Il suffisait d’un regard curieux, perdu ou simplement inconscient, à travers les vitres pour se rendre compte que c’était une belle journée. Le voile de froid qui accompagnait les hivers annuellement n’était jamais très dérangeant lorsque le soleil se dévoilait enfin. Heenim avait toujours apprécié cette saison. Sûrement car elle annonçait son anniversaire, ou simplement car elle représentait bien ce manque de chaleur qu’il ressentait parfois ─ bien trop souvent.
Néanmoins, si les pensées s’envolaient dans une imagination débordante et si lointaine, le garçon restait coincé entre quatre murs. Le cours était intéressant, l’avait toujours été. Seulement, il était si facile pour le coréen de se perdre loin de la réalité. Puis un retour à l’ordre, l’attention de nouveau sur le professeur alors que ses mains commençaient une nouvelle fois à noircir les pages de son carnet. C’était frustrant cette impression de dessiner toujours les mêmes modèles, les mêmes coupes et formes. C’était si frustrant qu’il en était bloqué dans ses divers projets à ne plus rien pouvoir créer.

Quand enfin sonna l’heure d’une libération. L’étudiant, totalement sorti de ses rêveries, se redressa et tira sur ses muscles pour se défaire de leur engourdissement. Il n’était pas pressé, n’avait aucune obligation après ce dernier cours et pensait même retourner à l’atelier afin de relancer sa créativité (( qu’il savait déjà vain )).
Il ne prit même pas la peine de poser les yeux sur l’écran de son téléphone abandonné sur le coin de la table depuis le début du cours. Il lui arrivait encore de regretter son choix :: celui de poster son visage sur les réseaux, celui de passer pour un social justice warrior. Heenim n’avait jamais eu honte de ses sentiments, ses goûts et de ce qu’il était. Bien qu’il en parlait très peu, il ne s’en était jamais caché. Alors ce post fut un pas en avant. Le dire si facilement (( faux )) devant autant de personnes, c’était effrayant. Et il ne pouvait non plus ignorer les commentaires qu’il recevait depuis. Quelques racines de négativité qui venaient s'emmêler dans les bons sentiments et prenaient Heenim par le cou jusqu’à l’étouffement futur.

Ce n’était pas le moment d’y penser :: enfin, Heenim se leva ─ il était si seul dans la salle à présent. Il se dépêcha d’en sortir pour rejoindre l’atelier, le téléphone caché dans sa poche. Seulement, il ne s’était pas attendu à croiser une connaissance. Un fin sourire se glissa sur ses lèvres pour l’accueillir mais disparut bien trop rapidement après les premiers mots. « Ah… » Tout sur son visage montrait de l’étonnement. Idiot d’enfant qui pensait encore s’en sortir. Il avait rendu son identité publique, il n’avait pas à s’étonner que les personnes qu’il croisait furent, elles aussi, au courant. « Je savais pas que tu suivais le compte, je ─ » La gêne d’abord, mais qui laissa rapidement place à de la panique. Le cœur du garçon s’excitait sous la cage thoracique et Heenim faisait tous les efforts du monde pour ne pas laisser sa respiration accélérée s’entendre.
Ils auraient pu se contenter de salutations simples, comme à leurs habitudes. Or, le fait que Jinhwa ne bougeait pas et surtout après de tels mots ne faisait que terrifier le styliste. « Tu… Tu voulais dire quelque chose ? » Sa voix le rendait si petit, si faible.