Ces vieux cons. Alors quoi ? Parce qu'elle était plus jeune, un gosse à peine majeur, il fallait qu'elle accepte bien gentiment que ce vieux dégueulasse jette sa cigarette au sol, qu'elle accepte qu'il lui parle comme à un chien simplement parce qu'il a bien cinquante ans de plus qu'elle ? Plutôt mourir. Ce rat pouvait bien gueuler tout ce qu'il voulait, qu'une petite conne comme elle méritait une correction. Lily ne méritait pas plus une correction que lui qui jetait des mégots par terre et qui à présent hurlait des insultes dans tout le métro. Ne demandant pas son reste, elle ramassa le déchet avant de le jeter là où il aurait dû être dès le début avant de reprendre sa marche vers l'extérieur ignorant les braillements du vieux. Quelques pas en dehors de la bouche de métro à peine que l'étudiante se retourna d'un geste agacé en entendant des pas à sa suite. Ses yeux assassins sur la silhouette, elle se calma presque en reconnaissant une femme — presque. La vue de l'uniforme lui suffit à grincer des dents. La vue de l'uniforme lui suffit à se braquer instantanément. Ce n'était pas la journée, vraiment pas. "Tsk. Qu'est-ce que vous me voulez ?" siffla-t-elle en claquant bruyamment sa langue contre son palais avant même que la policière n'explique sa présence. Ses bras se refermèrent un peu plus fortement sur eux même alors qu'elle fronçait les sourcils. "Abrutie de flic." les mots lui glissèrent des lèvres dans un murmure à peine audible avant même qu'elle ne s'en rende compte. Peut-être qu'un jour, Lily se mettrait à écouter les conseils de son frère. Son adorable Théo qui venait la sortir de toutes les galères dans lesquelles elle se mettait avec sa grande gueule — sa trop grande gueule. Mais ce ne serait pas pour tout de suite, à priori. La petite franco-coréenne était trop occupée à défier du regard son aîné pour se souvenir des conseils avisés de son grand frère. Probablement que toute cette franchise, tout cet irrespect, tout cet affront, finiraient par lui retomber dessus comme une masse, le ciel lui tomberait sur les épaules. Lily y laisserait probablement des plumes, se brûlerait les ailes à avoir volé trop près du feu, à vouloir constamment jouer avec les flammes. Et ces deux grandes pupilles brunes brillantes et dangereuses seraient volontairement les premières à vouloir danser sur ses cendres. L'étudiante se dit que cette fois, elle n'avait peut-être pas bien choisi sa cible, ou elle l'avait pour sûr sous-estimé.

Eclat de voix, intérêt piqué. Petite langue fourbe qui ne se retenait pas. Les pas se dirigeant vers ce vieillard qui braillé contre la jeunesse. Discours connu et reconnu, elle l'avait entendu tant de fois. Sois sage, poli, ne parle pas tant qu'on ne t'en donne pas l'autorisation. Ecoute tout ce qu'on te dit. Et surtout, la vieillesse avant tout. Un respect qui devrait être permanent. Petit oiseau qui s'était envolé rapidement, n'écoutant plus personne, la curiosité avait pris le dessus pour voir le vilain petit canard qui osait remettre en cause la parole d'un vieillard. Elle sourit à ce dernier qui pensait avec joie que la gamine allait avoir une correction de sa part. Loin de là. La gamine finit par noter sa présence. Si elle y avait pu voir une certaine forme de calme en la voyant, elle vit rapidement qu'elle s'était hérissée de nouveau. Elle ressemblait à un petit chaton, prêt à sortir les griffes à tout bout de champs. "Je ne te veux rien." Si elle s'était attendue à ce qu'elle ait du répondant, elle n'avait pas vu venir cette petite insulte gratuite.
La tête dodelinant, elle réfléchissait à ce qu'elle pouvait faire à la gosse pour la faire redescendre en quelques secondes. Elle s'avança vers elle, s'arrêtant juste assez tôt pour ne pas lui écraser les pieds. Cela aurait pu être tentant. "Oh ma beauté..." Ses doigts vinrent attraper son visage, s'enfonçant doucement dans ses joues. Pas assez pour lui faire mal mais idéal pour la déranger et l'ébouriffer un peu plus. Peut-être que le chaton essaierait de mordre. "Tu ne sais pas à qui tu as affaire. Un autre flic t'aurait déjà fait valser pour cette insulte. Tu as de la chance que ça soit moi." Une minute de silence avant qu'elle ne sourit, la folie pouvant se lire dans son regard. "Ou non." Queen n'était pas saine d'esprit, bien loin de là. Elle n'avait aucune morale et il était même étrange qu'elle ait encore sa place en tant que flic. SI la gamine avait du répondant, Queen avait l'action. Désinvolte, effrontée, en colère contre le monde entier. Elle se voyait en elle, aussi jeune et effrontée. Peut-être pire. Queen était pire. C'était certain. Mais elle n'en était pas moins des plus intéressantes et ses réactions promettaient un certain divertissement.

L’audace dangereux. Ce serait probablement ce qui la perdrait un jour – Lily le savait. Ses proches lui avaient répété assez de fois : apprendre à se taire, prendre sur elle, être moins franche, contrôler ses réactions parfois explosives, accepter qu’on ne puisse rien y faire. Mais rien de tout cela ne fait partie du vocabulaire de la franco-coréenne et cela n’en ferait probablement jamais partie. Alors quand la policière s’approche dans cette démarche intimidante, pas une excuse, pas de fuite, seulement ses sourcils qui se froncent sur son visage. Tout de même, Lily se retient de recul à la proximité de la femme, d’autant plus quand ses doigts fins de celle-ci attrapent son visage sans crier gare. « Vous pensez réellement me faire peur avec vos menaces ? » répond-t-elle en mentant ouvertement. Lily serait idiote de ne pas avoir peur du regard noir, de cette lueur de folie qui y danse. Bien sûr que cette femme l’effraie plus qu’elle ne l’avouera jamais à quiconque, mais elle se refuse à montrer de la faiblesse face à elle. Ses doigts sur ses joues l’irritent au plus haut point, brûlent son épiderme dans une colère que la plus jeune sent incontrôlable. Ce n’est pas la première fois qu’elle se retrouve en face à face avec les forces de l’ordre – loin de là – mais c’était la première fois qu’un d’entre eux semble s’amuser de ses réactions ainsi. Cela me fait l’enrager d’avantage, et les mots acerbes coulent de nouveau à flot. « Vous êtes tous les mêmes, littéralement. Incapables de réfléchir trois secondes, trop occupés à bien gentiment suivre les directives idiotes de l’état. » siffle-t-elle méchamment malgré la peur qui lui tord doucement le ventre. Jamais un policier n’a levé la main sur elle, jamais un policier n’a posé le petit doigt sur elle. C’est nouveau et terriblement désagréable ; déclenchant une nécessité évidente de se débarrasser au plus vite de ce contact entre elles. La pression sur sa peau l’empêche de s’exprimer correctement et Lily finit par attraper cette main dont les doigts s’enfoncent dans ses joues. Sa paume se referme autour du poignet de la policière sans délicatesse. « Enlevez vos sales pattes de mon visage. Et réfléchissez à qui mérite un avertissement ici. » grogne-t-elle. D’un geste brut, l’étudiante tente de dégager l’emprise de la jeune femme sur son visage.

L'amusement lisible sur ses traits de poupées, la jeune flic voulait titiller ce petit chaton, ce nouveau petit jouet qu'elle avait entre ses mains. Bien trop rebelle pour accepter la peur qui avait en elle. Du moins, Queen était certaine qu'elle avait peur au fond, peur de ce qu'elle pouvait lui faire, peur de la situation. Avec nonchalance, elle replaça une mèche de cheveux derrière son oreille de sa main libre avant de tapoter son front doucement. "Te faire peur? Seulement avec ses menaces la? Non...Sinon tu ne serais pas drôle." Elle claqua sa langue contre son palais alors qu'un petit rire s'échappait de ses lèvres. "Si tu as peur maintenant...comment je pourrais m'amuser avec toi après...? Tu me montrerais déjà tes couleurs? Ce n'est pas intéressant.." Queen la jugeait, fixait son regard pour essayer d'y déceler rien qu'une petite flamme de peur, celle qui la ferait flamber de joie en un rien de temps. Mais la voir dépérir pouvait aussi être intéressant, jubilant.
Son sourire taquin s'étira un peu plus avant qu'elle ne secoue la tête, montrant sa désapprobation face à ses paroles. "Non Darling...tu te trompes sur plusieurs choses." Elle s'avança un peu plus pour venir murmurer à son oreille. "Je n'obéis à personne...encore moins aux supérieurs...ils sont trop cons. Et je réfléchis à quelque chose...à comment jouer avec toi." Elle se recula, la regardant, les prunelles luisantes de cette lueur encore plus folle. Toujours aussi folle. Pauvre enfant qui ne savait absolument pas ou elle avait atterri, contre qui surtout.
Queen la laissa se dégager, restant néanmoins proche d'elle pour l'emmerder un peu plus. "Oh moi? Je peux avoir un avertissement aussi." Et elle s'en moquait terriblement. "Mais toi par contre...tes paroles...puis maintenant violence sur agent de police...ce n'est pas beau." Sur la fin, elle mentait sans vergogne mais elle l'avait touché, elle pouvait le détourner comme elle le souhaitait. Néanmoins, Queen n'avait pas envie de l'amener au poste, elle aimait son caractère, elle ne voulait pas la punir. Juste peut-être...la prévenir de choisir ses adversaires. Sa main vient s'agripper à la gorge, peut-être un peu trop violemment, elle ne savait pas si son corps avait percuté légèrement le mur ou non en arrière. Et en soit, elle s'en moquait un peu. Ses doigts délicats enserrées sa nuque avec une légère pression qui était dérangeante. "Chaton, je vais t'expliquer quelque chose." Un sourire diabolique habillé ses lèvres, la rendant particulièrement folle. Une beauté folle. "J'aime énormément ton caractère...tu ressembles malheureusement à un petit chaton ou un petit chihuahua qui bark...mais qui oublie de mordre." Plus elle parlait, plus sa prise sur sa nuque se durcissait. "Il va falloir que tu apprennes à la fermer ta petite bouche quand il le faut...choisis tes adversaires au lieu de te jeter corps et âme dans un combat sans victoire...Petite princesse, tu sembles perdre l'air...? C'est difficile de respirer?" Elle n'irait pas jusqu'à l'asphyxier totalement, loin de la. Elle retira alors sa main, se reculant trouvant que ça avait été assez. C'était un léger coup de pression mais elle espérait que la gosse ne se dégonfle pas.

La rage bouillonne, celle qui alimente ses paroles acides et son imprudence. Lily lit pourtant dans les yeux bruns de la policière la dangerosité qui se cache derrière ce visage de poupée – la folie même. Combien même la peur lui noue fermement la gorge, Lily refuse de se laisser faire – de montrer les faiblesses qui font d’elle un simple humain. Pourtant, si la policière cherche bien sur son visage, la panique qui monte à chaque touché sur sa peau ne trempera pas. Car l’amusement de la situation n’est pas partagé, pas un seul instant. « Ne m'appelez pas comme ça. » fit-elle d’une voix coléreuse en fronçant les sourcils. La cadette Ryeo ne parvient pas à cerner la brune et ses mots ‘jouer’ encore et encore commencent à lui glacer le sang. Dans quoi s’est-elle fourrée encore ? Son frère va encore lui remonter les bretelles si elle revient avec la moindre égratignures – et ne parlons pas de sa mère. Il y a bien qu’elle pour tomber sur une tarée pareille. La gêne des doigts de la femme contre sa peau montre crescendo et Lily ne résiste pas à l’envie de se défendre. À son tour, elle vient attraper le poignet de la policière avant de dégager violemment la main qui la gardait prisonnière. « Vous. Ce gros porc. » rectifie-t-elle tant la policière prend la remarque pour elle. Lily fait plus référence à ce vieux connard qui a probablement déjà repris sa route alors que c’est elle qu’on a décidé d’emmerder. Mais l’habitude de la flic est certainement pire encore, en effet. Et c’est facile pour elle de retourner la situation contre l’étudiante. Lily le sait et ça l’énerve encore davantage. « Mentez tant que vous voulez… Vous aimez bien ça mentir, vous les flics. » déclare-t-elle une grimace de colère sur son visage. « C’est bien le seul truc pour lequel vous êtes bons. » elle ajoute, tout le dégoût lisible dans sa voix. Que cette histoire se finisse au poste, derrière les barreaux, en cellule pour la nuit, elle s’en fiche bien tant cette méchanceté dans ses mots sont libérateurs. Mais pendant un instant, elle oublie la folie à laquelle elle fait face. Celle-ci lui rappelle bien vite quand cette main démoniaque se serre autant de sa gorge, qui essaie pourtant de lui échapper avant de se retrouver bloquée contre le mur. Elle serre les dents juste aux nouvelles paroles de la jeune femme tout comment les doigts se serrent autour de sa gorge. Lily s’en fiche pas mal de n’être un jouet entre ses mains – un chaton comme elle dit face au grand méchant loup. Face à la sorcière. « Tu peux te les… garder tes conseils. ». Ce sourire narquois, malsain ; l’étudiante l’affronte avec bravoure, peu importe combien son cœur bat à tout va dans sa poitrine. La peur qu’elle tienne tant à dissimuler en gardant la tête haute devant les menaces. « Lâche-moi, vielle folle. » souffle-t-elle la respiration presque bloquée par la prise autour de son cou ; mais elle ne baisse pas les yeux. Jamais.