@Chae Thiên Duyên
OOTD || Parfois, Yohan aurait aimé simplement ne pas s’être levé au matin… La majorité du temps où il mettait un pied dans la capitale, il regrettait de l’avoir fait ; soit parce qu’il se perdait et peinait toujours à retrouver son chemin, soit parce qu’il n’aimait pas l’attitude de certains inconnus, soit parce qu’il rencontrait des situations qu’il n’appréciait guère ou tout simplement à cause de tous ces bruits qui lui cassaient les oreilles. A peine se retrouvait-il à Séoul que sa ferme lui manquait déjà et il se rappelait toujours un peu plus pourquoi il n’avait jamais cherché à déménager dans une telle agglomération ; il n’était clairement pas certain de s’y plaire… Ô certes, plus jeune il avait été contraint de s’y rendre régulièrement pour sa scolarité, toutefois bien qu’il avait apprécié certains moments, il avait toujours préféré sa tranquillité dans son petit coin de paradis, encore plus après tout ce qui lui était tombé dessus et que le besoin de s’échapper avait été plus fort. Peut-être était-ce aussi ces raisons là que Yohan ne parvenait pas à aimer la vie dans cette ville, parce qu’indirectement cela le ramenait à un passé qu’il aurait aimé pouvoir effacer. Un passé qu’il ne pouvait guère le changer et qui l’avait vraisemblablement rattrapé aujourd’hui… Un passé qu’il aurait aimé garder secret jusque dans sa tombe, qu’il aurait aimé ne jamais avoir à recroiser et encore moins de repenser à tout ce qu’il avait perdu juste à cause d’une vulgaire erreur de jeunesse.

Se rendre à sa boutique de temps en temps, le jeune homme n’en avait malheureusement pas trop le choix, et aujourd’hui plus qu’un autre jour, il regrettait sérieusement de l’avoir fait. Ses affaires terminées, il s’était motivé à s’en aller, retrouver la route de sa bonne vieille voiture puis retourner à la ferme. Hors, ce n’était pas sans compter sur ce fameux hasard qui faisait bien les choses, tomber sur l’un de ces visages qu’il aurait préféré ne jamais revoir et qui, étrangement pour lui qui était pourtant si calme, faisait bouillir son sang tout entier. « Ca alors, mais ne serait-ce pas Choi Yohan ? » Le concerné avait immédiatement grincé des dents en reconnaissant immédiatement cette ancienne connaissance du lycée. Non, il n’était pas le seul que le jeune homme ne souhaitait jamais retrouver dans son existence, cependant il n’avait pas besoin des autres pour se sentir écœuré, agacé et terriblement rancunier. Plutôt que l’affronter de face, n’éprouvant aucune envie de lui adresser la parole, le fermier s’était contenté de lui jeter un regard noir avant de faire demi-tour. « Et attends, pourquoi tu t’en vas ? » Ce garçon n’avait pas changé parce que même sans le regarder, il pouvait parfaitement discerner ce sarcasme et cette arrogance qui se reflétait dans sa voix alors que l’individu s’approchait, entourant aussitôt son bras autour de son cou… Un bras que Yohan avait aussitôt repoussé alors qu’il se décalait. « Fiche moi la paix, Hyun Sik. Je n’ai rien à te dire. » En vérité, même si ce dernier était venu en brandissant le drapeau blanc et en se fondant en excuse, lui n’aurait rien voulu entendre. Aussi bête que cela pouvait paraître, il en avait énormément souffert de toute cette histoire, bien plus que ce qu’il ne mentionnait à voix haute, bien plus que ce qu’il ne montrait également, seulement s’il avait choisi de se couper du monde, ce n’était pas pour rien. Et tous ces gens de cette époque en était les principaux fautifs ; c’était parce qu’il avait été autant blessé que Yohan s’était fermé au monde entier, rejetant naturellement toute forme d’attache par peur de se faire violemment abandonné en premier. Il se protégeait tout simplement… et c’était parce que son cœur en avait trop subi qu’il en était arrivé à ce point désormais alors non, il n’était aucunement d’humeur à échanger avec une personne qui l’avait rabaissé, qui l’avait ridiculisé et qui avait préféré lui jeter des pierres au lieu de lui tendre les mains.

« Waouh. T’es toujours aussi sensible à ce que je vois. » Et il riait. Fièrement, Hyun Sik riait. Le fermier aurait sincèrement voulu lui mettre des baffes pour éteindre ce rire qui sortait de sa bouche, toutefois il n’en fit rien, se contentant de continuer à marcher et de l’ignorer. Ce qui n’avait pas l’air d’arrêter son voisin qui avançait à ses côtés, replaçant son bras autour de lui. « Tu ne vas pas me contaminer si je te touche, hm ? » Yohan l’avait senti venir, il savait que cet imbécile n’attendait que ça de se moquer et c’était la raison pour laquelle lui l’avait rejeté de plus bel, une expression glaciale dans ses pupilles. « Je ne sais pas. C’est à tes risques et périls. » Et sans lui laisser le temps de répondre, il avait ajouté d’un ton sec « Pauvre con. » Une insulte qu’il n’avait jamais osé prononcer par le passé, principalement parce qu’à l’époque, il avait été trop choqué, trop blessé, pour réagir et penser correctement. « Et ça va, ne sois pas si sensible. Je t’ai connu plus sympathique. » Toujours cette esquisse narquoise accrochée au coin des lèvres et Yohan, lui avait l’impression qu’il allait juste exploser. « Je ne te le répèterais pas, fous-moi la paix, Hyun Sik ! » Sa voix n’était plus aussi neutre qu’elle l’était à l’origine, la rancune et la colère pouvait distinctement s’entendre dans le ton qu’il employait, en plus de se remarquer dans ses poings qu’il serrait. « Tu veux me frapper ? J’y crois pas. » De plus bel, son vis-à-vis rigolait mais d’un rire surpris ou offensé, non, d’un rire moqueur. « Choi Yohan a envie de me frapper. Tu te prends pour qui espèce d’imbécile ? Tu penses vraiment que tu peux te le permettre alors que c’est toi qui as un problème, pas moi. » Il luttait, sincèrement, Yohan luttait pour se retenir de ne pas lui en mettre une et lui foutre en pleine face ce poing que ce con méritait. Mais il n’en faisait rien, il restait là à le fusiller de ses yeux sombres tandis que ses bras tremblaient sous la colère et la frustration ; il n’avait même pas le courage de lui répondre, en cet instant, il aurait juste voulu disparaître loin. Très loin.

Always in style || Aujourd’hui était son jour de repos. Alors qu’il en profite généralement pour envahir l’espace personnel de son crush, cette fois, il n’y arrivait pas. Le vietnamien était encore trop gêné par le déroulement inattendu de cette fameuse nuit. Il assumait avoir crié le mauvais nom, après tout, cela lui arrivait même souvent. Il n’assumait toutefois pas que Chuuya l’ait appris et encore moins de la réaction pathétique qu’il avait eu. Certes, il est vrai qu’il ne voudrait le perdre pour rien au monde, mais le lui dire ? Directement ? Quelle idée lui avait traversé l’esprit !? Il devait avoir eu l’air si pathétique, si con et si dépendant ! Trois caractéristiques que Thiên Duyên ne voulait jamais voir associées à son nom, encore moins par lui. Il avait encore de la difficulté à se faire à l’idée qu’il allait travailler avec son petit frère. Pourtant, qui pouvait-il blâmer sinon lui-même ? C’était le vietnamien qui lui avait filé le job, après tout ! Tout comme c’était lui qui avait choisi de garder sous silence son identité et de continuer de se cacher derrière sa persona féminine. Chang Kyun ne se doutait-il vraiment de rien ? C’était ce qu’il avait laissé paraître, lors de son entrevue. En même temps, comment aurait-il pu le reconnaître sous tout ce maquillage et ces artifices ? Comment aurait-il pu savoir que ce petit hobby de gamin deviendrait une passion et que le jeune homme en ferait même sa carrière ? La vie avait continué pour les deux frères, ni l’un ni l’autre ne savait ce que l’autre avait traversé, ni s’il avait changé. Il aurait été tout à fait possible que Thiên Duyên renie définitivement son amour des costumes féminins, suite à l’abandon de sa mère adoptive. Même qu’il l’avait fait, pendant quelques années. Peut-être que s’il avait continué sur cette voie, il aurait été plus facile à retrouver pour son cadet. Il aurait sûrement été plus aisé de le reconnaître, du moins.

Alors qu’il marche, les mains dans les poches, sans but précis sinon ne pas aller voir Chuuya à son boulot, il remarque une silhouette familière. Cet homme aussi l’a croisé sous ses deux aspects, sans nécessairement faire le lien. Son attitude s’était avérée différente, selon s’il se trouvait face à Min ou à Thiên Duyên. Au début, il ne lui avait clairement pas fait une bonne impression, lui laissant même un goût amer en travers de la gorge. Le vietnamien avait même failli faire demi-tour, lorsqu’il l’avait recroisé de nouveau, mais le coréen s’était montré plus supportable et le jeune homme avait vraiment besoin de choses vendues à sa boutique. Leurs chemins s’étaient ainsi recroisés en quelques occasions, ne les rapprochant vraiment jamais, mais ne les éloignant pas nécessairement non plus. La drag queen aurait pu simplement passer son chemin, après tout, ils ne sont pas amis. Mais avait-il mieux à faire ? Non, puis au moins, ça l’empêcherait de penser à ses problèmes et à son meilleur crush, l’espace d’un instant, au moins. C’était ce qu’il avait d’abord pensé, puis, c’était devenu personnel. Trop souvent, le jeune homme avait entendu des insultes du même genre. Ses “problèmes” étant généralement son emploi, son orientation sexuelle ou le fait qu’il ne soit pas de sang coréen. Énervé, il pinça les lèvres, expira un bon coup, puis se fit un plan rapide.

-« YO HAN ! » cria-t-il, lui faisant signe de la main, en courant vers lui. « Bordel ! Je te cherche depuis mille ans ! Le mariage est dans quelques heures ! Tu fais quoi ? La mariée te réclame ! » continua-t-il, une fois arrivé près de lui.

Oui, il tentait d’abord le mensonge pour s’en sortir pacifiquement. C’est qu’il a besoin de garder son joli visage intact pour le travail et pour continuer de draguer tout ce qui bouge, puisque son crush n’est pas intéressé.

-« Et même si t’es pas toujours le plus sympathique, que t’es même un peu chiant parfois… même toi, tu ne peux pas dire non à la mariée ! » ajouta-t-il avec un petit sourire taquin.

Non, il n’allait pas laisser complètement passer les affronts répétés sous silence. Cela dit, le vietnamien n’était pas venu pour le faire chier en plus et en ajouter une couche. Son expression joviale se transforme en dédain, lorsqu’il tourne les yeux vers l’inconnu.

-« Eh… Je ne sais pas vous êtes qui… et vous n’êtes pas assez mignon pour que ça m’intéresse… alors… bye. » conclut-il sans plus de cérémonie, en venant délicatement glisser sa main sous le bras de Yo Han pour l’inviter à s’éloigner de l’imbécile.

Allaient-ils s’en sortir si facilement ? Ou son joli visage allait-il être abîmé ?

@Chae Thiên Duyên
OOTD || De plus en plus, Yohan tremblait, les poings serrés, blessé par les paroles de son interlocuteur mais également énervé de devoir supporter toutes ces moqueries en pleine face. Il avait pourtant appris à ne pas se formaliser de ce que pensait son entourage et d’ignorer tous ceux qui tentaient de le rabaisser, néanmoins c’était visiblement différent quand son passé était la source de toutes ces critiques. Il s’agissait d’une période que le jeune homme aurait souhaité être en mesure d’oublier et la ranger loin, très loin, dans son esprit. Parce que cette époque l’avait beaucoup plus blessé que n’importe quelle autre, parce qu’il avait vu tous ceux en qui il croyait lui tourner le dos, et parce qu’il avait subi tant d’infamie sans parvenir à se défendre. Il n’était pas ce monstre qu’on définissait, encore moins une bête de foire qu’on aimait mettre en public rien que pour se défouler ; il détestait ça et il détestait cet homme qui osait s’en prendre à lui sans le moindre remord. Evidemment que Yohan avait envie de lui balancer un bon crochet en pleine figure, et pourtant il n’était pas habituellement quelqu’un de violent, pas même un garçon qui se mettait si facilement en colère, hors Hyun Sik réussissait si aisément à le faire sortir de ses gongs. Son cœur se compressait, ses yeux brillaient et s’il avait ouvert les lèvres pour répliquer, aucun son ne s’en était échappé… Il n’avait pas eu le temps. Sur le moment, non, il n’avait pas compris ce qu’il se passait ni même qui était ce garçon qui l’avait soudainement abordé. Ô bien sûr, dans une autre situation il l’aurait immédiatement reconnu toutefois actuellement, Yohan était tellement troublé par toutes ces attaques, comme si ses pieds s’enfonçaient lourdement dans le sol, il s’était juste retrouvé perdu, incapable de discerner quoi que ce soit.

Son corps avait bougé de lui-même lorsque son sauveur l’avait tiré pour l’emmener ailleurs, l’éloigner de ce pauvre type qui souriait sarcastiquement en les observant, avec, sûrement, toute sortes de pensées les concernant à l’esprit. Et en vérité, le fermier n’était même pas en condition de réfléchir à ce que son ancien camarade pouvait bien songer, il tremblait encore sous la tourmente, difficile pour lui de souffler librement. Probablement que lui-même ne s’était pas aperçu à quel point cette histoire avait pu le toucher et laisser de lourdes séquelles sur son âme ; il l’ignorait jusqu’à présent néanmoins en cet instant, il n’avait pas d’autres choix que d’admettre ô combien ça faisait mal. Rapidement cependant, une fois assez loin, il avait retiré son bras de celui de l’autre garçon, dans un geste vif, avant d’arrêter le pas. C’était à ce moment précis, après avoir enfin posé son regard sur le visage du jeune homme, que Yohan l’avait reconnu, ses esprits étant un peu plus clairs désormais. « Ca va maintenant. » Avait-il ajouté d’un ton qu’il espérait neutre mais qui restait troublé par l’émotion malgré tout. « Merci. » Puisque même s’il avait voulu lui demander ce qu’il faisait là et pourquoi il s’était mêlé de ce qui ne le regardait pas, le fermier avait très bien compris que Thiên Duyên avait essayé de lui venir en aide. Cela aurait été désobligeant de sa part de l’envoyer balader quand ce dernier était venu à son secours. « Je vous revaudrais ça. » Sincèrement, il y tenait même s’il n’était pas en état de lui rendre la pareille maintenant, il promettait de le faire plus tard.

Always in style || Thiên Duyên aurait très bien pu ne pas s’en mêler. L’histoire ne le concernait en rien. Il n’était même pas proche de Yo Han. Il se disait qu’il agissait ainsi pour meubler le temps, mais surtout ses pensées. Il n’arrêtait pas de penser à Chuuya, depuis cette fameuse soirée. Enfin, c’est vrai que le blondinet vivait déjà sans payer de loyer dans sa tête, mais il avait été si con et avait dépassé tellement de limites, cette fois-là ! Pourquoi avait-il fallu que son meilleur crush ne soit présent ? Pourquoi cette fois-là, il avait su faire les 1+1 ? Mais surtout, pourquoi le vietnamien avait autant parlé !? Qu’est-ce qui lui avait pris de tout déballer comme ça ?! Parler de Chang Kyun et cette infâme femme, c’était une chose, mais la suite ? VRAIMENT LA SUITE ?! Thiên s’en voulait que tout ait dérapé, de ne pas avoir su se la fermer. Des années qu’il le réussit ! Presque deux décennies, même ! Mais non ! C’était trop beau pour continuer au calme ! À quoi le vietnamien avait-il pensé ? Il avait l’impression d’avoir ouvert la boîte de Pandore. Quel imbécile faisait-il ! Idiot avec son meilleur crush, sauveur du jour avec cet homme qui est pratiquement un inconnu.

Celui dont la beauté égalait les propos désobligeants les laissa partir sans rien trouver à redire. Thiên Duyên ne lui offrit ni un dernier regard, ni un sourire. Il ne valait pas la peine de gaspiller plus d’énergie. Sa main tenait délicatement, mais fermement le bras de Yo Han, afin de bien le guider et ne pas le perdre en chemin. Ce serait con qu’il soit venu à son secours, mais que ce dernier ne retourne lancer une bagarre. Il avance d’un pas soutenu, cherchant à l’éloigner le plus rapidement possible. Pour une fois, il sait quand garder le silence. Bah oui, parce que là, c’est le bon moment de tenir sa langue, hein ! Ses doigts relâchent leur emprise, sentant le bras s'écarter vivement.

-« Ca va maintenant. »

Il le dévisage quelques secondes, se doutant de ne pouvoir s’assurer de rien. Ils ne se connaissent pas assez pour qu’en un regard, Thiên Duyên puisse réellement jauger de son état. Le plus vieux a déjà l’air plus calme, c’est toujours ça.

-« Merci. »

La surprise s’étire sur son visage, alors qu’il soulève les sourcils dans une expression on ne peut plus spontanée. Yo Han connaît la politesse ? On en apprend tous les jours !

-« Je vous revaudrais ça. »

-« Oh t’inquiètes ! Étranger, adopté, gay, drag queen… sans parler de mes excellentes habitudes nocturnes… L’occasion se présentera plus vite que tu ne peux le penser ! » admit-il très sincèrement, en hochant la tête.

Il ne pense pas avoir oublié de raisons pour lesquelles on pourrait s’en prendre à lui. Étonnamment, le vietnamien pensait qu’il y en aurait tout de même plus.

-« En fait, t’auras sûrement une chance par jour… » ajouta-t-il, en haussant les épaules nonchalamment.

Il serait aisé de penser qu’il exagère, mais il est prêt à échanger de place pour montrer que non. Son expérience au lycée n’était qu’un amuse-bouche pourri de ce qu’allait être la vie.

-« Mais… toi… Tu ne coches aucune de ces cases chanceuses, que je sache… » commenta-t-il, se demandant si son gaydar était défectueux.

Non, sûrement pas. Pas ça en plus ! Son cerveau, son corps… cette saloperie qui refuse de se donner au premier venu, depuis cette satanée soirée ! Trahison ultime pour l’homme facile qu’il a toujours été avec fierté. Puis son gaydar ? On allait lui annoncer que la planète est plate aussi ?!

@Chae Thiên Duyên
OOTD || Angoissé, oppressé, c’était comment s’était senti le jeune homme après cette altercation avec un fantôme du passé. Il n’avait pas été capable de réagir correctement, encore moins de ne pas laisser ses émotions le submerger et il avait eu l’impression que ses pieds s’enfonçaient de plus en plus dans le sol. Une sensation désagréable qu’il n’avait pas été en mesure de se défaire jusqu’à ce qu’une main tendue ne vienne lui porter main forte. Non, bien sûr que non, sur l’instant Yohan n’avait pas été en mesure de discerner l’entièreté de la situation, se contentant de se laisser traîner ailleurs de l’endroit où se tenait cet ancien camarade. Peu importait les pensées de ce dernier, peu importait comment il se ferait critiquer, il avait juste eu besoin d’espace et de s’échapper. Et on l’avait aidé pour ça donc évidemment que le fermier en était reconnaissant car il ignorait s’il serait parvenu à sortir de ce piège par ses propres moyens. Probablement que, en effet, il était beaucoup plus fragile qu’il ne le pensait et qu’il y avait toujours certains sujets dont il refusait d’aborder. Etait-il réellement ce monstre qu’on avait décrit à l’époque ? Parfois, il se le demandait et même si ses proches le dissuadaient toujours, le rassurant là-dessus, il y avait ces moments où, comme aujourd’hui, il ne pouvait s’empêcher de s’interroger.

Cependant, lorsqu’il fut enfin éloigné, Yohan avait fini par se décaler, pas à l’aise avec la proximité, pas à l’aise avec le contact et, oui, il l’avait sincèrement remercié. Bien sûr qu’il connaissait la politesse, il s’avérait d’ailleurs certainement bien plus courtois et respectueux que la personne à ses côtés ne pouvait le deviner. Assurément à cause de leurs altercations qui n’avaient pas toujours été des meilleures et ce car le fermier admettait également ne pas avoir un très bon caractère. Hors, il promettait réellement de lui revaloir cela et ce, même s’il n’était pas capable de lui rendre la pareille maintenant, ses mains tremblant encore légèrement par cette provocation gratuite. « Si je le pouvais, j’aimerais rendre la pareille sans avoir besoin de te venir en aide. Puisque tant qu’à faire, je n’ai pas envie de te souhaiter du mal non plus. » Dans le sens qu’à choisir, il préférait ne pas avoir à lui tendre la main si cela lui permettait d’éviter des horribles critiques. Hors, évidemment que si on l’embêtait et que lui se trouvait dans les parages, il interviendrait. Il l’aurait fait sans que le garçon ne vienne à son secours néanmoins à présent il avait une raison supplémentaire de s’interposer si un tel incident se passait. Peut-être aurait-il une chance un jour, comme le déclarer Thiên, toutefois il ne la lui souhaitait vraiment pas et il n’appellerait même pas ça une chance d’ailleurs.

En effet, lui ne cochait pas tout à fait les cases mentionnées même si en soit il n’avait jamais eu de père, uniquement un beau-père, et que sa mère n’avait jamais été la plus présente dans son existence. Seulement, étrangement, ce n’était jamais ça qui lui avait valu des critiques auparavant. On se moquait plus souvent de son style vestimentaire, de sa personnalité bizarre et du fait que son grand-père tenait une ferme. Des remarques auxquelles le jeune homme n’y prêtait pas de très grandes attentions toutefois cela avait changé le jour où il avait chopé cette saloperie. « C’est principalement ma santé qui est défectueuse. » Lui avait-il alors déclaré dans un haussement d’épaules, sans donne plus de détails. « Il ne faut jamais grand-chose aux gens pour critiquer de toute façon. » Et c’en était vraiment pitoyable.

Always in style || La situation avait quelque chose d’étrange. Thiên Duyên n’aurait pas su la décrire autrement. Si on lui avait dit, ce matin, qu’en fuyant son meilleur crush, il se retrouverait ainsi avec… Yo Han ? Que ce dernier aurait besoin d’être… sauvé ? Par lui ? Bon, le vietnamien ne se prenait pas pour un Batman ou Iron Man - il est beaucoup trop pauvre pour vivre le fantasme d’un multi-milliardaire ou millionnaire. Cependant, l’épisode de vie lui semblait particulier. Avait-il une leçon de morale à y apprendre ? Ou était-ce celui où on en apprend davantage sur l’histoire du personnage et où ils se rapprochent, puisqu’ils ont partagé quelque chose de singulier ? Peut-être que le vietnamien se laissait trop absorber par diverses émissions, tentant de fuir sa douloureuse réalité, et que cela lui affectait le cerveau. En attendant, c’était toujours plus constructif que d’errer sans but sinon éviter Chuuya, non ? Thiên Duyên voulait s’en convaincre, oui.

-« Si je le pouvais, j’aimerais rendre la pareille sans avoir besoin de te venir en aide. Puisque tant qu’à faire, je n’ai pas envie de te souhaiter du mal non plus. »

-« C’est gentil de ta part… mais je doute que ce soit vraiment réaliste ? » commenta-t-il en grimaçant. « Mais de toutes façons, tu n’as pas à t’en faire. Les situations se présenteront… trop souvent… Sauf que je n’ai pas fait ça pour que tu m’en doives une. » admit-il en haussant les épaules.

Cela pouvait être étonnant. Après tout, il est facile de penser que le vietnamien est égocentrique à ce point. Or, il a plus tendance à garder les gens à distance, qu’à les garder près de lui, même si c’est parce qu’ils lui doivent des comptes ! Ce n’était pas de ses affaires, mais cela ne l’empêchait toutefois pas d’être curieux quant aux raisons qui avaient amenées Yo Han dans cette malencontreuse altercation.

-« C’est principalement ma santé qui est défectueuse. Il ne faut jamais grand-chose aux gens pour critiquer de toute façon. »

-« En effet… Les gens sont vraiment cons… » admit-il, en soupirant longuement. « Comme tu le sais, aucune mariée ne te réclame… mais j’ai du temps à tuer, tu dis vouloir me rendre une faveur, alors… café ? » proposa-t-il, espérant que d’ainsi pouvoir occuper son esprit et ne pas penser à…

Merde ! Pourquoi il y pensait encore ?

-« Personne n’a frappé mon gagne-pain. » dit-il en caressant son propre visage. « Alors, je pense que ça pourrait faire l’affaire. » ajouta-t-il avec un sourire qui se voulait convainquant.