Impossible de rater l’information. Tous les jours de cette semaine, un étudiant a usé et abusé de son haut-parleur pour promouvoir le match de football qui se déroule à domicile, ce vendredi soir.  Une ferveur qui manque parfois dans le club de baseball, pour tout dire. Pas jalouse et bonne joueuse, la jeune femme a décidé de supporter l’équipe universitaire dans ce derby qui risque d’être enrichissant si les joueurs sont à la hauteur de ses espérances. Le football n’est peut-être pas son sport de prédilection mais c’est certainement celui qui relie tous les peuples. Tout le monde en connaît au moins les règles. Et puis, elle connaît deux-trois joueurs dont un qu’elle a bien envie de charrier s’ils devaient essuyer une défaite. En attendant, Seorina n’a peut-être pas pris ses pompons de cheerleader - pitié - mais c’est certainement sa voix qu’on entend le plus ce soir. Ou ses jurons. Il faut dire que certaines pertes de balle sont tellement ridicules qu’il est impossible pour elle de garder son calme. C’est sa façon d’apprécier le sport. Pour autant, elle n’insulte aucun joueur. Elle a beau avoir un langage parfois vulgaire, elle connaît quand même le respect. Encourageant son attaquant favori, le match se termine sur une victoire pour la Yonsei ! Elle applaudit de tout son cœur, se vidant presque de toute son énergie. Si Dae Hyun est mauvais sur bien des domaines, personne ne peut douter de son talent en football. Elle descend des tribunes pour interpeler son camarade mais ce n’est pas certain qu’elle le remarque avec sa petite taille. Heureusement, il ne s’agit pas non plus du grand match du pays. La pauvre ne pourrait pas survivre face à cette marée humaine. Au bout de quelques minutes, elle parvient donc à le rejoindre vers le banc et lève la main pour lancer un h5. “ Hey Ronaldo ! Tu aurais pu en marquer un autre. “ Il a eu le temps de célébrer avec son équipe. Le MVP du jour peut quand même lui adresser la parole, non ? “ Je te kidnappe pour fêter ça. Tu n’as pas le droit de dire non. “ Seorina lui offre un beau sourire.  

C'était pas compliqué, de suivre le ballon et de taper dedans. T'étais plutôt doué, sans te vanter. Tu aurais pu démarrer une grande carrière. Peut-être pas autant que certaines têtes internationales connues et reconnues mais tu aurais pu tenter quelque chose et partir loin d'ici. Mais comment aurais-tu pu bouger les choses, si tu l'avais fait ? Comment aurais-tu pu dire être meilleur que ton père si tu faisais un métier totalement différent du sien ? Comment t'aurais pu te regarder dans le miroir tous les jours en t'étant éloigné des problèmes sans tenter de les régler ? Tu savais que tu changerais pas le monde. Pas comme tu le voulais. Mais tu pouvais essayer, petit à petit. Comme tu essayais de gagner chaque match avec ton équipe. Une petite victoire mais une victoire quand même. Un sourire aux lèvres, tu fêtais joyeusement avec les autres. Vous aviez gagné. Ton regard fut attirée par une jeune femme, un rire résonnant directement contre ta bouche alors que ta paume claquait doucement contre la sienne. « J'aurais pu. Mais j'ai pas entendu ma pompom-girl préféré crier mon nom assez fort donc j'ai laissé tomber », tu haussas les épaules, faussement déçu, le sourire toujours présent. « Tu me kidnappes ? Tu me kidnappes où ? Combien de temps ? Est-ce que je dois m'inquiéter ? Est-ce que je dois prévenir la police ? », si t'étais pas de retour, on allait remarquer ton absence. L'entendre, surtout. « En plus j'ai pas le droit de dire non ? Dur », râlas-tu dans un soupir bien trop bruyant pour être vrai. « Tu me laisses le temps de me doucher par contre ? », demandas-tu et sans attendre de réponse, tu enchaînas. « Pas que je sens pas bon mais pour rester poétique je sens pas les fleurs donc... », tu marquas une petite pause avant de sourire. « Je me dépêche, promis ! Je fais vite ! Bouge pas surtout ! Et après tu pourras me kidnapper. Je veux sentir bon si c'est ma dernière heure », lanças-tu tout en courant vers les vestiaires, manquant de faire tomber un autre joueur en passant un peu trop vite. Et aller vite, tu le fis. Ni une ni deux, t'étais sous la douche, quittant les vestiaires en enfilant ton gilet pour rejoindre la jeune femme. « Je suis prêt ! J'ai pas mis longtemps t'as vu », tu souris fièrement, les cheveux encore un peu humides, les lacets défaits et t-shirt à l'envers... et tu ne parvenais pas à trouver la seconde manche de ton gilet, c'était ridicule. « On va où ? On va faire quoi ? Tu veux m'inviter pour la victoire ? », la curiosité brillait dans tes pupilles – mais aussi un agacement léger. Elle était où ta manche ???

Désormais sur le terrain de football, la jeune femme ne compte pas faire de démonstration au plus grand dam de ses fans. Elle ne souhaite pas voler la vedette à son ami qui ne perd pas une seule seconde pour la chambrer à son tour. Un sourire moqueur se dessine sur ses lèvres. “ J’espère que tu as tout de même entendu ses insultes. Tu as quand même eu deux pieds gauches lors de la première période. Heureusement, elle a prié tous les dieux de toutes les religions pour changer la donne et TADAM. “ Seorina échappe un rire quand elle l’oblige à la suivre pour le restant de la soirée. Le jeune homme n’aura aucun indice mais s’il décide d’activer son cerveau, peut-être qu’il sera en mesure de deviner. “ Si tu appelles la police, je risque d’avoir des problèmes, tu comprends. “ Puis, elle change le ton de sa voix pour créer une atmosphère remplie de mystère et de suspens. “ Mais crois-moi, tu ne seras pas déçu. “ En même temps, qui pourrait s’ennuyer en sa compagnie ? Absolument personne. Elle secoue ensuite la tête, bien impatiente d’entamer le programme de cette soirée. Or, pour la survie de chacun, elle accepte de patienter, le temps qu’il puisse prendre sa douche. “ Oui ok ! Ne sois pas radin avec le shampoing ! “ Elle lui fait un clin d’oeil et le regarde partir vers les vestiaires. Elle décide de retourner dans les gradins pour récupérer ses affaires. Ce détour l’occupe seulement deux minutes. C’est pour cette raison que la demoiselle finit par prendre un ballon de football pour faire des jongles. Quelques minutes plus tard et plusieurs échecs, l’étudiante relève le menton vers Daehyun. Elle lui sourit naturellement avant d’arquer un sourcil quand elle voit sa tenue. Qu’est-ce qu’il fout ? “ Tu as vu... tes fringues ? “ A croire qu’il voulait lui foutre la honte. Seorina se dirige vers lui et retire son gilet. “ Ton t-shirt est à l’envers, tête de nœuds. “ Elle lui fait un signe de la tête pour qu’il se change aussitôt. Puis, une fois prêt, la jeune femme l’aide à mettre son gilet comme si c’était un enfant. “ Je ne voulais pas te le dire mais maman... t’embarque dans une salle d’arcade ce soir. “ Elle recule d’un mètre, affichant un sourire en coin. “ T’acceptes le défi ? “   

Clignant des paupières tu observas la jeune femme, poussant doucement les lèvres en avant, les pupilles s'égarant à la gauche de son visage dans un air innocent avant de devenir bougon. « Elle a une voix qui porte donc... », tu haussas un peu les épaules, le sourire fin et amusé. « Et excuse-toi j'avais un pied gauche et un pied droit, je jouais très bien merci », tu plissas un peu les yeux, boudeur, avant de lever le sourcil. « J'espère qu'elle n'est pas allée sacrifier de pauvres vierges sous les gradins.. », soufflas-tu, agitant l'index comme pour la réprimander. Mais voilà que tu te retrouvais embarqué de force, sans savoir où. T'aimais les surpris – t'aimais bien savoir où tu allais aussi. Les demies surprises. T'aimais bien les demies surprises. « Hmm je comprends. Ce serait embêtant », tu fronças les sourcils avant de rire, écoutant attentivement, l'observant. « En vrai c'est difficile de me décevoir », admis-tu doucement, le menton relevé. « Le temps que tu m'embarques pas dans genre.. une serre avec plein d'insectes. Ou au cirque. J'aime pas le cirque. Déjà parce que c'est pas cool d'utiliser les animaux et tout mais surtout parce qu'il y a des clowns. J'aime tellement pas les clowns, c'est affreux », ce qui était bien avec toi, tu savais garder tes peurs secrètes. Tu plissas le nez comme un gamin mécontent, effrayé à l'idée de croiser un clown ce soir. « Ne sois pas radin avec le shampoing ? Dis tout de suite que je pue vraiment ! », t'offusquas-tu, la moue outrée, t'éloignant de quelques pas, agitant les doigts vers elle pour dire que tu retenais. « Je frotterai bien sous les bras promis ! », t'exclamas-tu finalement dans un rire, lui envoyant un clin d'œil à ton tour, pas perturbé que tout le monde puisse t'entendre. Tu disais rien de mal, tu parlais juste d'une douche. Et tu revins, propre ! « Quoi mes fringues ? », demandas-tu, baissant rapidement le regard vers ta tenue. Tu avais de beaux vêtements, merci bien. Tu l'observas faire, les pommettes finement gonflées, bougon. « Il est pas à l'env... », ah si. Tu fronças les sourcils. « C'est à la mode okay ? », te défendis-tu, avant de l'enfiler à l'endroit. Pour lui faire plaisir. Bien évidemment. Tu souris quelque peu en la remerciant de t'aider, enfilant enfin ton gilet dans un souffle satisfait. Tu redressas tes prunelles vers elle dans un rire. « Maman va me payer à boire aussi ? Et à manger ? Maman oserait pas faire payer son fils, c'est chouette. Merci maman ! T'es la meilleure maman ! », tu levas les pouces dans une esquisse bien trop grande, le rire menaçant de couler contre ta bouche. « J'accepte carrément le défi », tu ne reculais pas face aux défis. « Je vais tellement gagner. J'y crois. Je suis dans un bon jour », dis-tu, hochant le visage. « Parce que ouais d'habitude j'étais dans un mauvais jour tu vois ? C'est pour ça que je perds. Mais là je le sens bien, le jour est bon, on a gagné », cqfd t'allais tout gagner – l'important était surtout d'y croire. « Je peux choisir la musique dans la voiture maman ? Déjà que je vais être enfermé dans le coffre j'aimerais écouter un truc cool », tu saluas quelques camarades ici et là, quelques parents ici. Tes mots n'étaient pas du tout bizarres, non. « Allez maman, dépêche-toi ! Ca te réussit pas de prendre de l'âge dis donc. Tu m'as pas ramené mon goûter d'ailleurs ?? »

Sa passion est parfois dévastatrice. Quand elle critique le niveau de jeu des joueurs, certains supporters montrent leur mécontentement à son égard. Pour qui se prenait-elle ? Elle qui ne fait strictement aucun effort depuis les tribunes ? Elle ne peut pas supporter la médiocrité surtout quand elle connaît le talent de certains joueurs. Bien sûr, elle peut comprendre qu’ils puissent vivre des situations compliquées mais elle voulait tout simplement le meilleur pour eux. Si elle se moque royalement de son level dans les jeux d’arcade, elle reconnaît que Daehyun possède certaines compétences en football. Il devrait donc retirer cet air bougon de son visage. C’est certainement le plus beau compliment qu’elle peut lui offrir aujourd’hui. Elle répond d’un air mystérieux. “ Peut-être que tu tomberas sur elles dans les vestiaires. “ Glamour. Heureusement, Seorina se rattrape aussitôt en évoquant leurs futurs projets. “ Tu devrais faire attention à ce que tu dis. Je pourrais utiliser ces armes contre toi si tu finis par me décevoir. “ Elle mordille sa lèvre inférieure, se demandant comment cet enfant serait capable de lui faire du mal. La jeune femme finit par lever le pouce quand il se dirige vers la douche. Qu’il frotte, qu’il frotte, il en a clairement besoin.  

Une sensation de bonheur envahit la jeune femme quand il se présente avec un doux parfum. Elle est à deux doigts de lui demander s’il s’est bien rincé les cheveux mais il la prend de court en arrivant habillé de façon décousue. “ Je te jure … “ Seorina se comporte comme une mère et elle lui fait savoir mais elle n’a pas anticipé la ruse de Daehyun. Oops. “ Heu. T’abuses un peu là. “ La jeune femme n’est pas radine mais elle a l’étrange sensation qu’il lui force la main. Même si pour le coup, c’est de sa faute. “ Tu ne peux clairement pas gagner sur tous les terrains... Je n’ai pas envie de te faire pleurer. Prépare-toi mentalement. “ Quelle mère souhaiterait battre son enfant dans un jeu ? Une vraie mère en fait mais cela ne le décourage pas à poursuivre dans cette voie. Elle va finir par regretter son invitation. Elle met sa main dans ses cheveux et tapote le haut de son crâne. “ Pas de goûter alors qu’on s’arrête à manger, je te l’ai déjà dit. “ Ils quittent tous les deux le terrain de football pour rejoindre le parking à plusieurs mètres de là. “ Et comme je suis dans un bon jour aussi, je te laisse la possibilité de t’asseoir à l’avant. “ Elle déclenche l’ouverture du SUV. “ Pas de copain à ramener hein ? “ Elle se souvient des entraînements de l’équipe de son père. A chaque fois, elle finissait sur les genoux d’un sportif car il n’y avait plus de place pour le pick-up. C’est pour dire... “ Tu choisis quoi comme chanson de loser du coup ? “ Elle démarre le moteur, prête à vivre de nouvelles aventures en sa compagnie.  

Mimant un petit air songeur, tu plissas ensuite le nez, secouant le visage. « Pourquoi je voudrais leur tomber dessus dans les vestiaires ?? », t'offusquas-tu un instant, ouvrant de grands yeux. « C'est poétique », dis-tu ensuite, ne trouvant pas réellement les mots. L'air choqué revint, et tu plias tes bras sur ton torse pour te protéger. « Pas cool ! », commentas-tu, bougon. « Franchement pas cool. Je t'avoue gentiment mes peurs et tu voudrais les utiliser contre moi ?? Dans quel monde vit-on », tu soufflas, bougeant le visage, les épaules basses, un peu trop dramatique. « Je ne te décevrai pas », tu pouvais pas promettre mais tu pourras faire de ton mieux pour y parvenir. Tu souris, levant le pouce à ton tour, partant vers les douches.

Tu revins, et il était bien clair que tu étais incapable de t'habiller seul. Comment faisais-tu pour être encore en vie aujourd'hui ? Un mystère. Tu fis la moue, les lèvres poussées en avant, le regard implorant avant de sourire comme un bienheureux alors qu'elle t'aidait. « Bah quoi », tu haussas les épaules, feintant l'innocence dans une esquisse discrète. « T'es ma mère, tu paies, cqfd », enfin pas vraiment cqfd mais presque. « Je peux gagner. Je vais gagner. Parce que le secret tu vois, c'est l'assurance. Et y croire. Faut y croire. Si t'y crois pas de base, c'est foutu », et toi t'y croyais oui, elle avait compris. « J'vais pas pleurer », reniflas-tu. Parce que tu allais gagner, oui, tout à fait. Y croire, toujours y croire, encore y croire. « J'suis déjà prêt », soufflas-tu, lui offrant un clin d’œil dans un air enjoué. Un faible « Nul » quitta tes lèvres à sa réponse et tu croisas les bras sur ton torse comme un môme. « J'viens de me dépenser. Beaucoup. J'ai besoin de force. En plus j'suis grand », aucun rapport de cause à effet cela dit. « J'ai le droit d'aller à l'avant ? Wow ! J'ai eu une promotion, du coffre je passe à la place du mort », tu levas les deux pouces, riant faiblement, t'installant sur le siège, attachant directement ta ceinture – enfin tu essayais. Tu galérais. Un peu. « Non personne a ramené », articulas-tu, les sourcils froncés, le regard rivé sur la ceinture. « Chanson de loser ? Chanson de winner tu veux dire. Queen ! », dis-tu directement. « Ou Nirvana ? », proposas-tu. « Ou de la pop. Franchement je suis pas difficile tu devrais le savoir », dis-tu, t'installant un peu mieux. « Attends attends attends », lâchas-tu rapidement. « J'arrive pas à m'attacher. Pourquoi j'arrive pas à m'attacher ?? Je plaisantais quand je disais c'était la place du mort. Enfin oui et non, c'est vraiment la place du mort mais je rigolais », tu voulais pas mourir, donc. Enfin tu voulais surtout t'attacher. « Ca me fait penser à la dernière fois où j'ai cru avoir attaché la laisse de Mushu mais en fait non. Et je tenais la laisse, avec le chien dix mètres devant moi. Sa laisse fait pas dix mètres mais j'avais même pas compris ! », tu secouas le visage, amusé au souvenir. « Heureusement qu'il écoute, il revenait à chaque fois. Mais j'avais quand même peur parce qu'on sait jamais tu vois et ah ! J'ai réussi », tu souris, le dos bien droit, désignant la route de la paume. « On peut y aller maman », déclaras-tu, le regard vers elle, satisfait. « J'ai un peu soif », dis-tu après quelques secondes de route. T'étais vraiment chiant comme gamin.

La maladresse de son ami réveille son instinct maternel. A son grand âge, le jeune homme ne sait toujours pas s’habiller. Il aurait pu utiliser un argument pour se justifier : il a souhaité se dépêcher pour éviter de la faire trop attendre. Malheureusement, elle comme lui, savent que c’est presque une coutume chez le garçon. “ Je n’ai pas l’impression d’y gagner au change avec un gamin comme toi. “ Elle lui tire la langue en rejoignant sa voiture, dernier cri. La jeune femme s’était lassée de son précédent véhicule. Maintenant, elle a opté pour un habitacle beaucoup plus grand afin d’offrir un confort de qualité à ses amis. Mais aujourd’hui, plus que tout le reste, Seorina lui propose de la rejoindre à l’avant. Elle pouffe de rire à sa réflexion. “ Un accident mortel, c’est toujours mieux que manquer d’air, non ? “ En espérant que celui-ci soit brutal. En attendant, la sportive a d’autres souhaits pour cette soirée. La case hôpital n’est très attrayante à ses yeux. C’est pour cette raison qu’elle le surveille mettre sa ceinture de sécurité. Sait-on jamais s’il ne parvient pas à s’attacher. Sans finalement attendre le résultat de cette action, Seorina tient à mettre une musique d’ambiance pour le trajet. Comme d’habitude, son ami n’est pas une grande aide. “ Passer de Queen à de la pop. Tu fais fort sur ce coup ! “ La demoiselle n’est pas difficile en genre musical. Elle arque un sourcil quand il la supplie d’attendre. Il a une proposition de musique à lui faire ? Elle s’impatiente avant de réaliser... “ Aishhhhh. Mais comment tu réussis à courir en évitant le ballon ? Tu m’expliques ? “ Seorina le gratifie d’un sourire. “ Dix mètres ? Tu veux te débarrasser de Mushu ou quoi ? Je vais quand même faire attention à ne pas lui rouler dessus sur la route... T’es capable de l’oublier dans la rue, à ce rythme. “ Humour. Peu flatteur, certes. Enfin, elle lance une playlist de Queen avec une de ses préférées Radio gaga. Elle se chargera de mettre We are the champions, au retour de leur soirée, histoire de le narguer bien plus fort ! Le moteur allumé, la jeune femme se lance avant d’entendre quelques secondes plus tard une remarque digne d’un enfant. “ Tu n’as pas une bouteille d’eau dans ton sac de sport ? “ Seorina continue de se concentrer sur la route en chantonnant. “ Tu n’as pas envie de faire pipi j’espère ? Parce que tu vas devoir te retenir ou faire ça par la fenêtre. “ Elle ricane. “ Regarde dans mon sac, j’ai peut-être un fond dans ma bouteille au pire. “ L’américaine laisse un silence s’installer pendant un instant avant de reprendre la parole d’un ton dramatique. “ Tu sais, Daehyun... Parfois, je m’inquiète pour toi. Tous ces parents qui viennent te voir jouer... Et puis, il y a toi qui ne connais pas ton père... J’espère que tu ne m’en veux pas trop. “  

« Je te signale que je suis un gamin adorable », et tu souris grandement, ton index désignant ton esquisse alors que tu relevais le menton. « Je suis drôle. Et gentil », et t'avais sans doute d'autres qualités. T'avais aussi beaucoup de défauts mais tu ne voyais pas l'intérêt de les relever maintenant. « Puis j'ai Mushu », ton meilleur argument jusque là. Tu lui tiras la langue à ton tour, parce que t'étais mature comme garçon, la suivant jusqu'à la voiture. « Alors laisse-moi réfléchir à tout ça... », que tu dis dans un rire, l'index tapotant le menton alors que tu n'y songeais pas vraiment. T'allais surtout retenir que t'étais passé à l'avant, t'étais un grand maintenant ! Haussant les épaules pour simple réponse, tu souris avant de pencher le visage, mimant un air angélique. « Je suis pas difficile », répétas-tu, pas réellement perturbé par le fait de passer d'un genre à l'autre. Sauf que pour le moment t'avais un souci plus urgent que le choix de la musique. Tu ne voulais pas faire de la route en étant détaché. Déjà parce que ça se faisait pas, c'était hors la loi et Seorina risquait une amende – et toi d'être puni et de retourner dans le coffre. Puis ce n'était pas très sécurisant non plus. T'avais confiance en ton amie et ses talents de conductrice mais tu faisais pas confiance aux autres. « Quoi ? », tu clignas des paupières à sa question, penaud. « C'est le talent. Je suis naturellement doué », naturellement con, aussi. « Pardon ?? », outré, t'étais outré. Et choqué. La bouche ouverte dans un air totalement abasourdi alors que tu la pointais d'un index peu flatteur. « Je voudrais jamais me débarrasser de Mushu c'est mon enfant ! Je pourrais pas l'oublier dans la rue... Je pourrais m'oublier dans la rue, mais pas lui. Pas Mushu. Je tiens trop à Mushu », argumentas-tu dans une moue boudeuse, le nez froncé. « A bien y réfléchir ce serait peut-être lui qui m'oublierait dans la rue. Tu viendras me récupérer si jamais ? », demandas-tu dans un air suppliant avant de rire. « Je l'ai vidée » que tu répondis sans attendre, les épaules basses, chantonnant tout de même. « Pour le moment non mais je te préviendrais si jamais l'envie arrive. Je peux tenter dans la bouteille aussi », c'était peut-être mieux que de faire par la fenêtre... quoi que. L'un comme l'autre ne t'enchantait guère. « Merci ! T'es une maman au top, toujours prête », que tu dis tout en regardant dans son sac, attrapant la bouteille dans un air triomphal, avalant une gorgée. « Tu m'as sauvé la vie », la meilleure des mamans. Le silence aux lèvres, tu la fixas dans un air idiot, clignant des paupières, tentant de comprendre ce qu'elle venait de dire avant de pouffer discrètement. « J'ai pas besoin d'un père quand j'ai une maman qui compte pour deux », lui offris-tu dans un clin d’œil, le son amusé contre les lèvres. « C'est triste parfois quand on me demande où est mon père et je sais pas quoi dire. Puis j'entends ma maman gueuler à l'autre bout du terrain et ça va mieux », les paumes sur les joues, tu papillonnas des cils telle une belle biche innocente – et bien bête. « En soit t'as assisté à plus de match que mes parents », admis-tu sans trop de honte. « … ils n'ont jamais assisté à un de mes match d'ailleurs », tu fronças un peu les sourcils, songeur. « Tu me diras c'est pas comme si je voulais qu'ils soient réellement là », que tu avouas sans langue de bois, haussant les épaules, ton regard se perdant sur le paysage qui défilait. Le silence contre les lèvres, tu fixais les couleurs, les décors. « On arrive bientôt ? », que tu demandas en te tournant vers elle. Tu marquas un temps d'arrêt, écoutant la chanson, le visage bougeant en rythme avant d'articuler les paroles dans un anglais approximatif, le corps tanguant doucement. « En vrai on rit on rit mais... j'ai envie de faire pipi maintenant »

Une ambiance bonne enfant règne dans le véhicule de l’américaine. Elle compte bien en profiter à outrance car l’atmosphère risque de changer lors du retour. Le jeune homme sera trop occupé à bouder pour pouvoir continuer à lui parler, à l’appeler maman aussi. Sa simple boutade lui provoque un rire, ne réalisant pas l’impair qu’elle vient de commettre, involontairement. Ses cris comptent pour deux. Peut-être que c’est finalement un monstre qui se cache derrière ce joli minois. Si elle était à la place de Daehyun, la demoiselle sauterait et partirait en courant même si la voiture tourne à plein régime. Il vaut mieux avoir un membre en moins que de perdre la vie, pas vrai ? Enfin, elle ne laissera pas le mal envahir son être pour défendre son protégé. Tournant la tête vers lui, quand ils se trouvent à l’arrêt devant un feu rouge, elle glisse sa main dans ses cheveux propres et l’agite dans tous les sens. Elle le gratifie d’un sourire réconfortant même si Daehyun ne semble pas en avoir besoin. Parfois, il vaut mieux accepter la situation, faire face à leurs absences qu’à une famille bien hypocrite. Pour le coup, Seorina a conscience de sa chance, celle de partager une relation si fusionnelle avec son paternel. Un peu au détriment de sa mère qui se trouve encore aux Etats-Unis. “ Tant mieux si tu penses ainsi. “ Elle ne veut pas paraître intrusive et au fond, il n’y a pas grand-chose à redire. Elle fera juste attention à ne pas rater les prochains matchs car même si son ami est fatigué de l’entendre crier, elle sait qu’il apprécie sa compagnie. C’est évidemment réciproque, y compris quand il continue de faire son gamin. Il est comme ça. Personne ne le changera. On en oublie que c’est lui l’aîné dans leur binôme. “ Le temps de trouver une place. “ Elle décide de rejoindre son chant avec un anglais prononcé à la coréenne. C’est qu’avec les années elle a appris à maîtriser leur accent ringard dès lors qu’ils souhaitent pousser la chansonnette. Ce n’est pas pour se moquer, surtout quand on connaît ses débuts dans le pays du matin calme.  “ Je me disais bien que tu t’étais roulé les pouces sur le terrain tout à l’heure ! Avec la sueur, t’aurais jamais dû avoir envie de pisser ! “ Conversation profonde qui se termine, pour leur plus grand bonheur. Le frein à main relevé, Seorina agite ses mains pour l’inviter à déguerpir. C’est à sa sortie du véhicule qu’elle donne son plus beau spectacle. En effet, elle fait mine de faire le moonwalk pour rejoindre le trottoir et commence à se dandiner. “ It’s THE FINAL COUNTDOWNNNNNNNNNNN ! “ Comme quoi, ses cordes vocales ont de l’endurance. Par contre, cette chanson ne fait pas partie du répertoire de Michael Jackson. Ce n’est pas grave. Même les meilleurs peuvent se tromper. Elle commence à faire des exercices pour s’étirer les bras et s’échauffer. “ Alors on choisit quoi en premier ? Le baseball ? “ Mais ça ne laisserait aucun suspens...

C'était beaucoup plus agréable d'être dans cette voiture avec Seorina que d'y être avec tes parents. Ta « maman » de fortune était bien douce comparée à la vraie. Même si elle te taquinait, tu lui rendais la pareille avec gentillesse. Parce que t'étais un môme adorable ! Tes parents restaient un sujet que tu n'aimais pas toujours abordé. Ou alors seulement quand tu voulais râler les concernant. Seorina avait assisté à plus de matchs qu'eux. Elle était beaucoup plus fidèle qu'eux. Tes parents s'en fichaient bien du foot. Ils préféraient se pavaner devant plus ou moins riches qu'eux dans de faux compliments plutôt que d'affronter le talent pur d'un autre joueur. C'était trop fair-play, pas assez bien pour eux. L'air bougon, tu secouas le visage, passant tes mains dans tes cheveux pour tenter de te recoiffer, un sourire venant tout de même décorer ta bouche. Elle prenait bien soin de toi, ta « maman ». « Ca vaut mieux », que tu commentas dans un petit mouvement du visage. T'avais déjà hâte d'entendre ton amie durant tes prochains matchs, et plus encore, de la voir dans les gradins. Ca te faisait plaisir de la voir là et tu savais qu'elle savait. « Vite vite vite vite vite », dis-tu, t'agitant sur ton siège, basculant de gauche à droite comme un gosse impatient, continuant de chanter au final. « Eeeeh c'est pas gentil ! », t'écrias-tu dans un air outré, la main sur le cœur. T'avais couru partout. « C'est seulement quand on pleure qu'on a moins envie de pisser. J'ai pas pleuré », t'avais fait que transpirer, gouttes salées venant de ta peau et non de tes yeux. Un son contenté aux lèvres, tu lui tiras la langue avant de sortir de la voiture, l'observant, les yeux ronds. Un rire vint exploser contre tes lèvres, tes paumes se rejoignant pour l'applaudir avant que tu ne viennes imiter la guitare dans un « Dududum ». Guitare, batterie, basse. Tu faisais tout. Tu tenais peut-être un nouveau talent – ou pas. Tu manquais tout de même de te taper l’œil avec ton poing en agitant tes baguettes fictives. Un talent. « D'abord on choisit... Le pipi. Sinon je fais dans le caleçon », très sympathique tout ça. « J'ai pas une vessie ultra absorbante, madame », fis-tu remarquant, le menton levé. « Je dois être en bonne condition pour gagner », pour perdre plutôt, tu voulais dire. Tu allas donc aux toilettes, petite pause bien méritée selon toi, revenant quelques minutes plus tard, montrant tes paumes dans un « Tout propre ! », t'avais mérité ton bonbon. « Commençons par le baseball. Je me sens prêt », tu te sentais prêt, ça voulait pas dire que tu l'étais. Tu fis de grands gestes, étirant tes bras en avant puis en arrière, sautillant sur place comme tu faisais avant un match, parfois. « Honneur aux mamans », que tu dis, voulant la laisser commencer pour voir quel score tu devais viser. Pour la battre, bien sûr. « J'aurais le droit à quoi si je te bats ? », si t'avais la chance de la battre, plutôt. « J'ai bien envie d'une glace », tu levas les sourcils avant de lui lancer un sourire, la frimousse presque trop innocente.