Réajustant son sac sur son dos, Kuan Ti jeta un coup d’œil à son portable pour vérifier qu’il ne prenait pas le mauvais chemin. Ce n’était techniquement pas la première fois qu’il prenait ce chemin et allait là-bas, mais… Les rues se ressemblaient toutes. Et manifestement son sens de l’orientation manquait à l’appel, dans ce coin de Séoul. Peu importait, Paint restait bien tranquille, dans son sac à dos, observant probablement les alentours avec beaucoup d’attention. En vieillissant, le lapin passait plus de temps sur la terrasse ou de l’autre côté de la porte-fenêtre, pleurant probablement de manière très dramatique son incapacité à ouvrir la porte lui-même. Et il avait essayé. Mais bien heureusement la poignée était trop haute et impossible à utiliser pour un lapin, même s’il était rempli de bonne volonté et beaucoup trop malin. En tout cas, lui se fichait bien de savoir que son humain avait déjà cinq minutes de retard pour finir par sortir son GPS tout en pestant tout ce qu’il savait. Cette ville était un cauchemar, parfois. Il n’avait même pas encore jugé nécessaire d’envoyer un message à son ami, persuadé qu’il allait bientôt arriver. Techniquement… C’était le cas. De manière pratique, cependant… La maison s’éloignait ou c’était lui ? Ah non, manifestement il zoomait trop. Continuant de maudire en chinois – pour s’assurer qu’aucune mamie ou qu’aucun papi ne vienne l’engueuler – son portable et les rues et à peu près tout ce qui pouvait être sur son chemin, le jeune homme ne remarqua qu’un peu tard qu’il était… Arrivé ?! Wow. Il allait s’acheter une médaille en chocolat en rentrant, pour se féliciter. Et la manger avant de rentrer, histoire que Ha Neul n’ait pas l’occasion de se moquer de lui. Après avoir vérifié qu’il était bien au bon endroit et qu’il ne s’agissait pas d’une maison identique, mais pas la bonne, le Chinois sonna et attendit patiemment qu’on lui ouvre. Lorsque Sun Ho apparut, un sourire soulagé apparut sur son visage : « Gege ! Je suis tellement content de te voir ! Et désolé du retard, j’ai sur-estimé ma capacité à ne pas me perdre. Ce quartier est une horreur, gege ! » Une fois arrivé à l’intérieur, Kuan Ti retira ses chaussures puis s’agenouilla délicatement pour poser son sac à dos et le ramener devant lui, faisant face à son ami : « Sun Ho gege, je te présente Paint ! Promis, c’est un ange, il ne fera pas de bêtises. » Contrairement à Brush. Qui était sagement resté chez lui, avec Ha Neul. Enfin. Sagement. Avec un peu de chance elle avait réussi à s’installer sur la tête ou une épaule de la jeune femme et se contentait de tenter de manger ses cheveux. « Où est-ce que je peux le laisser sortir ? Il n’est pas du genre à grignoter tout et n’importe quoi, mais il est assez aventurier. »

Pour son jour de repos, Sun Ho avait prévu de recevoir un ami à la maison aujourd’hui, un ami qu’il avait rencontré il y avait un petit moment à présent et de qui il s’était rapproché après qu’ils aient tous les deux étaient alertés par la mauvaise situation d’un chaton. Le bibliothécaire était celui qui avait fini par adopter l’animal, n’ayant vraiment absolument rien contre l’idée de prendre soin d’un petit chat, surtout qu’il avait de la place dans sa maison. Habitant dans un hanok, habitation traditionnelle coréenne, évidemment qu’il avait beaucoup d’espace et Asadal, nom qu’il avait donné à la boule de poils, avait si vite pris ses marques. Si la bonne entente avec Kuan Ti était déjà grande au début, elle ne ferait que s’accroître grâce à l’animal puisque son camarade risquait de lui rendre visite plusieurs fois, pour le voir lui mais également pour voir le chaton qu’ils avaient sauvé. Même si son logement était loin d’être sale, Sun Ho avait tenu à faire le ménage au complet, n’aimant pas recevoir ses invités dans une maison mal rangée et il avait même préparé quelques encas pour son ami.

Une fois terminé, il s’était confortablement installé dans son canapé, un livre entre les mains en attendant que Kuan Ti arrive. Ce dernier semblait avoir un peu de retard toutefois le jeune homme ne s’en formalisait pas, ce n’était pas très grave, son ami finirait bien par arriver… Puis, s’il mettait trop de temps, Sun Ho l’appellerait afin de s’assurer que tout allait bien, hors il n’avait pas envie de lui mettre la pression et c’était la raison pour laquelle il patientait tranquillement. Et finalement, alors qu’il était plongé dans l’histoire de son roman, la sonnette de l’entrée s’était faite entendre, créant un doux sourire sur le coin de ses lèvres avant qu’il n’abandonne son bouquin près de lui, sur le divan. Son camarade était visiblement enfin là. Enfilant ses pantoufles d’extérieur, le bibliothécaire s’était déplacé jusqu’à l’immense porte, ouvrant avec joie au garçon qui l’attendait sur le seuil de sa maison. « Tu aurais dû m’appeler, je serais venu te récupérer quelque part. » Avait-il déclaré dans un doux rire, cela aurait évité à son camarade de se perdre s’il l’avait guidé.

L’invitant ensuite à la suivre, ils s’étaient dirigés à l’intérieur de la maison, Sun Ho troquant ses chaussures contre son autre paire de pantoufle juste avant. L’esquisse sur ses lèvres ne s’étaient pas estompées et elle s’était avérée plus tendre, plus curieuse devant la nouvelle boule de poils que Kuan Ti lui présentait. « Il est vraiment si mignon. » Hors, en effet, être mignon ne faisait pas tout dans la vie… « Je te fais confiance. De toute façon, il y a toute l’espace qu’il veut ici. » Le lapin pouvait se balader autant à l’intérieur qu’à l’extérieur s’il le désirait, puisqu’il y avait une cour dehors, comme dans n’importe quel hanok en soit. « Hmm, tu peux le mettre dehors vu qu’il ne fait pas trop froid, sinon il peut venir au salon avec nous ? » C’était au bon vouloir de son ami. Le laissant faire ce qu’il souhaitait du lapin, il l’avait alors mené jusqu’à la pièce concernée où se trouvait de quoi grignoter sur la table. « Je te sers quelque chose à boire ? » C’était la moindre des politesses, avant toute chose, non ?

Même s’il était techniquement en retard, Kuan Ti refusait de laisser cette mauvais expérience lui pourrir la vie. Il était beaucoup trop content de voir Sun Ho – et prochainement le chaton – pour que son humeur ne soit impactée. « Je suis censé être une grande personne capable de me diriger seul ! Et de toute façon ça s’est étrangement nettement mieux passé une fois que j’ai sorti le GPS… » Il avait une fierté, mais clairement pas pour ce genre de choses. Il avait fait son deuil pour ce genre de situations après avoir changé de pays. Une mamie du marché couvert près de lui disait toujours que ça le rendait encore plus adorable. Il n’arrivait jamais à savoir si elle flirtait avec lui ou si elle voulait juste s’assurer qu’il reviendrait acheter ses produits… « Je t’avoue que je préférerai qu’il reste avec nous, ou au moins dans mon champ de vision. J’ai déjà eu de mauvaises expériences, ce qui fait que je suis plus prudent maintenant… » Il n’y avait que sur sa petite terrasser bien fermée que Paint pouvait se balader sans être un minimum surveillé. En tout cas, le lapin commençait à s’agiter dans son sac, désireux d’explorer un nouvel environnement. Une fois dans le salon, Kuan Ti installa le sac sur le canapé, sachant d’avance que Paint allait préférer observer depuis un point de vue assez haut avant de partir à l’aventure. Et effectivement, une fois libéré, le lapin n’hésita que quelques instants avant de grimper sur le dossier du canapé pour mieux observer les alentours. « Je prendrai la même chose que toi, gege, merci ! » Il n’était franchement pas compliqué et en toute honnêteté, il n’était pas là que pour ça… D’ailleurs… Abandonnant son lapin qui reniflait l’air avec beaucoup d’excitation, le Chinois observa les alentours, cherchant une autre boule de poils : « Tu as vendu ton chaton ou il s’est planqué quelque part ? » Le jeune homme se doutait bien que le félin était toujours ici, Sun Ho n’avait absolument pas l’air d’être du style a soudainement changé d’avis et se débarrasser d’un animal de compagnie. Surtout un déjà en mauvais état lors de l’adoption. Un mouvement de Paint dans son dos fit se tourner Kuan Ti, au moment où le lapin décidait qu’il était temps qu’il aille au sol. « Tu vas me ramener l’autre boule de poils ? » Ignorant avec habitude son humain, le rongeur s’éloigna tranquillement. « Regarde-le, il se fiche déjà de moi alors qu’on vient d’arriver… Faut dire que ta maison est franchement superbe, je suis tellement jaloux. » Il ne pouvait que rêver d’un jour réussir à se payer une telle demeure…

C’était plus fort que lui, Sun Ho ne pouvait s’empêcher de sourire face à son camarade qui s’était perdu en venant chez lui. En soit, cela n’avait rien d’étonnant, les rues se ressemblaient plus ou moins toutes, et se rendre ici sans GPS ou sans connaître un minimum, ce n’était pas tâche facile. « Tu aurais dû le sortir directement, tu t’es improvisé aventurier en fait ~ » Le taquiner, le jeune homme adorait néanmoins c’était de bonne guerre et il se doutait que Kuan Ti ne lui en tiendrait pas rigueur. Puis, marchant vers l’intérieur, la question d’où lâcher le lapin était venu dans la conversation et Sun Ho était quelque peu d’accord avec l’autre jeune homme. C’était mieux, de toute manière, si l’animal était prêt d’eux parce qu’ils avaient tendance à vite se perdre ces petites bêtes là, vu que cela fouinait partout et arrivait si facilement à se cacher dans n’importe quel coin. « Je comprends. Qu’il vienne au salon, ce sera mieux. » Surtout que sa maison était grande, si le lapin s’enfuyait, ils pouvaient passer des heures avant de le retrouver. Les fenêtres de l’extérieur avaient été fermés, histoire de ne pas attraper froid, et cela éviterait à l’animal de se promener sur le sol en bois puis de tomber par terre.
Son ami désormais installé, le bibliothécaire l’avait observé en silence avant de lui proposer quelque chose à boire, acquiesçant ensuite les secondes suivantes. L’abandonnant alors quelques instants, Sun Ho s’était échappé dans sa cuisine afin de leur servir deux tasses de thé ; lui était malheureusement obligé de ne pas abuser sur la caféine, et même si la théine n’était pas forcément mieux, il essayait d’alterner, se faisant plus souvent des infusions ou du chocolat.

De retour au salon, plateau en mains, ses lèvres étaient toujours étirées dans une fine esquisse tandis qu’il haussait les épaules à la question de son invité. « Vu le calme, il est certainement en train de dormir quelque part. » Asadal était un chaton, donc il appréciait beaucoup jouer et bien que Sun Ho avait eu besoin de temps pour l’apprivoiser, il n’était pas rare de voir l’animal traîner à ses pieds. Puisque ce dernier n’était pas présent avec eux, oui, il dormait probablement. Un rire franc s’était échappé de sa bouche face à l’indifférence du lapin avant qu’il ne pose enfin les tasses sur la table. « Sers-toi. » L’avait-il ensuite invité à le faire, en désignant les petits encas posés devant eux. « Je vais aller te chercher le fauve et je te ferais visiter après si tu veux ? » A peine avait-il rétorqué ses propos que le dit fauve faisait finalement son apparition dans la pièce « Tiens, quand on parle du loup. » Et sans attendre, le jeune homme avait tendu ses bras pour l’attraper puis le porter contre lui, s’asseyant enfin sur le divan au côté de son camarade. « Regarde, tu ne trouves pas qu’il a déjà grandi depuis ? » Il fallait aussi dire que le temps s’écoulait tellement vite.

Très clairement, Sun Ho avait décidé de faire payer à Kuan Ti son retard. Un jour, il lui ferait payer. A condition que cet événement soit oublié… Pour l’instant, le plus jeune se contenta d’être très mature et digne et donc de tirer la langue. Avec les sourcils et le nez froncés, histoire de bien appuyer son mécontentement. Et il était actionnaire d’un dojo, on n’y croirait presque pas ! Sa vengeance aurait lieu, un jour. Peut-être. S’il n’oubliait pas. Mais pour l’instant, le plus important n’était pas son retard, mais plutôt la future rencontre de deux boules de poils. Le Chinois emmena son lapin jusqu’au salon, avec l’accord de leur hôte, puis laissa son monstre sortir. En attendant que le Coréen revienne avec des boissons, Kuan Ti observait discrètement les alentours, tentant d’apercevoir une moustache de chaton ou n’importe. Mais à part une ou deux touffes de poils sur le sol, aucun signe du félin… « Tu devrais te méfier, gege, parfois le calme est un mauvais signe. Combien de fois ai-je trouvé Brush en train de tranquillement grignoter ma réserve de légumes ? J’ai appris à me méfier du silence, quand elle n’est pas dans mon champ de vision… » Une part de lui espérait qu’elle se calme avec l’âge, l’autre était déjà attristée de ne plus la voir aussi énergique. Lui tout entier espérait qu’elle arrête de se fourrer partout et de faire n’importe quoi. Concentrant son attention sur le plateau de vivres posé sur la table basse, Kuan Ti remercia Sun Ho avant de prendre un biscuit dans lequel il croqua. Franchement, c’était trop attendre de sa part que de ne pas commencer par un biscuit. Ou la nourriture de manière générale. « Han tu es tellement gentil, gege ! Est-ce que tu me laisseras repartir avec la maison et le chaton aussi ? » Faisant ressortir sa lèvre inférieure, le Chinois tenta d’imiter du mieux possible les yeux de chien battu de ses élèves les plus jeunes. Lui était franchement insensible à ça, mais il avait toujours l’espoir que ça fonctionne sur quelqu’un, si c’était lui qui le faisait. Il était forcément adorable, surtout avec son léger accent ! Son attention fut cependant détournée par les paroles du Coréen, le plus jeune se tournant pour observer non pas un loup, mais un magnifique félin au poil luisant. Kuan Ti n’essaya même pas de retenir ses bruits d’admiration et d’amour envers le chaton. « Mais oui, il a tellement grandit ! Et il a l’air en si bonne forme. » La deuxième phrase avait été prononcée plus doucement, plus sérieusement. Le jeune homme se souvenait encore de la boule de poils qu’ils avaient trouvé et elle n’avait pas grand-chose à voir avec la petite bestiole qui reniflait avec curiosité le poing que le Chinois présenta. « Tu as vraiment bien grandi. » Ne cherchant pas trop à imposer sa présence au chaton, Kuan Ti se tourna vers Paint qui les observait depuis l’autre côté de la table basse. « Paint, viens ! Il faut que tu rencontres… Flûte, gege, tu as dit qu’il s’appelait comment, déjà ? Désolée, j’arrête pas d’oublier… » Il avait effectivement honte de lui-même, oublier le nom d’une si douce créature était quasi criminel !

Son camarade n’avait pas à s’inquiéter, Sun Ho tenait trop à sa maison pour ne pas se soucier du calme de son chaton. Après tout, ce dernier en avait déjà fait quelques bêtises depuis son arrivée ici et c’était bien pour cela qu’il parlait de calme car si Asadal était en train de jouer ou détruire dieu ne savait quoi, pour sûr qu’ils l’entendraient actuellement. Hors, c’était vrai également que l’animal était quelque peu timide avec les invités, encore un peu craintif visiblement, cependant avec le bibliothécaire, il n’était pas rare de le voir courir dans toute la maison et jouer avec tout objet intrigant qu’il trouvait. « Je sais, ne t’inquiète pas. » Avait-il déclaré dans un léger rire « Mais le plus souvent quand il fait des bêtises, je peux t’assurer que tu l’entends. » Et ce, même si sa maison était grande. L’invitant à se servir, Kuan Ti ne s’était pas laissé prier et bien que Sun Ho soit quelqu’un de sympathique, il ne l’était malheureusement pas encore au point de donner tout ce qu’il avait. « Navré mais eux, je les garde. » Même quand il était parti vivre en convalescence chez ses parents, il n’avait pas mis sa maison à louer, se contentant de la prêter à sa famille si quiconque en avait besoin ou juste pour l’entretenir pendant son absence, donc ce n’était pas maintenant qu’il allait s’en débarrasser. Quant au chaton, il s’y était trop attaché et il n’avait pas décidé de l’adopter pour l’abandonner quelques jours plus tard, alors oui, il avait bien la ferme intention de les garder. Et c’était la raison pour laquelle, d’ailleurs, il avait proposé à son camarade de lui rendre visite lorsqu’il le désirait, pour que celui-ci vienne voir le fauve autant de fois qu’il le souhaitait, puisque à présent c’était dans sa maison à lui que l’animal vivait. Ils l’avaient sauvé ensemble, il n’y avait rien d’étonnant à ce que Kuan Ti y soit attaché également et jamais Sun Ho ne l’empêcherait de venir le voir.

Et, alors que l’hôte s’apprêtait à partir chercher son petit chat, celui-ci avait décidé de faire son apparition pile à ce moment là. Une tendre esquisse avait étiré les traits du garçon tandis que l’animal s’approchait timidement. « Oui, promis j’en prends soin. Il ne manque de rien ici. » Et surtout pas d’amour. « Ce n’est pas grave. » Avait ensuite rigolé doucement Sun Ho, incapable de résister à se pencher puis de porter le chaton sur ses genoux, non pas sans le caresser avec tendresse, les ronronnements de l’animal se faisant immédiatement entendre. « Asadal. C’est comme ça qu’il s’appelle. Pas vrai ? » Questionnant le concerné, une moue mignonne s’était dessinée sur sa figure et la boule de poils ne s’était pas faite priée pour venir se frotter contre lui en guise d’affection. Assurément que non, il n’avait rien comparé au petit chat effrayé qu’ils avaient retrouvé, s’il restait timide envers les autres, tant qu’il ne connaissait pas complètement, il ne se gênait pas d’être affectueux avec lui. « Fais quand même attention à Paint, je n’ai pas envie qu’il lui fasse mal. Vu qu’il est petit, il ne fait pas encore trop la différence. » Bien que connaissant son chaton, ce dernier risquait plus d’être impressionné par le lapin que le contraire, alors que normalement, cela aurait dû être l’inverse.

Kuan Ti était honnêtement un peu jaloux de Sun Ho. Ses lapins avaient toujours réussi à faire des bêtises en silence, ou sinon en faisant du bruit sur la fin, ce qui empêchait d’éviter certains désagréments. « Ugh, Paint et Brush sont très doués pour faire des bêtises en silence. Si tu ne les vois pas et qu’ils ne font pas de bruit, c’est potentiellement un très très mauvais signe. » Pourtant, même s’il soupira et avait pris une moue agacée, le Chinois ne se débarrasserait jamais des rongeurs. Il les aimait beaucoup trop. Ils étaient la petite touche qui faisaient qu’il se sentait « à la maison », en rentrant. Le félin finit par faire son apparition et Kuan Ti faillit se mettre à babiller en voyant cette si douce petite boule de poils. La vie était réellement injuste pour que certains êtres vivants naissent aussi adorables alors que d’autres non. Lui aussi voudrait être aussi mignon… En tout cas, il était sûr que le chaton s’en sortait mieux, maintenant qu’il était avec Sun Ho. Le plus jeune n’en avait pas douté, mais c’était toujours agréable d’en avoir la confirmation. « Il est tellement adorable… Il n’a pas eu trop de mal à se faire à toi et sa nouvelle vie ? » Le chaton se frottait effectivement avec beaucoup d’entrain à son humain, ce qui ne fit qu’augmenter le sourire du Chinois. Paint sembla enfin comprendre qu’il se passait quelque chose d’intéressant et il vint se planter au pied de son humain, glapissant bruyamment. Habitué, Kuan Ti se pencha et le prit dans ses mains et se réinstalla un peu mieux. Assit en tailleur sur le canapé, dos à l’accoudoir et face à Sun Ho et Asadal – il avait son prénom, maintenant ! – le jeune homme déposa Paint dans le creux de ses jambes et releva légèrement ses genoux, afin de lui faire comprendre qu’il ne fallait pas sortir. « Ce qui est certain, c’est que Paint ne lui fera pas de mal. Brush peut être plus craintive et donc agressive, mais son frère n’a jamais été du style à attaquer qui que ce soit, même après s’être pris des coups ou griffures… » Et il était bien obéissant, pour ce genre de choses, se contentant d’observer le chaton depuis sa « cage » en reniflant et remuant son museau. « Au fait, gege, pourquoi ‘Asadal’ ? Ça a une signification particulière, je suppose ? » Connaissant son ami, c’était presque obligé. Probablement quelque chose qui devait aller soit avec son métier, soit avec sa maison.

Pauvre Kuan Ti. Il n’avait décidément pas de chance avec ses animaux hors peut-être que la différence était sur leur race… Sun Ho avait un chat alors que son ami avait des lapins ; il y avait la possibilité que les lapins soient juste plus malins non ? Certes, le bibliothécaire avait conscience que les chats étaient également doués pour faire des bêtises cependant ce n’était pas le cas d’Asadal qui était plutôt sage. Son expérience dans la rue l’avait rendu particulièrement timide et craintif, il lui avait fallu un peu de temps avant de se laisser aller à l’affection et s’il jouait à présent, il restait relativement sage en terme de bêtises. Probablement aussi parce que son maître lui avait bien appris les choses et persistait encore à le faire aujourd’hui. « Je paniquerais si mon chat était comme ça. » Incapable de se retenir de rire, le jeune homme avait rigolé doucement ; il ne mentait pas, il ne serait pas tranquille si Asadal faisait n’importe quoi dans sa maison. Sun Ho était un garçon simple toutefois son logement, il y tenait, il avait mis tant dedans pour la rendre telle qu’elle était… Lui-même y faisait très attention, ce n’était pas pour la voir être dégradée par ses animaux.

Et alors qu’il parlait du loup, voilà que le petit félin faisait enfin son apparition dans la pièce, écorchant un sourire à son propriétaire. Tout d’abord timide, le chaton s’était prêté au jeu quand le bibliothécaire l’avait porté afin de le placer sur ses genoux. Sun Ho ne manquait jamais de le couver d’amour, lui choyant suavement le crâne avant de frotter tendrement sa tête contre la sienne. « Un peu, au début. Il était pas mal apeuré mais avec le temps on a appris à se connaître puis s’apprivoiser tous les deux. » Puis comme pour appuyer ses propos, il avait regardé son animal dans un « Pas vrai ? » une esquisse amusée au bord des lèvres. La scène était toute douce, encore plus après que Paint les avait rejoints sur le canapé, curieux de découvrir ce qu’il se passait par ici. « C’est le principal. Mais j’avais plus peur pour lui que pour Asadal. Vu qu’il est encore petit, il ne fait pas vraiment attention à tout même s’il reste beaucoup craintif. » En effet, le félin n’était pas encore à l’aise face au situation inconnue et aux visages qu’il ne connaissait pas. Ses phalanges lui câlinant les poils alors que l’animal s’était finalement niché sur ses genoux, le regard du garçon s’était porté sur son invité qui l’interrogeait. « Ca fait partie de la mythologie coréenne. C’est censé être le tout premier royaume établi en Corée. » Passionné par l’histoire, les légendes urbaines et toute sorte de mythologie, il n’y avait rien d’étonnant d’apprendre que ce jeune homme avait pris ce thème pour nommer son chat.