girl in boiler suit

« Mais... » Je me déporte sur le côté de la route et descends de la moto une fois à l'arrêt. Je retire mon casque et soupire sur le bas côté. Qu'est-ce qui se passe ? Je pose le casque au pied de la moto et essaie de regarder un peu d'où peut provenir ce problème électronique qui fait bugger tout mon tableau de bord et ne m'affiche plus rien. J'espère que ce n'est pas bien grave, en attendant, c'est bien embêtant pour la conduite. Ca fait longtemps que je n'ai pas eu de problème, je ne peux pas me plaindre, il fallait bien que ça arrive un jour. Le problème ne semble pas être grave en tout cas, c'est toujours ça de pris. J'ai bien pu profiter de ma balade en soi et vu que j'ai du temps devant moi, autant passer directement avoir un avis de mécano. Je coupe le moteur et sors mon téléphone pour regarder où se trouve le garage le plus proche. Avec cette balade à moto, je ne sais plus bien où je me trouve vu que je circule toujours sans gps et avec mon sens de l'orientation inexistant, ça ne sert à rien d'essayer de deviner par moi-même. Okay, Songpa-gu. Et le garage le plus proche .. Parfait pas loin d'ici, autant y passer tout de suite. Je remets mon casque et enfourche à nouveau la moto qui roule toujours très bien malgré ce problème d'affichage. Je suis les indications jusqu'au garage et m'arrête devant, ôtant une nouvelle fois mon casque. Je laisse la moto garée devant le bâtiment et m'approche de l'entrée grande ouverte de l'atelier.  « Bonjour, il y a quelqu'un ? » Je vois du mouvement un peu plus au fond mais ne m'invite pas complètement sans invitation dans les locaux. Je reste ainsi à l'entrée en attendant que quelqu'un se manifeste : peut-être auront-ils le temps de jeter un coup d’œil entre deux manips ? A voir, de toute façon je n'ai rien à perdre.

Codage par Libella

"Et merde!", s'exclama Ninah, en jetant tous les outils qu'elle avait dans la main par terre. Elle essuya la transpiration de son front avec son poignet, quelque peu sali par le cambouis, lui laissant une traînée noir au-dessus des sourcils. On ne pouvait pas dire qu'elle avait passé une bonne super aujourd'hui. Tout d'abord, elle avait rate son réveil, lui faisant se dépêcher plus que jamais pour ne pas être en retard -pour la énième fois- a son travail. Téméraire, elle avait tentée de se maquiller en vitesse, ce qui fut bien évidemment un échec, et ne l'aida qu'à être plus en retard. Elle avait même eu du mal à faire disparaître les poches grisâtres sous ses yeux. À cause de cette erreur de prépubère, elle avait l'air de manquer énormément de sommeil, ou d'avoir trop bu la veille, ou d'avoir fumé. Mais pour une fois, ce n'était le cas pour aucune de ces propositions. Plus tard sur la route, elle avait faillis avoir un accident. Un idiot s'était encastre dans la route principale alors qu'il n'était pas prioritaire. Quel con - ou alors quelle conne à elle de rouler aussi vite, mais bon, elle était en retard.

Une fois arrivée au boulot, elle gara sa moto en travers de sa place initiale, pas le temps de soigner les créneaux aujourd'hui. Elle enfila son uniforme une pièce, a base grisâtre mais recouvert de taches en tout genre. Elle ne se souvenait même pas quand est-ce qu'elle l'avait fait nettoyer pour la dernière fois. Bref. À peine entrée dans l'arrière boutique, son supérieur -en plus de l'engueuler pour son retard- lui cracha presque au visage ses taches du jour. On pouvait dire qu'elle avait pas mal de boulot ce jour-là. Mais comme ce jour-là était un vendredi 13 déguisé, rien ne se passa comme prévu. Entre les nouvelles pièces qu'elle cassa, et certains véhicules qu'elle endommagea par inadvertance, ses actions étaient dirigées par un chat noir.

"C'est quoi encore ça..." soupira Ninah, s'extirpant de sa marre d'huile et d'outil. Elle sortit du fond de l'atelier pour se rapprocher de la voix qu'elle venait d'entendre. D'ailleurs, pourquoi c'était à elle de devoir répondre ? Quand ils recevaient des livraisons, son collègue était charge de s'en occuper. Généralement, Ninah était celle qui avait les mains dans le cambouis. Littéralement. Elle n'aimait pas spécialement avoir à discuter avec les partenaires ou clients. Surtout après un début de journée de la sorte. Mais force des choses, elle leva son derrière, essuya tant bien que mal le gras de ses doigts sur sa grenouillère, et arriva au niveau d'un homme. Il n'avait pas l'air d'un partenaire de leur garage, ni d'apporter quelconque cargaison. Un simple client ? Ah, encore.

"C'est pas ici l'accueil, c'est là-bas." Lanca-t-elle de façon plutôt froide, en pointant du doigt l'autre entrée destinée aux clients. Elle voulait se débarrasser le plus rapidement possible de cet humain présent dans son monde de rouille et de cylindres.

Par son retard matinal, elle n'avait pas eu le temps de prendre son petit dejeune, laissant l'occasion a son ventre de jouer une reelle symphonie.

girl in boiler suit

C'est la première fois que je viens ici. J'ai mes habitudes à force avec quelqu'un d'autre, un peu plus près de la maison mais vu que j'avais du temps, autant en profiter. J'entends des voix dans le fond et une fois mon appel passé, je reste devant l'ouverture, attendant poliment. Mes yeux tombent sur une moto garée elle aussi devant le garage, mise complètement de travers. Je hausse un sourcil en imaginant quelqu'un de très pressé visiblement et m'approche de l'engin pour l'observer en silence, tournant autour comme un vautour, intéressé par la bête.

J'en aurais presque oublié où j'en étais pendant un instant. C'est une voix plutôt sèche qui me sort de mon observation mais féminine. Etonné, je me redresse et la regarde un instant. Elle a l'air de travailler ici vu son accoutrement, c'est indéniable, et pourtant je suis surpris, au point de ne pas répondre tout de suite. Il y a des traces de cambouis sur son visage et plus encore sur ses mains et son habit de travail. Je la regarde de bas en haut et croise finalement son regard : je n'ai pas l'impression que ma présence, ou mon comportement (ou les deux mêmes) ne lui fassent plaisir. « .. Vous travaillez vraiment ici ? » Okay, c'est vraiment tout ce que j'ai trouvé à dire ? A voir si elle accepte de s'occuper de ma moto après un commentaire pareil. Et en même temps, on peut encore certainement compter sur les doigts d'une main les femmes qui travaillent en tant que mécano. Je suis loin d'être misogyne mais même moi je me rends compte que je n'ai certainement pas donné la bonne impression : Ca, couplé à mon visage impassible, ça n'aide pas spécialement. « J'ai eu un petit souci sur la moto, de connectique certainement, rien de grave apparemment et je passais dans le coin, je voulais voir si c'était possible de bidouiller un truc sans rdv ? Vous êtes seule ? » Rien ne filtre sur son visage et j'ai l'impression de me voir moi-même. Je sens pourtant qu'elle a l'air agacée par quelque chose. On va bien voir si ça passe, je n'avais de toute façon aucune certitude en venant ici. « Je suis garé juste devant, si jamais. »

Codage par Libella

Ninah leva les yeux au ciel devant son client. Elle sentait déjà à quel point il allait lui casser les pieds. Jeune motard, et sexe masculin qui plus est. Après avoir travaillé plusieurs étés - et maintenant plusieurs années- dans cet environnement particulièrement misogyne, elle ne pouvait qu'appréhender, et/ou voir du mauvais œil l'arrivée de cet individu male. La jeune femme a toujours été une très grande féministe, toujours en quête de plus de liberté, enragée contre le système patraque dans lequel elle vivait.
Mais ici, dans ce garage même, c'était son système, son monde, et elle avait -plus ou moins- le droit d'interagir comme bon lui semblait avec ses clients. Et ce jour là, elle avait choisi la violence.
Après les premiers mots de l'homme à son égard, sa première -même deuxième et troisième- réaction fut une grimace qui déformait son visage doux, et une exclamation nasale et grave d'une seule et même syllabe.

"Hha?"

Elle leva les yeux au ciel, et le laissa décrire le problème de son véhicule. Elle n'écoutait qu'à moitié, comme si elle ne voulait pas lui donner de l'importance. Dans ce milieu, il était très fréquent de tomber sur des clients agressifs, alors Ninah avait su comment adopter une poker face digne de ce nom. Elle savait faire preuve d'une certaine poigne quand il s'agissait de contrôler et calmer ses interlocuteurs désobligeants.

La jeune femme marqua une pause après que le client ait fini de parler. Puis, son chiffon a la main, elle se dirigea vers ladite moto, et commença à regarder l'engin de plus près. Elle connaissait ce model. Un très bon. La moto avait l'air d'un beau deux roues, bien entretenu, mais aussi fréquemment utilisé. Il devait surement se dire qu'elle était cinglée, car il lui arrivait de marmonner des choses imperceptibles pendant qu'elle tournait autour de la moto comme un vautour.

S'apprêtant à toucher la moto, elle leva les yeux vers le jeune homme comme pour lui demander l'autorisation. Elle était elle même extrêmement investie dans sa vie de "motarde", et elle savait mieux que personne que les fans de véhicules peuvent être très attachés à leur bout de ferraille, comme leurs propres enfants, et y poser la main ne serait qu'un manque de respect qui les rendrait fou.

Après avoir reçu un minuscule hochement de tête en guise d'acceptation, elle commença a tâter l'animal, tout d'abord par plaisir plutôt que par obligation professionnelle. Puis elle se releva, faisant face à son client, la moto entre eux deux, et se mit à lui poser tout un tas de questions très rapides, presque sans lui donner le temps de répondre.

"Quand est-ce que vous avez commencé à constater des anomalies?"
"Est-ce que votre véhicule fait des bruits inhabituels au démarrage et pendant la conduite? si oui, quel genre de bruits?"
"Est-ce la première fois depuis que vous avez des soucis?"
"Avez-vous eu un accident récemment?"
"Où laissez-vous garer votre voiture généralement?"
"A quand remonte votre dernier contrôle technique?"
"Avez-vous mis une charge trop lourde sur le véhicule ?"
"..."

On aurait dit un formulaire ambulant. Pendant le questionnaire, elle avait les deux mains sur ses hanches, et tamponnait un peu du pied. Elle jouait de sa froideur avec les gens, et elle adorait ca. Elle aimait provoquer ceux qui se croyaient au dessus d'elle. C'est pour cela que sa dernière question fut la suivante.

"Pensez-vous qu'un homme pourrait la réparer mieux que moi?"