Boyeon sortit de la chambre de Boram les larmes aux yeux. Cela faisait des années que tous les jours elle venait le voir, que tous les jours elle lui lisait son carnet, lui racontant ses journées et pourtant, tous les soirs, c’était plus compliqué de sortir de cette chambre. Il n’était plus là, c’était un fait. Cependant, ses parents s’accrochaient encore à l’espoir qu’il reviendrait, qu’il se réveillerait. Mais plus les jours passaient, plus les semaines se succédaient, plus les mois s’enchaînaient et plus les années s’écoulaient et plus elle se rendait à l'évidence qu’il n’ouvrirait plus jamais les yeux. Yeonnie s’était faite à l’idée aidée par son grand frère Bogum. Le médecin avait parlé plus que le frère et si eux avaient compris c’était compliqué pour leurs parents. Après tout, ce n’était pas dans la suite logique des choses. Les enfants n’étaient pas censés partir avant leurs enfants. Boyeon pouvait donc comprendre ses parents et l’espoir qu’ils nourrissaient toujours. Seulement, ça lui donnait de l’espoir également alors qu’elle savait que ce n’était pas possible. Elle voyait les économies de ses parents partir en fumée alors que depuis cinq ans il n’y avait plus de Boram malgré ce qu’ils pensaient. Cependant, ils ne voulaient pas voir la vérité en face et elle ne pouvait pas leur en vouloir. C’était juste pesant et elle avait de plus en plus de mal à ne pas craquer quand elle venait le voir. La jeune femme essuya ses yeux et tourna dans un couloir sans réellement regardé où elle allait. Boyeon percuta quelqu’un de plein fouet et se recula en grimaçant légèrement. « Pardon ! » lança-t-elle avant de lever les yeux vers le garçon qu’elle avait bousculé. Il était vraiment mignon mais son regard était éteint. Comme s’il n’était plus là. Elle l’observa quelques secondes, s’attardant sur les traits de son visage. Elle ne se rendait pas compte que ses yeux posés sur lui et l’insistance avec laquelle elle le regardait pouvait le mettre mal à l’aise.

Geon Woo l’avait obligé à venir. Cela faisait des mois que Seok Won n’avait pas mis un pied à l’hôpital, des mois qu’il n’allait pas à ses rendez-vous, des mois qu’il évitait la sentence. Le patineur ne voulait pas entendre le médecin lui dire que c’était peine perdue, qu’il n’aurait jamais de greffe parce qu’aucun cœur compatible et de ce fait, ne pourrait jamais reprendre le patinage. Le jeune homme ne voulait pas l’entendre, pas encore. Une fois avait suffi. Même si le médecin ne l’avait pas dit clairement, avait simplement prévenu la famille Han que ça serait long, aux yeux de Seok Won, ça voulait bien dire que ça n’arriverait jamais. Il ne pourrait jamais réaliser son rêve. Et depuis, le silla errait sans but, fuyait tout le monde. A quoi bon quand son cœur ne fonctionnait pas bien et risquait de le lâcher à tout moment ? Autant ne pas s’attacher et s’habituer, rapidement, à ce qu’il ne fasse plus parti de ce monde. Seok Won soupira bruyamment, il n’avait aucune envie d’être là. Mais son meilleur ami l’avait forcé, l’ayant même emmené jusqu’à l’entrée de l’hôpital. Il était donc, là, à longer ce couloir qu’il détestait, à parcourir cet hôpital qu’il haïssait. Le jeune patineur, tête basse et yeux rivés sur le sol, ne vit pas la jeune femme débouler dans l’angle du couloir. Il se fit percuter de plein fouet, le faisant sortir de ses pensées. Le garçon leva les yeux sur la demoiselle, visage fermé, regard éteint. Il la regarda alors qu’elle s’excusait. Il s’en foutait, de ses excuses. Il ne répondit rien, restant muet, alors qu’elle le fixait depuis de longues secondes maintenant, avec une extrême insistance. Sourcils froncés, il l’interrogea du regard, sa main frottant sa nuque, signe de nervosité. « Pourquoi vous me regardez comme ça ? » Demanda-t-il finalement, mélange de gêne et de froideur.

Encore une fois, les visites à son grand frère la déprimaient plus qu’elle ne lui mettait du baume au cœur. Boyeon ne se berçait plus vraiment d’illusions. Après cinq ans sans aucune réponse de sa part, elle savait que c’était la fin. Seulement, c’était compliqué pour elle de réellement l’assimiler, encore plus quand ses parents refusaient de voir la vérité en face et avaient espoir de le voir se réveiller. Mais à moins d’un miracle, ça n’arriverait pas. La jeune femme devait donc commencer à faire le deuil de Boram, mais c’était compliqué quand il était encore “vivant” et qu’il respirait encore. Elle ne pouvait pas le voir comme mort et lui dire au revoir, ainsi. Alors, elle continuait de venir le voir, de lui parler, de s’occuper de lui comme il l’aurait sûrement fait à sa place. Mais il ne réagissait pas et c’était le plus dur pour Boyeon de le voir sans réaction. Elle mordilla dans sa lèvre pour s’empêcher de pleurer et sortit de la chambre, plus déprimée qu’elle n’y était entrée. Maintenant, elle n’avait qu’une envie, partir de l’hôpital et aller elle ne savait où. Peut-être qu’elle irait s'entraîner et taper dans quelqu’un ou quelque chose. Mais elle n’eut pas le temps de penser réellement à ce qu’elle allait faire qu’elle percuta quelqu’un. Aussitôt, elle s’excusa, ne voulant pas de problème, encore moins dans un hôpital. Cependant, quand elle ne reçut aucune réponse, ni même réaction, elle releva les yeux vers le jeune homme et découvrit deux yeux noirs complètement éteints. Boyeon fut de suite intriguée par ces yeux et elle le regarda avec insistance, sans même s'en cacher. Elle perçut enfin une réaction et un sourire s’empara de ses lèvres quand elle entendit sa voix. Il avait une voix agréable, elle lui plaisait énormément. « Parce que vous êtes beau ! » dit-elle le plus naturellement possible avant de lui sourire encore plus. « Et que je suis intriguée par vos yeux… » Boyeon n’avait jamais eu honte de dire ce qu’elle pensait ou ressentait. Il lui plaisait, elle lui disait et si elle le mettait mal à l’aise, elle s’excuserait, mais continuerait.

Seok Won traînait des pieds. Il n’avait aucune envie d’être là et pourtant… Geon Woo l’y avait forcé. Ça faisait plusieurs fois qu’il n’avait pas vu son médecin. Ce dernier voulait contrôler son cœur, régulièrement, vérifier que tout allait bien. Mais rien n’allait. Même si son cœur tenait le coup, ce n’était pas du tout le cas de sa santé mentale. Il n’allait pas bien. Vraiment pas. Le garçon soupira, une fois, deux fois, un nombre incalculable de fois alors qu’il traversait le couloir entier pour se diriger vers le bureau de son médecin. Le patineur n’avait aucune envie de le voir. Aucune. Tête basse, yeux rivés sur le sol, il ne vit pas la jeune femme dans l’angle du couloir. Il se la prit de plein fouet, reculant, grimaçant très légèrement. Seok Won releva la tête et posa son regard sur elle. Il ne dit rien à ses excuses, ne lui disant pas que ce n’était pas grave. Ce qu’il aurait clairement fait, avant. Mais on n’était pas avant. Le garçon fronça les sourcils face au regard insistant de l’inconnue. Ça le mettait mal à l’aise et il se trahit en se frottant la nuque. Sa voix manqua d’assurance, aussi, et de froideur, lui qui, d’habitude depuis quelques mois, se montrait très sec. Il ne l’avait pas été, bien trop troublé par son regard. Ses mots n’arrangèrent rien, bien au contraire. Il sentit ses joues s’empourprer et le silla détourna le regard. Comment pouvait-elle dire ça aussi aisément ? Et elle continuait en plus ! Ses yeux l’intriguaient mais Seok Won ne voyait pas pourquoi. Ils n’avaient rien de spécial. Ils étaient banals. Il ne la croyait pas non plus quand elle lui dit qu’il était beau. Que pouvait-elle bien trouver de beau chez lui ? Rien. Il n’y avait rien de beau. Seok Won ne savait pas quoi lui répondre, embarrassé par ses mots. C’était bien la première fois qu’on le lui disait. D’ordinaire, on ne faisait que le regarder et le patineur ne s’en regardait pas compte. Elle le mettait vraiment dans l’embarras. « Vous… vous dîtes souvent ça aux gens que vous percutez ? » Demanda-t-il finalement, reposant son regard sur elle. Son sourire l’éblouit et il détourna de nouveau la tête, sentant étrangement son cœur battre plus vite. Son sourire était beau.

La jeune femme ne s’était pas attendu à percuter quelqu’un dans les couloirs de l’hôpital. Certes, elle savait qu’ils étaient fréquentés, mais les gens en général faisaient en sorte de ne pas entrer en contact avec les autres. Ce n’était clairement pas un lieu propice à faire des rencontres. La plupart des gens ici, du moins dans cette aile de l’hôpital, étaient là pour des maladies ou pour voir des malades. Ils n’avaient pas l’intention de faire des rencontres. Pourtant, quand Boyeon entra dans le jeune homme, alors qu’elle ne regardait pas, pensant encore à son grand frère, elle ne put s'empêcher de le détailler des pieds à la tête. Il était grand, beau et sa voix était charmante. Cependant, ce ne fut même pas ça qui attira réellement son regard. Ce fut ses yeux noirs, froids et complètement éteints, comme si toute vie avait disparu. Boyeon ne pouvait pas nier le fait qu’elle était intriguée. Il était jeune, sûrement plus qu’elle ou du même âge. Potentiellement même légèrement plus âgé qu’elle. Mais il était bien trop jeune pour avoir renoncé à la vie, à vivre. Néanmoins, c’était ce qu’elle voyait dans ce regard et elle ne put s’empêcher de le fixer, insistant sans réellement s’en rendre compte. Elle mentionna le fait qu’il était beau et que ses yeux l'intriguaient sans gêne. Elle n’était pas du genre à taire ce qu’elle ressentait et pensait. Elle le mettait sûrement mal à l’aise d’ailleurs. Mais elle s’en moquait un peu. Boyeon lui sourit et secoua la tête à sa question. « Seulement quand je percute un beau garçon. Ce qui est plutôt rare, surtout quand il est aussi beau que vous. » La jeune femme réitéra son compliment, toujours son sourire aux lèvres. « Mais sinon, d’habitude je m’excuse simplement et je m’en vais. » Boyeon haussa les épaules. Cette fois-ci ce n’était pas le cas. « D’habitude aussi, la personne percutée s’excuse ou alors dit que ce n’est rien. Vous avez gardé le silence... Ça m’a aussi intrigué. » Et son sourire s’agrandit en le regardant.

Cette fille était complètement sans gêne. Elle lui disait qu’il était beau, comme si elle parlait de la pluie et du beau temps. C’était absolument naturel chez elle, apparemment, de complimenter de la sorte les autres. Le garçon ne s’y était pas du tout attendu et il sentit ses joues rougir. Merde alors. Elle le mettait dans l’embarras et Seok Won ne savait que dire. Le pire, c’est qu’elle en rajouta une couche, parlant de ses yeux qui l’intriguaient. Qu’avaient-ils de si intrigants ? Il ne savait pas mais, tout ce qu’il pouvait dire, c’est qu’elle le mettait vraiment mal à l’aise. Était-elle ainsi avec tout le monde, avec tous ceux qu’elle percutait ? Le patineur lui posa la question, curieux de savoir si elle était aussi honnête à chaque fois. Son sourire lui fit détourner les yeux. Qu’elle cesse de sourire comme ça, il sentait son cœur flancher. Depuis des mois, on ne lui avait pas souri comme ça. Depuis des mois, il ne voyait que des visages abattus et tristes. Ses parents le regardaient toujours avec tristesse et lui souriaient avec peine. Son frère, ça ne servait à rien d’en parler. Ils ne se voyaient pas. Geon Woo était sûrement le seul à encore lui sourire, quand Seok Won ne broyait pas trop du noir. Alors, quand cette inconnue lui sourit, éblouissante, il eut la sensation d’un rayon de soleil dans l’obscurité. De nouveau, elle reprit la parole et encore une fois, elle le gêna avec ses mots. Ses joues continuèrent de s’empourprer, devant maintenant être légèrement tintées et ça devait être visible aux yeux de la jeune femme. Merde. Seok Won regarda ailleurs, continuant de se frotter nerveusement la nuque. « Je ne suis pas si beau. » Souffla-t-il, presque dans un murmure, finissant par regarder l’inconnue. Donc, l’erreur qu’il avait faite, c’était de se taire. Il aurait dû dire quelque chose et elle ne l’aurait pas mis ainsi dans l’embarras ? « Ah… Euh… » Bafouilla-t-il rapidement, se mordant discrètement la lèvre. Il se trouvait idiot à bégayer de la sorte mais son sourire faisait s’emballer son cœur et perdre ses moyens. Déjà qu’il n’était pas très à l’aise face à une femme, il l’était encore moins face à elle. « C’est… Ce n’est rien. » Finit-il par dire, bien en retard. Son regard se porta derrière la demoiselle, voyant le bout d’un brancard arriver. « Attention… » Souffla-t-il tout en attrapant doucement son bras, la décalant du passage de l’infirmière avec son patient alité. Aussitôt passée, Seok Won la lâcha.

Boyeon ne pouvait pas s’empêcher de le regarder, de le trouver beau et de trouver qu’il devenait encore plus mignon avec ses joues rouges. Ça mettait un peu de couleur sur son visage et elle le trouvait encore plus beau. Vraiment, il était totalement son genre de garçon. Grand, brun et surtout extrêmement charmant. Elle ne pouvait pas vraiment dire ce qui l’attirait vers lui mais ses yeux et le fait qu’ils semblaient totalement éteints lui donnait envie d’apprendre à le connaître et de savoir ce qui se passait. Alors, elle restait, continuant de le fixer et répondant à ses questions avec toute l’honnêteté dont elle était capable. Elle souriait également, sincèrement et parce qu’elle avait l’impression qu’il méritait un peu de soleil dans sa vie. Elle ne tentait même pas vraiment de flirter avec lui, elle disait simplement ce qui lui sortait de l’esprit comme ça venait. « Si vous êtes beau ! Vous devriez pas vous dénigrer et encore moins quand une fille vous dit ce qu’elle pense de vous. » Elle lui adressa un petit clin d’oeil avant de continuer et lui expliqua la raison qui l’avait poussé à ne pas partir et à répondre à ses questions. Elle sourit encore plus en le voyant perdre ses mots. Lui faisait-elle de l’effet ou alors, c’était parce qu’il ne savait pas comment agir avec les gens ? Elle n’en savait rien, mais elle le trouvait mignon le gamin. Oui parce que pour elle, il n’y avait aucun monde où il était plus âgé qu’elle. C’était un jeunot elle le savait. Quand il reprit la parole pour dire que ce n’était rien qu’elle l’ait bousculé, Boyeon laissa échapper un petit rire. « C’est un peu tard pour ça non, tu ne crois pas ? » dit-elle, laissant tomber le vouvoiement alors qu’elle riait toujours. Perdue dans son rire, elle ne vit pas le brancard arrivé et fut surprise de la proximité de leurs corps alors qu’il l’avait tiré vers lui pour laisser passer le lit. Elle sourit et le regarda avec un air attendri sur le visage. « Merci mon preux chevalier. » le taquina-t-elle avant de reprendre. « C’est une scène digne d’un drama, tu le sais ça ? Je pensais pas en te voyant que tu étais ce genre de garçon à tenter de draguer la fille en la sauvant d’une blessure. » Elle le chariait, mais elle ne pouvait pas s’empêcher de vouloir voir ses joues devenir encore plus rouge. Boyeon avait envie de d’attraper ses joues et de les secouer comme elle le ferait pour un enfant pour lui dire qu’il était mignon. Vraiment, mignon.

Seok Won ne comprenait pas comment elle pouvait complimenter aussi aisément les autres. Elle lui répéta plusieurs fois qu’il était beau, insistant quand il marmonna dans sa barbe. Il ne se trouvait pas si beau que ça et ne voyait pas vraiment ce qu’elle lui trouvait. Dans tous les cas, ça le faisait rougir et encore plus quand elle lui adressa un petit clin d’œil. « Si vous le dîtes… » Marmonna-t-il simplement, détournant le regard, n’étant pas capable de la regarder. Il sentait son cœur s’emballer à cause d’elle, de ses mots, de son sourire. Il perdait ses mots et le jeune homme détestait cette situation. Le silla finit par lui demander si elle agissait ainsi avec tout le monde. Ce n’était pas le cas, et elle continua de dire qu’il était beau. Et que si elle était encore là, à discuter avec lui, c’est parce qu’il l’avait intrigué à ne rien dire. C’est vrai qu’il n’avait rien dit, ce qui était un peu inhabituel. Seok Won le fit, la faisant rire. Et son rire était sûrement la plus jolie des mélodies pour ses oreilles. Il sentit encore une fois son cœur s’emporter. « Mieux vaut tard que jamais… » Marmonna-t-il encore une fois. Ses yeux captèrent le brancard qui arrivait et parce qu’il faisait toujours attention aux autres malgré son comportement qui laissait à désirer, l’étudiant attrapa le bras de la jeune femme, l’attirant vers lui pour lui éviter d’être percutée et de créer un accident au milieu du couloir. Une fois l’infirmière passée, il relâcha le bras de l’inconnue. Il posa ses yeux sur elle, réalisant le rapprochement entre eux. Il se racla discrètement la gorge avant de piquer un fard quand elle insinua qu’il la draguait. « Quoi ? Non ! » S’exclama-t-il, reculant légèrement, se cognant dans un charriot qui traînait là. « Je… Je ne tente pas… pas du tout de vous draguer. » Bafouilla-t-il, rouge presque jusqu’aux oreilles. Il n’avait jamais dragué une fille et ce n’était pas au détour d’un couloir d’hôpital que ça allait arriver. « Vous vous méprenez. » Ajouta-t-il, ne sachant comment s’échapper de cette situation. Si Geon Woo était là, il serait en train de se moquer de lui.

La jeune femme hocha la tête aux mots du plus grand. Elle ne reviendrait pas sur ce qu’elle avait dit. Il était beau et ce même s’il ne pensait pas que c’était le cas. Sinon, elle ne se serait probablement pas arrêtée devant lui. Il était même très beau et attirant. Elle ne pouvait s’empêcher en plus de le trouver mignon quand il rougissait à chaque mot qu’elle prononçait, à chaque regard qu’elle lui lançait et chaque sourire qu’elle lui faisait. Boyeon avait envie de le voir encore plus rougir parce qu’il était vraiment mignon. Il la faisait rire en plus, c’était quelque chose d’extrêmement rare, surtout en ce moment. Il n’y avait que Jieun qui arrivait cet exploit. La koryo riait, mais ce n’était jamais réellement sincère. Lui avait eu le droit à un rire plus que franc et sincère. Un bon point pour lui. « C’est sûr… Mieux vaut tard que jamais. » confirma-t-elle, un immense sourire sur les lèvres tandis qu’elle riait toujours. Boyeon ne vit donc pas le brancard qui arrivait dans leur direction et fut en quelque sorte sauvée par le jeune homme. Il la lâcha quand le danger fut hors de vue et la jeune femme saisit cette occasion pour l’embarrasser encore plus. Elle ne fut pas déçue en voyant le rouge prendre place sur ses joues et elle se rapprocha de lui. « Fais attention. Tu vas te faire mal. » C’était l’hôpital qui se foutait de la charité parce que s’il n’avait pas été là, elle aurait très certainement pris le lit sur le pied ou une connerie dans le genre et là, elle tentait de faire en sorte qu’une blessure n’arrive pas à cet inconnu. Après, si c’était malheureusement le cas, Boyeon avait dans son sac de quoi soigner n’importe quelle plaie et puis, ils étaient dans un hôpital. Ce serait plus simple. Le jeune homme reprit alors la parole et un sourire amusé prit place sur les lèvres de l’étudiante. « T’as pas l’habitude d’être en présence d’une femme, je me trompe ? » Elle se rapprocha encore plus de lui, le bloquant presque entre le chariot et son corps. Elle posa son doigt sur son torse. « Et arrête de me vouvoyer… J’ai l’impression d’avoir cinquante ans… Je dois être plus âgée que toi de quelques mois… Pas plus de deux ans. » C’était ce qu’elle pensait et elle n’était pas loin de la vérité. « Je m’appelle Boyeon d’ailleurs. E toi ? » Elle voulait savoir comment il s’appelait pour le stalker sur les réseaux sociaux et montrer à Jieun.

Seok Won ne comprenait absolument pas l’intérêt que lui portait cette inconnue. Il n’avait rien d’exceptionnel et surtout, n’avait rien dit pour qu’elle reste et continue de lui parler. Mais justement, c’était bien à cause de ça. Parce qu’il n’avait rien dit quand elle lui était rentrée dedans. Alors, il le fit, tard, mais il le fit, faisant rire la jeune femme. De nouveau, son cœur s’emballa, appréciant ce doux son. Et son sourire n’aidait en rien le garçon. Le silla remarqua l’arrivée du brancard et évita à l’inconnue de se le prendre, l’attirant vers lui et la lâchant aussitôt le danger écarté. Elle en profita pour l’embarrasser davantage, le faisant rougir et balbutier. Il ne la draguait pas, ce n’était vraiment pas son genre de faire ça. Elle se méprenait totalement. Il tenta de lui faire comprendre, piquant clairement un fard, reculant et percutant un charriot qui traînait là. Elle en profita pour se rapprocher de lui, l’obligeant à reculer encore plus. « C’est… C’est pas grave. » Souffla-t-il, balbutiant qu’il ne tentait réellement pas de la draguer. Il détourna le regard quand elle sourit de nouveau et ne répondit rien à sa question. Son comportement le démontrait, elle n’avait pas besoin qu’il confirme. Il la regarda de nouveau en la voyant bouger et se rapprocher de lui. Il déglutit, obligé de reculer, ses deux mains sur le charriot, coincé. Son cœur s’emballait réellement et ce n’était pas bon. Seok Won n’avait aucune envie de prendre ses médicaments devant elle mais il allait devoir le faire, à force, si elle continuait de le malmener de la sorte. « Tu… Tu serais bien conservée pour… pour quelqu’un de 50 ans. » Dit-il, la regardant, la tutoyant finalement comme elle l’avait demandé. Il se pinça les lèvres, restant silencieux quelques longues secondes, pas très enclin à lui donner son prénom. « Tu… Tu peux reculer ? S’il te plaît… » Demanda-t-il, ne lui donnant pas encore ce qu’elle souhaitait. C’est qu’elle l’empêchait presque de respirer mais surtout, il sentait que son cœur battait irrégulièrement. Et ça, c’était mauvais signe. Cependant, il doutait qu’elle recule tant qu’elle n’aurait pas ce qu’elle voulait. « Seok… Won. Je m’appelle Seok Won. » Finit-il par révéler, la regardant avant de détourner le regard. « Tu peux… Tu peux reculer… maintenant ? » Demanda-t-il de nouveau. Parce qu’il commençait réellement à se sentir mal. Pourquoi fallait-il que cette fille lui fasse autant d’effet ? Mélangé au stress de venir à l’hôpital, ça faisait un mauvais combo.