dans leurs âmes. Les flots les bercent durant encore de longues heures. Ils peuvent profiter de ce temps pour se retrouver vraiment, discuter d’un peu tout et rien et de savoir que le stress monte, mais qu’ils sont à deux. Chansol ne lâchera pas la main d’Evan. Il sait que ce voyage symbolise beaucoup et qu’ils auront tous les deux changés une fois qu’ils prendront le chemin du retour. A l’instant où le ferry annonce qu’il ne va pas tarder à accoster, debout sur le plancher à l’avant, Chansol observe la terre ferme qui se rapproche.
Ses iris se tournent sur le visage de son camarade, soucieux de ce qu’il peut être en train de ressentir en ce moment. A quoi es-tu en train de faire face ? Quels démons affrontes-tu ? « Je suis là. » C’est important qu’il le lui dise, qu’il le lui répète. Ensemble, ils sont plus déterminés. Un délicat sourire se trace sur les lèvres du sportif. « Tu peux compter sur moi. »

ootd - Les souvenirs affluèrent, douloureux. Il resta des minutes qui lui parurent des heures devant cette barrière à tenir la main de Chansol en se demandant si c’était une bonne idée. Les mots de celui-ci lui revinrent en mémoire eux aussi et il sonna à l’interphone. Autant être réaliste, personne n’était prêt à affronter ses vieux démons. On se tenait la tête haute et on faisait au mieux alors c’était ce qu’il allait faire. Il ne souhaitait plus fuir, il désirait aller de l’avant et ce n’était pas que pour lui. C’était pour Chansol, pour ce couple qu’ils commençaient à construire ensemble tous les deux. Il était parti de cette maison le coeur naufragé et les esprits en vrac, il en revenait malgré tout plus allégé. Quand on leur ouvrit le portail, il rit légèrement de l’air ébahi de son petit-ami car il ne lui avait pas réellement parlé de sa richesse. À personne, d’ailleurs, si ce n’était Reo. L’argent n’avait que peu de valeur à ses yeux. Sur le seuil de la porte d’entrée se tenait celle qui était censée être sa femme et ses traits fatigués prouvaient qu’elle n’avait eu de cesse de s’inquiéter pour lui. Après un regard entendu avec Chansol, il s’approcha d’elle et s’inclina devant elle en s’excusant. Il se redressa et entra parce qu’il n’y avait rien de plus à dire et que le plus dur à évacuer était à l’intérieur.
Instant suspendu dans l’air. Il n’avait pas peur de son père, pas plus peur d’elle mais c’était délicat comme situation. Il ne fut pas surpris de ne pas la trouver auprès de son père, n’en sentit pas moins son regard scrutateur sur lui. Le dialogue se noua, d’abord incertain, puis houleux. Il encaissa les mots tranchants, il garda les poings serrés parce que son géniteur n’avait pas tort en disant qu’il était une honte pour leur famille. Dernier fils studieux qu’il avait marié à une jolie demoiselle dans le but d’une alliance avantageuse pour les affaires mais pour également lui redonner le sourire et il avait accepté. Evan avait accepté alors qu’il ne l’y avait pas forcé. Et ce fils avait fui, lâchement, sans aucune explication avant de revenir à la source prétextant vouloir divorcer. Quelle ingratitude ! Il garda la tête haute et prit une grande inspiration. Il n’était plus capable de garder la vérité en lui et il sort de son sac un disque qu’il fit glisser vers son père. Il lui intima de le regarder quand il ne serait plus là et de le laisser tranquille. Puis, il y ajouta le contrat de divorce. Crois-le ou non, cela s’est passé. Maintenant, laisse-moi détruire nos liens et en tisser de nouveaux ailleurs. Et il quitta la pièce. Il fit appel à l’un des domestiques et lui intima de lui rendre ses clefs de voiture qu’il empoigna pour ensuite rapidement rejoindre Chansol. Pas besoin de lire entre les lignes pour comprendre qu’elle lui avait parlé, qu’elle avait dû lui faire part de ses maux. Il lui passa devant et attrapa la main de son petit-ami.

« On s’en va. »

Il l’entraîna jusqu’à sa voiture qu’il ouvrit et les fit sortir d’ici. Il les emmena jusqu’à la plage et une fois garé, il se précipita jusqu’à l’eau. Il retira ses chaussettes et chaussures et plongea ses pieds dans l’eau froide avant de hurler. Il hurla tout son soul et laissa les larmes dévaler sur ses joues. Quand il sentit sa chaleur près de la sienne, il se retourna et enfouit son visage contre son torse. Il explosa en sanglots et s’accrocha avec force à son haut. Ne me lâche pas, garde-moi près de toi parce que je crois que je commence à t’aimer plus que de raison.

@sun chansol

ootd / Alors il est là, Chansol. Il reste là pour accompagner Evan dans cette épreuve, sa propre gorge aussi serrée que celle de son petit ami. Il ignore ce qui peut être en train de se passer dans le coeur du jeune homme, mais il espère que sa simple présence lui permettra de réussir à ouvrir les vannes devant sa famille. Et tandis qu'Evan s'entretient avec son père, sa belle-mère, sur ce mariage qu'il n'a jamais réellement désiré, même pas consommé, Chansol demeure à l'entrée, installé sur les marches, tordant ses doigts les uns avec les autres, se retourne quand il s'agit d'elle, la femme d'Evan sur le papier, qui vient s'asseoir à ses côtés. Avec simplicité, elle vient se livrer, donner ses délicates pensées à Chansol pour lui faire promettre de prendre soin d'Evan car elle n'a jamais eu l'occasion de le faire.

Elle n'est pas rancunière, l'a peut-être même toujours su, dans le fond, que ce mariage était voué à la destruction, aux non-dits et à l'évasion. Parce que dans le regard d'Evan, elle y a lu toute la douleur de ces années, toute la souffrance qu'il a emmagasiné et elle pense aussi qu'elle en a été un peu effrayé ; de ne jamais pouvoir être à la hauteur. Il acquiesce à ses paroles, Chansol, déposant un regard bienveillant sur cette inconnue qui lui parle comme s'ils se connaissaient depuis toujours. Elle a sans doute compris ce lien qui unit les deux garçons entre eux, au-delà de la relation qu'ils entretiennent en ce moment. Il la laisse saisir sa main dans les siennes et il la remercie d'être ainsi. Elle mérite une personne qui prendra soin d'elle pour l'éternité.

Elle finit par le quitter et Chansol s'est redressé, le regard voilé, sursaute presque quand la porte d'entrée s'ouvre à la volée et qu'Evan l'entraîne à sa voiture, qu'il conduit sur plusieurs kilomètres avant de tout lâcher pour se précipiter vers la mer. Il a vite compris les douleurs inscrites sur le visage de son petit ami et lorsqu'il le rejoint, qu'il l'entend hurler face à l'étendue d'eau glacée, il frissonne un peu plus fort. Est-ce que tout est terminé maintenant ? Peuvent-ils avancer dans la même direction ? Les doigts de Chansol viennent attraper ceux d'Evan et il se met à crier à son tour. Parce qu'ils ne sont encore que des enfants qu'on a voulu faire devenir grands bien trop vite. Il le serre contre lui, le presse contre sa poitrine en déposant son menton sur le sommet de son crâne, les berçant tous les deux au rythme des remous qui s'échouent à leurs pieds.

"On va y arriver, maintenant." Murmure qu'il abandonne contre son oreille sans jamais le lâcher. Le temps semble se gâter, mais qu'importe. L'air semble enfin être un peu plus respirable malgré les cicatrices qui barrent leurs coeurs. "Je lui ai promis, Evan, de prendre soin de toi. Et je me le suis promis à moi-même." Je ferais de mon mieux pour ne plus jamais te faire souffrir. Je n'étais qu'un idiot, un égoïste plongé dans mes propres violences. Et il sait, qu'un jour, ce sera à son tour d'affronter son père. Dès lors qu'il sent les sanglots d'Evan se tarir, il le repousse doucement, écarte quelques mèches collées à son front et caresse de la pulpe de son pouce l'arête de son nez tâchetée, sourit du bout des lèvres et l'embrasse avec autant de tendresse.

ootd - Il avait émis un point de non-retour à sa famille. Il reprendrait contact à partir d’aujourd’hui, accepterait leurs excuses en espérant qu’ils acceptent les siennes. Néanmoins, cela se ferait avec le temps, un long processus dont les bases seront bancales et que d’un coup de vent tout pourrait s’écrouler. Ça n’avait pas d’importance puisqu’il se serait donné la peine d’essayer. Ses liens resteront platoniques, différents de ce qu’ils avaient été avant et c’était ça le plus douloureux à réaliser. De prendre enfin conscience que cette famille qu’il avait tant chéri n’était plus celle vers qui il se tournerait quand il irait mal. Qu’ils n’étaient plus que des étrangers vers qui il restera méfiant face à un simple contact. Le coeur serré, il s’accrocha avec désespoir au haut de Chansol et le remercia d’être là. Présent, avec lui, et en le sentant plus près de lui, son âme se réchauffa de savoir qu’au moins n’était pas seul derrière cette épreuve. Qu’il ne le serait pas à l’avenir parce que leurs destins étaient liés. Lien puissamment fort quand il l’entendit hurler à son tour et qui lui fit chavirer le coeur de comprendre que leur histoire n’en était pas qu’une.
Mais pas plus que ces mots. Ses mots qu’il prononça à son oreille tandis qu’il se recula à son envie pour le laisser l’embrasser. Il plongea ensuite ses yeux dans les siens et se mit à sourire. Il faufila ses doigts dans ses cheveux et colla son front au sien. Il ne dit rien, lui promet lui aussi de prendre soin de lui parce qu’il avait raison, ils y arriveront. Ensemble, main dans la main. Ils retournèrent à la voiture et il les conduisit chez un ami qui avait accepté de les héberger. Il lui avait envoyé un message au préalable pour le prévenir qu’il ne serait pas seul et malgré les âmes tourmentées, ils s’apaisèrent durant le dîner, profitèrent de la singularité des lieux qui contrastaient malgré tout avec la capitale. Des petites joies de la vie quand il leur présenta le fils qu’il venait d’avoir avec sa compagne et qu’il prit entre ses bras. De la tendresse émanant de son petit-ami quand il le lui mit entre les bras et de cet amour qui grandissait dans son être envers lui. Ne nous échappons plus l’un à l’autre.
Il partit à la douche en premier et, quand il revint dans la chambre, un livre posé sur lui, Chansol dormait à moitié. Il laissa sa serviette posée sur ses cheveux mouillés et s’approcha silencieusement de lui. Il glissa une mèche derrière son oreille, faufila ses doigts dans sa nuque jusqu’à son torse. La journée avait été forte en émotions et autant pour Chansol que pour lui. Il l’avait vu dans son regard, cette inquiétude à chaque coin de rue, cette douleur éveillée qui ne partait pas de ses tremblements qui se faisaient plus pressants à chaque minute écoulée. Ils ne l’avaient pas croisé, ils auraient très bien pu. Les sensations continuaient d’affluer, de croître, et sa main chercha le contact de sa peau sous son haut. Je chercherais à soulever le monde pour tes beaux yeux tristes, je remplirais ton ciel de mille étoiles pour que tu ne sois plus plongé dans l’obscurité.

@sun chansol

ootd / Face aux vagues qui s'échouent en contrebas, si Chansol a crié, ce n'est pas seulement pour accompagner Evan. C'est pour tenter d'extérioriser toutes ces douleurs qui régissent son être et qui l'affaiblissent. Il désire aujourd'hui aller de l'avant, parce qu'il n'est plus seul. Il a quelqu'un à protéger en-dehors de lui-même. Ses larmes n'ont pas coulé, les vannes sont fermées. Emprisonnées à l'intérieur de son corps qui soutient celui de son petit ami. Il l'observe avec bienveillance, il voit tous les efforts qu'il a fait jusqu'ici et le fait qu'il n'a de cesse de lui pardonner. Jour après jour, Chansol commet des erreurs et, jour après jour, Evan le berce avec tendresse en lui disant que ça ne fait rien. L'aîné est reconnaissant à son cadet, le myocarde a déjà explosé lorsqu'ils se sont embrassés pour la première fois. C'était peut-être ça, le plus beau dans cette histoire.

Quelques minutes plus tard, ils reprennent la voiture et Evan les conduit chez un couple d'amis qu'il connait. Chansol demeure silencieux, mais agréable. Il profite de ces moments de simplicité un peu hors du temps quand il ne se sent pourtant pas vraiment en sécurité dans les rues de cette ville. Il est conscient qu'aujourd'hui ils sont là pour Evan, mais le moment viendra où il devra faire face à ce père violent qui l'a toujours rabaissé. Attendri par le bébé, Chansol sourit un peu plus fort, partage cette complicité avec l'homme qui partage désormais sa vie. Je te promets le ciel et la terre. La mer et l'ivresse de mes maux que je panserais. Ses prunelles rencontrent celles d'Evan avant que la soirée se passe avec délicatesse.

Sorti le premier de la douche, Chansol n'est pas long à venir s'allonger sur le lit, épuisé. Il ne se rend qu'à peine compte qu'il s'est assoupi lorsque des caresses lui font rouvrir les yeux. Le visage d'Evan le surplombe et un sourire étire ses lippes rosées. "Tu n'es jamais fatigué, Evan ?" Mais il rit, doucement, pour ne pas réveiller toute la maisonnée. A leur tour, les phalanges de Chansol s'égarent sur les cheveux encore humides de son petit ami et, d'un coup, il le renverse en échangeant leurs positions. Il vient réclamer ses baisers tandis que ses mains agrippent les tissus, que le coeur bat à fond sous la poitrine. La chaleur l'enivre peu à peu, de ces gémissements, de ces effleurements sous-entendus, puis plus appuyés. Les souffles s'emmêlent dans ces draps colorés, parés de toutes ces nouvelles couleurs qui semblent fleurir dans leurs coeurs. Je ne veux plus avoir peur.

En ces quelques instants, Chansol se dit qu'ils devraient être pourtant davantage terrorisés. D'être ici, dans cette ville où tout a commencé. Où rien n'a jamais fini. Cependant, il a désormais plutôt envie d'y apercevoir un signe. Une progression dans leur histoire quand leurs corps ne font plus qu'un. Son désir est à la fois doux et puissant car Evan est l'unique personne à tout savoir de lui. Et même s'il ne peut pas tout comprendre, Chansol a placé une confiance aveugle en lui. Ses iris reviennent louvoyer dans les siennes, ses lippes s'accrochent à leurs jumelles. Et dans le coeur résonne la mélodie d'une douceur infinie. Merci de me rendre meilleur.

ootd - Longtemps il s’était demandé pourquoi est-ce qu’on lui avait enlevé cette corde autour du cou. Il l’avait eu des mois, des années quand ils étaient venus s’installer en Corée, il l’avait sentie se resserrer un peu plus à chaque jour passé. Elle n’était alors qu’invisible, ce n’était qu’une image informe se propageant dans ses esprits jusqu’à ce qu’il décide que cette forme immatérielle ne le soit plus. Malgré tout, on la lui avait retirée et l’emprise de la précédente s’était d’abord fait plus pressante avant de subitement relâcher un peu du leste. Il n’avait pas compris et il s’était posé cette question de nombreuses fois sans obtenir de réponses, à savoir qu’est-ce qui le rattachait à cette vie dans laquelle on ne lui avait offert que peu de possibilités. Jusqu’à lui, jusqu’à toi, Chansol. Tu as été l’élément déclencheur jusqu’à devenir l’amortisseur de l’alarme. Il sourit et se plongea dans ses bras comme lors de la toute première fois.
Nous sommes tous faibles. Il y aura des personnes qui se proclameront fortes, probablement l’étaient-elles. La vérité restera que personne n’était invincible. Il ne s’agissait pas de force que de faire preuve de courage, c’était plus que cela et, au fond, cela relevait plus de volonté. Evan n’avait pas eu la volonté de se dresser face à sa famille, face aux brimades, il avait préféré chuter parce que cela avait été plus simple. Il n’en avait obtenu pas des regrets mais des remords parce qu’il avait blâmé des personnes qui n’étaient pas fautives de ses erreurs. Chansol avait été son miroir, il avait entrepris les mêmes actions et, même si leurs situations différaient, elles étaient similaires. Alors excuse-moi de t’avoir injustement déclaré coupable de ma fragilité. Il soupira d’aise quand les doigts de Chansol s’égarèrent sur sa peau et eut du mal à se contenir quand le plaisir les poussa au bord de leur vulnérabilité.
Il se faufila derrière lui après qu’ils eurent fini et décida de procurer un message à son petit-ami. Il observa sa cicatrice en se faisant précis dans ses gestes et la tentation fut ultime de ses doigts qui l’effleurèrent avec délicatesse. Il le sentit se raidir légèrement et s’arrêta.

« … Comment est-ce que c’est arrivé, Chansol ? », osa-t-il.

Il se souvint leur dispute à cet hôtel. Il lui avait exprimé l’envie qu’il ne lui parle et Chansol ne s’était pas fait languir pour lui rétorquer qu’il devrait communiquer lui aussi.

« … J’ai essayé, dit-il après avoir dégluti, J’ai voulu disparaître et ça n’a pas marché. Mon grand-frère m’a trouvé et il m’a sauvé la vie avant qu’il ne soit trop tard. Aujourd’hui…, souffla-t-il, je ne sais plus quoi en penser. »

Parce que tu es réapparu dans ma vie. Il sourit tristement et retira ses mains de sa peau en les sentant trembler. Il en avait été capable, il avait pu mettre des mots réels sur cet événement qui avait marqué pour lui un point de non-retour.

@sun chansol

ootd / tw : violence infantile. >> Assis là, tout contre le torse d’Evan qui abandonne ses doigts dans son dos, détendent ses épaules, effleurent cette vilaine cicatrice. Bien malgré lui, Chansol a le réflexe de se raidir, sentir ses muscles se contracter. Car les souvenirs sont virulents, ne s’oublieront jamais vraiment. Brûlure qui demeure à vif depuis toutes ces années. Chansol déglutit, resserre les draps de ses phalanges autour de lui. Le silence s’abat comme une arme tranchante dans l’atmosphère. Comment l’exprimer ? Comment expliquer ce qui n’a pas de sens ? Cet instant devait bien sûr arriver et si Evan parvient en cet instant à lui communiquer ses peurs, il a le désir de faire de même. Il veut avancer à ses côtés. Son cœur se serre à la révélation de son petit ami et il n’est pas long à se retourner face à lui. Il l’attire contre sa poitrine nue et enlace son dos, embrasse le haut de son crâne. « Je suis désolé de t’avoir fait tant de mal. » Du plus profond de son cœur et de son âme. Car même s’ils sont ensemble, s’ils font de leur mieux, les vieux démons sont tapis avec la hâte amère de vouloir ressortir. « Evan, je… je suis heureux que tu puisses être là avec moi. » Il se mord la lèvre sans cesser de le bercer. Puis, doucement, il prend une grande inspiration pour raconter cette histoire.

« Cette cicatrice, c’est à cause de mon père. En fait, j’ai toujours voulu poursuivre mes études en sport, mais je ne lui en ai jamais parlé parce que ç’a toujours été compliqué entre nous. La vérité est que j’ai envoyé mon dossier, mes notes, et la réponse est arrivée par la boîte aux lettres. Mon père est tombé dessus avant moi et je… » Ses mains cherchent les doigts d’Evan, pour se donner de la force. Encore un peu. « Quand je suis rentré de cours, il m’attendait à la cuisine. J’ai tout de suite compris qu’il avait vu cette lettre et il m’a frappé. Je ne sais pas combien de temps ça a duré et puis il a pris la bouilloire sur le feu et il a… il me l’a… » Les mots s’accrochent dans sa gorge mais il n’a pas besoin d’aller plus loin dans son récit. Le résultat est là, imprimé dans son dos, sur son omoplate droite. Chansol enfouit son visage dans le creux du cou de son amant. Il ne pleure pas tandis que le film de ce moment repasse en boucle dans son esprit. Il n’a pu se rendre à l’hôpital que deux jours après, prétextant une mauvaise chute à moto qui expliquerait une telle brûlure. Et personne n’a posé de questions, parce qu’il n’y avait pas de questions à poser.

Lentement, il déglutit, finit par se redresser pour croiser les pupilles d’Evan. Il n’a pas honte de lui avoir révélé cela, il a la douce impression de, peut-être, se sentir un peu plus léger. Que quelqu’un d’autre partage ce secret. « Tu sais, il n’a jamais touché à ma sœur et c’est tout ce qui m’importe. » Il secoue la tête, passe une main dans ses cheveux avant de la glisser sur la joue du brun. Et dans ses yeux, il le remercie, avec douceur. Parce qu’il sait bien, Chansol, qu’il n’est pas comme son père.

ootd - Il s’était réveillé dans cette chambre d’hôpital, avait entendu ses pleurs à ses côtés. Elle, sa femme. Il s’était redressé brusquement et un choc lui avait électrisé tout le corps. Sensation d’étouffement et ses doigts avaient agrippé les draps. Il l’avait entendu hurler et un infirmier avait accouru. Il avait pris soin de lui et avait attendu qu’il ne retrouve une respiration normale. Comment faire quand c’était justement ce qu’on avait voulu que cela cesse ? Il avait vécu apnée ces quelques jours de mariage, il avait compris qu’il n’y trouverait pas la solution qu’il recherchait et comme elle ne semblait pas n’être dans la mort non-plus, il était parti. Après cette tentative ratée, il se surprenait toujours du courage dont il avait preuve à rassembler ses affaires et son argent, prendre les dispositions nécessaires et s’envoler loin de l’île de Jeju. Ça n’avait pas été aisé mais il y était arrivé. Cela ne servait plus à rien de ressasser le passé, ils ne feraient que s’y embourber mais en parler, ne serait-ce qu’un peu alléger le coeur.
Il crut un moment que Chansol ne lui répondrait pas et que la lourdeur de cette cicatrice prendrait de l’ampleur. Il se blottit contre lui, écouta les battements de son coeur en fermant les yeux. Lui aussi était heureux d’être là avec lui, il ne remercierait jamais assez Reo d’avoir pris la décision de l’aider à l’amener auprès de lui. Il n’avait pas voulu qu’il ne vienne avec lui justement pour qu’il ne défie pas ses vieux démons lui non-plus mais, c’était au contraire ce qui devait avoir lieu. L’un comme l’autre en avait besoin, sinon ils stagneraient au même endroit sans avancer alors que c’était ce dont ils souhaitaient. Mieux repartir ensemble et découvrir que la vie était belle malgré tout.

« Et au prix de ta propre vie ?, dit-il avant de secouer la tête, C’est fini, tu m’entends ?, ancra-t-il son regard au sien, Plus jamais je ne le laisserais te toucher, d’accord ? On va s’assurer pour que ça n’arrive plus. »

Il lui sourit et attrapa son petit doigt avec le sien. Comme une promesse faite entre eux. Ils s’endormirent tard, se levèrent tôt. Ils avaient passé assez de temps ici et Evan balança ses clefs à Chansol quand ils furent sur le point de partir. Le trajet serait long jusqu’à Séoul mais ils en profiteraient. Ils s’évaderaient et prendraient le temps de respirer, puis ils retourneraient ainsi à leurs vies avec moins d’appréhension. Durant ces quelques jours, ce fut la toute première fois pour Evan qu’il se sentit aussi vivant et il sut à la lueur dans les yeux de son petit-ami qu’il n’était pas le seul à le penser.

@sun chansol