Malgré l'envie de rester dans ton lit, cachée du monde tu ne pouvais oublier ce rendez vous. Celui qui te rappelait toujours à quel point n'importe qui pouvait être cet enfant désespéré et seul, celui qui pleurait en silence, qui souffrait jusqu'à ce que la corde rompe. Que personne n'était épargné d'être cette personne, ou un de ses proches. Tu avais longtemps cru que cela n'arrivait qu'aux autres, que tout allait bien se passer pour toi et ta famille, que tout le monde était là pour se soutenir, que les gens n'étaient pas si terrible. Et tu avais incroyablement tord. Baissant une garde qui l'aurait peut être épargné. Et si aujourd'hui tes pas t'emmenait dans une institution éducative tu ne souhaitais pas reprendre ces études qui avaient été un vrai fardeau. Parce que t'y croyait fort, à leur responsabilité. Chaque jour avait été un enfer, et ils l'avaient laissé, tout comme vous n'aviez rien vu. Mais tu souhaitais ouvrir les yeux de chacun, rien qu'un peu. Une main tendue et tu étais persuadée qu'il serait là. A témoigner à ta place. A venir raconter son histoire, sa page tournée.

C'était un souvenir, aussi puissant que triste, mélancolique mais présent. Un souvenir que tu voulais garder pour éviter qu'on l'oublie, qu'il ne soit parti pour rien. Comme une justice silencieuse pour une personne qui n'aura marqué que quelques esprits, mais rien qu'une personne suffisait pour tout faire basculer. Il était ton monde et il avait sombré. Aujourd'hui, et comme toutes ces fois où tu venais, tu sentais ton coeur lourd, les larmes ne montant plus depuis des mois. La tristesse elle même en ayant eu marre de toi. Et pourtant...

Tes cheveux attachés tu n'avais pas souhaité t'apprêter, tu n'avais pas choisi cette tenue avec attention, tu n'avais fait que t'habiller, couvrir un corps qui semblait à l'abandon. Vide. Tout comme ton regard qui scrutait les gens présents, avant de s'ouvrir en grand. Eun Hyuk. Ton coeur se mit à battre pour la première fois en des années. Il semblait revivre en même temps que sa silhouette se dessinait. Tu ne le perdrais plus. Pas une fois de plus. Tes pas t'emmenèrent aussi rapidement que possible près de lui. Et tu le rêvais ce moment où tu attraperais son bras où son prénom aurait du sens. " Eun Hyuk !! " Ta voix s'était sûrement emportée en appelant celui qui te manquait tant. Ta poigne sûrement trop forte sur ce pauvre inconnu qui devait se demander qui était cette folle. Mais son regard. Son regard ne mentait pas, faisant de ton rêve un cauchemar. Il n'était plus là. Il était parti aussi vite qu'il était arrivé et malgré cette envie de le voir apparaître, il n'était ton frère. Tes mains tenant toujours son bras tu restais ébranlée d'une joie soudaine, retombée bien trop vite.

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Les cours venaient de finir et Jihae s'étira comme un chat pour détendre ses muscles engourdis. La journée avait été longue et il n'était pas malheureux qu'elle se finisse enfin. Il n'avait qu'une envie, s'en griller une et rentrer dans son dortoir pour jouer un peu et potentiellement coder un programme pour ses devoirs. Mais après avoir passé la journée sur des codes, il n'avait clairement pas envie de passer le reste de sa soirée sur des lignes de javascript ou html. Ce qui le bottait, c'était un bon jeu et ensuite continuer de fumer et avaler sa drogue. Il soupira en repensant à la menace de Jaehwan. Il ne voulait pas que Jinkyung et lui fument dans la chambre mais il n'avait pas envie de se lever de devant son pc quand il le faisait. Il devait donc soit arrêter de fumer, ce qui n'était clairement pas envisageable, ou arriver à foutre à la porte leur troisième colocataire. Jihae n'avait pas encore parlé à Jin de l'altercation qu'il avait eu avec lui. Il faudrait qu'il le fasse afin qu'ils puissent trouver une solution pour le foutre à la porte ou alors eux changer de chambre. L'un comme l'autre était une bonne idée et c'est avec l'intention de chopper Jinkyung avant le retour de Jaehwan dans leur chambre, qu'il voulut quitter sa salle de classe.

Il allait le faire quand il entendit un prénom qui n'était pas le sien et une personne attrapant son bras fermement. Jihae se retourna doucement vers la jeune femme et regarda son visage, essayant de savoir s'il la connaissait. Ça pouvait être une fille avec qui il avait couché une fois, rencontrée dans un bar ou une boîte de nuit, mais elle ne lui était absolument pas familière. Le jeune homme ne se rappelait pas forcément de toutes les filles parce que souvent l'alcool et la drogue mélangées lui faisaient oublier certains passages de soirées, mais il arrivait presque toujours à se rappeler un détail. Or là, ce n'était pas le cas. La jeune femme qui le tenait n'était pas quelqu'un qu'il connaissait.

« Oui ? Je peux savoir pourquoi c'est ? » demanda-t-il, baissant les yeux vers la main qu'elle avait toujours autour de son bras. Elle ne lui faisait pas mal, sa poigne n'était pas assez forte pour cela, mais c'était dérangeant. Jihae avait d'autres choses à faire que de rester planter comme un con dans son auditorium. Il voulait rentrer dans sa chambre, parler à Jinkyung du problème Jaewhan et ensuite passer sa soirée à geeker sur son pc. « Vous pouvez me lâcher s'il vous plait ? Je ne vous connais pas... Et si j'ai bien entendu, je ne suis pas Eunhyuk... » Le jeune homme la regarda presque désolé devant son air ahuri et perdu. Elle semblait chercher ce Eunhyuk, mais il n'était pas celui qu'elle cherchait. « Je suis désolé... » Enfin, ce n'était pas réellement le cas. C'était quelque chose de poli à dire dans ce genre de situation. Et s'il avait grandement envie de l'envoyer chier, il se retenait pour le moment et ne le ferait que si elle refusait de le lâcher.

ON aurait pu appelé ça un destin funeste, une ironie de la vie, une torture douce. Comme vous le voulez. Pour toi c'était l'espoir, la folie au bout des lèvres tandis que cette silhouette passait devant toi. Peut être un mélange du passé qui traversait un présent flou. Il avait grandi ses yeux brillaient d'une lueur que tu n'avais plus vu depuis de nombreuses années. La vie. C'était tout ce qui lui manquait à ton frère. Le deuil, c'était tout ce qu'il te fallait. Peut être qu'il était aussi différent qu'il lui ressemblait, inventant une version de ton frère qui aurait pu grandir, s'épanouir, même si la vie n'était pas facile. C'est certainement dans cet espoir aussi fou soit il que tu t'approchais, que ta gorge se dénouait pour laisser passer l'air, une voix tremblante et fine. Une appellation, aussi fragile que ce lien qui vous liait.

La poigne aussi ferme que tu le pouvais sur son bras tu tentais de le garder à tes côtés, analysant , détaillant chaque parcelle de lui, découvrant un visage inconnu, des yeux que tu ne reconnaissais pas, et c'était presque plus douloureux que tout le reste. Il était moins douloureux de ne jamais le revoir que l'apercevoir dans une figure inconnue. L'image que tu renvoyais? Tu t'en fichais. N'y pensant même pas sur ce bref moment où tu sentais ton coeur s'émietter une nouvelle fois. La gorge sèche tu restais silencieuse face à lui.

Et sa question même ne t'aida pas à articuler un nouveau son, tes lèvres se séparant dans le but de parler, de tenter de communiquer. Mais tout ton corps restait figé, comme pétrifié d'une vérité qui te revenait encore et encore. Ton regard glissant lentement sur ta main tu restas un instant avant que celle ci ne se décrispe, qu'elle lâche avec lenteur la personne que tu avais pensé porter le prénom d'Eun Hyuk. Sans retenu tu sentis une première larme coulée sur ta joue, l'humidité venant rapidement se faire sur tes deux joues, incontrôlable et embarrassant. " Je suis désolée. " Faible, presque imperceptible, tremblante, ta voix était tout sauf assurée, pas comme lorsque tu avais appelé ce prénom si fort. T'inclinant doucement tu voulais oublier leur ressemblance, leur différence également. "Désolée. " Que tu répétais, pour lui, pour toi. Tu n'en savais rien. Si d'autres regards étaient tournés vers vous tu les ignorais, si des murmures venaient se créer tu n'en avais cure. Si toute ta vie s'effondrait.. tu n'en dirais pas un mot. Relevant doucement la tête tu ne savais plus. Ce que tu faisais ici, ce que tu attendais, mais l'imaginer te tourner le dos pinça un peu plus le palpitant restant, dans une raison inconnue. "Attends... " Et quoi? Allais tu lui demander de le remplacer ?

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Jihae allait enfin pouvoir se reposer, prendre du temps pour jouer après la fin de ses cours. Enfin, c’était ce qu’il pensait jusqu’à ce qu’il sente quelqu’un l’attraper fermement par le bras, en prononçant un prénom qui n’était clairement pas le sien. Il ne connaissait pas de Eunhyuk et il ne savait clairement pas qui était cette femme qui s’accrcochait à lui de manière si désespérée. Cherchait-elle depuis longtemps ce Eunhyuk pour le prendre pour quelqu’un d’autre ? Possible. En tout cas, Jihae lui demanda ce qu’elle lui voulait sans aucune animosité. Il aurait pu être méchant avec elle parce que mine de rien, sa poigne lui faisait légèrement mal mais il ne dit rien. Il voyait dans son regard un reflet de sa propre détresse, une détresse qui le suivait depuis quelques années maintenant. Néanmoins, elles semblaient quand même bien différente l’une de l’autre et le goguryeo ne savait pas quoi faire pour la faire lâcher. Il n’était pas psy et n’avait clairement pas envie de le devenir. Il avait déjà ses propres problèmes à gérer, ce n’était pas pour gérer ceux des autres et pourtant, c’était presque comme s’il attirait les personnes dans le besoin d’une oreille attentive. Comme s’il y avait écrit sur son front qu’il écoutait toujours quand on lui parlait.

Le jeune homme finit par lui demander de le lâcher et qu’il n’était pas ce Eunhyuk tout en mentionnant le fait qu’il était désolé de ne pas l’être. L’inconnue le lâcha lentement et quand il releva les yeux vers elle, Jihae vit les larmes sur son visage. Il sentit le sien se crisper. Ils étaient à la fac et une fille pleurait devant un garçon. Les gens allaient forcément penser qu’ils étaient dans une sorte de relation et qu’il venait de la larguer. Sauf que ce n’était absolument pas le cas. L’étudiant ne la connaissait même pas et elle semblait même ne pas faire partie des étudiants de la Yonsei. Alors qu’on puisse assumer qu’il brisait son cœur le mettait mal à l’aise.

Il soupira quand elle s’excusa. « Ce n’est pas grave… » murmura-t-il incapable de dire autre chose. Devait-il la prendre dans ses bras pour la réconforter ? Devait-il lui offrir un mouchoir pour essuyer ses yeux ? Jihae n’était même pas sûr qu’il en ait d’ailleurs, mais c’était le geste qui comptait non ? Il la regarda s’incliner pour s’excuser à nouveau et il se gratta la nuque gêné par ce qu’il avait sous les yeux. Elle allait réellement le faire passer pour le méchant de l’histoire à pleurer au milieu du couloir alors qu’ils étaient entourés. Le jeune homme soupira une nouvelle fois et haussa les épaules. Ce n’était pas son problème après tout. Il ne la connaissait pas, donc il pouvait partir sans se retourner. Pourtant, quand il voulut le faire, sa voix le fit se stopper et il fronça les sourcils. « Oui ? » Que lui voulait-elle ? « Je sais pas ce que vous me voulez… Mais je ne suis pas Enhyuk… Je suis désolé… » Peut-être que répéter qu’il n’était pas la personne qu’elle recherchait lui ferait imprimer et elle le laisserait tranquille.

 Qu'est ce que tu faisais là? était ce encore un de ces drôles de rêves où tu attrapais Eun Hyuk que tu le grondais pour être parti si longtemps, avant de le serrer dans tes bras? Pourtant aujourd'hui son visage était parfaitement détaillé. Oubliant les traits enfants, et tout ceux que tu ne pouvais connaître de sa puberté. Alors il apparaissait avec une définition qui fit manquer quelques battements à ton coeur. Aussi naïve qu'on pouvait l'être tu espérais. Pas trop longtemps, rapidement mise au pied du mur, devant l'évidence simple et logique qu'il n'était pas ton frère.

Combien de fois? Combien de fois devais tu tomber pour comprendre? Combien de fois la folie devait t'atteindre, pour une peur irrationnelle, pour une hallucination plus que réelle. Combien de fois devais tu subir tout cela, et le faire subir, pour comprendre que tu avais besoin d'aide. Pas un ami qui prenait ta main, pas un chien par ci par là, pas une soeur dans une même peine, mais bel et bien un professionnel. Devant des élèves, tu finissais par te ridiculiser, leur laissant le plaisir d'imaginer tout et n'importe quoi. Inventer une fantaisie à propos d'une romance qui n'a et n'aura jamais lieu. Imaginer quelconque histoire derrière, tu leur laissais ce bénéfice, celui que tu n'avais plus que tu ne voulais pas avoir. Laissant les lèvres se déliées, juste l'espace d'un instant. Juste pour une minute ou deux, les larmes pouvaient couler, légèrement, juste assez pour te soulager, un minimum.

La tête basse, une excuse lancée, tu l'étais. Pour tout ce que tu lui faisais subir, lui qui n'avait rien demandé, qui ne te connaissait pas. Et le corps se pliant de nouveau, s'inclinant tu cherchais simplement à faire passer ce sentiment profond. Pour toi même également. Désolée de ne pas être plus forte. De ne pas reconnaître son propre frère. Désolée d'aller si mal. La gorge nouée elle réussit tout de même à se délier pour un dernier appel. Ignorant pourquoi, quoi dire, mais continuant simplement d'apprécier la vue, d'imaginer un monde où EunHyuk était là. " Je sais ... mais .. Est ce que tout va bien? " C'était l'hôpital qui se foutait de la charité. Surement. Mais au fond, tu voulais prendre des nouvelles, même de cet inconnu. " Est ce que vous avez des problèmes? Je sais ça ne me regarde pas. " Alors pourquoi demander? Parce que tu t'en voudrais. Parce que tu savais que si quelqu'un l'avait fait pour ton frère il serait là. Convaincue au plus profond de ton être, c'était tout ce que tu pouvais faire, pour cette illusion, mais pour l'homme réel qui se présentait devant toi.

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