rituel, réalisé à de nombreuses reprises : un café, un soupir longuet et ces regards incertains disposés aux alentours. il est tard. il se fait tard ; il ne devrait pas être présent. et pourtant, il est là. étranges sensations, curiosité piquée à vif. à l'instar des écrans de service d'innombrables identités seront inscrites, les raisons, les conditions, les services réalisés. contre son grès, il remarque ce nom, ce prénom. il l'a connaît ; (que trop bien, à son humble avis). cliente régulière des services hospitaliers tardifs. cercle vicieux, complications répétées, son cœur est à l'ouvrage ce que son esprit ne l'est guère. alors, il accélère le pas. “ une carte de fidélité avec cela, mademoiselle ? „ une énième habitude, une plaisanterie désobligeante. à deux francs six sous. il l'observe, s'aventure auprès de la figure féminine dressée à son encontre. c'est un rituel, sa venue, les raisons de sa venue, ce sourire empli de fierté, ces paroles acerbes et le mécontentement de l'aîné.

“ surprends-moi, ce soir. les raisons de ta venue ? je t'écoute. „ bras croisés à l'instar de son buste, il s'offre le loisir de tutoyer la patiente. une énième (mauvaise) habitude. à en juger d'un simple coup d'œil : raison dérisoire. “ au cas où, ce n'est pas un hôtel cinq étoiles. tu le sais, n'est-ce pas ? „ un premier passage, un second, un troisième et... d'avantage. c'est une fidèle de l'antre. une présence qui semble lui donner du fil à retordre. une demoiselle qui ne possède guère son langage dans sa poche, munie de son joli minois comme principal atout. multiples collègues se sont pris de jeu à désirer être attirés par l'intéressée, rapidement évincés et rejetés. “ à moins que, je te manquais ? c'est gentil, ça me fait plaisir. „ une once d'ironie, un ricanement cristallin et son faciès qui se détend. il brise la glace, à sa manière. “ tu es donc de ce genre à te faire remarquer pour obtenir les grâces d'autrui ? orignal. je mords à l'hameçon. „ une nouvelle boutade, celle de trop.

d'un geste habile, le fauteuil voisin sera intercepté afin de s'installer à l'encontre de celui-ci, s'asseoir. inspirer lourdement, secouer vulgairement sa chevelure brunâtre et reprendre sagement : “ tu devrais faire plus attention à toi. c'est rarement les autres qui le feront à ta place. „

elle commençait à le connaître cet endroit, bien plus qu'elle ne l'aimerait, mas il fallait bien être honnête, nakyung préférait largement arpenter les couloirs de l'hôpital que du commissariat. comme à son habitude, elle déboulait ici après une course, pour changer, c'était son passage habituel, sa visite mensuelle qui s'était transformée en visite chaque semaine, parce que clairement il lui arrivait toujours quelque chose à un moment ou à un autre dans son milieu. elle avait passé les portes comme si le bâtiment lui appartenait, comme si elle était chez elle ici, une vilaine coupure sur le côté de son visage après avoir dû éviter de rentrer dans le bolide d'un concurrent, mais ça n'avait pas été sans conséquences. c'était pas rare qu'elle vienne avec des blessures plus “ importantes „ mais là c'était une des premières fois où elle était touchée au visage, alors oui, probablement qu'elle était plus soucieuse pour aller voir un médecin. et surtout lui. elle était là, à l'attendre, sachant déjà qu'il allait en avoir marre de la voir, mais ça l'amusait, nakyung, elle allait pas le nier. de voir les émotions sur son visage chaque fois qu'il croisait son regard, qu'il la voyait débarquer pour une nouvelle raison.

elle laisse un sourire amusé naître sur son visage quand jeha arrive, ses mots qui la font rapidement ricaner, le pauvre elle aurait presque pitié de lui. mais ça l'amusait trop. “ j'ai pas le droit de faire des visites de courtoisie maintenant ? „ elle répond avec une fausse innocence, consciente pourtant de la douleur qui lui titillait le côté du crâne, blessure à moitié dissimulée par ses cheveux bruns. “ heureusement, parce que je veux pas être méchante, mais la nourriture laisse vraiment à désirer ici. „ elle grimace, c'était pas nouveau que dans les hôpitaux, ils mangent pas comme dans un cinq étoiles. à sa remarque, elle papillonne les yeux vers lui, bouche en coeur, comme si son petit numéro allait marcher avec lui, alors qu'elle savait très bien que non, jeha était insensible, il n'avait jamais réagi comme les autres. “ vous savez que vous êtes le premier dans mon coeur, je reviens vers vous à chaque fois, est-ce que ça n'en dit pas long ? „ elle ricane, l'amusement pétillant dans ses yeux avant qu'une grimace ne traverse son visage.

elle aurait presque des remords, à l'entendre parler ainsi, nakyung se mord l'intérieur de la joue pour qu'il ne voit pas la réaction que ça cause chez elle. que ce soit lui qui dise ça, nakyung ne savait pas pourquoi ça résonnait en elle autant. peut-être parce qu'après tous ses passages ici, lui seul semblait s'intéresser réellement à elle ? à son bien-être ? “ je suis toujours en un seul morceau, n'est-ce pas le plus important ? „ elle murmure finalement, détournant les yeux.

éternel ; un court instant, silence. observant alors, le faciès féminin dressé à son encontre. hésitant. l'échine légèrement usée, le visage meurtris et un sourire à l'instar de ses lèvres. perpétuelle bataille. incorrigible et inarrêtable, c'est un électron libre qui s'aventure à agir égoïstement. au détriment du commun des mortels et de la simplicité du monde qui l'entoure. “ écoutes, c'est dommage d'abîmer un si joli visage. je vais finir par croire que tu oses jouer avec le commun des mortels. et pas, à bon escient. je ne serais pas toujours présent pour te sauver la mise. „ d'un geste habile, se redresser afin de parvenir à emporter d'innombrables outils qui seront en mesure de panser ces plaies quelconques.  d'un bout de coton, imbibé de désinfectant. ses mains se poseront à l'encontre de ce visage féminin, afin de réaliser la première étape : désinfecter. “ j'ai déjà quelqu'un dans ma vie, malheureusement c'est un amour à sens unique. je suis désolé. „ suite à un léger haussement d'épaules, un ricanement sera amené à se faire entendre. une plaisanterie qui souhaitait détendre l'atmosphère. la seconde étape était de mise, des pansements vulgaires arpenter ce jolis minois tandis qu'il ricanait d'avantage. ridicule image ce dressant à son encontre. “ en un seul morceau, pour combien de temps. j'aimerais éviter de voir ton corps posé sur le billard ; entre la vie et la mort. un conseil, jamais. „

suite à cet énième conseil, il reprenait place à l'instar de ce fauteuil, tirant d'avantage ce large rideau qui les séparait tous deux des autres patients et médecins en tous genres. son col desserré, un soupir longuet fut amené à franchir ses lèvres. “ dis-moi, pourquoi ? je suis curieux de connaître les raisons de ces déboires physiques. „ une once de curiosité fut piquée à vif. quelles sont les raisons ? qui est responsable ? les circonstances ? d'avantage de détails afin d'intercepter le véritable problème lié à un tel comportement (irrationnel). “ les seules oreilles indiscrètes sont les miennes, inutile de t'inquiéter. „ il souhaitait la rassurer. les bruits et les innombrables mots qui fusaient au-delà de ces rideaux signifiait le brouhaha des alentours.

nakyung devrait probablement s'en vouloir, à chaque fois, de lui donner plus de travail qu'il n'en avait déjà, c'était pas un sujet sur lequel ils parlaient beaucoup mais elle le voyait à ses traits fatigués, tirés. lui aussi abîmait son visage dans un sens, air blasé et las qu'il abordait toujours avant que des sourires viennent le traverser quand elle tentait une blague. elle l'aimait bien, jeha, lui était vraiment soucieux de son bien être. elle balaye néanmoins sa remarque, pertinente pourtant, d'un geste de la main, comme si il s'inquiétait pour rien, comme si vraiment elle se croyait invincible. ce n'était pourtant pas le cas. “ vous allez vous faire des cheveux blancs, docteur kim. „ elle répond, moue boudeuse aux lèvres, pour un peu elle croiserait les bras contre sa poitrine, telle une enfant qui se faisait punir pour avoir volé un bonbon. alors que c'était tellement plus compliquée en réalité, elle avait bien conscience des dangers, elle savait qu'un jour ou l'autre peut-être qu'une sortie de route sera la dernière de sa vie, mais c'était le contrat qu'elle avait passé avec celle-ci. c'était son monde, lui enlever la possibilité de concourir, c'était comme lui couper les ailes.

un petit sourire qui étire le coin de ses lèvres, nakyung hausse à sourcil, son intérêt soudainement titillé par le “ rejet „ du jeune homme, ils n'avaient jamais été jusqu'à échanger sur des choses aussi... intimes ? pouvait-on dire ça ainsi ? bref. elle avait l'impression que plus elle venait, plus une amitié étrange s'installait entre eux, et nakyung appréciait ce fait. elle avait parfois un peu d'avoir en face d'elle le grand frère qu'elle avait jamais eu, à s'inquiéter et s'enquérir de sa santé (même si objectivement parlant il ne faisait que son boulot, elle n'était pas particulière à ses yeux). “ elle a de la chance, cette personne, ça doit être le rêve d'être aimée par vous. „ elle ricane doucement, malice pétillant dans ses yeux avant qu'une légère grimace prenne place à la suite, et zut elle avait oublié sa blessure. une des remarques suivantes de jeha a le mérite de lui faire perdre son sourire de gamine, comme si le fait que quelqu'un d'autre ose lui dire, quelqu'un qui n'était pas de son cercle proche, c'était une révélation. elle savait pourtant.

“ je suis trop douée dans ce que je fais, docteur, pour en arriver là. „ elle répond, mais c'est à peine murmuré. et les questions qui arrivent, elle se mord l'intérieur de la joue, elle savait au fond, qu'il avait le secret médical, il ne parlerait pas de ce qu'elle pourrait lui confier, mais allait-il lui faire la morale si il savait ? “ c'est... juste un passe-temps un peu, comment dire, particulier ? „ pas de se faire mal non. “ je conduis c'est tout. „ et c'était bien assez.

s'inquiéter, être soucieux d'autrui, de ses patients. ainsi, est-il. le garçon s'aventure à avoir de l'affectionner à l'égard de ces présences, habitués de ces murs blanchâtres et de ces lits d'hôpitaux. la présence féminine dévoilée à l'instar de son faciès, une habituée. “ les rêves, c'est pour les utopistes. „ à ces mots, il se remémore ses rêveries d'antan. égoïste, utopiste. sombre idiot, qu'il était. à ce jour, l'instant présent est celui sur lequel il se repose. vivre ; au jour, le jour. “ être douée, mettre sa vie en jeu, jouer avec les fines cordes de la vie. c'est dangereux, tu sais. „ bras croisés à l'instar de son buste, il l'observe. envieux. la demoiselle s'offre le loisir d'agir comme bon lui semble-t-il. chose, qu'il n'a jamais été en mesure de réaliser, de faire. alors, il est curieux de découvrir d'avantage de ce personnage qui se dresse à son encontre. “ un passe-temps, hein. „ peu convaincu, il emporte son dossier afin de jeter un coup d'œil aux précédentes remarques.

“ tu sais, ce serait dommage qu'un signalement soit fait. je ne suis pas seul, ici. alors, promets moi d'être d'avantage prudente à l'avenir car, docteur kim ne sera pas toujours présent pour aider mademoiselle go. „ à ces mots, une énième confidence concernant la situation présente. un dossier long comme le bras, des annotations et des commentaires tendancieux, des questionnements, des doutes. “ crois-moi, je ne serais pas toujours ton ange gardien à la blouse blanche. „ son accoutrement délicatement secoué tandis qu'un léger soupir sera amené à se faire entendre.

pour un peu elle se sentirait comme une enfant prise en plein bêtise, une faute pour laquelle elle se faisait gronder, la petite bouille qui essayait de ne pas pleurer pendant que ses parents lui expliquaient en quoi ce qu'elle avait fait c'était mal. elle n'allait pas pleurer, ce n'était pas jeha qui allait lui faire monter les larmes aux yeux bien qu'elle appréciait au fond ce qu'il lui disait, même si c'était une leçon de morale, au moins cela prouvait qu'il y avait un bout de lui qui tenait à elle ? qui s'inquiétait de son état ? c'était chou. elle aussi, elle avait fini par s'attacher au médecin, au moins lui ne la jugeait pas, bien qu'il ne soit pas au courant de tout. haussant un sourcil à ses mots, elle les fait tourner encore et encore dans son esprit, le cynisme de l'homme ayant piquer sa curiosité, que s'était-il passé dans sa vie pour qu'il soit aussi amer ? “ vous avez une vision des choses bien triste. „ elle commente, basculant sa tête sur le côté avant de pincer les lèvres quand il reprend la parole, croisant les bras contre sa poitrine. “ je le sais bien ça, encore heureux sinon cela ferait de moi une imbécile. „ pourtant certains pourraient dire qu'elle l'était déjà, à risquer sa vie ainsi, parce qu'on ne pouvait jamais vraiment prévoir comment les choses allaient se passer. comme ce soir.

“ un signalement pour quoi ? mise en danger de la vie d'autrui ? je ne pense pas que ça marchera puisqu'il s'agit de la mienne. „ elle rétorque dans une grimace, elle appréciait son aide, vraiment, mais il pouvait jouer un autre rôle que celui du moralisateur. “ pourtant ça vous va si bien comme rôle, il ne vous manque que l'auréole au-dessus de la tête. „ c'est léger, un peu taquin, pourtant elle le sait à son ton, il n'était pas amusé de la situation, et de l'état dans lequel elle était chaque fois qu'elle venait le voir.