Il a toujours été proche de son père, un véritable exemple à suivre pour lui, si bien que l'école militaire était une évidence à ses yeux. Pour suivre le parcours de son modèle, celui a qui il devra malheureusement dire au revoir bien trop tôt. // Il parle aussi bien Coréen que Japonais, une éducation que sa mère estimait incontournable. // La soif de justice le dévore de l'intérieur, et il s'est tellement impliqué dans sa carrière qu'il a gravit les échelons à une vitesse déconcertante. // Si l'uniforme fait toujours son effet sur la gente féminine, il n'a à son actif que très peu de relations, et aucune sérieuse. Mais s'il a témoigné d'une affection certaine à son ex, celle-ci s'est bien gardée de lui faire partager la grande nouvelle qu'elle attendait. C'est finalement quelques semaines après la naissance de son fils qu'il a appris son existence. // S'il avoir un enfant n'était pas dans ses plans, aujourd'hui il se bat pour le voir ne serait-ce que quelques minutes chaque fois qu'il est en permission alors que celle avec qui il a autrefois partagé son temps et son affection lui refuse ce droit. Il a dont engagé un avocat pour l'aider dans ses démarches, mais chaque fois, il lui est reproché de ne pas être assez présent, en cause : son métier prenant et dangereux. // S'il aime son boulot, s'il ne s'imagine pas vivre autrement, il est néanmoins passé par le décès de son meilleur ami. Il l'a vu se faire tirer dessus avant d'être pris en otage. Les troupes dispersées se sont ainsi perdue de vue et des recherches ont été lancées pour retrouver chaque membres de son équipe. Ce n'est qu'au terme de plusieurs semaines qu'enfin, ils ont presque tous été secourus, fatigués et déshydratés, et c'est après avoir été retrouvé qu'il a découvert le cadavre torturé de son frère d'arme et de coeur. Il en fait encore aujourd'hui de nombreux cauchemars, mais se garde bien de divulguer le trauma qui lui vaudrait un arrêt dont il ne veut pas. // Il a vécu seul très tôt, sa mère ne supportant pas le chagrin de devoir vivre sans sa moitié a décidé de rentrer dans son pays natal, non sans proposer à Eiji de la suivre. Mais plutôt que fuir, c'est à 17 ans qu'il prend son indépendance dans les quartiers de la caserne dans laquelle il deviendra un adulte et un soldat. // S'il est particulièrement méticuleux dans son quotidien professionnel, son appartement trahit le laisser aller de la vie de citoyen dès lors qu'il quitte l'uniforme de militaire. // Loin d'être fermé à une quelconque relation amoureuse, c'est plutôt l'amour qui s'est fermé à lui. L'espoir de vivre quelque chose de fort s'est envolé dès l'instant où il a appris qu'un petit garçon portait ses gênes. Après tout... quelle femme voudrait adopter l'enfant d'une autre ? // Il garde des cicatrices de sa captivité, celle dont il a pourtant su s'échapper en quelques jours seulement alors que la guerre faisait rage non loin de sa prison, et il a tenté le tout pour le tout en se jetant au beau milieu d'un champ de bataille mené victorieux par ses compatriotes. // C'est un excellent tireur, il maîtrise plusieurs armes mais se trouve être particulièrement doué lorsqu'il faut faire preuve de précision avec un fusil sniper. // Son armoire est plutôt vide, seuls les tissus rêches de ses uniformes se mélangent avec les cotons et jerseys dont il s'habille dès lors qu'il n'est plus représentant de son pays.

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D’un geste maladroit, j’ajustais mon sweat et tirais sur la fermeture pour la faire redescendre aussitôt alors que l’incertitude m’étouffait. Habitué des lieux conventionnels, des bâtiments dans lesquels la rigueur était de mise, je me sentais bien étranger dans ce temple des lois. J’ignorais comment me tenir et de nervosité, mes yeux balayaient la pièce encore et encore. « Alors premièrement… la tenue ! » De haut en bas, il posait un regard dubitatif sur l’apparat du citoyen détendu. « Tu ne peux pas venir au tribunal avec un sweat et un jean délavé… il va falloir faire un effort sur la tenue ! » Mes lèvres se fuirent un instant pour répliquer, mais aussitôt l’air avalé qu’il reprit la parole. « Non ! Pas d’uniforme, même si c’est celui de cérémonie. Tu sais bien que ce sera mal vu. » Il marquait un nouveau point. « Alors comment ? C’est quoi la bonne tenue ? Le bon métier ? La bonne vie ? » Agacé par lui, par elle, mais surtout par moi-même, perdu dans les méandres d’un processus long et fastidieux… tout ça pour quoi ? Une nuit, une erreur et un mensonge. Je vis à sa mine renfrogner qu’il allait une fois de plus me condamné pour un moment dont je n’étais pourtant pas le seul fautif, et d’un soupire, je lui intimais de ne pas rétorquer à nouveau. « Avant de me dire que j’aurais dû réfléchir, je te rappelle les faits : nous étions en couple, nous avions pris nos précautions et pourtant c’est arrivé… Maintenant plutôt que me reprocher encore et toujours mes actes irréfléchis et irresponsables, pourrait-on aussi mettre le doigt sur ses mensonges ? » L’homme au costume impeccable qui était devenu mon ami retrouva alors son calme tandis que mes mains se mirent à trembler. La colère et l’incompréhension faisaient frémir chaque muscles et je m’impatientais d’enfin voir l’issue de ce procès qui reculait toujours un peu plus. Cet enfant non désiré et qui pourtant était né, sur lequel j’avais émis des doutes jusqu’à ce que la confirmation inscrite noir sur blanc ne me parvienne. Celui pour quoi désormais je me battais, pour le connaître, et pour espérer lui donner ce que j’avais pu avoir : un père.

L’avocat passait en revue chaque mot, chaque doute, chaque remarque émise par celle qui me refusait de le voir. Et comme à chaque séance, c’était un véritable calvaire d’expliquer, de justifier, de prouver ce qui me semblait pourtant être une évidence. « Très bien, maintenant la question qui fâche… j’ai besoin de savoir... où en es-tu ? » Fatigué, je m’affalais sur le fauteuil après avoir espéré que le sujet ne soit pas abordé. « Eiji… » « Ça n’a rien à voir avec le procès. » lâchais-je. « Malheureusement si… ta santé mentale est d’ailleurs primordiale. » Je me mettais à nu, je déballais le moindre aspect de ma vie privée juste pour la satisfaire. Les souvenirs douloureux que je voulais garder enfouis et que l’on me demandait d’exposer sans ciller. Il fallait garder la peine, refouler les larmes, réprimer le moindre sentiment en étalant sur la place publique les pertes qui m’avaient fait grandir malgré moi.

Pourquoi me battais-je déjà ? Ah oui… ce petit garçon que l’on privait de son père… La guerre me semblait plus douce à côté.