|	It's my fault ; @kang se jun & @lim kee ho

✎ Il eut tout juste le temps de voir le sol se rapprocher bien trop vite avant que tout devienne noir. La respiration coupée brutalement et la sensation de sa cage thoracique enfoncée dans le goudron. Une douleur sourde se propagea dans tous ses os. Une, plus aiguë, déchira son menton. Par chance, sa langue était restée bien au fond de sa bouche. Le choc de ses dents l'aurait sectionné sec.
Il baigna dans un brouillard sombre durant de longues secondes. Des secondes qui lui parurent des heures. Puis, comme un écho lointain et étouffé, il entendit la voix de Kee Ho. Un juron, puis son nom. Puis un juron. Il essaya de revenir à lui, se força à ouvrir les yeux, à bouger. Il s'entendit hurler dans sa tête endolorie. Bouge !
Lorsque son corps accepta de lui obéir, son premier réflexe fut de se recroqueviller sur le sol et rouler sur le côté, serrant les dents de douleur. Il chercha son souffle, peina à remplir ses poumons d'air sans grimacer. Puis il y eut un autre choc, près de lui et une silhouette flou traversa son champ de vision réduit. Ses neurones mirent quelques secondes de plus à connecter et il comprit qu'il s'agissait de Kee Ho qui venait de valser contre un mur. Merde. Ils étaient vraiment dans la merde. Ils avaient été trop présomptueux de croire qu'ils s'en sortiraient bien tous les deux.

Malgré la tête qui lui tournait, Se Jun s'efforça de se redresser. Il effleura de sa main sale son menton et sentit une substance poisseuse s'en écouler. La chute lui avait écorché la peau et le sang pissait. Putain.. Des pics de douleur le lancèrent mais puisqu'il ne pouvait rien y faire sur le moment, il essaya de l'ignorer. Il trouva Kee Ho du regard. Ce dernier était en mauvaise posture. Lui n'en menait pas large non plus.
Quant à leur trois adversaires, bien que essoufflés et tout juste amochés, ils demeuraient débout et paraissaient déjà savourer leur victoire.
Leur seule solution… la fuite. Se Jun grinça des dents. L'idée le répugnait mais ils allaient vraiment laisser leur peau … pour une fierté mal placée.
Se Jun cracha. De la salive et du sang souillèrent le sol alors qu'il s'élançait -titubant dans sa course - vers son ami. « Mec … ça va ? » Non. Bien sûr que non. Il l'aida à se relever, surveillant leurs adversaires d'un œil. Ils avaient l'air de trois requins, près à se jeter sur eux au moindre mouvement brusque. Ils les avaient encerclés et leur inaction ne démontrait rien d'autre que leur supériorité. Se Jun et Kee Ho étaient à leur merci et le premier enrageait. C'était humiliant. Putain ! « Faut qu'on bouge…» glissa-t-il à son ami, vomissant ses propres paroles. Mais il savait que si ce crétin de Kee Ho se jetait à nouveau dans la mêlée, il le suivrait.
Ils y resteraient peut-être vraiment, aujourd'hui. Au pire, ouai … ils crèveraient.

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✎ C’était la merde. La merde grave ! Ils étaient encerclés, Kee Ho n’était pas très en forme, ayant pris plusieurs coups, et Se Jun se trouvait au sol. Vraiment, ils n’étaient pas dans une très bonne posture. Pourtant, le koryo gardait la tête haute et défiait du regard ses adversaires, comme s’il allait pouvoir les vaincre. Ce qui n’était clairement pas le cas. Il ne faisait pas le poids, pas aujourd’hui, pas maintenant. D’ailleurs, on l’envoya valser contre le mur et l’étudiant ne put que glisser contre, restant par terre parce qu’il n’avait plus trop la force de se remettre debout. Il avait mal, aux côtes, au visage. Et mine de rien, à les tenir à l’écart de Se Jun, ça l’avait épuisé. Il posa son regard sur son ami, le voyant enfin bouger. Leurs regards se croisèrent et malgré leur sale état, Kee Ho lui sourit. S’ils devaient crever ici, au moins, ça serait ensemble. Et pas tout seul, dans un coin, dans les basfonds de Séoul. Et cette pensée lui donna de la force pour se lever. Parce qu’il n’avait aucune envie de crever ici. Parce qu’il avait encore des années à vivre, à se défoncer. S’appuyant contre le mur, il eut bien du mal à se redresser et n’y arriva pas. Accordant un regard à leurs adversaires bien droits sur leurs jambes et tout sourire parce qu’ils étaient clairement le dessus, Kee Ho reporta son attention sur Se Jun qui arriva près de lui. « T’as vu ma gueule ou pas ? J’ai l’air d’aller bien ? » Dit-il, lui indiquant du doigt son visage amoché. Non, il n’allait pas bien. Il avait mal. Vraiment mal. Et même s’il avait l’habitude de se prendre des coups, la douleur était toujours la même et toujours présente. S’aidant de son ami, l’étudiant put se relever et ses mots lui firent serrer les dents. Fuir ? C’était ça l’idée ? Quelle horreur. Il détestait ça. Et pourtant, s’ils voulaient survivre, ils n’avaient pas le choix. Cependant, comment pouvaient-ils fuir d’ici, alors qu’ils étaient encerclés ? « Ouais… » Souffla-t-il, pas ravi du tout de cette option. Mais il n’y avait que celle-ci qui leur permettrait, normalement, de s’en tirer. Alors, le garçon évalua la situation. C’était toujours la merde et il ne voyait pas trop comment s’échapper, là, coincé contre le mur. Le seul moyen… C’était d’en bousculer un et de courir pour sauver leur cul. Alors, c’est ce qu’il fit. Le koryo agrippa le poignet de Se Jun et l’entraîna à sa suite, bousculant le plus fort possible un des trois idiots pour leur créer un passage. Maintenant, ils allaient devoir courir. Car leur vie en dépendait.

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✎Quelle putain de merde ! Vraiment, comment il en était arrivé là ? Il se sentait encore trop sonné pour pouvoir raisonner correctement. Son corps entier le lançait et le goût du sang qui tapissait sa bouche lui donnait la nausée. Il n’était plus en état de rien, mais l’adrénaline lui tabassait les tempes, lui interdisait de flancher. S’il était évident qu’ils ne pourraient pas venir à bout de leurs adversaires aujourd’hui, l’idée de fuir le débectait… Mais face à la réponse craché de son ami, il ne pouvait se résoudre à les enfoncer davantage dans la merde : « C’était juste pour être poli », répliqua-t-il en le tirant afin de le remettre debout. Le souffle lui manquait mais il allait devoir en trouver s’ils voulaient se tirer de là. Et puis que Kee Ho acceptait qu’ils sauvent leur… Se Jun acquiesça du regard. Il constata que sa vision était encore trouble…
Prendre une décision rapidement… avant que leurs adversaire ne se lasse et ne les achèvent. Cependant, avant que Se Jun n’ouvre la bouche pour proposer la moindre plan - qu’il n’était même pas sûr d’avoir - il sentit la poigne de Kee Ho autour de son bras, l’entrainant précipitamment. Fuck ! Il manqua de perdre l’équilibre mais le suivit sans protester, ni freiner, lorsqu’ils foncèrent droit sur le barrage ennemi. Se Jun laisse juste échapper un juron, tituba et se mit à foncer droit derrière Kee Ho. Aucune question, ni hésitation. Courir. Juste courir.

Il n’aurait pas su évaluer le temps et la distance parcourue. Ils avaient juste cavalé, ignorant les bronches douloureuses, jusqu’à ce qu’à un carrefour, Se Jun le hèle :« Là ! Monte ! » Il avait rapidement désigner une voiture bien placée qui leur permettrait d’accéder à un toit. Se Jun bondit avec une énergie insoupçonnée et se hissa en hauteur. Il tendit la main à Kee Ho et une fois que celui-ci l’eut rejoint, le força à se jeter au sol en silence. « … » Il tendit l’oreille. Rien. Ils les avaient semé, si tant est que les voyous les avaient suivi jusqu’ici…
Ce ne fut qu’une minute plus tard que Se Jun s’autorisa à libérer ses poumons endoloris, expulsant le peu d’air retenu dans une respiration haletante et saccadés. « Putain…  » lâcha-t-il, peinant à croire qu’ils s’en étaient sorti. Son corps tout aussi mal en point roula sur le dos et tout en lui sembla faire mal… Pourtant, après quelques secondes sans dire un mot, un rire incontrôlable le secoua. « Enfoiré… » Chaque éclat était une souffrance abominable mais il ne parvint pas à se retenir. Il expulsait sa colère, sa frustration… et la putain d’absurdité qui leur permettait d’être encore vivant.  

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✎ Quel merdier pas possible… Mais dans quoi il les avait embarqués ? Kee Ho et sa grande gueule, voilà ce que ça donnait. Parfois, il devrait vraiment apprendre à se taire et surtout à gérer son impulsivité. Au lieu de foncer dans le tas, le garçon aurait dû évaluer la situation. Cependant, voyant son ami se faire bousculer, le koryo n’avait pas réfléchi et avait agi. Comme toujours. Et les conséquences étaient lourdes. Clairement, ils n’avaient pas le dessus. Ils se faisaient carrément laminer, chacun finissant par terre. Kee Ho n’arriva pas à se relever tout seul, crachant douloureusement des mots à Se Jun. Non, il n’allait pas bien. Il souffrait le martyr et il détestait les trois connards qui les regardaient de haut. Une fois remis sur ses pieds et après avoir accepté la douloureuse et lâche solution de fuir, l’étudiant agrippa le bras de son ami et le traîna à sa suite. Il fonça dans le tas, bousculant le plus fortement possible le plus maigrichon des trois. Il réussit à leur créer une brèche et ils s’engouffrèrent dedans. Maintenant, ils devaient courir pour leur vie. Juste courir et ne réfléchir à rien d’autre. Courir, encore et encore, jusqu’à les semer.

Ils courraient depuis un certain temps. Kee Ho était incapable de dire depuis combien de temps mais ses poumons lui faisaient atrocement mal, un point de côté s’ajoutant à la douleur ressentie partout sur son corps. Sa respiration était saccadée et il avait du mal à récupérer son souffle. Le koryo leva les yeux vers la voiture que désignait son ami et le suivit, avec un peu de mal. Il grimpa et attrapa la main que Se Jun lui tendait, le hissant en haut. Aussitôt, il se jeta au sol et resta allongé, silencieux. Il reprenait doucement sa respiration, calmant les battements de son cœur. Bordel. Le silence s’installa réellement et l’étudiant n'entendit aucun des voyous qui les poursuivaient. Ils les avaient réellement semés. Quand il entendit le garçon à ses côtés souffler bruyamment, Kee Ho en fit de même. « Bordel… » Souffla-t-il, se redressant difficilement. L’étudiant en mathématiques posa un regard interloqué sur son pote qui venait de se mettre à rire sans aucune raison. « Mec, pourquoi tu rigoles ? T’es flippant. » Lança-t-il, le souffle toujours court par cette course poursuite effrénée. « Plus jamais. Putain, plus jamais. » Dit-il en s’affalant de nouveau sur le sol. Il tourna la tête vers Se Jun. « T’as vraiment une sale gueule. » Balança-t-il, tandis qu’un rire s’échappa de ses lèvres.

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✎Son corps entier n’était qu’une douleur, sourde et lancinante à la fois. Chaque respiration, un coup de poignard dans la poitrine. Et pourtant… pourtant il n’était pas capable d’étouffer son rire. Même après la remarque de son ami. Ouai, il était flippant. Ouai, c’était absurde de rire. Mais tout comme il était absurde qu’ils s’en soient sorti. Il se demandait, Se Jun, jusqu’où seraient ces types. Ils ne les auraient peut-être pas tué de sang-froid, mais tabassé suffisamment pour les laisser pour mort dans la ruelle. Et personne ne les aurait aidé.
Ouai, ils l’avaient échappé belle.
Alors, au lieu de répondre, Se Jun riait encore. Il riait à s’en percer les poumons, à tousser comme un abruti, les bronches abîmés par la course et la clope. Quelle connerie, putain…

Il entendit Kee Ho se laisser retomber près de lui. Tant mieux. Se Jun n’avait aucune envie de se relever. Ils avaient le temps. Ils devaient le prendre. Ses éclats se calmèrent peu à peu bien qu’un large rictus barrait encore les lèvres du voyou. Kee Ho se plaignait. Parlait de sa sale gueule. Aussi, le plus jeune tourna le visage amoché vers le Koryo, passant une langue entre sa lèvre et ses gencives - et le goût du sang lui confirma ce qu’il savait déjà. « La faute à qui, du con ? » Il pouvait bien le blâmer, il ne lui en voulait pas vraiment. Sa colère, il ne l’a dirigeait pas vers lui. « Et puis t’as pas vu la tienne… » Tout aussi sale et écorché que la sienne. Il rit encore, en écho à celui qui s’échappait de Kee Ho. Absurde. Tout était absurde.

Il lui fallut une bonne minute pour se souvenir. « Au fait … » Il fouilla dans sa poche et en tira un sachet, intact, qu’il balança sur son ami. « Tiens. » Car c’était bien pour ça qu’ils s’étaient retrouvé dans ce merdier. Et dieu merci, Se Jun ne l’avait pas perdu dans la bataille… Car il aurait tout de suite cessé de rire. Ou alors, ses éclats se seraient fait encore plus incontrôlables.