L’existence de Minhyuk pourrait se résumer en quelques lignes d’un ennui mortel. Plus exactement, on pourrait dire de lui qu’il est un parasite venu au monde pour se nourrir des autres, tel une branche de gui qui dévore petit à petit la sève de l’arbre sur lequel il s’implante et qui n'abandonne qu'une fois sa proie exsangue, quand elle ne décide pas tout simplement de se débarrasser de lui.

De la même façon, Minhyuk est arrivé dans une famille qui avait déjà quelques problèmes financiers. Ses parents l’aimaient, se sentaient coupables de devoir le laisser comme cela, livré à lui-même, ce qui ne les avait pas empêchés pour autant de lui donner moins d’attention qu’ils ne l’auraient dû. Ils travaillaient toujours plus afin de parvenir à joindre les deux bouts, ce qui poussait Minhyuk dans une sorte de solitude implacable que rien ni personne ne semblait pouvoir remplir. Puis, par moments, ses parents lui faisaient une surprise, un cadeau, et cela calmait les choses pour un temps.

En grandissant, Minhyuk avait commencé à chercher cette attention et, les finances de ses parents ne lui permettant pas d’obtenir ce qu’il souhaitait à chaque instant, il avait découvert d’autres moyens d’arriver à ses fins. D'autres façons d'obtenir ces biens et cet argent dont il avait tellement envie. Ces choses matérielles venaient remplir son quotidien, dans un sens.

Cela avait commencé avec une voisine charmante, de quelques années plus vieille que sa mère, auprès de laquelle il se plaignait souvent. Rien de plus méchant, rassurez-vous. Juste assez pour lui permettre d’obtenir quelques bonbons de plus, quelques crêpes, et toutes les douceurs qu’elle pouvait lui offrir en échange de quelques lamentations.

Quand il avait grandi, cependant, Minhyuk avait très vite compris que son joli minois pouvait lui permettre davantage de choses. D’abord auprès de lycéennes plus vieilles que lui, puis de femmes, souvent les mères de ses camarades, il avait usé de ses airs d’ange pour obtenir ce qu’il voulait. Une relation toujours platonique : il refusait de se salir de trop pour un peu d’argent ; cependant, l’arnaque aux sentiments était une chose qui l’amusait beaucoup. Rien n’est plus agréable à ses yeux que voir une personne tomber pour soi et en plus, il le méritait tellement. Du moins, c'est ce qu'il pensait.

C’est là que le gui avait pris racine et qu'il avait commencé son œuvre. À côté, ses études étaient un long fleuve tranquille : il n’avait jamais été particulièrement doué ou particulièrement mauvais. Juste assez bon, en vérité, pour obtenir une bourse d’entrée à la Yonsei. Là-bas, il avait rejoint les Cheonglyong alors qu’il entreprenait ses études des études en sociologie.

Quoi de plus passionnant, pour une personne qui se délecte à ce point des réactions et du comportement des autres ?

Mais très vite, après quelques attaques assez violentes, il avait été temps de changer de système. C'est en tout cas ce que l'université semblait avoir pensé. Il allait lui falloir une période d'adaptation, cela allait sans dire, mais il avait hâte malgré tout de voir ce que l'avenir lui réservait.