tenue ♢ Elizaveta avait fait le tour de la bibliothèque universitaire avant de trouver l'endroit parfait pour se poser et être au calme, loin du regard des autres, des groupes venus ici pour des projets ou juste passer du temps entre eux, se moquant des règles communes et du silence demandé dans un tel lieu. Ce type de personne lui donnait envie de lever les yeux au ciel, à se croire seuls au milieu des étudiants cherchant à se concentrer et travailler. C'était pour cette raison qu'elle avait choisi un recoin où personne ne viendrait la déranger et où elle pourrait lire et se plonger dans sa musique sans qu'on vienne empiéter son espace vital, elle espérait que ses écouteurs dans les oreilles et sa poker face fait passer le signal du je veux être seule, ne me parlez pas. Posant son sac sur la table, elle prend possession de l'endroit et l'espace, sortant son portable pour lancer sa musique et le livre qu'elle lisait actuellement, petit sachet de bonbons qu'elle met juste à portée de main, pas trop loin d'elle. Rapidement, elle se retrouve plongée dans sa lecture, l'univers du roman la transportant loin, très loin de la routine ennuyeuse des étudiants, pour un peu elle regretterait de pas vivre dans une de ces histoires, la réalité ça manquait de charme. Et c'était Miss pieds sur terre qui pensait ça. Elle devait être malade, c'était la seule explication possible, elle n'était pas du genre à rêvasser ainsi. Au fil des minutes, Elizaveta était entrée dans sa bulle, oubliant le monde extérieur et qu'il y avait d'autres personnes présentes dans la bibliothèque, qu'elle était encore sur le campus et qu'il y avait un risque que sa tranquillité ne soit que de courte durée, et ça prouva être vrai quand elle vit du mouvement dans son champ de vision, du coup de l'oeil. Levant les yeux de son livre, elle fusille du regard l'intru dans son espace vital. « Je peux aider ? » Haussant un sourcil, elle jauge la personne du regard, lèvres pincées.

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tenue ♢ Depuis son arrivée en Corée du Sud, Océane avait pu constater l'ampleur de ses lacunes en coréen. C'est simple, les trois quarts du temps, elle ne comprends pas ce qu'on lui dit, et les autres ne comprennent probablement pas ce qu'elle dit non plus. Elle s'est pourtant préparée avant son départ. Cours privés, correspondant natif, dramas en série, elle pensait être prête. La réalité l'a vite rattrapée ! Frustrée de ne pouvoir pleinement profiter de cette année de liberté et de découvertes à l'étranger, la jeune française a pris une décision difficile : réviser sérieusement son coréen. N'étant pas très studieuse de nature, l'exercice est particulièrement pénible. D'autant plus après ces mois de travail passionné, qu'elle pensait fructueux, et qui se sont avérés insuffisants. Impossible de trouver la motivation nécessaire dans sa petite chambre d'étudiante. Heureusement, la société humaine a inventé les bibliothèques.

Son manuel de coréen débutant dissimulé entre un cahier et sa poitrine, Océane cherche le spot propice à la motivation et à la concentration. Elle trouve cette table, un peu à l'écart, à l'abri des distractions. That's the spot ! Déposant rapidement ses affaires, elle s'apprête à tire la chaise pour s'asseoir quand la personne en face lui lance un « Je peux aider ? ». Après quelques secondes de calcul et d'hésitation, la française fini par répondre « Bonjour... Il y a quelqu'un ici ?  » Sentant bien qu'elle dérange, Océane hésite. Et puis elle se lance, hésitante «  Sac... Je suis désolée, tu pourrais juste décaler ton sac, s'il te plaît ? »

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tenue ♢ Elizaveta, on lui disait bien trop souvent, avait une aura qui n'était pas des plus amicales, sans qu'elle soit une peste non plus, elle avait cette expression neutre, froide qui faisait qu'on ne savait jamais réellement sur quel pied danser avec elle au départ. Ice queen, c'était un surnom qu'on lui avait collé en Russie, à cause des brimades elle s'était renfermée sur elle-même, à un point que oui, Veta n'était pas un rayon de soleil, elle n'avait pas le sourire h24 aux lèvres. C'était pour les contes de fées ça. En tout cas, elle avait un seul objectif en arrivant ici, c'était trouvé une table et qu'on la laisse tranquille, elle était pas là pour supporter les gens, ce qui était assez ironique quand on y pense, pourquoi venir alors à l'intérieur de la bibliothèque universitaire ? Au lieu d'être tranquillement dans sa chambre étudiante, dans les dortoirs de sa fraternité. On avait jamais dit que la brune était logique tous les jours. Écouteurs la coupant du monde, elle relève les yeux quand elle perçoit du mouvement dans son espace vital, pinçant les lèvres quand elle remarque qu'elle n'est plus seule dans sa cachette, elle pensait avoir trouver le bon endroit, le bon dieu en avait décidé autrement. La petite brune qui lui faisait face semblait perdue, elle n'était pas d'ici, une étudiante étrangère, Veta retire un écouteur pour comprendre ce qu'elle voulait dire, un coréen hésitant avant de switcher à l'anglais, confirmant les pensées de la jeune russe. « Il n'y a pas d'autres endroits de libre ? » Elle lui répond naturellement en s'adaptant à la langue, grimaçant intérieurement, elle ne voulait pas donner l'impression de la rejeter, soufflant en prenant pitié de la demoiselle. Tant pis pour sa tranquillité. « Bien sûr, pas de soucis. » Elle ajoute rapidement, attrapant la lanière de son sac pour le tirer vers elle, le posant au sol à ses pieds.

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tenue ♢ Les mots et l'attitude de la coréenne expriment clairement son agacement, pourtant, déposant son sac au sol, comme demandé, elle accorde tacitement une place à sa table. C'est avec un sourire en demi-teinte qu'Océane l'en remercie « Merci  », puis dépose ses affaires et s'assoit, le plus silencieusement possible.
Le plus judicieux serait de revoir les premiers chapitres, pour bien les assimiler... L'alphabet, oui bon ça, pas la peine de revenir dessus. Formule de politesse ? Mouais, bonjour, merci, au revoir, c'est maitrisé... Personne n'est dupe : Océane retarde le début des révisions en feuilletant simplement les pages de son manuel. Arg les nombres et les classificateurs, au secours ! Le visage de la française se crispe à la lecture du titre de la leçon. Elle ne peut s'empêcher de marmonner « Pourquoi est-ce que vous utilisez deux systèmes de nombre, sérieusement... » Elle souffle.
La jeune privilégiée a reçu une éducation relativement souple. Appartement à une classe aisée, à l'abri dans son cocon familiale, loin des inquiétudes du monde, elle n'a jamais véritablement exploiter ses capacités intellectuelles. Baignée dans la langue, l'anglais n'a jamais représenté aucune difficulté. Le BAC n'était qu'une formalité pour laquelle son père, en particulier, lui conseillait de ne s'inquiéter. Pourquoi aura-t-elle dû d'ailleurs ? Quoi qu'elle fasse, elle héritera d'une fortune. Ses notes n'ont jamais été brillantes, mais encore une fois, quelle importance ? La moyenne était accessible sans trop d'effort, et on ne lui demandait pas d'aller au-delà. Malheureusement, elle paie aujourd'hui ce manque d'investissement dans les études.

Pour se donner du courage, enfin pour se distraire, elle malaxe le bout en mousse de son crayon, tout en survolant les explications sur les systèmes sino-coréen et coréen. Sa conscience la rattrape, ça l'énerve et elle tape légèrement des pieds sur le sol, comme un enfant qui fait un caprice. Elle s'arrête, regarde discrètement en direction de sa voisine, prête a encaisser les reproches.

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tenue ♢ Elizaveta devait prendre sur elle, alors que d'ordinaire elle aurait privilégier son confort personnel, elle n'avait pas le coeur à ce que la demoiselle se sente mise à l'écart, si elle allait mal prendre la choses, mais dorénavant, elle regrettait. La brune était quelqu'un qui appréciait le calme et son espace de tranquillité, espace qui ne l'était plus tellement maintenant qu'une seconde personne le partageait avec elle. C'était trop tard pour faire marche arrière, maintenant elle ne passerait que pour une impolie, et bien que la jeune russe se moquait bien de ce qu'on pouvait dire d'elle et de son tempérament, elle n'avait qu'une parole, maintenant qu'elle avait dit oui et laisser la place, elle n'allait pas l'envoyer bouler. Recentrant son esprit dans son roman, elle retrouvait un rythme de lecture satisfaisant, sa musique se calant parfaitement avec le thème de l'histoire, la plongeant encore plus dans le récit, elle s'y serait perdue si les mouvements de la demoiselle face à elle ne l'empêchait pas d'oublier le reste. Ce n'était vraisemblablement pas le cas, puisqu'elle leva une fois de plus les yeux de son livre pour observer la brunette.

Elizaveta avait toujours préféré observer les autres que se mêler à eux, même dans ses amies, elle était la plus calme, celle qui restait dans son coin le plus souvent jusqu'à ce qu'elle sorte de sa coquille, comme un papillon qui avait besoin de temps avant de pouvoir voler de ses propres ailes. L'inconnue semblait réellement en difficulté à comprendre ce qu'elle lisait, ou du moins, ça ne semblait pas aller dans son sens, et la brune accueille avec un haussement de sourcil le geste répété de cette dernière de jouer avec son stylo, les tapotements de ses pieds sur le sol qui ne tardent pas à lui titiller l'esprit. L'étudiante pincent les lèvres, fermant les yeux plusieurs secondes avant que ça ne soit de trop, et à en voir par le regard furtif de l'inconnue, elle aussi s'en était rendue compte. « Vous pouvez pas arrêter ? C'est... distrayant. » Et le mot était faible, gentil de sa part. « Vous avez du mal avec votre coréen. » Pas une question, juste une constatation.

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tenue ♢ Et les reproches ne tardent pas. Le regard noir, la coréenne lui fait sentir son agacement. « Vous pouvez pas arrêter ? C'est... distrayant.  » Océane ne fait la fière. Sa voisine n'a pas l'air commode. « Désolée... ». Baissant les yeux, elle se penche à nouveau sur son manuel et souffle instantanément de désespoir. Sans relever la tête, la française acquiesce à la remarque d'un léger « unh unh ». Déjà démotivée, elle dessine sans grande conviction la silhouette d'un bonhomme sur le coin de la page. « Votre langue est beau-ohh-coup trop compliquée. Vous nous piégez avec un alphabet simple mais après... tout est beau-ohh-coup trop compliqué. C'est de l'escroquerie ! » Le personnage de papier est maintenant accompagné d'une petite bulle de dialogue : De l'aide ! Océane aura finalement travailler son coréen aujourd'hui...

L'étudiante sourit naïvement devant son œuvre, avant de rapidement soupirer sur son incapacité à travailler sérieusement. Elle pose son crayon et s'étire en fixant sa voisine de table. « Qu'est ce que tu lis ? Désolée. Vous lisez. Qu'est ce que vous lisez ? » Tiraillés entre l'envie de travailler et l'envie de ne pas travailler, le cerveau et la conscience de la jeune femme cherchent désespérément un compromis. A défaut de réviser concrètement son coréen, la française se contentera donc de le pratiquer. Quitte à perturber la tranquillité de sa voisine de table. Sans l'appui d'un professeur aguerri, la promesse d'une grande récompense, l'excitation de la découverte, la menace d'une grande punition, ou toute autre motivation, il semble  malheureusement que ce cinéma soit tout ce dont Océane est capable lorsqu'elle décide d'étudier seule.

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tenue ♢ Elizaveta ne comprenais pas tout ce que l'inconnue disait, ce n'était en rien de l'anglais et surtout pas du coréen, langue sur laquelle la demoiselle semblait buter plus qu'autre chose à la voir regarder ses feuilles comme si il s'agissait de hiéroglyphes. Une étudiante étrangère donc, même si physiquement parlant, elle aurait pu s'en douter mais Veta n'était pas du genre à juger sur le physique, après tout vu comment elle avait vécu ça en Russie parce qu'elle avait été adoptée...  Seulement même si elle pouvait comprendre la difficulté d'apprendre une autre langue, la brunette tenait également à son espace et à l'entendre gigoter et marmonner ainsi, elle sentait que sa remarque de tout à l'heure pouvait bien être plus sèche la prochaine fois. Ce n'était pas méchant, ni contre elle, simplement voilà elle voulait lire et écouter sa musique tranquillement et à l'heure actuelle ce n'était pas possible.

Pendant quelques instants, elle retrouve la paix, mais c'était sans compter la question, dans un coréen maladroit mais compréhensible, que lui posa l'étudiante, la faisant une fois de plus relever son visage vers elle. Haussant un sourcil, ses yeux bruns se posent rapidement sur les notes abandonnées de la brune avant de revenir sur elle. « Un roman de piraterie. » Elle se contente de répondre, ne sachant pas en quoi ça pouvait l'intéresser en dehors de ne pas faire ce qu'elle était supposée faire à la base : étudier ? « Vous êtes pas venue pour travailler au départ ? » Pas que ça la gênait de faire la conversation mais Elizaveta appréciait guère être la tentative de se changer les idées alors que si c'était pour être distraite, elle pouvait aller ailleurs.

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