le sourire s'étira sur ses lippes, merveilles dorures qui scintillent au fond de ses iris dès lors où la seule vision de suwon apparaît sous ses yeux. il fallait peu de choses à yanjun pour sentir son palpitant succomber face à ses propres sentiments. une nuit qu'il eut offerte à son amoureux, celle-ci passée dans un restaurant du coin, avant de s'éprendre aux abords de la rivière han sous les délicates lumières de la nuit.

c'était comme revivre sa première soirée à ses côtés.

pourtant, rien ne semblait être exactement pareil. tant de choses s'étaient passées depuis leurs nombreuses premières fois. ces mêmes choses qui réussirent à piétiner le peu de bonheur qui les unissaient l'un à l'autre. yanjun admettait volontiers avoir peur. il avait peur de ce que l'avenir leur réservait. peur de suwon, de lui-même aussi. peur que cette vague finisse par emporter avec elle les quelques derniers fragments de stabilité qui les maintenaient en équilibre.

mais yanjun gardait la tête haute. pour lui, pour son petit ami. pour leur relation. l'envie de croire que demain serait un jour meilleur faisait germer en lui un optimisme auquel il n'avait plus longtemps cru. son index vint pianoter sur le panneau électronique de la porte, le sourire épousant encore ses lèvres avant que celui-ci ne s'efface petit à petit lorsque yanjun réalisa une chose. on avait pas fermé derrière nous ? sa main faisant le reste, la porte s'ouvrit sous le poids de cette dernière, dévoilant un salon presque méconnaissable. meubles tirés, coussins ayant volé ça et là, quelques objets jonchaient sur le sol en un millier de petites pièces. certains tableaux étaient au sol, d'autres tenaient encore maladroitement contre le petit crochet planté au mur. un désordre sans nom qui, à sa seule vision, glaça le sang de yanjun. qu'est-ce que... il n'osait pas poser son regard sur suwon. à la place, il posa ses affaires au sol et s'avança dans le salon, ses mains volant dans ses cheveux avant qu'il ne se tourne, enfin, vers son petit ami. faut appeler la police

Tout aurait pu se finir autrement. Autrement que sur cette porte qui s’était ouvert si facilement. Autrement qu’au moment où son regard s’était posé sur l’intérieur de la pièce, alors que son cœur battait à vivre allure à l’idée que quelqu’un ait pu s’introduire chez eux ; cet endroit était pourtant censé être sûr. Son cœur lui battait dans la gorge, quand Suwon avait posé les yeux sur Yanjun. « Je veux pas rester ici. » avait-il dit sans attendre, attrapant fébrilement le bras de son petit ami pour rebrousser chemin, comme si cela suffisait. Il ne voulait pas, non. « Je veux rentrer chez moi.» Et cette soirée qui avait pourtant si bien commencé se changeait en désastre avec la facilité d’une boisson délicieuse dans laquelle on aurait glissé un violent poison.

C’était censé être leur endroit, un havre de paix dans lequel rien ni personne ne pouvait les atteindre. C’était censé leur permettre d’être heureux, loin des problèmes… Mais les problèmes pouvaient prendre bien des formes, et le carnage qui se trouvait sous leurs yeux n’avait rien de rassurant. Il avait secoué la tête à cette pensée. Réalisant que Yanjun avait raison, il s’était assis là où il était, les jambes croisées, les bras croisés contre son torse. Il avait besoin de se calmer.