Il naît dans un hôpital de Busan, sa mère est seule et à bout de souffle. Elle ne peut pas garder l'enfant. Sa situation n'est pas stable. Elle est jeune et elle n'a pas les moyens. Elle lui donne le nom de Saeran et le confie au personnel de l'hôpital, espérant un avenir radieux pour cet enfant qu'elle ne connaîtra pas et dont elle se détache avec le cœur lourd.

Quelques six mois plus tard et des démarches à n'en plus finir, les papiers de l'adoption sont signés. Dans les bras de celle qui est désormais sa mère aux yeux de la loi, l'enfant est sage comme une image et les nouveaux parents ne peuvent s'empêcher de verser des larmes de soulagement et de pur bonheur. Ils choisissent de garder pour lui le nom choisi par sa mère biologique à sa naissance ; en signe d'hommage et de nouveau départ dans la vie. Park Saeran renaît. Il a une identité, un nouveau toit et la vie devant lui pour être heureux.

Il grandit à Busan sans jamais manifester le moindre intérêt pour ses origines. Ses parents lui en parlent librement, ils ne lui ont jamais rien caché mais au contraire, Saeran semble renier l'idée que les seules figures de parents qu'il ait jamais connu ne partagent pas de son sang et de son ADN. Plus les années passent et moins l'idée lui plaît, il se rebelle et n'en fait qu'à sa tête au point de mener la vie dure à son entourage ; par soucis d'attention et petite crise existentielle probablement.

Dès le collège, ses parents l'inscrivent au kick-boxing pour l'aider à dépenser le trop-plein d'énergie et de frustrations qu'il n'est pas capable d'extérioriser de lui-même. Saeran se prend de passion pour le sport, il persévère et s'ouvre davantage. Il parvient à mettre un terme au rejet de son histoire et de ses origines et les choses rentrent progressivement dans l'ordre.

Quand vient le lycée, il remporte de nombreuses compétitions qui font la fierté de ses parents. Saeran travaille dur et se destine déjà à l'une des trois grandes universités sud-coréennes. Il veut travailler dans le domaine sportif mais une carrière de professionnel ne l'intéresse pas, il s'intéresse donc à un cursus en STAPS et poursuit ses études à l'université Yonsei.

Il se satisfait d'une chambre en dortoir lors de son emménagement à Séoul. Il découvre pratiquement la ville pour la première fois et se démène pour trouver des petits boulots qui lui permettront de concilier ses études avec une vie décente. A cette époque, on lui offre la possibilité de rencontrer sa mère biologique mais Saeran est pris dans le tourbillon de la vie universitaire, un mélange d'appréhension, de ressentiment et de peur irrationnelle qui lui prend au ventre et il refuse une première fois. Le temps passe.

Il effectue son service militaire dans la Marine Nationale entre sa deuxième et sa troisième année d'université. Son excellente condition physique le lui permet après avoir terminé son cursus en STAPS et obtenu son diplôme, il s'intéresse de plus près à la médecine sportive et choisit de passer le diplôme de kinésithérapie.

Il se fait de plus en plus à l'idée de rencontre celle qui lui a donné la vie. Une part de lui veut comprendre et faire amende du passé. Mais s'il revient à Busan ce jour-là, c'est pour se recueillir sur la tombe de sa mère biologique. Il y dépose y gerbe de fleurs, le regard sombre et la mâchoire serrée. S'il avait su tout ce qu'elle avait traversé plus tôt. Jeune mère célibataire contrainte d'abandonner son enfant pour lui promettre un avenir meilleur. Reniée par sa famille après cet accident qui l'a conduite à donner la vie. Luttant contre ses addictions puis reprenant finalement le contrôle de sa vie pour se présenter digne devant ce fils qu'elle avait abandonné vingt ans plus tôt. Et puis récemment, le dose d'héroïne en trop, sans doute pour fuir ce quotidien morne et sali. Saeran ne s'est jamais autant détesté que ce jour précis où il avait refusé de la rencontrer, connaissance prise de tous les sacrifices qu'elle avait fait pour lui sans même qu'il le sache. « Elle sait. Tu n'as pas à t'en vouloir, Saeran. Elle sait tout. » La voix réconfortante de sa mère adoptive, l'idée qu'elle ait pu être un pilier pour sa mère biologique pendant tout ce temps, la tenant informée de la croissance et de l'évolution du garçon, juste lui adresser quelques photos et lui assurer qu'il était en bonne santé.