tenue — « Je comprends », dis-tu doucement. « Tu restes dans les pensées positives ? En quelque sorte », et elle se libère une fois seule. Il fallait de la force pour supporter et attendre, et ça te rendait un peu plus admirative encore de sa personnalité. « C'est impossible de laisser passer », commentas-tu dans un léger son. Impossible de fermer les yeux et de simplement attendre. T'y arrivais pas non plus – déjà que t'arrivais pas forcément à rester sage de base, tu l'étais encore moins si on venait à s'en prendre à un.e de tes proches. Si d'ordinaire tu démarrais au quart de tour, là tu avais déjà fait trois tours de piste et t'étais prête à tout casser. Qu'on t'attaque était une chose ; qu'on s'en prenne à tes proches en était une totalement différente. Et tu ferais tout pour les protéger, tes proches. « Je te crois », lui offris-tu dans un sourire. « Je te tiendrai informée, si jamais », précisas-tu dans un rire léger, te disant que tu allais peut-être tester plus tôt que tu ne le pensais. T'avais tellement de choses à extérioriser.

Tu reniflas quelque peu, le nez retroussé, une petite moue au visage. « Je le précise avant que tu le fasses », dis-tu. « Puis je sais très bien que c'est sous-entendu à chaque fois », tu agitas les mains vers elle, l'air bougon, avant de rire discrètement. Tu savais bien que Jinhee ne faisait pas vraiment attention à ça. Non ? Elle ne t'aurait pas dit de rester avec elle, sinon. Du moins tu supposais. Votre petit combat commença, la jeune femme touchant ton visage. Ce ne fut pas douloureux, heureusement. T'aurais l'air fine à te pointer aux cours avec des bleus partout sur le visage sinon. T'étais pas sûre qu'on puisse te croire, en plus. Vu ton tempérament, on allait probablement dire que t'étais battue dans une ruelle sombre. « Ah oui ? », tu haussas un peu les sourcils. Les mouvements étaient pourtant bons, et utiles. Mais tu devais être la seule à voir dans ces gestes une façon de se protéger. « La chance », soufflas-tu dans un petit air boudeur. « Ne le prends jamais », lui dis-tu, plus comme un ordre qu'un conseil. « C'est classe la moto. T'as raison d'en profiter. Tu voudras une moto aussi ? », lui demandas-tu, le sourire large. Tu trouvais ça beau, les motos. Ca donnait une sorte de sentiment de liberté. Peut-être qu'un jour tu songeras à en avoir une aussi. Ou peut-être pas. « J'espère que ça fait parti de ton programme de m'emmener en moto quelques fois », trouvas-tu le moyen de dire, l'esquisse taquine. Bien entendu tu lui en voudrais pas si ce n'était jamais le cas. « J'ai peur de te faire mal surtout », maugréas-tu, ronchonne, lui tirant la langue avant de rire légèrement. Taper dans un sac était surtout plus simple pour extérioriser. Il était plus facile pour toi d'imaginer des situations dans un sac qu'en te plongeant dans le regard de Jinhee. Tu n'avais rien contre elle. Tu ne lui en voulais pas comme tu pouvais en vouloir au monde de t'avoir ôté ta vie. « Ha ha ha », commentas-tu. « Tu vas voir ce qu'elle te dit la mamie », marmonnas-tu, les sourcils froncés. Tu observais ses mouvements, détaillant chaque geste, te décalant pour éviter les coups, avant de lui offrir une esquisse joueuse. « Tu parlais de lunettes il me semble... », lui annonças-tu, presque innocemment, les cils battant telle une biche. Tu te mis en position, tournant un peu, réfléchissant à tes prochains mouvements. « Ca change de ne pas frapper dans un sac cela dit », le sac ne ripostait pas. Mais c'était plus simple, justement, pour déverser toute ta colère. Toute cette rancœur qui t'animait. Tu pensais à tes parents, aux Bang. Tu pensais à tes parents enfermés pour t'avoir donné trop d'amour, à ceux respiraient la liberté pour t'avoir soit-disant sauvée. Mais sauvée de quoi ? T'étais bien, là-bas. T'étais heureuse, là-bas. Les pupilles brillant, perdues dans des souvenirs du passé, ta frimousse se froissa dans un air presque enragé, la silhouette de Jinhee se floutant petit à petit. Pourquoi n'avait-on pas pu te laisser là-bas ? Pourquoi t'avait-on arraché à ton bonheur ? Ce n'était pas ton nom, ta vie, oui et alors ? Ca l'était devenu. T'en avais eu aucune conscience et tu l'avais bien vécu. Pourquoi t'avait-on arraché de ta famille pour te noyer dans une autre ? Une autre famille envers laquelle tu ne ressentais pas grand chose. Où tu peinais à t'attacher. Tu ne te sentais pas Bang Yura – mais tu n'étais plus Kim Jinhee non plus. Les Bang avaient pris la pire des décisions en décidant de te ramener ici. Ils avaient vu que tu étais heureuse, et même si tu comprenais leur envie de te retrouver, c'était purement égoïste – et c'était ce que tu prononças dans un souffle en lançant des poings en avant, enchaînant plusieurs coups, la rage dans les tripes – dans le regard. Les mots durs contre les lèvres ; « Rien à faire qu'ils ne soient pas mes parents, j'étais heureuse au moins, avec eux »

réussi : elle touche Jinhee
raté : Jinhee esquive

tenue — Jinhee hocha la tête aux paroles de Yura. « C’est ça. Je me focalise que sur les bonnes choses et même si parfois c’est compliqué, je préfère ça que de me lamenter. » Elle avait des raisons de le faire, mais comme à chaque fois, elle se disait qu’elle n’était pas la plus à plaindre, que d’autres personnes vivaient pire que ce qu’elle traversait. Alors, elle relativisait et se disait que ce n’était pas la peine de se morfondre. Elle, comparé à d’autres, était encore en vie, alors il fallait qu’elle profite de ça. Une nouvelle fois, la jeune femme hocha la tête aux mots de son amie. « Tu as raison. C’est impossible. » Et même avec toute la volonté du monde, Jinhee ne pouvait pas laisser passer si jamais elle voyait une injustice devant ses yeux. C'était comme ça qu’elle était et même si elle avait promis de ne jamais utiliser la violence ailleurs que sur un ring, elle ne pouvait parfois pas faire autrement. L’étudiante sourit à son aînée quand elle lui assura qu’elle lui dirait si ça lui avait fait du bien, de crier quand elle en avait besoin. C’était ce qu’elle, elle faisait et jusqu’à présent, ça l’avait toujours soulagée. Une main se posa alors sur sa poitrine tandis qu’elle regardait Yura outrée. « Je n’ai jamais pensé à ça ! J’y crois pas que tu m’accuses presque. » Bien entendu, il y avait un fond de vérité dans ce que la plus âgée pensait, bien que pour Jinhee, l’âge n’était qu'un chiffre. Sur un ring, ça ne changeait rien du tout.

La suite de la conversation continua de faire sourire Jinhee. Elle n’était pas le genre à utiliser la boxe en dehors et elle le mentionna à Yura parce qu’elle venait de dire qu’en métro ça lui serait utile. Elle avait Yury qui la promenait presque où elle voulait quand elle le voulait et si jamais, elle demandait à ses parents ou se rendait à pieds là où elle avait besoin. « C’est si nul que ça de le prendre ? » demanda-t-elle avant de hocher une nouvelle fois la tête quand Yura reprit la parole. « Oui j’en veux une. Mais pour le moment, je n’ai pas l’argent pour. Je mets de côté mais les études ainsi que le matériel de dessin coûtent assez cher. Donc pour le moment, j’emprunte celle de mon frère quand il me laisse faire. » Yury prenait toujours cent cinquante mille précautions pour éviter qu’elle ne finisse comme leur soeur, mais elle était prudente Jinhee. Jamais elle ne dépassait la limitation de vitesse et elle s’équipait toujours complètement pour faire une balade en moto. « Je t’amènerai où tu veux Yura. » rit-elle en pensant à demander à Yury s’il acceptait qu’elle porte quelqu’un sur sa moto. Qu’elle la conduise seule était une responsabilité qu’il était prêt à prendre, mais avec quelqu’un d’autre derrière, elle n’en était pas sûre. « Faudrait que tu m’atteignes avant de me faire mal. » rajouta Jinhee en tirant elle aussi la langue à son adversaire de l’après-midi avant qu'elles ne se mettent à réellement se battre. Heureusement, ce n’était pas un combat sanglant et elles faisaient quand même attention à ne pas se faire trop mal. Et cette fois, la koryo utilisa la carte de la grand-mère sur elle, se moquant du fait qu’elle avait raté son coup avant que cette dernière n’esquive celui que la plus jeune lui envoya. « C’est ta beauté qui me fait chanceler et mal viser. » Jinhee chercha une excuse avant de se remettre en position, Yura en faisant de même. « Je te l’avais dit. C’est bien mieux. » Et elles continuèrent quelques instants d’échanger des coups. Jinhee voyait les rouages du cerveau de Yura se mettre en marche. Elle semblait ailleurs, comme si son esprit était parti loin mais que son corps restait là. Elle remarqua le changement d’expression de son amie et frissonna en la voyant. La future styliste n’aurait pas dit qu’elle avait peur d’elle, mais elle ne fut pas rassurée alors qu’elle enchaînait les coups, tous plus féroces les uns que les autres. Yura finit par dire une phrase qui interpella Jinhee et la jeune femme reçut un coup qui la fit reculer de quelques pas. Elle grimaça légèrement sous la douleur et regarda la plus vieille incrédule. « Comment ça ce sont pas tes parents ? » D’ordinaire, elle ne s’immisciait pas dans la vie de ses amis. Mais là, c’était différent. Elle voyait bien que quelque chose perturbait Yura et que ça devait sortir. « Tu parles de quoi Yura ? » demanda-t-elle, légèrement inquiète. Elle ne comprenait pas ce qu’elle sous-entendait pas ses mots, mais elle avait bien vu le changement d’expression et de regard qu’elle avait eu. Ça l’intriguait autant que ça lui faisait un peu peur.