@Kwon Sun Ho
Seokwon pensait dur comme fer qu’il n’en valait pas la peine. Sunho n’avait pas à se battre pour lui, n’avait pas à croire en lui. C’était une cause perdue, ça ne servait à rien. À ses yeux, le plus âgé perdait simplement son temps. « Tu perds ton temps, hyung… » Souffla-t-il dans un murmure. Il ne savait pas comment il faisait pour voir un quelconque espoir, comment il faisait pour croire en lui, comment il pouvait croire qu’il en valait la peine. Il avait beau chercher, il ne trouvait pas de réponse. Depuis son malaise cardiaque, le silla ne faisait que blesser ses proches. Depuis qu’on lui avait annoncé la triste nouvelle qu’il ne pourrait plus patiner à haut niveau, il ne trouvait aucun sens à sa vie. Quel espoir y avait-il là-dedans ? Les chances d’obtenir un nouveau cœur étaient tellement infimes… ça n’arriverait jamais, c’était impossible. Il était voué à ne plus jamais patiner de toute sa vie et ça, ça le tuait à petit feu.

Le jeune homme releva la tête quand Sunho reprit la parole. « Quelle passion ? » Demanda-t-il, sa curiosité ayant été piquée. Il regarda son aîné, étonné d’apprendre qu’il avait fait de la musique et qu’il était chanteur auparavant. Il avait du mal à l’imaginer. Son regard se perdit finalement sur la vue, ses doigts jouant avec les manches de son haut. « Ah oui… ? » Souffla-t-il, se murant dans le silence pour le laisser parler et simplement l’écouter. Parce que son histoire était finalement assez similaire à la sienne. Il avait l’impression de se retrouver dans ce qu’il disait. Il avait vécu la même chose que lui. On lui avait arraché son rêve. Et jamais il ne pourrait reprendre. Cependant, Seokwon ne voulait pas en arriver là. Il ne voulait pas tirer un trait sur le patinage. Il ne le voulait vraiment pas. Comment pourrait-il faire ça alors que c’était toute sa vie ? Oui, il pouvait bien faire autre chose. Oui, il était entouré. Mais le patinage… Non, Seokwon ne pouvait définitivement pas s’en passer. Il avait cruellement besoin de cette greffe de cœur mais il savait qu’elle n’arriverait jamais… « Je suis censé faire quoi, hyung ? » Demanda-t-il en relevant les yeux, humides, vers Sunho. « Je fais comment quand le patinage, c’est toute ma vie et que je peux plus en faire ? Je fais comment ? » Demanda-t-il de nouveau, la voix tremblotante. « J’aurais jamais de greffe, hyung. J'aurais jamais de nouveau coeur. Je pourrais plus jamais… Je pourrais jamais plus… Patiner... C'est fini... Je vais faire quoi de ma vie, hyung ? » Encore une fois, il lui posait des questions auxquelles il ne pouvait pas réellement répondre. Des questions qui le secouaient, lui faisaient peur, et le faisaient pleurer. Il ne retenait plus ses larmes devant son aîné. Il était si jeune et son rêve, il ne pourrait jamais le réaliser…

@Han Seok Won
Sun Ho pouvait comprendre le désespoir du plus jeune ; il comprenait que cela soit difficile d’avoir de l’espoir, hors tant qu’il était bel et bien vivant, cela voulait dire que rien n’était encore terminé. Tout semblait noir actuellement cependant il y avait des chances à ce que demain puisse être plus beau, il fallait juste y croire et se battre, ne pas abandonner devant la moindre embuche. Certes, c’était plus facile à dire qu’à faire, néanmoins le bibliothécaire était le plus bel exemple, dans ce qui s’agissait de croire aux miracles. Personne ne l’imaginait en sortir, et pourtant il se tenait fièrement debout aujourd’hui ; parce qu’il avait eu beaucoup de chance, parce qu’il n’avait pas baissé les bras, et que malgré les difficultés, malgré ses envies de tout lâcher, il n’avait pas flanché, parce qu’il avait été bien entouré et que ce combat, il ne l’avait jamais affronté tout seul. Hors, c’était également une situation qu’on peinait à discerner, après tout Seok Won ne connaissait que le principal, il n’avait pas vent de tout le reste, ni quel genre de personne était Sun Ho avant la découverte de cette tumeur, avant son opération… Le jeune homme ignorait ô combien ils avaient plus en commun qu’il ne le pensait, en réalité. Le pourquoi le bibliothécaire n’éprouva aucun mal à aborder un sujet qui lui tenait à cœur, mentionnant cette passion qui était toute sa vie mais qu’il avait dû mettre de côté. « Oui, j’étais même connu. » Précisa-t-il, sans crainte. Hormis les plus proches de son entourage, il n’avait jamais révélé ce secret à qui que ce soit, jamais de son plein gré, et s’il le faisait actuellement, c’était parce qu’il faisait confiance en Seok Won. Certes, cela devait sonner comme un mensonge, lui qui chantait toujours habituellement si faux, et lui qu’on n’avait jamais vu à la télévision, encore moins sur internet, ni même dans une salle de concert. Hors, c’était à cause de son concept qui avait toujours camouflé son visage, et le pseudonyme utilisé qui était loin de sa véritable identité.

Une expression compatissante collée à sa figure, un brin de tristesse aussi, Sun Ho l’observa en silence, tout en le laissant s’exprimer, sans jamais l’interrompre. Et lorsque le garçon termina de l’interroger, il ne répondit pas de suite… Il persista à le contempler quelques instants, avant de se rapprocher puis le prendre doucement dans ses bras. « C’est ton défaut ça, pourquoi tout de suite penser au pire ? » Sa voix était douce, apaisante, tandis que ses phalanges lui choyaient suavement les cheveux, une manière comme une autre d’essayer de le réconforter. « Personne ne sait de quoi demain est fait. Je ne peux pas te dire que tu l’auras ta greffe ou non, mais tant que tu es toujours là, rien n’est perdu, sache le. » C’était dommage d’abandonner quand tout était encore possible « Et dans tous les cas, tu n’es pas tout seul. Evidemment que ça ne sera pas facile, mais tu finiras par te relever toi aussi. » Sur ses dires, le bibliothécaire se décala légèrement, le regardant à nouveau, pour finalement ajouter « Et si jamais tu ne veux pas, je me chargerais de ton cas personnellement. Je ne te laisserais jamais à terre et je sais que je ne suis pas le seul. » Seok Won aussi avait son propre entourage, il avait certainement beaucoup plus de personnes qui priaient pour lui, que ce dont il imaginait. Sa vie n’était pas encore terminé, il était bien trop tôt pour baisser les bras maintenant.

@Kwon Sun Ho
Seokwon avait la sensation de se retrouver dans les mots de son aîné. Son histoire était similaire à la sienne. On lui avait retiré son rêve. Il avait eu du mal à s’en remettre mais il avait réussi. Cependant, le silla craignait de ne pas réussir, contrairement à Sunho. Il n’était pas aussi fort et ne trouvait aucun but à la vie. Que pouvait-il faire maintenant qu’il ne pouvait plus patiner ? Que devait-il faire ? On lui avait retiré sa passion, son rêve, sa raison de vivre. Comment pouvait-il se relever ? S’en remettre ? Comment le pouvait-il ? Tout était sombre. Tout était sans goût, fade. Que faire ? Comment ? Pourquoi ? Des questions qu’il posa au plus âgé, pleurant à chaudes larmes pour la première fois devant quelqu’un. Il laissa ses bras l’entourer. Un réconfort qu’il appréciait plus qu’il ne le disait et montrait. Oui, il avait besoin de ses proches. Oui, il avait besoin qu’on le soutienne, qu’on le tire, qu’on croit en lui. Il avait besoin, même s’il disait le contraire, même s’il envoyait tout le monde paître. Il avait besoin qu’on lui soutienne dur comme fer qu’il allait s’en sortir. Alors, le patineur s’accrochait au haut de Sunho, il s’y accrochait désespérément comme si sa vie en dépendait. Comme si, s’il lâchait, il ne pourrait plus jamais remonter la pente. Il s’y accrochait fermement et ne voulait pas le lâcher. Le garçon ne disait rien, ne répondait rien, ses épaules se secouant au rythme de ses sanglots. Il écoutait tout de même, tentait d’imprégner, de croire en ses mots. Il tentait, réellement. Il voulait y croire mais c’était si dur. En le sentant se décaler, ses doigts serrèrent davantage le tissu. Il garda la tête baissée, refusant de le regarder dans les yeux. Un bref et petit sourire s’empara de ses lèvres quand Sunho lui assura qu’il se chargerait personnellement de son cas s’il refusait de se relever. Et son cœur se réchauffa quand il promit qu’il ne le laisserait jamais à terre. Le plus jeune ne bougea pas pendant un moment, ses mains tenant toujours le haut du bibliothécaire, sa tête venant même à se poser contre son torse, cherchant encore son étreinte sans le formuler avec des mots. « Je sais pas si j’y arriverai… » Finit-il par souffler. Arriverait-il à se relever ? « C’est si dur… » Murmura-t-il, sa main venant essuyer ses larmes. « J’ai… J’ai vraiment l’impression que je m’en sortirai jamais. Je… J’arrive pas à trouver une raison de continuer à me battre. Je trouve pas. » Continua-t-il, sa voix recommençant à trembler. « Le patinage, c’est vraiment toute ma vie. » Répéta-t-il. Comme la musique avait été toute sa vie. « Je veux patiner mais je peux pas… Je peux pas à cause de ce fichu cœur… » Dit-il, finissant par lâcher Sunho et se recroqueviller sur lui-même, encerclant ses jambes. « Tu penses vraiment que je peux y arriver… ? » Demanda-t-il. Il avait besoin qu'on le lui dise,  qu'on lui dise qu'on croyait en lui, qu'on lui dise qu'il en était capable. Qu'on lui rappelle encore qu'il n'était pas tout seul. Même s'il avait l'horrible sensation que c'était le cas, et que personne ne pouvait le comprendre.