Les semaines s’étaient étirées me donnant la sensation que jamais elles n’en finiraient. Les tirs avaient fini par remplacer les négociations, les mots s’étaient mués en balles, ravageant et faisant bien plus de dégâts que les paroles restées vaines. Appelé ici et là, souffrant du chaud ou du froid, arme au poing ou à la ceinture, rien ne savait prévoir le déroulement des missions qui se succédaient. Et ce ne fut qu’après un long périple, des mains ennemies serrées, des alliés exaspérés, mais une paix fragile protégée, que je quittais enfin les territoires hostiles pour rejoindre enfin ma patrie. Le pays du matin calme portait mal son nom alors que les rues grouillaient déjà à l’aube. L’aéroport dans lequel je posais le pied était déjà envahi de ses voyageurs en dépit d’un soleil qui se faisait absent. « Kwon ! Tu rentres chez toi ? » Les cernes creusées de mon vis-à-vis trahissaient la fatigue qui tentait de l’emporter, et c’est un sourire amical mais tout aussi exténué que je lui offrais. « Tsuma doit m’attendre j’en suis sûr. » plaisantais-je. Il savait, l’ami qui riait soudain à gorge déployée. « Bonjour à ta femme alors ! » ajouta-t-il avant de fuir vers le repos sacré. Chacun de mes muscles protestait contre la nouvelle mission que je m’étais donné, mais même la fatigue ne parvenait pas à m’arrêter en si bon chemin. Pas même les regards inquisiteurs qui détaillaient l’homme au treillis et au bardas aussi lourd qu’encombrant. Je gênais ainsi quelques passants, me frayant un chemin vers le bus le plus proches avant d’embarquer.

Je connaissais le chemin par cœur, si bien que je pouvais le faire les yeux fermés. C’est d’ailleurs à mi-clos que je laissais mes pas me porter vers le corps de ferme que j’étais heureux de retrouver. Cette maison dans laquelle j’avais pris mes aises et dont je poussais la porte sans aucune gêne. Mon sac s’écrasa sur le sol libérant mon épaule douloureuse. Je m’étirais de toute ma hauteur cherchant du regard le maître des lieux. Mais un coup d’œil vers l’horloge m’indiquait qu’il était encore bien trop tôt. Il me fallut traverser la demeure qui n’avait plus aucun secret pour moi, et m’engouffrer dans la pièce qui résonnait encore de sa respiration profonde et régulière. Ce fut un sourire taquin qui étira mes pulpeuses alors que j’allais une nouvelle fois le gratifier de ma bêtise… et venir prendre place sur le matelas, juste à son côté avant que ses paupières ne se soulèvent avec paresse. « Bonjour bel endormi~ » lançais-je d’une moue badine.

stellaris

Travailler à la ferme n’était pas de tout repos et, non, ce n’était parce que Yohan appréciait son métier que ce dernier n’en était pas moins fatiguant. La plupart du temps, à chaque fin de journée, il finissait par tomber de sommeil hors c’était de la bonne fatigue puis en soit, il en avait besoin. Cela n’avait pas d’importance comment on le visualisait, lui faisait ce qu’il considérait le mieux pour lui et si se couchait tôt en faisait partie alors il n’hésitait jamais… Au moins, il ne perdait jamais de temps le jour suivant puisque son travail l’obligeait, de toute manière, à commencer tout aussi tôt. Evidemment, jamais pressé, le garçon prenait toujours tranquillement son temps pour se réveiller, émerger, puis prendre son petit-déjeuner car il était important de se délecter des bonnes choses, hm ? Aujourd’hui n’était pas différent des autres jours et le fermier dormait paisiblement, allongé sur son lit alors que le soleil avait commencé à se lever il y a peu. Les yeux clos, à moitié endormi, et à moitié sur le point de se réveiller, Yohan avait vaguement entendu du bruit dans sa maison sans pour autant trop s’en formaliser. Il pourrait se faire cambrioler que, visiblement, ça n’avait pas l’air de l’alerter ni même lui poser problème… Peut-être était-ce dû au fait qu’il savait que ce n’était pas un voleur, un voleur ferait sûrement plus de bruits que ça, ou simplement parce qu’il était trop dans les vapes pour se rendre compte que les sons ne venaient pas d’un rêve mais de la réalité.

A la sensation de son matelas qui s’enfonçait doucement, indiquant la présence d’une personne à ses côtés, le jeune homme s’était enfin motivé à quitter son sommeil et ouvrir lentement ses paupières. « Hey. » Avait-il soufflé dans une voix basse avant que ses lèvres ne s’étirent légèrement dans une tendre esquisse ; pas besoin d’avoir entièrement émergé pour reconnaître le garçon allongé à ses côtés. Ses mains étaient naturellement venues se placer sous son visage tandis qu’il se tournait confortablement sur le côté afin de pouvoir mieux l’observer. « Tu es rentré de mission ? » Une question idiote certainement hors pour sa défense il n’était pas encore complètement réveillé et il ne s’était pas attendu à croiser son ami aujourd’hui. Certes, ce n’était pas la première fois que Eiji lui faisait ce coup là toutefois cela restait toujours une surprise d’ouvrir les yeux puis de le retrouver ici. Non pas que ça ne lui faisait pas plaisir, bien au contraire. « Tu vas bien ? »

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