oodt ✎ Depuis leur retour du voyage à la montagne, la patience de Somi devenait de plus en plus fine, déjà que d'ordinaire elle n'était pas connue pour être la plus patiente du groupe, passant d'un caprice à un autre avec une facilité déconcertante, alors elle-même était étonnée du temps qu'elle avait mis avant d'en avoir marre de la situation. Elle l'adorait Jiyong, vraiment, ils se connaissaient depuis l'enfance, on pouvait même dire qu'ils avaient pratiquement été élevés ensemble, mais là elle était à deux doigts de s'arracher les cheveux et c'était pas bon signe. Ni pour elle, ni pour lui. C'était dans ces moments-là qu'elle devait avouer qu'avoir choisi de pratiquer le yoga et la méditation, ça avait du bon, les exercices qu'elle faisait dans sa chambre, son salon, n'importe où pour oublier qu'elle avait son meilleur ami qui pleurait probablement dans un coin du penthouse, larmoyant sur le voyage désastreux que lui-même avait provoqué. Et les conséquences que ça avait eu par la suite. Elle l'avait encore en travers de la gorge, et c'était bien parce qu'elle l'adorait que Somi avait fini par laisser couler. Il était son ami après tout, son meilleur ami et la jeune femme, quoi qu'on puisse penser et dire d'elle et de son caractère, était loyale envers ceux qu'elle aimait. Bien qu'elle avait envie par moments de le jeter dans la baignoire et lui faire prendre une bonne douche froide pour le réveiller, et le sortir de cet état. Fermant les yeux, elle inspira profondément à plusieurs reprises, posture longuement travaillée, en équilibre, elle attendait l'arrivée prochaine de Mina. Si il y avait quelqu'un qui était capable de le faire réagir, c'était bien elle, autant sortir les armes lourdes. En parlant de la louve, Somi ouvre doucement ses paupières quand elle entend le ding familier de l'ascenseur, quittant sa posture pour étirer ses muscles, sourire naissant sur ses lèvres roses. « Te voilà enfin, tu me sauves la vie. » Elle bascule sa tête en arrière, comme si un poids était levé de ses épaules en voyant la silhouette de Mina se dessiner dans son champ de vision.

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you smell like love ✩

oodt ✎ Un déchet. Il n’y avait pas d’autres mots pour décrire l’état lamentable dans lequel était Ji Yong. Il avait passé plus d’une semaine à pleurer sans s’arrêter, ayant trouvé refuge chez Somi et plus précisément dans le lit de sa meilleure amie, qu’il n’avait pas quitté depuis très longtemps. C’était facile de le suivre à la trace puisque de toute façon il y avait la forme de son visage dessiné dans les oreillers trop cher pour mériter ça, créé avec ses propres larmes et sa morve. Ce n’est pas glorifiant mais important à préciser. Ji Yong avait élu domicile sous plusieurs couettes et la seule chose qui permettait de savoir qu’il n’était pas mort étouffé c’était ses reniflements entre-coupés de cris de rage, parce que Ji Yong restait fidèle à lui-même et que serait un bon chagrin d’amour sans une grosse colère ? Il ne mangeait plus et passait ses journées à écouter des musiques tristes en boucle, se ressassant des centaines de fois dans sa tête le moment où sa vie avait basculé. Le moment où il avait tourné le dos à la personne qui lui permettait encore de survivre à ce monde qui lui avait fait un doigt magistral dès le jour de sa naissance. Il avait envoyé balader la femme de sa vie, celle qu’il aimait plus que tout au monde, encore plus que son adorable et sa détestable meilleures amies – chacune trouvera l’adjectif qui lui est destinée. D’ailleurs, la jeune femme qui n’avait pas eu d’autres choix que de faire du social ces derniers jours avait fini par l’abandonner, elle aussi. Parce que oui, Ji Yong jugeait que à partir du moment où elle l’abandonnait pour aller consoler Seo Na plutôt que lui, le laissant avec ce qui semblait être son petit-ami, elle avait choisi son camp. Mais ça, il ne pouvait pas lui en vouloir et d’un autre côté il était plus rassuré de savoir que même s’il avait brisé le cœur de Seo Na, au moins elle n’était pas seule. Cette pensée lui fit pousser un autre cri de rage. Mais qu’est-ce qu’il avait été débile ! Encore une fois Ji Yong avait choisi à la place des autres ce qui était bon pour eux, et avait décidé à la place de la jeune femme qu’il était préférable pour elle qu’elle ne s’attache pas trop à lui parce qu’il attirait le malheur aux gens. La preuve, Somi qu’il connaissait depuis le berceau avait fini par être copine avec Mina, et ça, c’était un sacré coup de malchance. Mais puisque le karma était trop fort contre lui en ce moment, Ji Yong savait bien que la fille des Ok avait demandé à Loulou de venir, parce qu’entre deux crises de larmes, il l’entendait malgré tout. Ji Yong était déjà au fin fond du trou et se détestait comme jamais, mais là, Somi essayait juste de le pousser à en finir directement.

La porte de l'ascenseur se referme. Les stilettos de Mina battent la mesure sur le carrelage froid de l'entrée. « N'en fais pas trop. Evidemment. » Contradiction notoire. Sa voix est posée, mesurée. Ses iris sombres balaient la grande pièce avec attention. Son visage est fermé. Ses traits sont durcis. Elle se débarrasse de son épais manteau et croise enfin le regard de sa meilleure amie. « Comment va Seona ? » Car depuis la Scène Finale [magistrale] que Jiyong lui avait fait joué dans sa toute dernière Tragédie, Mina ne l'avait pas vue et seuls quelques conversations téléphoniques écourtées avaient été échangées. Elle roule des yeux, depuis le sol jusqu'au plafond du luxueux penthouse. « Chez toi ça ne ressemble plus à rien. » Fait-elle en notant les restes d'une couverture en boule sur l'élégant canapé et quelques coussins tassés dans un coin, comme une ancienne tanière abandonnée par un animal sauvage en détresse. « Je t'ai ramené quelques mignardises. » Pour accompagner le thé ou peut-être le vin qu'elles siroteraient ce soir en retournant le problème sous toutes ses formes à la manière d'un Rubix Cube. Elle offre la petite boîte en carton d'une main, précautionneuse car ce sont des macarons hors de prix qui ont été réalisés par un grand chef pâtissier français. Elle repousse l'une des couvertures en la prenant entre le pouce et l'index avec une pointe de dégoût et s'installe sur le canapé. Elle observe les environs, l'état désespéré de Somi et son visage catastrophé. Et sa voix résonne à nouveau, audible et distincte à tous sous ce toit— agacée et ennuyée lorsqu'elle demande, de son manque de tact légendaire « et il est où Shakespeare ? » Le poète maudit ! le grand dramaturge ! brillant cerveau à l'origine de ce chef d'œuvre des temps modernes. Mina rêvait de le rencontrer car elle-même n'aurait pas mieux fait.