(one) Enfant, Lian était déjà un garçon perturbateur, bien loin de ce qu'on attendait d'un potentiel héritier de la famille Hwang. Il était agité, il était fourbe et courait dans tous les sens mais le pire de tout... Il mentait. Menteur invétéré, le petit Lian était un professionnel quand il s'agissait de berner les adultes mais également les autres enfants. Nombreuses étaient les fois où il s'était tiré d'affaires avec ses mensonges, nombreuses avaient été les fois où il avait ri au nez des autres parce qu'on avait encore cru ses bêtises. Oui, il adorait s'inventer des milliers de vie, il adorait raconter n'importe quoi et ce même si ses mensonges s'avéraient parfois être très graves. Et il en avait durement payé le prix ces jours où, pour une fois, il avait avoué la vérité mais que personne ne l'avait cru. Sa vie était un véritable enfer seulement personne ne le remarquait, personne ne semblait vouloir le voir et lui ne faisait que s'enfoncer un peu plus dans la déchéance.

(two) Au sein de sa famille, si on devait le définir, on le catégoriserait probablement comme le vilain petit canard. Parce que les Hwang avaient une excellente image, parce qu'ils étaient aimables et respectueux mais qu'il était la seule tâche noire du tableau à toujours s'attirer des problèmes. Non, il n'est pas le fils modèle que les gens s'attendent qu'ils soient car il fait souvent la fête, car il est souvent dans les médias pour avoir fait une énième connerie, car il se bat peut-être un peu trop. Certains se plaisent à dire qu'il est la honte de cette famille, qu'il ne pourrait jamais reprendre la flambeau, qu'il ne le méritait pas... Il était celui qu'on accusait salement, celui qu'on salissait sans le moindre remord, sans se douter que c'était exactement cette attention que Lian attendait. Il était le mauvais garçon dans l'histoire hors personne, non personne, n'avait idée de qui était réellement cette famille maudite auprès de laquelle il avait grandi. On le qualifiait de petit con sans savoir que le véritable méchant dans l'histoire, c'était son père.  

(Three) Son père d'ailleurs, parlons-en. Homme charismatique, homme aimé des femmes en général, homme avec toujours des tas de projets d'avenir en tête, homme que, contrairement à beaucoup, Lian n'a jamais admiré. Son père, c'est son pire ennemi, celui qu'il déteste le plus mais également celui qu'il craint le plus. A la maison, son géniteur n'est en rien comparé à celui que tous connaissent publiquement, il est un homme plus froid, plus cruel, bien moins sentimental. Le sang du jeune homme se glace dés qu'ils sont dans la même pièce parce qu'il sait ce que cette lueur dans les yeux de Monsieur Hwang signifie, parce qu'il sait ce qui va lui arriver et que, aujourd'hui encore, il serait celui qui subirait toute sa colère, toute sa haine et toute sa frustration. Des années passées à endurer cette infamie, des années passées à laisser les ténèbres le dévorer peu à peu de leurs bras, des années passées à les provoquer juste parce qu'il ne savait pas comment les affronter et que peut-être, au bout du compte, il n'en recherchait que le coup fatal. Ce jour où son corps endolori retrouverait le sol, les paupières closes pour se plonger dans un sommeil éternel.

(four) Le sang en ébullition, le coeur en feu, plein de rage, Lian se bat constamment. Tout prétexte est bon pour lui de se battre, cela lui fait également d'excellentes excuses pour justifier la présence de ces bleus et cicatrices dessinés sur sa peau. Plutôt rebelle, il ne donne jamais ce que son père attend de lui ; il est attiré par le danger, par les problèmes et se comporter de cette manière lui donne l'impression de conquérir le monde. Oui, c'est vrai, il craint énormément son géniteur ; il appréhende toujours ces moments où il doit rentrer à la maison, la boule au ventre et le coeur serré, pourtant il est le premier à faire exprès de s'attirer ses foudres. Il s'en fiche de ne pas être un fils exemplaire, il s'en fiche de ce que tous pensent de lui, il se défoule et survie comme il le peut. Et si par la même occasion, il peut faire chier son paternel, ça l'arrange bien.

(five) Les Hwang sont connus en Corée pour leur société d'High-Tech, une société qui dispose de plus d'un tas de franchise dans le pays mais également dans toute l'Asie. Et cette entreprise, Lian est censé y travailler un jour, c'est la raison pour laquelle il effectue des études dans le milieu de la gestion, du commerce et du marketing. La vérité est qu'il en a strictement rien à faire, qu'il en sèche la majorité de ses cours et quand il ne sèche pas, il dort la moitié du temps. Un comportement qui n'est guère apprécié par son père et qui, de ce fait, lui a valu bien plus que des remontrances hors ça ne l'a jamais empêché de continuer.

(six) Passionné de sport, et plus particulièrement de volley-ball, il rêvait de se lancer professionnellement dans cette activité. Un rêve qui n'a jamais pu devenir réalité, que son géniteur a toujours dénigré, l'insultant de tous les noms à chaque fois que cette simple idée était mentionnée. Pourtant, il était doué Lian avec un ballon entre les mains, il était un autre homme une fois sur le terrain, il en oubliait tout le reste, il avait l'impression de voler, de devenir quelqu'un mais qui pouvait comprendre cela, hm ? Alors, bien qu'il ne pouvait pas poursuivre ce rêve tant désiré, quoi qu'il restait toujours ancré dans un petit coin de sa tête, il avait négocié avec son paternel pour intégrer le club de sa faculté. S'il choisissait le cursus que Monsieur Hwang désirait pour lui, il devait lui laisser au moins le plaisir de pouvoir s'amuser dans une activité qu'il aimait. Voilà comment il avait intégré l'équipe de la Yonsei, devenant ensuite le capitaine de cette dernière. Parce que, étonnamment, il avait le caractère adapté, parce qu'il avait beaucoup de talent et qu'il savait toujours faire preuve de bonnes tactiques pour surprendre leurs adversaires.  

(seven) Il n'est pas proche de sa mère même s'il aurait souhaité l'être un peu plus. Hors, certainement qu'une part de lui ne pouvait s'empêcher de lui en vouloir d'être aussi faible, de n'avoir jamais essayé de le défendre puis de, toujours, venir vers lui après coup pour s'excuser et lui conter combien elle l'aimait. L'aimait-elle vraiment ? Pas une seule fois ne s'était-elle sacrifiée pour le bien de son enfant quand lui n'avait jamais hésité de se mettre entre son père et elle pour la protéger d'une potentielle crise de colère. Lian n'en avait pas conscience à l'époque, simplement heureux de recevoir un peu d'amour, d'affection et de réconfort de la part de quelqu'un, toutefois en grandissant il avait été contraint de se rendre compte que finalement, il avait toujours été seul.

(eight) Au sein de la faculté, mais également en dehors, le jeune homme a sa réputation. On le connaît pour être quelqu'un d'impulsif, pour être une personne dont il est préférable de ne pas trop énerver ; hors, c'est aussi un garçon qui aime sortir, qui aime boire, faire la fête, finir ses soirées dans des milliers de draps. Il est ce fils de riche qui n'a honte de rien, il est cet individu qu'on a du mal à cerner, qui préfère communiquer par les poings que par les mots, alors on ne l'approche pas, on le fuit, sans savoir qu'en réalité, ce qu'il a probablement le plus besoin, c'est juste un peu d'aide. Une aide de n'importe qui, d'une personne qui pourrait lire tout son désespoir dans son regard, lui tendre la main et lui révéler ces mots qu'il avait toujours rêvés d'entendre : « Je te crois. »

Autrefois grand menteur, s’il l’est toujours encore un peu aujourd’hui, c’est simplement pour dissimuler ses peurs, ses peines et ses doutes, pour cacher une vie qui n’a rien d’honorable et qu’il est contraint de subir chaque jour. Provocateur, charmeur, séducteur, froid, véritable boule de rage, bagarreur, il existe tant de terme pour le définir. Parfois paradoxe, parfois étrange, Lian est un jeune homme compliqué à décrire… Parce qu’il peut être l’eau comme il peut être le feu, il peut être le jour comme il peut être la nuit. Il ne vit que pour le danger, que pour se rebeller, que pour subir cette vie qui le traîne et le foudroie chaque jour. Des objectifs, il n’en a plus vraiment, il affronte toute nouvelle journée comme elle vient, se servant de ses poings pour vivre, pour être quelqu’un. Il cherche les problèmes, il les attire, autant qu’il les craint une fois la porte de la maison familiale franchie. Et pourtant, par lâcheté ou par manque de courage, il n'a jamais été en mesure d’en finir avec sa vie. Y songer, oui, il l’avait fait, sans jamais passer à l’acte. Une envie de vivre ou une peur inexplicable de mourir, il n’avait juste pas réussi. A croire qu’il aimait souffrir. Oui, il aimait souffrir. Parce qu’à être rebelle comme il l’était, ce n’était que pour appeler à plus de souffrance. Ce n’était que pour recevoir encore plus de blessures. Être torturé, être brisé, il ne savait pas comment se sortir de cette sphère infernale. Il subissait comme il avait toujours subi, et s’il se battait, c’était probablement pour crier de ses poings ce qu’il ne pouvait tout simplement pas hurler à voix haute.