Panique.
Un gros brouillard devant le regard, la tête perdue ailleurs, l'angoisse crépitant dans ton cœur, tambourinant contre tes tympans, brûlant ton sang. L'estomac noué, la gorge serrée. T'avais eu du mal à continuer. C'était rien, pourtant. Pas grand chose, cela dit. Mais tu avais honteusement paniqué. Les stylos vides, impossible pour toi de continuer à prendre tes notes sur le même ton, tu avais dû utiliser un crayon, te perdant entre les mots. Les oreilles sifflant un instant t'avais pas entendu tout ce que tu le professeur avait dit et tu te sentais déboussolée. Totalement paniquée, et perdue, un gros trou se situait au niveau de ta feuille, et quand tu le regardais, le soir, pour reprendre tes notes, ça te donnait envie de pleurer. De te mettre dans un coin, le cœur affolé, et d'attendre. Attendre que la bonté divine te fasse grâce d'une pause.

Une pause que tu t'accordais cet après-midi. Parce que tu le savais, tu le sentais, là, comme un serpent glissant sur le sol, l'angoisse glissait sur ta peau, infiltrant tes pores. Elle enrobait ton cœur et il ne lui fallait plus grand pour totalement le prendre d'assaut. Pour le faire battre trop vite, trop fort, à t'en donner la nausée. Pour faire naître des larmes au bord des yeux. Tes mains tremblaient déjà, tes prunelles s'affolaient sur la foule alors que tu reniflais discrètement, comme une gamine qu'on aurait abandonné ici. « Sunmi », articulas-tu dans une fine grimace désemparée, sa silhouette se posant devant la tienne. Gamine submergée, tu fonças vers sa chaleur, te calant contre elle, comme une gamine qu'on venait de retrouver. Ta joue vint se caler sur son épaule. « Je suis si nulle », admis-tu, le ton bas, le désespoir dans le regard alors que tu te redressais. « J'espère que tu n'avais rien de prévu ? Désolée de te déranger alors que tu dois être occupée », marmonnas-tu, de plus en plus paumée, les pommettes rosies et le regard vagabond. « Tu vas bien ? », que tu la questionnas d'une petite voix, tes doigts cherchant les siens pour s'y accrocher délicatement.

Panique.
C'était ridicule de paniquer pour si peu. Pour un simple stylo vide. Mais ça t'avait perdu – au sens propre comme au sens figuré. Toi, toujours prête en cas d'imprévu, te voilà bien bête devant l'accompli. Tu ne pouvais pas faire machine arrière et mieux vérifier ton matériel. C'était trop tard, le mal était fait et le stress te rongeait déjà le cœur avant même que le souffle ne fut brûler contre tes lèvres. Toi, toujours prête et organisée, tu ne l'étais plus. Et si ta mère te voyait ? Et si ton père le savait ? Que diraient-ils ? – rien, sans doute. Pas pour un stylo vide du moins. T'avais besoin de souffler, d'air frais. T'avais besoin de te sentir apaisée, écoutée – mais surtout comprise. Tu le sentais, qu'il t'en faudrait peu, pour fondre en larmes. Les nerfs presque à vifs, la fatigue trop pressante et le stress trop pesant. La lèvre inférieure faiblement en avant, tu fis la moue quelques instants, tout de même embêtée. Même si elle te disait que tu ne la dérangeais pas, tu avais toujours peur que les gens laissent quelque chose d'important de côté juste à cause de toi. Tu ne voulais pas ça. Jamais. « Tu es sûre ? », demandas-tu tout de même confirmation. Les traits tirés de ton visage s'accentuèrent, ta frimousse devenant plus attristée que boudeuse, plus incertaine que juste fatiguée. Tu te mordis nerveusement la lèvre, les sourcils haussés dans une supplication muette – mais tu ne savais même pas ce que tu demandais. Pourquoi tu implorais. « Rien de très grave, rassure-toi », susurras-tu lentement, les pommettes rosies. Tu clignas des paupières un instant, ton regard s'ancrant dans le sien. Et tu sentis ta lèvre inférieure tremblée. Epuisement, stress, crainte. Tout semblait tomber. « J'ai juste... », tu inspiras, les épaules basses. « Mon stylo était vide », et dit comme ça c'était vraiment ridicule. « J'ai pas réussi... J'ai plus réussi à suivre le cours et j'ai loupé plein de choses », expliquas-tu, l'angoisse probablement trop pesante dans ta voix qui virevoltait à chaque syllabe. « J'ai un trou énorme dans mon cours et je sais pas comment... », tu t'arrêtas, le palpitant s'emballant. Cela n'allait pas influencer tes notes, si ? Tu allais tout rater. Non ? Non ??? « Je suis toujours prête d'habitude. J'ai toujours des stylos de rechange mais là... Là j'en avais pas et j'ai pas... », tes lèvres trébuchaient sur les mots et tes pupilles se perdaient dans un vide éloigné. « Je suis trop nulle », lâchas-tu encore une fois, ton front venant se presser contre son épaule, tes doigts s'accrochant à son haut comme si ta vie en dépendait.