@Ahn Ji Woo
Tenue || Passant distraitement ta main dans tes cheveux, tu fronças un peu les sourcils, clignant furieusement des paupières, redressant un peu le visage pour souffler. Depuis combien de temps étais-tu attablée ici ? Un coup d’œil sur ta montre, et le calcul fut vite fait : ça faisait exactement deux heures. Une fine esquisse satisfaite vint se poser sur tes lèvres, disparaissant dans une grimace douloureuse alors que ton dos semblait moins fier du résultat. Tes doigts vinrent se presser sur ta nuque, un air finement bougon vint se poser sur ta frimousse alors que tu délaissais tes écouteurs un instant. Tu t'étiras lentement, les bras au-dessus de la tête, poussant l'air vers le haut alors qu'un léger son d'inconfort brûla ta bouche. Les pommettes finement rougies, tu remis discrètement tes écouteurs dans tes oreilles, reprenant ton stylo, retrouvant la page que tu venais de délaisser. Ce n'était pas de la musique qui résonnait contre tes tympans mais un film. Wonder Woman plus exactement. Tu connaissais le film par cœur, plus besoin de voir les images pour savoir ce qu'il se passait. Avant celui-ci, tu avais terminé les Cinq Légendes, que tu avais démarré ici-même pendant tes révisions du soir. Mais que tu n'eus pas le temps de finir, l'heure de partir avançant bien trop rapidement. Tu étais arrivée en retard, perdant du temps pour aller saluer un chat errant sur un trottoir un peu plus loin, te laissant bêtement distraire par le félin pendant dix minutes de trop. Mais il avait été adorable. Il s'en était allé et tu avais fait de même, pressant le pas. Aujourd'hui tu étais alors venue plus tôt pour espérer travailler un peu plus. Tu avais l'impression d'être en retard dans tes révisions et ça commençait à t'angoisser. Pourtant ton planning était tenu, et à jour. Tu ne pouvais pas t'empêcher de stresser.

Concentrée sur les mots, notant, écrivant, cherchant, tu ne compris pas tout de suite pourquoi tu ne voyais soudainement plus rien. Tu relevas bêtement le regard vers la lumière éteinte au-dessus de ta tête, les sourcils se haussant dans une moue perplexe. Un souci d'électricité ? Une coupure ? Comment allais-tu faire pour réviser si tu ne voyais plus rien ? Tu pouvais toujours t'éclairer à l'aide de ton téléphone mais tu allais très certainement te bousiller les yeux... Oubliant tes écouteurs, tu arrêtas le film, restant sagement assise à ta place, attendant. Attendant quoi ? Tu savais pas. Tu te penchas un peu à gauche puis à droite, espérant apercevoir quelqu'un. Mais rien. Tu te redressas alors, le plus doucement et le plus discrètement possible. Tu fis un peu le tour, fixant dans un air perdu une autre élève assise là. Et tu patientas quelques minutes, comme si elle allait te donner la réponse que tu attendais. Mais non. Rien. Tu te pinças les lèvres, jetant un regard vers tes bouquins ouverts. Tu perdais du temps pour rien... Tu soufflas légèrement. « Ca dure longtemps... non ? La panne », dis-tu doucement, de plus en plus inquiète pour tes révisions qui prenaient du retard. « J'espère qu'ils vont remettre le courant bientôt, je n'ai pas encore fini mon chapitre et il m'en reste deux à revoir », et voilà que tu te parlais à toi-même, marmonnant plus qu'autre chose, avant que tes dents n'attaquent ta lèvre. « Il n'y a plus que nous deux ? »

@Byeon Min Ji
Concentrée sur ses bouquins, assise à une table perdue de la bibliothèque, Ji Woo n’avait pas remarqué le temps qui s’était écoulé. Elle avait beau avoir une sacrée personnalité et paraître idiote parfois, c’était loin d’être le cas ; la jeune fille était studieuse et passionnée dans ce qu’elle faisait. Jamais elle n’aurait imaginé trouver tant d’intérêt dans les cours de droit et pourtant, elle adorait réellement. Certes, il y avait certains exemples d’affaires qui lui rappelaient sa propre histoire néanmoins c’était justement parce qu’elle souhaitait à tout prix empêcher cela qu’elle avait décidé de se lancer dans de telles études. Et c’était parce qu’elle était aussi assidue qu’elle n’avait pas de suite prêté attention aux lumières qui s’étaient éteintes. Bêtement, elle avait cru que le problème venait d’elle puis avait plissé les yeux, se rapprochant de son bouquin comme si cela lui permettrait d’y voir plus clair. En vain. Un fin soupir s’échappant de ses lèvres, Ji Woo s’était redressée légèrement, observant autour d’elle pour n’y trouver personne mis à part une autre demoiselle qui avait vraisemblablement son regard posé sur elle. Etait-ce normal qu’il n’y avait personne ? Etait-ce une mauvaise blague qu’on était en train de leur faire ? « Je ne sais pas. » Lui avait-elle répondu, un peu perdue également, alors qu’elle avait pris la décision de fermer ses bouquins. Comment pouvait-elle réviser à présent si le courant ne fonctionnait plus ? « Je ne sais pas. » A croire que l’étudiante en droit ne savait dire que cela… Hors, en complément à sa rétorque, elle avait regardé autour d’elle de plus bel. « Apparemment. » Une fine esquisse avait étiré ses traits à ses propos avant qu’elle ne quitte sa chaise puis jette un coup d’œil à sa montre. « Oh putain ! Il est déjà si tard ! » Ses paroles étaient sorties du cœur tandis qu’elle contemplait sa camarade du jour dans une expression des plus perplexes. « Je crois qu’on a un problème. » Un gros problème même. « Attends. »

Sans avoir attendu ne serait-ce qu’une réponse, Ji Woo avait abandonné ses affaires pour se précipiter à l’entrée de la bibliothèque qui était, comme elle l’avait prédit, fermée. En effet, il n’y avait plus personnes d’autres qu’elles dans ce bâtiment et elle se demandait d’ailleurs comment on avait pu les oublier puis les enfermer à l’intérieur. D’un naturel méfiante, elle ne pouvait s’empêcher de penser que quelqu’un l’avait fait exprès de ne pas les prévenir hors, ce n’était de toute façon pas le moment de réfléchir à tout ça. « On est coincées. » Avait alors expliqué la jeune femme une fois de retour « Ils sont partis sans nous. » Et si jamais sa vis-à-vis n’avait pas encore compris, elle avait trouvé bon de préciser « La bibliothèque est fermée. » Youpi.  

@Ahn Ji Woo
Tu suivais toujours ton planning, à la minute près. Si tu dépassais, tu te sentais déjà angoissée. Parce que tu n'étais pas à l'heure, et si tu n'étais pas à l'heure, ça voulait dire que tu allais prendre du retard. Et si tu prenais du retard, tu allais perdre un temps précieux – pour tes révisions, principalement. Tu n'aimais pas arriver en retard ou pile à l'heure pour tes leçons de piano. Pourtant tu ne voulais plus les suivre. Sauf que tu ne voulais pas décevoir ta mère donc tu faisais en sorte d'être sur place dix minutes avant la leçon. Pour montrer que tu étais studieuse et sérieuse mais aussi pour promettre que tu allais t'appliquer et que tu étais motivée. Même si tu ne l'étais plus trop. Tout comme tu n'étais pas spécialement motivée par les cours – mais ton père l'était pour toi et lui non plus, tu pouvais pas le laisser tomber. Et toi dans tout ça ? Tu ne supposais que tu ne comptais pas vraiment. Tu devais suivre les envies de tes parents. C'était ainsi. Et t'avais pas à discuter, ou rêver d'autres choses – tu ne savais vraiment de quoi rêver, honnêtement. Tu tentais d'imaginer un avenir, parfois. Tu avais du mal à t'imaginer dans un tribunal en train de défendre quelqu'un. Tu ne savais pas trop où tu te voyais cela dit. Dans l'art ? Oui, pourquoi pas. Si tu savais danser à la rigueur, pourquoi pas. Ou chanter. Ou jouer sur scène. Mais tu savais rien faire de tout ça à part jouer du piano – et le piano, tu ne le voyais pas non plus dans ton avenir. Du moins tu ne voulais pas qu'il le soit. Les lèvres pincées, tu hochas quelque peu le visage, un brin soucieuse. Toi non plus tu savais pas, d'où ta question. « Oh », soufflas-tu simplement, ne sachant quoi dire d'autre. Elle ne savait pas, elle ne savait pas. Tu ne savais pas non plus. Donc t'avais pas matière ou de raisons pour lui en vouloir. Tu te mordis distraitement la lèvre, clignant vivement des paupières à ses mots. « Oui il est... enfin... ça va », marmonnas-tu lentement, incertaine. T'étais surtout perturbée. Les secondes défilaient et t'étais pas en train de réviser. Tu gâchais un temps précieux à cause d'une panne... « Un problème ? », répétas-tu, totalement inquiète maintenant, écartant les lèvres mais n'ayant pas le temps de prononcer quoi que ce soit, l'étudiante déjà partie.

Tu attendis là alors, sagement, sans bouger, observant les alentours dans un air de plus en plus inquiet mais aussi un brin perplexe. Ca durait vraiment longtemps, la panne. Et tu te demandais si elle allait remettre le courant. C'était sans doute pour ça qu'elle était partie, non ? Eh bien non. « Coincées ?? », tu levas les sourcils, surprise. « Co-comment ça ? », tu jetas plusieurs regards autour de vous. « Comment ils ont pu partir sans nous ? », demandas-tu dans un chuchotement, le regard dans le vide, perdu, confus – angoissé. « Fermée ? Avec nous dedans ? », tes paumes vinrent contre tes joues, ton air totalement déboussolé. « Mais ils vont s'en rendre compte non ? », lui demandas-tu, cherchant à te rassurer. « Ils vont se rendre compte qu'on est encore là et.. », mais qui allait s'en rendre compte, Min Ji ? Et dans combien de temps ? Tu retins ton souffle un instant, la pâleur refroidissant soudainement ton visage. « C'est pas possible... », susurras-tu, effarée, le stress grimpant. « On peut pas... ils ne vont pas... ils... », t'en perdais tes mots. « Il faut... il faut qu'on arrive à sortir », tu observas l'heure, tapotant ta montre. « Il me reste encore quelques minutes avant. Si tout va bien, j'arriverai à l'heure à la maison et je pourrais reprendre. C'est pas grave. Ca va aller », marmonnas-tu pour toi-même alors que ton visage disait le contraire : non, ça n'irait pas. « Qu'est-ce qu'on peut faire ? », la questionnas-tu dans une moue implorante, le regard brillant et la lèvre inférieure faiblement tremblante.