Le coton se froissait sous mes doigts, chaque tissu était inspecté avec beaucoup d’attention mais aucun ne ressemblait de près ou de loin à celui qui faisait l’objet d’une telle fouille. Etait-ce si dérisoire que ça ? D’avoir un vêtement, une chemise favorite, presque un grigri qui me suivait absolument partout et ce depuis plusieurs années… était-ce trop enfantin ? Sans doute que oui, mais au fond, je m’en moquais. Elle avait ce petit quelque chose de familier, de réconfortant. Quelque chose d’unique qui me rassurait sans que je ne puisse l’expliquer. Et à cet instant, il était introuvable. J’avais fouillé chaque recoin de ma chambre, de mes placards. Chaque pièce de la résidence, chaque machine à laver… en vain. « Tant pis… je ferais sans. » soufflais-je. C’était l’une de ces journées, l’une de celles qui semblait interminable et durant laquelle je sentais mon cœur et mon âme crier comme un loup. La solitude qui me semblait d’ordinaire si attrayante ne l’était plus désormais. Et c’est le muscle battant las que je quittais les remparts de mon chez moi pour rejoindre le brouhaha permanent des cours et de la vie étudiante.

Je marchais d’un pas lent et fatigué, arpentant les chemins qui me menaient vers les laboratoires médicaux du campus lorsque je l’aperçu. Quelques longues mèches brunes s’envolaient sous la brise automnale, et je m’autorisais à la regarder quelques minutes seulement. Les souvenirs de notre déjeuner arrosé refirent surface et je ne pus retenir le sourire d’étirer mes pulpeuses en me remémorant la rapidité avec laquelle l'alcool avait eu raison d’elle. Je comptais poursuivre ma route, prêt à me détourner pour ne pas la déranger lorsque je la reconnue. Le coton aux teintes sombres que je pouvais reconnaître entre mille et qui habillait désormais les épaules de Saehee. Surpris, je restais figé devant la vision qu’elle m’offrait, désemparé face à ce tableau auquel je ne m’attendais pas. Et si la logique avait voulu que j’aille entamer la conversation avec elle, mon subconscient quant à lui avait ordonné à mes jambes de prendre racine. Etait-ce si ridicule d’avoir un vêtement dont la valeur sentimental excédait celle de son prix ? Allais-je simplement la lui laisser ? Après tout, ce n’était qu’un vêtement…

Contre toute attente, je pu enfin reprendre vie pour me diriger droit dans sa direction. Qu’allais-je lui dire ? Alors que je l’avais vu vulnérable mais ô combien adorable ? Elle qui avait subitement disparu au petit matin alors que je n’avais eu d’autres endroit où l’amener que ma chambre. « Salut… » tentais-je maladroitement. Ce fut une paume incertaine qui s’échoua dans ma nuque, frottant sans force l’épiderme comme pour chahuter mes idées et trouver un sujet de discussion moins hasardeux que cette fichue chemise. « Comment ça va depuis l’autre soir ? »



@Choi Sae Hee

Fouillant des affaires pour savoir lequel mettre tu tombais sur une matière particulière. Une que tu ne mettais que rarement ne possédant clairement pas un attirail de cette sensation là. Sa couleur non plus ne semblait pas si familière. L'avais tu acheté ? Ou te l'avait on offert ? Oubliant la provenance peu importante tu l'enfilais dans un dernier soupire. Le temps filait et il ne te permettait pas de te poser, de réfléchir, de contredire et refaire ta vie pour trouver d'où cette chemise venait. La marche rapide t'emmenait donc vers ta salle de cours. L'air pressé, tes muscles travaillant toujours à cent pour cent, tu semblais ne jamais avoir de repos, même entre ce début et cette fin. Même lorsque rien n'était prévu, même lorsque tu marchais simplement. La fatigue avait quitté ton corps, sachant que tu ne l'écoutais jamais. Le coeur battant, comme toujours trop vite. Amoureuse ? Tu l'avais été. Cependant c'est le sport, c'est la vie en générale qui te donnait ces palpitations précipitées vers un avenir incertain qui te perdait et te rendait nerveuse. Comme cette classe laquelle tu devais assister mais qui te renvoyait ce futur improbable parfois grisâtre angoissant et douloureux.

Malgré cette apparence assurée, tu ne l'étais pas. Comme tout le monde tu doutais, tu manquais de trébucher à chaque marche et le fait de monter t'effrayais. Et si tu tombais ? Une fois en haut? Et si tu prenais un autre chemin qui te menais vers le bas? Impossible d'avancer de reculer ou de te détourner. Tu continuais donc, dans un sentiment de renoncement. Oubliant le reste, te focalisant sur un futur qui devenait de plus en plus clair, le flou se dissipant pour imaginer une ligne directive, triste mais prévisible. Ta main venant frotter ton bras dans une envie de réconfort, se fut la matière qui t'interpela, douce et différente. La taille n'était clairement pas la bonne te laissant flotter dans un vêtement presque sans forme sur toi. Et pourtant, tu ne t'étais pas senti si confortable depuis un moment, un parfum à la fois inconnu et réconfortant venant chatouiller tes narines. Tu en avais tout oublié. D'où il provenait. Comment tu l'avais eu, à qui il appartenait.

Cependant tu n'aurais pu oublié son visage, son sourire et ses yeux. Cette même personne qui avait découvert un côté de toi que peu avaient vu. Cette même personne qui captivait une attention particulière sans que tu ne comprennes trop pourquoi. Cette même personne que tu avais laissé au matin, ignorant encore toutes les actions passées la veille, gênée et peureuse de connaître la vérité. " Oh... salut. "D'habitude si loquace et souriante, tu te retrouvais démunie; Faible devant celui qui n'avait voulu profiter de toi. Du moins, ton cerveau te laissait croire à sa bonté. Le rouge empourprant tes joues à l'vocation de cette soirée tu perdis moyen, une nouvelle fois. "Oui.. et toi ?  "Et si tout cela ne te ressemblait pas, ce fut la goutte d'eau pour déborder ton vase. "Excuse moi mais je me souviens pas de tout ... c'est .. c'est gênant ça ne m'arrive jamais mais je voulais savoir : on a rien fait non ?  " Rien, voulait tout et rien dire. Un bisou comptait, plus.. tu voulais éviter de penser à cette possibilité. Passant une main dans tes cheveux tu tentais de calmer ce palpitant qui semblait s'emballer pour cet individu encore inconnu. "C'est ridicule je sais .. je suis désolée.  " Tu te blâmais, toi et l'alcool. Toi et ta fierté, toi et ... ton manque d'expérience.


@Lee seo joon
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C’était étonnant… déroutant aussi, de voir l’un de mes vêtements habiller d’autres épaules. Si j’avais eu tout le loisir de voir celle pour qui mon cœur s’était emballé affublée de certains de mes t-shirts, je redécouvrais aujourd’hui à quel point un simple bout de tissu avait le pouvoir de faire vaciller un myocarde visiblement en émoi. J’avais beau les nier de toutes mes forces, les reléguer dans un coin de mon esprit en espérant les oublier, elles étaient toujours là… les émotions qui se bousculaient dès lors que je la croisais. Pourquoi elle ? Pourquoi maintenant ? Alors que mon cœur saignait toujours de cette histoire qui m’avait déchiré, alors que mon âme parvenait à peine à se recoller… Elle avait un sourire si communicatif qu’il appelait le mien sans même que je ne m’en rende compte. Et peu importait que ce soit la gêne qui étirent nos pulpeuses, l’ivoire se dévoilait néanmoins timidement. « Salut. » répétais-je béatement. Mais si j’étais sujet à quelques maladresses sur la simple mention d’une soirée bien arrosée, j’ignorais quelles étaient les siens. Bêtement, je mettais les deux pieds dans le plat sans même m’en rendre compte, et malgré moi, je la plongeais davantage dans l’embarras. « Je vais bien, merci. » souriais-je. Mais comment aborder le sujet chancelant de la chemise qu’elle m’avait subtilisé ?

Je faisais travailler mes méninges afin de trouver la meilleure façon de lui réclamer mon bien, mais ce fut finalement elle qui lançait les hostilités à ce sujet. Face à son air contrit, je ne compris pas tout de suite. Rien fait ? Une question pourtant simple, et qui appelait à une réponse tout aussi simple, mais dans l’intellect de l’étudiant que j’étais, ce rien fait ? ne correspondait à rien de précis. Je posais sur elle un regard interrogateur, en quête de la réponse qui aurait pu la rassurer, et comme un idiot… « Moi rien, toi en revanche… » plaisantais-je. Ses accès de colère contre les passants, contre la porte, contre la lumière, contre tout ce qui ne semblait pas lui convenir sur l’instant avait eu droit à sa part de reproches. Une scène particulièrement drôle et qui m’avait fait rire de bon cœur. Mais c’est en voyant son air se décomposer que je compris, ce n’était pas la bonne réponse. « Ma chemise… tu m’as volé ma chemise. » m’empressais-je d’ajouter en désignant le vêtement qu'elle portait. « Je ne te savais pas des habitude de pickpocket. » tentais-je pour désamorcer la bombe que j’avais moi-même enclenché.


@Choi Sae Hee

Peut être aurais tu eu plus de facilité s'il n'avait pas été lui. Peut être que cette gêne qui venait sur tes joues n'"aurait jamais vu le jour si ce n'était pas Lee Seo Joon devant toi. Un homme qui avait su te faire rire quand bien même rien n'était drôle, un homme qui avait voulu t'aider et avait fini par se faire recaler. Tu le remerciais réellement, tu appréciais réellement cet effort donné pour aider quelqu'un, mais tu ne pouvais nier l'au delà de cette première rencontre. Et si tu te mentais comme tu le pouvais, tu savais pertinemment qu'un tout autre homme n'aurait jamais eu ces rougeurs sur tes joues. Il n'aurait jamais vu cette personne incorrecte que tu étais avec de l'alcool dans le nez. Tout autre que lui, n'aurait pas demandé à ton coeur tant d'effort pour l'effacer, l'oublier, ou bien simplement se contrôler. La gêne s'immisçant dans vos veines tu détestais ton esprit pour imaginer plus que tu ne connaissais encore, pour te faire mordre ta lèvre dans un moment de perdition. Sa réponse passant presque inaperçu dans ton esprit embrouillé et perdu.

Fendant l'air tu fendait également cette gêne avec une vérité poignante. Tu avais besoin de réponse et tant pis si tu passais pour la femme que tu n'étais pas, s'il se faisait des idées. Du moins tu voulais y croire, sentant la faiblesse attaquée tes membres, la peur venant chatouiller ton souffle. Tu te sentais démunie face à quelqu'un pour la première fois depuis des années, et c'était effrayant. Son silence alourdissant l'air, et chaque battement. Sa voix venait mettre un terme à ton supplice, du moins, tu le pensais. Tu l'espérais et le croyais fortement avant qu'il ne s'arrête. Qu'avais tu fais ? Ton regard horrifié tu osas un pas en avant prête à réclamer plus d'information. Il brisa de nouveau ce silence pour avouer ton crime. T'accuser des plus graves délit.. ou pas. Son accusation loin de ce que tu pensais ton regard se dirigea vers son doigt qui pointait ton vêtement du jour. " voler ta ... chemise ? " La prenant entre deux doigts tu confirmais avec lui. " Je t'ai volé cette chemise ? " Voilà bien la raison de cette odeur particulièrement relaxante, de cette taille inappropriée et pourtant si confortable. Voilà donc pourquoi tu ne la reconnaissais pas. Un soupire accompagné d'un sourire t'échappant tu secouais doucement la tête en détachant les premiers boutons. " J'ignorais également cette habitude... Tiens. " Déterminée à lui rendre tu détachais les derniers boutons, sentant le vent s'engouffrer sur ta peau dénudée par ce débardeur bien léger. "Je suis désolée, je savais pas je te l'aurai rendu avant mais j'ai réellement oublié d'où elle venait. "


@Lee seo joon
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Qu’avais-je bien pu dire pour qu’elle ne se décompose ainsi ? Qu’avait-elle compris de ce que je l’accusais ? L’âme pourtant plus si innocente restait néanmoins incongrue devant sa réaction alors que je pointais du doigt mon bien. Puis de l’effroi, les traits de son visage se détendirent pour ne laisser apparaître plus que la perplexité d’un acte qu’elle oubliait avoir commis. Une myriade d’émotions balaya son visage jusqu’à ce que je puisse y déceler un certain soulagement en pinçant le coton du bout des doigts. D’un hochement de tête gêné, je venais confirmer à nouveau la folle aventure de mon vêtement qui avait atterri dans son armoire sans même que je ne m’en rende compte. Son sourire appela à nouveau le mien. C’était étonnant et fascinant cette facilité avec laquelle elle parvenait à m’arracher cette moue qui j’arborais autrefois quotidiennement. Elle faisait renaître le Seojoon qui s’était promis de faire tout ce qui lui était possible pour rendre le monde meilleur, elle m’aidait à renouer avec cette partie oubliée de moi-même, celle qui souhaitait avancer en dépit d’un sombre passé.

Mais je n’eus pas plus le loisir de me perdre dans mes pensées que de mes perles rivées sur ses mains, je suivais leur lente ascension sans comprendre leur danse. Les boutons sautaient les uns après les autres, et soudain, mon esprit dérivait. Ses lèvres se fuyaient, mais les sons ne me parvenaient plus, et ce ne fut qu’au bas de la chemise que je semblais enfin reprendre vie. « Oh… oh… OH ATTENDS ! » D’un geste j’attrapais ses mains et les arrêtais avant qu’elles ne s’occupent du dernier bouton. Ce fut un nouveau sourire qui étira mes carmines, un sourire gêné et tremblant tandis que le coton se froissait sous ma poigne. « Tu… Je doute que ce soit le bon moment pour me la rendre… » soufflais-je. Et avant qu’elle ne puisse répondre, je m’attelais à refermer, un à un, les boutons qui avaient laissé apparaître sa silhouette. J’aurais voulu l’oublier sur le champ, mais je savais déjà que cette image resterait gravée dans ma mémoire. « Et puis… elle te va bien mieux qu’à moi finalement ! Tu peux la garder. » ajoutais-je. Un mensonge qui n’en était finalement peut-être pas un…

@Choi Sae Hee

L'espace d'un instant ton souffle fut coupé. Tu semblais avoir trouvé une réelle raison de paniquer. Il ne dévoilait que lentement le déroulement de votre soirée et tu doutais de plus en plus de ton propre comportement. Blâmer les autres c'était bien un temps, mais tu ne pouvais dire qu'il avait été mauvais, qu'il avait profité, ne te souvenant d'aucun moment. Et pourtant ton coeur semblait te rappeler un sentiment particulier, celui qui faisait palpiter ce dernier un peu trop vite. Comme une course rapide, courte, mais intense. Il te sauva pourtant avec quelques mots, laissant même le plaisir de sourire d'amusement, soulagée que rien n'est été hors de contrôle, toi qui l'avait en permanence. Cette simple idée d'être à la merci de l'autre, d'être vulnérable te faisait extrêmement peur. Tout donner à une personne mauvaise, te retrouver à regretter tes choix. Tant d'inquiétudes qui laissaient pourtant la place à des sourires, à des rires en sa présence, quand il ne faisait pas teindre tes joues en rouge. Sans comprendre pourquoi il était d'une de ces personnes qui te permettaient de respirer, de penser à autre chose. Une personne pourtant que tu ne connaissais que peu.

Lentement tu comprenais, que la chemise que tu portais n'était pas la tienne, qu'elle lui appartenait et que tu n'avais aucun droit dessus. Aussi facilement qu'un bonjour tu entamais alors un long chemin pour la déboutonner et lui rendre sur le champ avant de l'oublier. Avant de ne perdre le fil encore une fois, de perdre la tête et lui voler son bien. Justifiant ton geste bien loin de tes habitudes tu ne regardais même plus les prunelles qui se perdaient jusqu'au dernier moment. Ce moment qui te fit sursauter légèrement tes iris se plantant dans les siennes. La chaleur de ses mains venant contraster avec le froid qui s'engouffrait lentement pour te faire frissonner. "Je vais oublier sinon.. et puis je ne sais pas quand je vais te croiser de nouveau. "Ce n'était pas un ami que tu voyais souvent, ignorant même son numéro. IL ne serait pas simple de se croiser avec la chemise bien pliée dans un sac, par un hasard pur. Lentement chaque bouton fut remis te laissant le loisir de le détailler un moment. Le palpitant venant taper contre tes oreilles tu te réveillais bien plus tard quand il venait te faire ce compliment qui confirmait votre échange. "t'es sûr ? Sinon.. je te la rends quand je peux. Donnes moi ton numéro tu me diras quand tu seras libre. " La main impatiente venait alors chercher ton portable. Si tout était des plus innocent, en rentrant son nom tu te rendis compte de ton imprudence, comme prise en flagrant délit. Si ton honnêteté n'était plus à refaire et qu'il t'était facile de demander le numéro de quelqu'un en général ,tu ne pouvais nier que des tonnes de scénarios venaient envahir ton esprit. "Pour le chemise.. enfin.. pour que je puisse te la rendre. " A moins qu'il ne te laisse pas l'occasion, qu'il te la laisse pour éviter de te donner un numéro qui aurait pu le déranger. Une vision moins glorieuse de toi même te revenant en tête. Et s'il n'aimait que les filles classiques ?


@Lee seo joon
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C’était une scène des plus étranges, teintée de gêne et d’embarras pour un simple morceau de tissu… je me trouvais soudain idiot d’avoir seulement évoqué son rapt, d’avoir largement sous-entendu que mon bien me revenait de droit. Et si j’avais été spectateur passif de ce moment, qu’y aurais-je vu ? Deux étudiants aux joues rosies par une timidité partagée aux allures de couple… Mais rien, absolument rien ne semblait pouvoir faire fonctionner mon cerveau de façon ordinaire, rien que la vue de cette chemise qui l’habillait et qui provoquait de nouveaux sentiments. Du bout des doigts je refermais les pans du vêtement pour masque la silhouette qu’elle avait bien trop dévoilé sans s’en rendre compte. Incapable de croiser son regard, je gardais le mien rivé à mes mains affairées non sans un nouveau sourire à sa réflexion. Une remarque à laquelle j’allais répondre, mais intrigué, je la laissais parler. Encore une fois, elle paraissait avoir oublié une donnée importante… Puis une question qui me força à m’interrompre. Une question banale, ordinaire pour la plupart des étudiants qui foulaient le sol du campus, mais je fus retenu par mon côté vieux jeu. L’appareil qui gisait dans mon sac sans que je ne lui accorde la quelconque importance allait-il être davantage sollicité désormais ?

L’hésitation enrobait chacun de mes gestes tandis que mes joues s’empourprèrent un peu plus. Quand tu seras libre… Ce petit bout de phrase qui résonnait en écho dans le vide abyssal de mes pensées. Qu’est-ce qui pouvait bien me retenir de le lui donner ? Ce n’était qu’un numéro après tout… Il ne sous entendait rien d’équivoque, rien d’autre qu’un début d’amitié, alors pourquoi était-ce si difficile de desserrer la mâchoire ? « Oh… oui… euh… » bégayais-je. « Non, je t’assure, elle te va bien mieux, tu peux la garder. » Idiot… crétin… imbécile… stupide… Mon subconscient me hurlait tous les noms d’oiseaux qui me parvenait étouffés. Sans m’en rendre compte, je refusais. Mais voulais-je simplement passer mon chemin ? « Et puis, si l’envie me prend de vouloir la récupérer, je peux toujours venir à mon tour te la voler. » J’ignorais avoir cessé de respirer, mais ce ne fut qu’après ces quelques mots que je parvenais enfin à reprendre mon souffle. « On vit dans le même dortoir il me semble. » ajoutais-je, un sourire contrit accroché aux lèvres.


@Choi Sae Hee

Loin de toi l'idée de le destabiliser, ne croyant que peu à ce pouvoir qui semblait ne pas t'avoir été attribué. Mais il semblait faire preuve d'une certaine gêne en ta présence que tu n'expliquais pas. Autre fait que tu n'expliquais pas : ta gêne à toi. Pourquoi rendait il tes joues rouges? Observer ses mains refermer le pli de tissu que tu avais voulu lui rendre devenait soudainement des plus intéressant, te faisant presque perdre le fil du temps. La chaleur sur tes joues ne t'empêchant pas de parler pour rien dire, dénigrer la personne que tu étais en te traitant de petite tête, mais aussi de devenir presque aussi honnête et directe qu'avec les autres. Il était bien le seul qui arrivait à te faire douter de tes propres mots ou actions, laissant la timidité inconnue parler. Mais tu osais enfin prendre un numéro qui n'était pas si important, pas si secret. Les conversations s'échangeant sans cesse sur toutes formes de plateforme.

Prête à recueillir un numéro qui semblait si difficile à obtenir tu doutais. Sae Hee. Choi Sae Hee doutait. Et tu ignorais la raison, ou plutôt tu voulais l'ignorer, faisant l'autruche comme une enfant n'aimant pas la réponse de ses parents. non tu ne voulais pas entendre qu'il te plaisait, que peut être, peut être le voyais tu comme quelqu'un qui pouvait t'intéresser, non tu ne voulais pas. Le coeur battant trop vite, trop fort, manquant de se faire entendre du principal concerné tu restais interdite face à ses mots. Un refus. Ni plus ni moins qu'un compliment pour déguiser un refus. Un bouton et son nom disparaissait de ton téléphone, tout comme il revenait dans ton sac. Imprudente, et idiote. Le goût amer d'une scène déjà vue, un sourire qui dessinait un comique de situation presque triste. " D'accord, je la garde alors, merci. Je l'aime bien. " Tu allais la garder, lui voler. Tu allais l'oublier, et faire comme ce matin, quand tu ignorais à qui elle appartenait. Le regard remontant sur sa personne tu cherchais une raison pour se virement de situation, le visage fermé à ce qui pourrait être bien interprété. " On ne me vole pas facilement mes affaires. Tu devras être convainquant. " Voulais tu laisser la porte ouverte? Tu n'avais jamais su faire et tu ne commencerais pas aujourd'hui, blessée d'un refus pourtant imprononcé. "Je doute qu'un homme puisse rentrer dans le dortoir des filles.. je n'y suis plus pour longtemps. " Une nouvelle imprudence, dite par un sang qui bouillonnait. Tu n'étais pas partie non plus, bien que la fin de tes études approchent. Tant de stress qui revenait. " Tu pourras toujours venir la récupérer. Ou me le dire... un jour. " Ou l'oublier. Il était simple d'abandonner des objets n'est ce pas ? Tu finirais par t'habituer, par oublier ces émotions houleuses. Tout comme on oubliait un vêtement chez ce pote perdu.


@Lee seo joon
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Je venais de commettre une erreur monumentale, une de celles que j’aurais peine à rattraper… si seulement je le pouvais. Je tirais un trait entre nous, j’érigeais un mur, une frontière solide et intangible, je dressais sans même en avoir conscience une limite désormais infranchissable. Ses mots à peine soufflés, ses gestes maladroits, son regard fuyant... tout ce à quoi je faisais écho dans une gêne et un embarras presque palpable. Au fond de moi, tout au fond de moi je savais bien, je savais éprouver quelque chose de plus qu’une simple amitié. Et tout au fond de moi, j’aurais pu désirer franchir la ligne si fine qui séparait l’amitié de… C’était là, bien enfoui sous la douleur du cœur brisé et piétiné. Mais l’affliction dominait mes pensées et mes désirs, elle écrasait de tout son poids les possibilités d’un autre futur romantique, elle me rabâchait sans cesse les erreurs que j’avais commise dans le plus grand silence. Si je ne comprenais pas le sens de ses mots, j’en captais au moins l’intention : celle de fuir. Plus pour longtemps. Exactement comme je l’avais fait, elle dressait à son tour le mur qui la préserverait. Un simple « Oh. » franchit alors la barrière de chair, incapable de la blâmer d’ainsi se protéger. « Oui… je… tu… » Le muscle battant se débattait avec force dans sa prison, mais loin d’être assez fort pour gagner la bataille, je le muselais à nouveau. Entre déception et compréhension, je lui offrais un dernier sourire, une moue forcée alors que j’achevais cette rencontre fortuite. « On se recroisera forcément sur le campus… » Je glissais un œil vers ma montre avant d’ajouter. « Il faut que j’y aille, j’ai… cours… » Et ce fut une nouvelle fois incapable d’étoffer mon vocabulaire que je la saluais avant de reprendre mon chemin.

C’était idiot, j’étais l’idiot, assailli par plusieurs émotions à la fois, je m’en voulais et me félicitais d’avoir ainsi décidé de ne pas me mettre sur sa route. Pas à la hauteur, pas digne… et sans doute pas son genre. J’expirais, un souffle lourd et chargé d’un regret qui me collerait à la peau nuit et jour, et j’avançais, un pas après l’autre pour me plonger dans ce que je savais faire de mieux : étudier et soigner.

@Choi Sae Hee