C’est rare que je sois invité dans ces soirées. Je suis une personne transparente d’habitude. Le fou qu’on laisse un peu de côté. A qui on ne parle pas trop, parce que trop différent. Alors autant dire que des fêtes je n’en ai pas fait beaucoup. C’est pour ça que je suis surpris quand ce gars que je connais vaguement vient me voir pour me proposer de participer à cette fête. Quelque chose de tranquille on m’a dit, qu’il fallait juste apporter de quoi boire et manger et que le reste se passerait bien. Au fond de moi je suis content qu’on ai pensé à moi. D’un autre côté je suis tétanisé. Une fête. Comment je vais m’en sortir ? J’ai toujours autant de mal à me comporter avec les gens, à leur parler. Et je sais que dans les fêtes ça sera encore pire, surtout si je dois boire. Mon cerveau est tellement monté à l’envers que je ne sais pas ce que je vais pouvoir dire aux gens sans qu’ils le prennent mal ou de la mauvaise façon. Ça risque d’être compliqué mais je ne veux pas m’exclure plus que je ne le suis déjà.

Pour la tenue je n’ai pas vraiment fait dans l’originalité, j’ai mis un t-shirt noir prêt du corps noir et un jean de la même couleur, avec des bottines qui remontent un peu le long des chevilles. Je respire fort devant mon miroir. Mon coeur bat si fort. Dans un sac sur mon dos il y a les bouteilles que je ramène ainsi que deux trois trucs à grignoter. Rien de bien fou avec mes moyens limités mais c’est déjà mieux que rien on va dire. Puis, prenant mon courage à deux mains, je suis sorti de mon dortoir et je me suis mis à me rendre sur les lieux de la fête.

Ça fait quelques heures maintenant que tout à commencé. Tout se passe globalement bien. Je parle aux gens, je bois un peu, je danse même, chose assez inattendue pour moi. Enfin, j’essaie de bouger mon corps sur la musique et à peu près en rythme. Je suis conscient des regards sur moi. Je ne suis pas stupide au point de ne pas savoir que la moitié des personnes ici ne sont pas au courant des rumeurs sur moi. Il y en a des plus grosses que d’autres. Certaines sont vraies. J’essaie de ne pas faire attention à ce qu’on dit de moi mais c’est difficile de ne pas entendre. De ne pas voir. Je suis comme la bête de foire après tout. Le gars qui a été enfermé chez lui jusqu’au collège. Celui qui ne sait pas dire non. Celui qui obéit à tout et à rien. C’est ma réputation après tout. Puis à un moment c’est trop. Les paroles, les regards, l’alcool qui me monte un peu trop à la tête. Je me traîne dans un coin, sur une banquette. Assis, je replie mes jambes contre mon torse comme pour me protéger. Mon regard est dans le vide, espérant, pendant quelques instants redevenir le fantôme que je suis d’habitude…