tenue — En sortant de ses cours, Hanse s'étira légèrement. Rester assis derrière une table à apprendre de la théorie ne lui plaisait pas vraiment. Il aurait voulu passer son temps sur un terrain de foot, là où il avait réellement sa place. Cependant, comme ses parents voulaient absolument qu'il ait un diplôme, il prenait sur lui pour l'avoir, même si ça l'ennuyait plus qu'autre chose. Il n'était pas bon en cours, mais il n'était pas non plus mauvais. Il se trouvait dans la moyenne et ça lui convenait. Son cœur n'était pas tourné vers les études, mais plus vers le foot et il espérait qu'un jour sa place de gardien du FC Seoul l'amène à devenir le gardien de l'équipe nationale de la Corée du Sud. Ce serait l'accomplissement de toute sa vie, de son rêve même. Alors, pour le réaliser, il acceptait ce léger sacrifice, pour ses parents, pour leur montrer que même s'il n'arrivait pas à faire de son rêve une réalité, il aurait quand même un bagage derrière. Il pourrait toujours trouver un emploi dans le foot, que ce soit en tant que sélectionneur et entraîneur, ou même plus haut dans la fédération de football coréenne. Néanmoins, il était bien heureux que les heures passées assis sur cette chaise à écouter quelqu'un qui ne l'intéressait qu'à moitié soient finies. Maintenant, il pouvait totalement prendre du temps pour lui, du temps pour aller jouer au foot. Il aurait pu voir Jieun, mais elle devait être encore en cours et Hanse avait besoin de se défouler.

Ce n'était pas encore l'heure pour son entraînement au FC Seoul, alors son premier réflexe fut d'aller au club de foot de la fac. Il trouverait bien quelqu'un pour jouer avec lui. Hanse, muni de son sac de sport qui ne le quittait jamais, foula alors le sol des vestiaires du club, et s'habilla. Sa tenue de gardien enfilée, il passa ses gants et se dirigea vers le terrain. Avant de se mettre dans les cages, il se mit à courir, commençant à faire des tours de terrain. Un mouvement dans la périphérie de sa vision le fit se tourner et il attrapa à deux mains, le ballon qui lui arrivait dessus. Il le baissa, le gardant près de lui et sourit légèrement à Daehyun qu'il avait reconnu. « Un peu faible ce shoot ! Tu devrais t’entraîner un peu plus. » Hanse avait la particularité de pouvoir évaluer le jeu de ses coéquipiers. Ce n'était pas un super pouvoir au contraire. Il était juste énormément observateur et il pouvait donc ainsi reconnaître les habitudes de jeu et surtout si quelque chose n'était pas comme d'habitude. « Tu viens t’entraîner ou tu m'as vu et t'as décidé de me tenir compagnie ? » Les autres ne tarderaient pas à arriver mais ils avaient bien une bonne vingtaine de minutes seuls avant que ce ne soit le cas. Le sourire de Hanse s'agrandit avant de lancer la balle à son coéquipier. « Viens t'échauffer et on fera quelques tirs au but ! Ça te va ? » demanda-t-il attendant sa réponse, un sourire sur le visage.

« Hey ! Je m'entraîne suffisamment assez », contras-tu, dans un air bougon, les mains sur les hanches comme un môme mécontent. Tu tapas même du pied pour le principe. Tes tirs étaient bons. Pas parfaits. Pas toujours du moins. Parfois oui. Parfois non. C'était aléatoire. Tu supposais que tu pouvais être doué tout le temps non plus – fallait bien en laisser aux autres sinon c'était un peu injuste. Mais t'étais doué. Pas le meilleur. Mais pas le plus terrible non plus. T'étais doué, et t'aimais ça, le foot. Tu aurais pu faire carrière. Tu le pouvais toujours d'ailleurs. Tu pouvais toujours changer d'idée, de but, de rêve. Rien n'était gravé dans la pierre, après tout. Mais tu avais cet objectif peut-être un peu naïf de faire bouger les choses. Peut-être pas tout de suite, peut-être pas dans dix ans non plus mais un jour. Des petites actions pouvaient mener à de grands gestes. Et tu espérais que ton envie, ta motivation, puisse motiver d'autres encore. Puisse éveiller les esprits, les secouer un peu. Faire comprendre que la santé n'était pas que pour les plus riches. Faire entendre les voix de celles et ceux qui souffraient. Pouvoir les aider, les guérir, les soigner. C'était peut-être naïf. Tu supposais que ça l'était, parfois. Tu ne voulais pas devenir comme ton père ou ta mère. Tu ne voulais pas être comme eux, comme ta famille. Le mot « élite » sonnait toujours faux à tes oreilles. Personne ne valait plus que le voisin face à la maladie. Alors pourquoi certains décidaient que c'était le cas face aux soins ? C'était ridicule. Tu voulais briser ça. Tu voulais casser les codes, sortir des rails. Tu ne voulais pas être comme tout le monde. Tu voulais avancer à ta manière – et prouver aux autres, à ton père, que tu pouvais faire bien mieux qu'eux encore. « Il était très bien mon tir, excuse-toi », tu agitas le visage, le nez plissé. Comme le gosse que t'étais. Tu faisais genre t'étais vexé mais en fait tu l'étais pas vraiment. On le remarquait à ce grand sourire sur tes lèvres. « T'avais l'air tout seul dans ton coin donc je suis venu pour te sortir de ta solitude », quelle générosité. Tu lui souris, fier de toi, le menton relevé. « Je passais et je t'ai vu donc je suis venu », expliquas-tu brièvement dans un mouvement d'épaules. « Donc on peut dire les deux finalement. Je t'ai vu donc je suis venu. Mais comme je viens je vais m'entraîner aussi. C'est pour ça que je me suis changé », t'avais enfilé un jogging et un t-shirt. « Donc je viens m'entraîner pour te tenir compagnie. Et parce que je t'ai vu », on te disait pas assez souvent que tu parlais pour rien dire mais tu parlais vraiment pour rien dire. Tu rattrapas la balle, avançant doucement. « Ca me va. Tu verras que mes tirs sont impeccables », tu hochas le visage, sûr de toi. « Mon shoot était faible parce que je voulais pas te faire mal », des explications qui arrivaient un peu tard non ? « Tu vas bien ? », lui demandas-tu, jouant un peu avec le ballon, avant de lui lancer à nouveau. Tu gardas un instant le silence. Un instant trop court. « Faut que je te montre les photos que j'ai prises de Mushu la nuit dernière. On se promenait et il y avait des jolies fleurs donc on a pris des photos là-bas. Il était super content. Mon chien est tellement photogénique », que tu dis, tout en sortant ton téléphone, tendant l'écran vers lui, sans doute un peu trop près mais détail. « T'as vu comme il est beau. J'ai rendez-vous avec lui la semaine prochaine. Chez le toiletteur. Il va sentir tout bon », tu souris, baissant ton téléphone. « Pas qu'il pue hein mon chien sent bon. Il sent toujours bon mais voilà on a tous besoin d'une douche de temps en temps », tu secouas un peu le visage, approuvant tes mots. « Tu vas bien au fait ? Je sais plus si j'ai déjà demandé. On a combien de temps avant que les autres arrivent ? Ils vont arriver au moins ? »

tenue — Hanse savait que sa remarque sur la faiblesse du but de Daehyun ne lui plairait pas. Pourtant, il l’avait quand même fait et un sourire s’afficha sur ses lèvres alors qu’il entendit les jérémiades de son ami. Il n’aimait pas vraiment que le plus jeune se moque de lui. Bien entendu, Hanse n’avait dit ça que dans le but de le taquiner. Il ne le pensait pas vraiment. Quand Daehyun s’y mettait il était même plutôt doué et ça, il ne pouvait pas le nier. Seulement, ça l’amusait de se moquer de son aîné parce qu’il avait toujours cru, avant qu’il n’apprenne la vérité, qu’il était le plus vieux. Après tout, le koryo avait parfois une attitude d’’adolescent ce qui laissait sous-entendre qu’il n’était pas plus vieux que Hanse. Pourtant, Daehyun avait bien deux ans de plus que son camarade, ce qui avait clairement choqué l’étudiant en staps. Encore une fois, tandis qu’il lui demandait des excuses pour sa remarque, cette différence entre l’âge réel de l’étudiant en médecine et celui reflétait par son comportement le frappa. Un sourire amusé ourla les lèvres de Hanse avant qu’il ne lui réponde. « Okay okay ! Sois pas vexé. Je m’excuse… Même s’il manquait quand même de force. » ne put-il s’empêcher de répéter, enlevant le fait qu’il l’avait potentiellement trouvé nul. Heureusement, Daehyun passa facilement à autre chose, répondant aux questions du footballeur. Il le regarda avec un sourire amusé. Il parfait beaucoup et souvent toujours trop pour répéter la même chose, mais dit autrement. « Alors, j’avais compris la première fois Daehyun ! » dit-il en riant légèrement avant qu’il ne hoche la tête. Ça convenait au plus vieux le fait de s’échauffer et de faire des tirs au but. Il mentionna à nouveau la boutade que Hanse avait faite et cette fois-ci, le rire de ce dernier se fit plus franc et audible. Il leva les yeux au ciel. « Comme si tu allais me faire mal ! Je te rappelle que je suis gardien pour le FC Seoul. Pendant les matchs officiels, je suis donc en face de joueurs qui ont plus de force que toi. Donc t’en fais pas, c’est pas ton petit shoot qui me fera mal. » Encore une fois, il le taquinait gentiment. Il ne pensait pas vraiment qu’il était nul, mais comme il lui avait dit, il rencontrait des joueurs plus forts. La question suivante arriva et il haussa les épaules. « Ça va et toi ? » Hanse avait conscience qu’il allait lancer la conversation et que Daehyun serait inarrêtable. Il le savait et pourtant, ça ne le dérangeait pas. Et d’ailleurs, ce moment ne tarda pas à arriver. Le jeune homme sortit son téléphone tout en parlant de son chien. Hanse leva les yeux au ciel le laissant parler de cette boule de poils qu’il aimait tant. Sa réaction n’était même pas dû au fait qu’il n’aimait pas les animaux. Au contraire, il les adorait. Mais quand Daehyun se lançait à parler de son chien Mushu, il n’en finissait plus. Le jeune homme ne le coupa pas, le laissant finir sans même poser de questions ou même demandant des précisions, sinon, il savait qu’il serait reparti pour encore une bonne dizaine de minutes. Hanse rit une nouvelle fois et leva une fois de plus les yeux au ciel. « Tu m’as demandé comment j’allais avant de partir sur ton chien ! Donc je vais bien merci et toi ? » Il haussa les épaules pour le reste des questions. Il ne savait pas vraiment. « Je sais pas ! Mais courons avant qu’ils arrivent, comme ça on sera déjà échauffé. » Il se mit alors à courir, autant pour se dépenser que pour éviter de laisser le temps au plus vieux d’enchaîner sur un autre sujet qui le ferait partir pour quelques minutes dans un monologue. Seulement, ils n’étaient pas là pour parler de la pluie et du beau temps mais pour jouer au ballon rond. « Allez bouge toi ! Tu vas te transformer en statue si tu restes ainsi à ne rien faire. Et je pourrai toujours dire que tu as un shoot faible… » Le taquiner encore une fois le ferait peut-être réagir et le mettrait dans l’entraînement improvisé.

T'étais outré d'un tel affront. Vraiment. Ton tir était parfait – bon, peut-être pas. Tu donnais plus durant les match. Ou les entraînements avec l'équipe. Là tu l'avais fait pour t'amuser. Mais tu avais tout de même réussi un tir impeccable ! Pas parfait, d'accord, mais impeccable. Tu y avais mis la bonne force, t'en étais persuadé. « J'suis pas vexé », maugréas-tu – non, vraiment, à peine. Tu reniflas faiblement, le nez plissé, fixant le plus jeune dans un air bougon. « Il était parfait mon tir », tu fronças les sourcils, tapant à peine un pied au sol comme un môme boudeur aurait pu le faire avant de rire bêtement, montrant que tu ne prenais alors rien à cœur, rien au sérieux. Tu ne te prenais même pas au sérieux, c'était pour dire. T'en faisais tout un foin mais en réalité ça te passait au-dessus. Parce que tu savais ce que tu valais, oui, mais surtout parce que tu savais que Hanse faisait ça uniquement pour t'embêter. Bon, il réussissait un peu. Un faible « Oh » s'échappa de ses lèvres à sa remarque et tu baissas un peu les épaules avant de les hausser dans un air innocent. Valait mieux préciser parfois, un malentendu était si vite arrivé. Peut-être pas sur ça mais de manière générale. Le sourire revint immédiatement sur tes lèvres alors que tu te dandinais brièvement de gauche à droite. « Eh, on sait jamais », tu levas les mains, feintant l'innocence mais aussi une sorte d'inquiétude. « Je me fais souci pour toi et c'est comme ça que tu me remercies ? », commentas-tu en lui tirant la langue. « Puis bon si ça fait mal au pire c'est pas grave, je suis médecin », commentas-tu en levant le pouce. On dirait pas mais t'étais doué. Pas le meilleur mais tu te situais bien mine de rien. « Enfin pas encore mais presque. Enfin pas vraiment presque mais... bientôt. Enfin... », tu agitas un peu la main, il avait compris l'idée. « Je vais bien merci », répondis-tu dans une esquisse, le regard traînant sur lui un instant, comme si tu lui laissais le temps de se préparer psychologiquement à la suite. La suite qui arriva bien vite, ton sujet de conversation favori te tombant sur les lèvres. « Ah oui », lâchas-tu avant de rire. « Mushu occupe trop mes pensées », déclaras-tu, la paume sur le cœur. T'en oubliais tout le reste. « Je vais bien merci », t'avais une impression de déjà vu. Tu plissas un peu les yeux avant de secouer le visage, ne souhaitant pas t'y concentrer trop longtemps. Tu arquas le sourcil, le regardant s'en aller, supposant que tu allais devoir t'y mettre aussi. Tu t'échauffas plus ou moins rapidement, voulant t'éviter la blessure bête juste en courant – t'étais sûr que ça pouvait t'arriver, à toi. « Hey ! Un peu de respect pour tes aînés ! », râlas-tu en le pointant du doigt, faussement outré, le rire aux lèvres, commençant à courir. « Prends de l'avance, va. File ! », crias-tu de là où tu étais, agitant les mains pour qu'il continue d'avancer. « Fais gaffe si je te rattrape », et tu agitas la main, mimant que tu allais lui donner la fessée, le rire hurlant toujours dans le fond de ta gorge. « Et mes shoot sont parfaits ! Si parfaits que t'arrives même pas à les arrêter, okay ? Je tire bien, à la bonne puissance, à la bonne hauteur.. Tout ! », tout était parfait, oui, tout le monde avait compris. « Là c'est que l'entraînement alors je fais doucement tu vois ? Durant les match je mets un peu plus de force quand même. Enfin pas non plus de là à arracher la main du gardien. Ca doit faire mal. Tu crois que c'est possible ? Ca me paraît pas possible », tu secouas un peu le visage, songeur, les jambes s'activant toujours. Et bien que ton souffle devienne un peu plus court, tu repris : « On fait combien de tours déjà ? Je sais plus », tu fis la moue, laissant ton regard. « Ils ont changé un truc dans les gradins ? C'est pas comme d'habitude, si ? Ou alors c'est parce que c'est vide. Ca donne toujours un point de vue différent quand c'est vide », t'avais la capacité énorme de parler en courant et d'en être absolument pas perturbé – un peu essoufflé, oui.