@Kwon Sun Ho
C'était peut être de ta faute. Non, c'était même sûr. Comme dis à chaque personne qui venait consulter un coach de vie, tout dépendait d'eux. Leurs choix, leur vie. Certes certains évènements ne pouvaient être changés, ou évités, c'était le propre même, l'essence de la vie et de son imprévisibilité. Mais à la fin, il était de notre ressort de savoir comment on réagissait, comment on contournait ou affrontait le problème. Et même si au fond du crâne tu le savais, rien ne changeait. Les mots ne traversaient pas ces lèvres scellées, peut être à tout jamais. Refusant de l'aide le gouffre était toujours plus profond, n'en finissant pas. Comme une ascension en enfer, la culpabilité rongeant tes os. Alors il était bien beau, avec sa gentillesse, mais tu en avais pas besoin. Tu n'en voulais pas. Sachant parfaitement qu'il avait raison, qu'il était une de ces personnes qui pouvait tout changer pour quelqu'un. Mais tu ne voulais pas le faire abandonner, juste pour être tombé sur toi. Tu ne voulais pas mal lui parler non plus.

L'alcool. T'avais jamais été fan, même à l'école, quand tes amies s'amusaient à jouer aux grandes. T'avais jamais aimé être celle qui attirait l'attention, mais tu ne pouvais pas la dénigrer. Finalement, c'était l'ignorance que tu aurais préféré. Comme là. Etre invisible. C'était plus simple. " J'ai pas besoin de ton avis. " On t'avait connu moins bavarde, ne répondant simplement pas. Mais la langue déliée elle semblait capable de beaucoup. Peut être trop. Peut être que tu dirais tout. Non. Jamais. "Wahh quel plan. " C'était du génie. Tu y avais presque cru l'espace d'un petit instant. Très rapide et très léger. Mais le déroulement de la soirée n'était pas si mauvais. Parler écouter, souvent c'était pour les autres, ça ne marchait pas réellement avec toi, n'essayant même pas. Et pourtant, aujourd'hui il s'agissait de toi, toi et tes problèmes. Ta petite personne dans son égoïsme le plus grand. Hak était venu également, il avait écouté, même le silence, il avait fait ce que personne ne voulait faire. Et encore aujourd'hui tu te sentais reconnaissante et désolée. "T'es qui en fait ? Je connais rien de toi. Tu m'as dit ton nom ? " Pas que c'était primordial mais tu parlais pas aux inconnus. L'eau devant toi fini par te désaltérer, le regard se baladant sur les gens. "Dis.. à ton avis combien on déjà été harcelé, et combien ont harcelé ? Hm? " Tous bien apprêté. Tous sous leur plus beau jour, où juste marchant fièrement. Employé, étudiant, peu importait, combien de sourires ici, venaient de la souffrance d'autrui? "Combien dorment profondément le soir quand d'autres pleurent hm? " Ils devraient souffrir, oublier leur sourire pour se repentir, et même là, tu savais qu'ils devaient payer.

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@Seo Yoo Na
Que pouvait-il faire dans ce genre de situation ? Sun Ho n’en avait pas la moindre idée en réalité. Il ne souhaitait juste pas la laisser seule dans son état, sa vis-à-vis n’avait vraiment pas l’air bien et lui n’était pas de ceux qui détournaient le regard devant le mal-être de quelqu’un. On le décrivait souvent comme trop bon, incapable de ne pas se mêler de ce qui ne le regardait pas toutefois quel homme cruel serait-il s’il abandonnait une personne dans un tel état ? Qui savait ce que la jeune fille ferait s’il choisissait de partir ? C’était ironique, oui, qu’elle soit celle qui conseillait les gens sur leur vie quand elle n’était pas en mesure de gérer la sienne. Néanmoins, c’était vrai également qu’il était toujours plus simple de dire aux autres comment faire que de le faire soi-même… Etrange certes mais pourtant bien réel. Alors le garçon restait là, assis en face d’elle, à lui parler, à l’écouter, sans trop en demander non plus. Si son interlocutrice ne souhaitait pas s’exprimer plus, il ne comptait pas la forcer, il restait juste là, prêt à tendre l’oreille dés qu’elle en éprouverait la nécessité. Elle l’avait interrogé sur son plan, il avait répondu sans chercher à cacher ses intentions ou à lui mentir… Puisque malheureusement, il ne pouvait vraiment pas faire grand-chose d’autre qu’être présent pour elle et de lui tenir compagnie.

Un fin sourire ornant ses lèvres, il n’avait pas relevé son commentaire, se contentant de l’observer avec tendresse et compassion. Le silence n’était pas une mauvaise chose non plus si c’était ce que la demoiselle désirait. Hors, au bout du compte, elle fut celle qui l’interrompit, la questionnant sur son identité d’abord et lui-même se sentit bête l’espace d’un instant, il ne s’était pas présenté. « Sun Ho. C’est mon nom. Je travaille à la bibliothèque. » Non, il ne comptait pas étaler toute sa vie cependant la jeune femme désirait en apprendre un peu plus sur lui, alors il lui avait donné un minimum d’informations, le silence regagnant la conversation. Et comme attendu, comme il l’avait espéré, elle s’était indirectement mise à parler. Pas de la pluie et du beau temps, non, mais de tous ses démons qui lui rongeaient probablement l’âme. Des questions qui, aux yeux du garçon, n’étaient pas anodines mais bel et bien le reflet de ses maux qui semblaient la hanter. Quoi lui répondre était compliqué néanmoins, tout comme Sun Ho avait conscience que lâcher des réflexions positives sur comment la vie continuait malgré tout ne fonctionnerait pas avec elle. Pas maintenant. Pas en cet instant. Peut-être même jamais à l’avenir. « Beaucoup. » Parce que le mensonge n’était pas une solution non plus et qu’il avait voulu lui dire la vérité. « Malheureusement, beaucoup. » Ainsi était la vie et c’était dramatique. « On ne sait jamais ce qui se cache derrière le visage des gens. Certains pleurent derrière leurs sourires et certains rient derrière leurs pleurs. » Aussi cruel que cela pouvait paraître, il s’agissait de la triste réalité. « On aimerait pouvoir tout savoir mais c’est compliqué. » Sun Ho ignorait tout des tourments de la jeune femme, qui dans sa vie avait subi du harcèlement, s’il était question d’elle-même, sa famille, un proche, une simple connaissance ou si, au contraire, elle était celle qui avait été le bourreau, et qui regrettait ses actes désormais. Des hypothèses, il en existait des tas et même s’il souhaitait savoir pour pouvoir l’épauler plus facilement, il était resté silencieux sur le sujet. Ce n’était pas le moment et elle venait de commencer à parler, il n’avait pas envie de la brusquer.

@Kwon Sun Ho
Tu avais bien dépassé ce stade désespéré où rien ni personne ne semblait pouvoir te raisonner. Au contraire, tu y arrivais seule, laissant ces sentiments forts de côté. Ils gravitaient, toujours là à écraser un coeur meurtri mais l'humain étant un être qui s'adaptait, la douleur devenait habituelle. Simple. Elle était ce lien qui te gardait ici, avec toute l'ironie qu'elle comportait. Hak avait été le seul témoin de cette faiblesse. De ce moment où l'envie d'en finir était là, mais où la raison restait plus forte. Il avait été celui prévenu, celui qui s'était dirigé vers toi pour te tendre la main. Main que tu n'avais alors plus lâcher. Depuis ce jour tu restais proche de lui, sans pour autant laisser quelqu'un voir cette partie de toi. Cet inconnu compris. Et pourtant tu ne partais pas, t'enfuir ayant été plus d'une fois ta réponse. Tu ne le repoussais pas aussi violemment que tu aurais pu, tu restais simplement là, le rouge aux joues d'avoir déjà un peu bu. Toute ta vie tu semblais la contempler, désespérée à la voir filer sans pouvoir la combler. Toute celle ci tu continuais à ressasser un passé qui ne semblait pas vouloir te laisser. Jusqu'à ce métier. Aider les autres. Une belle vocation mise en l'air par un esprit destructeur. Même la ... tu n'y arrivais pas.

Comme tu n'avais pas réussi à faire partir cet homme qui avait mis ton lot de consolation à la poubelle. Comme une enfant, on t'avait servi un verre d'eau sans ton avis, faisant de ton expression une plus boudeuse que triste. Il avait gardé le silence, te laissant le briser pour définir cette ligne, peut être trouvé cette faille, pour qu'il te laisse. Mais sa présentation fut brève, concise, t'amenant à penser qu'il n'était pas si fou que ça. Le regard porté sur sa personne tu ne cherchais pas plus. Comme si ce résumé définissait parfaitement qui il était, il te suffisait pour le moment.
Comme il t'avait suffit d'un nouveau moment de silence pour lâcher cette bombe. Mettre des mots sur ce qui l'avait rongé. Harcèlement. Méchanceté. Suicide. Tant de mots que tu ne voulais prononcer en pensant à lui. Partir, mal, problèmes. Tu ne faisais que contourner ce pourquoi il n'était plus là aujourd'hui. Aujourd'hui encore tu regardais les gens passer en imaginant leur vie. En imaginant Eun Hyuk, avec son uniforme, tel qu'il l'avait laissé ou bien cet homme plus âgé. Il aurait pu lui ressembler, il aurait pu faire ce qu'il voulait, devenir qui il voulait. Il aurait pu tout te dire, que tu partages son fardeau. Il aurait pu... mais il ne l'a pas fait. Et ton coeur se serrait non pas aux paroles justes d'un homme qui ne savait rien de ta vie, mais à la vérité qui perçait tes tympans. "Les gens sont abjectes. " Plusieurs fois tu avais prié, les yeux fermés, de les voir disparaître. Ne plus jamais entendre leur voix, leur rire. Souhaitant le pire pour tenter de soigner ta plaie. " Garder tout pour soit est idiot. " Tu espérais qu'il entende, bien que jamais dans tes lettres adresser à ton frère tu ne l'avais traité d'idiot. Au final vous étiez pareils. Taisant vos souffrances pour les régler seul. Mais vous aviez tous les deux perdus. Et malgré ton savoir sur ça, tu continuais. C'était bien toi la plus idiote. " Est ce qu'il t'ait arrivé de pleurer Sun Ho? "Les yeux revenant sur lui, tu sondais, l'âme, le vrai, tu cherchais un point d'ancrage. Devenue étrangement forte de ton expérience avec les autres. "Est ce qu'il t'ait arrivé de vouloir partir? De vouloir tout quitter pour toujours? " Si oui, est ce qu'il pouvait sourire? Est ce qu'il pouvait être heureux? "Et si... quelqu'un d'autre ressentait ça... mais tu ne voyais rien.. dis moi Sun Ho. Tu ferais quoi? ". Le vent secoua légèrement tes cheveux emmêlés depuis longtemps, tandis que tu gardais ce regard sur lui, tentant de comprendre. Serait il comme toi? Vivrait il bien? S'il perdait tout, ou presque, comment serait il?

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