[ J'arrive bientôt ]

Message que tu envoyas à ta meilleure amie, les doigts accrochés au téléphone, le regard anxieux s'élevant dans les airs, cherchant inlassablement cette lune qui semblait te guider. Mais elle était invisible aujourd'hui, la lune, encore cachée par le dieu soleil. Tu restas immobile quelques instants. Etait-ce une bonne idée ? Tes yeux collés à l'affiche tu avais envie de dire oui – mais ton cœur disait non. Un gros non. Et si on te reconnaissait ? Impossible n'est-ce pas ? Ca faisait si longtemps... Personne ne pourrait se souvenir de ton visage, pas vrai ? Tu espérais. Tu voulais profiter de ce genre d'exposition librement. Un challenge, pour toi. Tu n'allais pas jouer, pas parler, juste passer. Observer, acheter peut-être. Tu allais t'arrêter, regarder, détailler, t'inspirer – pour de futurs dessins sans doute. Puis tu allais rentrer, ne croisant la route de personne, le regard de personne. Tu déviais déjà les pupilles, et tu n'étais pas encore à l'intérieur.

[ J'y suis ]

Tu soufflas discrètement, serrant ton appareil, avançant timidement dans la file. Tu entras tout aussi timidement dans la bâtisse, incertaine, les yeux collés à l'écran de ton téléphone, voulant être rassurée par les mots d'Eun Ji. Tu gardas l'appareil en mains, refusant de le lâcher, comme s'il était ta bouée. Un moyen de te sortir de là si les choses tournaient mal. Un moyen d'avoir la voix réconfortante d'Eun Ji si quelque chose te faisait peur. Marchant le visage baissé, tu avais du mal à tout bien voir mais au moins tu ne croisais le visage de personne. Tu remarquas après quelques mètres que tout le monde était bien trop occupé pour te calculer. Tout le monde était bien trop occupé à observer ces personnes jouer, juste là, devant. Curieuse, tu t'y aventuras, te faufilant discrètement entre les silhouettes, écrasant leurs ombres au passage. Tu détaillas le jeu, l'écran, tes yeux scrutant ce pseudo particulier. Immédiatement, tu te mis à chercher. Qui était-il ? Comment le reconnaître ? Tu observas de longues minutes, avant de t'approcher, étudiant son jeu, le personnage à l'écran, te faisant une petite place derrière lui, à peine remarquée par la foule. « Si tu passes sur le côté, il y a une clé », conseillas-tu, la voix basse, mais tremblante, le coin des lèvres à peine levé. Et tes doigts qui serraient ton téléphone à en faire pâlir tes jointures – parce que t'étais encore effrayée. Parce que la lune n'était pas là pour te guider. Parce que tu osais lui parler, t'espérais ne pas faire une bêtise. Une erreur. Ne pas regretter.  

Une lubie. Certains diront que tu te rapprochais d'un âge qui ne laissait plus de place à l'improvisation, à la détente, un âge qui t'emmenait progressivement à une "crise", un peu comme l'adolescence mais à l'envers, cherchant à rajeunir au lieu de vieillir. Personnellement tu n'y voyais rien de lier. Par contre, ta liberté avait radicalement changée, avec ton emploi du temps. Tes entraînements étant réduit à un point que tu avais trop de temps, te laissant alors le plaisir de découvrir. Et quelle bonne idée les jeux. Ce n'était pas si récent, pas non plus un domaine que tu ignorais depuis des années alors tu te qualifiais de bon joueur sans être expert. Mais le temps d'écran ne faisait que grandir depuis cette retraite anticipée. Pour le bon ou le mauvais, l'esprit occupé à jouer plutôt qu'à ressasser un moment que tu ne pouvais de toute façon pas changer. T'énerver sur des gens fictifs ou des personnages étaient peut être pas aussi productif que tu laissais entendre, mais ça te plaisait. La preuve était cette vadrouille dans ce salon. L'envie d'être accompagné était grande mais le nombre de candidats bien bas. Alors tu profitais simplement d'un moment pour tenter quelques exercices de sociabilité.

Et par social on entendait aussi Battle, dans l'univers du jeu. Dans cet univers où tout le monde était soit un ami, soit un ennemi. Aucun entre deux. Alors lorsqu'il avait cherché quelques participants pour jouer et faire une démonstration tu n'avais pas été dernier, t'installant alors à un des postes qu'on te proposait. La main venant toucher un peu à tout tu souriais simplement la concentration venant rapidement à toi. Comme à la maison , te disais tu, le traque devant autant de monde qui ne faisait que s'attrouper de plus en plus nombreux pour observer ces gens qui se défiaient. Pour le coup tu étais simplement là pour t'amuser, tu voulais pas détruire tout le monde et sortir vainqueur. Comme si te justifier allait changer le déroulement. D'ailleurs la partie commença et ton regard changea. Il était concentré, les pulpeuses serrées, loin de ce sourire que tu offrais en temps normal. Il était temps de jouer, et Han Jae ne comprendrait certainement pas, mais parfois tu pouvais te mettre en colère, tu pouvais être heureux, pour un jeu. Bien qu'il soit celui qui changeait le plus de tes émotions. A croire qu'on te défiait avec cette voix juste derrière toi, une voix comme sorti d'un casque de réalité virtuelle mais plus tremblante, aidant alors des joueurs en difficulté. Et sans rien demander, sans même bouger tu l'écoutais. Arborant ton premier grand sourire heureux d'avoir réussi, sûrement grâce à cette voix, qui t'intriguait. Le regard voulant en savoir plus tu regardas rapidement derrière toi, la silhouette de cette jeune femme renfermée sur elle frappant ton esprit. Mais le jeu n'était pas fini et tu ne devais pas te déconcentrer. " Merci. Tu veux m'aider? Coéquipière. " Comme un pilote et son co pilote elle pouvait participer à l'action à travers tes actions, t'aider pour ... réussir. gagner n'était pas un but, mais si c'était le cas alors tu ne te plaindrais pas.

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Jouer aux jeux vidéos te libérait autant que le dessin. Tu t'exprimais dans l'un comme dans l'autre. De manières différentes, de façons diverses, mais ça t'aidait à te soulager l'espace d'un moment. En dessinant, tu posais sur papier toutes ces choses qui te rendaient tristes. Comme si les étaler sur un morceau de feuille les rendra moins sévères. Comme si cela pouvait rendre les souvenirs moins douloureux. Ca ne fonctionnait toujours mais tu pouvais t'évader, au moins, et c'était déjà quelque chose que tu appréciais. En jouant, tu te défoulais, te perdant dans un monde où tu étais un personnage important. Te perdant dans un univers où tu pouvais terrasser le mal et faire régner le bien. En pratique pas vraiment. Mais pendant que tu jouais, tes mauvaises pensées se taisaient, au moins. Et tu te sentais libre et légère.

Tu craignais qu'on puisse te reconnaître. Tu avais grandi depuis tes dernières vidéos mais tu ne doutais pas des capacités de certaines personnes à pouvoir relier un regard à une vieille image. Tu ne doutais pas de certaines personnes, capables de te reconnaître même si tu portais un masque. Tu avais juste peur, trop effrayée pour croiser d'autres regards, préférant garder le tien bien bas. Là où on ne pouvait le voir. Préférant te faire petite, discrète, de façon à ce qu'on te repère pas. Et ça semblait fonctionner, pour le moment. Tu voulais croire que ça fonctionnerait jusqu'au bout. Mais voilà que tes prunelles reconnaissaient un pseudo. Et pas un mauvais, non. Quelqu'un avec qui tu pouvais bien parler. Quelqu'un qui avait su te défendre mais aussi en défendre d'autres. Ca avait été si rare que tu avais retenu chaque syllabe de son nom. Ca avait été si rare que, bêtement, tu vins l'aider pour gagner la partie. N'était-ce pas imprudent ? Sans doute. Les joues chaudes, tu n'osais pas vraiment croiser son regard. « T'aider ? », marmonnas-tu, surprise, lançant quelques regards autour de vous. C'était étrange de se faire appeler « coéquipière ». T'avais l'impression que ça faisait longtemps que tu n'avais pas fait équipe avec quelqu'un pour jouer. Pas comme ça. « Je sais pas si je peux. J'ai pas... », tu déglutis, secouant un peu le visage. « Je... connais pas tout le jeu. Je suis pas sûre d'être une grande aide finalement », marmonnas-tu, la voix de plus en plus basse. « Attention il y a de l'eau après. Il y a des crocodiles. Ils te tuent si tu fais pas attention », expliquas-tu simplement, l'index tremblant désignant rapidement et discrètement un chemin, les joues toujours rougies.  

C'était un monde virtuel intéressant même si beaucoup le diabolisait. Rien n'était vrai. Tout était faux. Les arguments n'étaient pas poussés et se contentaient de blâmer les jeux pour la violence, la déscolarisation, l'autarcie. Les jeux avaient bon dos. Dépression, jeunes sans avenir, jeunes solitaire, voire avec des tendances spécifiques comme si la passion était décidé par votre état psychologique. Et pourtant dans toute l'ironie de la vie, certains professionnels des jeux étaient prisés, représentés, les mentalités s'ouvraient. Quand t'étais gamin, on te mettait pas devant une machine c'est vrai. Mais t'as ressenti la solitude quand t'as avoué qui tu étais. T'as senti la dépression te frapper de plein fouet quand tu l'as perdu, quand on t'a abandonné à ton sort. C'était simple de trouver un coupable pour tous, plus que de guérir les individus et changer les mentalités.

Maintenant tu jouais comme un "gamin", tu gagnais comme un adulte. Oser monter la voix, ou plutôt écrire des pensées non partagées. Oser dire que ce qu'ils faisaient était mal, parce que discriminer derrière un écran, ou en face, c'était tout aussi moche que c'était inutile. Montrer qu'ils avaient tord. Une mission que t'avais pris à coeur en étant témoin. sûrement l'âge. Que dirait les gens s'ils savaient ton âge derrière ce pseudo? Peut être que tu faisais le rabat joie. Et pourtant tu n'oubliais pas un pseudo qui t'avait surement rappeler qui tu étais, d'où tu venais et combien les gens te pointeraient du doigt. Comme les danger furent pointer du doigt pour te permettre de les éviter. C'était quand même dingue de savoir ça sans connaître le jeu. " Même si tu ne sais pas tout.. je prends toute aide. " Un sourire lancé à son égard, les pupilles ne pouvant cependant pas quitter l'écran. Tu tapotais simplement son dos dans un esprit d'équipe. "On fait équipe maintenant. " Et elle était bien plus forte que tu ne pouvais l'être malgré ton niveau, ses conseils furent d'une aide précieuses, te permettant de remonter dans un classement dérisoire. "C'est quoi ton nom coéquipière? Moi c'est .. Ahhhh ahh ohhh " C'était moins une ... tu avais failli mourir. T'espérais quand même qu'elle ne t'appelle pas " ahhh ahh ohh " ce serait drôle; mais idiot. " Je reprends cette conversation dès la partie terminée. " C'est vrai que fesses, abdos et dents serrés on allait pas loin.

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Tu voudrais vivre dans un jeu – mais n'était-ce pas un peu triste comme affirmation ? Certainement.  Possiblement. Tu ne savais pas, en réalité. Dans l'absolu, vous étiez des personnages de jeux vidéos contrôlés par les autres aussi non ? La société contrôlait les hommes. L'argent, l'amour, la jalousie, la haine... il y avait toujours quelque chose contrôlait le cœur des hommes. Alors vivre dans un jeu vidéo reviendrait au même non ? Au même mais en mieux. Tu ne sentirais plus rien. Ni la peur, ni l'angoisse, ni la peine. Tu ne sentirais plus la joie, non plus. Mais quelque part t'avais peut-être peur de la ressentir à nouveau. Peur qu'on ne vienne la couper, et la réduire en morceaux. Peur qu'on vienne à nouveau te briser.
Dans un jeu, tu ne pourrais pas mourir. Et même si c'était effrayant, ça avait aussi un côté attrayant. Parce que tu ne te souviendrais de rien – tu recommencerais simplement au point où tu avais chuté.

En attendant, tu n'étais pas dans un jeu vidéo. Tu étais une personne, avec ses craintes et ses envies. Avec son caractère et ses ressentis. T'aurais pas pensé te mêler ainsi à la foule, encore moins approcher quelqu'un pour souffler des conseils. Mais ce n'était pas n'importe qui. Ce pseudo faisait remonter de nombreux souvenirs, des bons comme des mauvais. Et tu supposais que tu lui devais au moins bien ça – et même plus encore mais tu n'aurais jamais le temps ou les moyens pour tout lui rendre. « D'a...ccord », te retrouvas-tu à articuler, clignant des paupières comme si ta bouche venait de parler sans l'accord de ton cerveau. Tu rougis un peu plus, le regard pétillant d'un quelque chose que tu avais oublié depuis tout ce temps. Faire équipe. Ca te manquait, de faire équipe avec quelqu'un ainsi. Tu jetas quelques regards autour de toi, ayant toujours peur qu'on puisse te reconnaître. Mais comment le pouvait-on ? Tu avais grandi, tu n'étais plus la même... et ton pseudo n'était pas inscrit sur ton front. Hors la peur n'avait pas de logique. Le visage penché, tu l'observas étrangement pendant de longs instants. « Tu joues bien... Ahhh ahh ohh », lanças-tu, sachant très bien que ce n'était pas son pseudo. Normalement. « Plutôt original », admis-tu dans un rire à peine audible. « Je.. n'ai pas de pseudo », offris-tu comme réponse, hésitante et perturbée. « Cette conversation ? », quelle conversation ? T'avais loupé un bout ? Tu haussas les sourcils, confuse, tentant de reprendre le cours de son jeu. « Il y a un passage secret sur ta gauche un peu plus en avant », tu fronças les sourcils, songeuse. « Je crois que c'est près d'un rocher », tu faisais ton maximum pour aider. Tu restas muette après ça, le regardant jouer, concentrée, secouant parfois le visage, les pupilles suivant attentivement les mouvements du personnage. « Ahhh ahh ohh », lâchas-tu, le doigt vers l'écran. « Le coffre sur ta droite. Il y a du ravitaillement et des munitions » 

Comment en étiez vous arriver là? Et bien la jeunesse t'avait perdu, le travail avait caché les joies d'une vie trépignante derrière un écran et tu avais ignorer tout de ce monde virtuel pourtant si attrayant. Jamais la même chose, même lorsqu'on recommençait 30 fois la même partie. Il y avait toujours des variantes, des actions, des détails qu'on découvrait ensuite. Sans parler de tout le travail des caractères, des personnages, des ambiances. Ton respect allait vers tous ces gens qui y travaillaient dur quand tu découvrais tranquillement et que tu plongeais dans 'l'univers pour t'y perdre. Tu voyais déjà les gens d'âge mûr te juger. Mais qui pouvait t'atteindre quand on t'avait déjà brisé?
Anormal. Dérangeant. Pour ce que tu étais on t'avait viré. En toute légalité, secrètement, sans qu'aucun mot ne sorte de ta bouche. Maintenant tu ne perdais plus rien, retrouvant simplement une joie de vivre que tu avais mise de côté.

Choisi à la va vite ton pseudo t'avait fait entré dans un monde inconnu devenant ton tout. Ton passe temps, celui qui te ramenait vers les autres. Mais ce monde ci avait également des défauts, des moments d'ombres qui avaient ternis ta joie. Ils avaient réussi à te sortir de tes gongs, te faire mal. Ces gens enragés qui aimaient taper leur rancoeur pour rien, pour tout. Après tout les jeux n'étaient que des costumes pour des humains. Et les humains étaient mauvais. Heureusement tous ne l'étaient pas te rendant curieux et excité à l'idée de partager cette game avec cette jeune femme timide. Elle acceptée la demande pour ta plus grande joie, écoutant alors attentivement la voix légère qu'elle prenait. Le regard passant de l'écran à son visage tu ne pouvais rien d'autre penser que :douceur. Sauf que la violence te rattrapait manquant de mourir en t'introduisant. Ca cassait l'ambiance plus légère de la conversation. Surtout qu'elle venait à te taquiner sur ce dérapage faisant glisser un rire dans ta gorge. " Et bien tu m'as donné envie de changer mon pseudo, c'est plus drôle ahhh ahhh ohh" après tout c'était la vérité non? Bien qu'il prouvait ta difficulté à rester en vie. " Un prénom? Surnom? Histoire que je puisse t'appeler autrement que coéquipière ? " C'était presque un miracle pour toi d'avoir autant parler, avec autant de sens alors que tu tentais de te concentrer sur le jeu. C'était vraiment pas ton truc de faire deux choses à la fois. Conversation oui. Vos nom tout ça quoi. Mais pour le moment tu étais trop plongé dans le jeu pour répondre. Mais les oreilles grandes ouverte tes mains suivaient particulièrement ses instructions étonné du savoir sans pour autant rien dire ne faisant que suivre. "OH OHHH ICI  " Pinçant tes lèvres tu souris fier tapant dans la main libre de ta coéquipière avant de reprendre. Tous les tips servant tu te félicitais de lui avoir demander d'être ta coéquipière. Par contre elle pensait réellement que c'était ton pseudo? Tu prenais ça pour une blague mais là tu doutais. Peu importe tu avançais, écoutant toujours ses instructions, partageant parfois, vocalement, ton stress. Tu avais bien l'intention de finir le game et gagner. C'est pour cela que vous vous  battiez comme la meilleure team qui n'ait jamais existé. A la fin tu te levais les bras en l'air. " On l'a faiiiiit yeahhhhh merci beaucoup" Le visage vers elle tu souriais comme un idiot. " Je t'invite à boire ce que tu veux !" Après tout elle y était pour beaucoup dans cette partie finie. " En fait moi c'est Seung Hwan enchanté. " non pas que ahhh ahhh ohh ne t'aille pas.. c'était tout de même mieux d'avoir ton prénom.

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Parfois t'aimerais retrouver ça. Cette passion que tu avais, avant. Tu l'avais toujours, bien sûr, mais elle était plus muette. Tu appréciais dans le silence, ne partageant plus réellement. N'osant même plus donner ton avis en ligne. Tu lisais celui des autres, approuvant ou non, mais tu n'entrais plus dans le débat. Tu ne lançais plus d'idées. Tu n'intervenais plus. Tu restais dehors, ailleurs – loin. Ca t'avait coûté bien trop de voir tout ça de près. T'y avais perdu trop de plumes et tu espérais pouvoir garder le peu qu'il te restait. L'humain t'avait détruite, et sans doute qu'il en détruira d'autres encore. Dans tous les cas tu ne voulais pas y repasser. Une fois c'était déjà trop. Alors tu gardais les lèvres fermées, laissant le silence aux portes de ta bouche. Les mots restaient cachés. Tes pensées encore plus. Une façon de te protéger, sans doute. Est-ce que ça marchait ? Pas vraiment. Car les souvenirs étaient toujours là, et ils étaient délicats. Quelques noms sortaient du lot, des pseudos que tu n'avais pu oublier grâce à leur gentille – mais pas assez nombreux, comparés aux autres. Tu pouvais pas dire que ça te plaisait de fonctionner ainsi, toi qui avais d'autres habitudes avant. T'avais plus le choix et peut-être que la personne qui te dirait qu'on avait toujours le choix ne comprendrait pas. T'étais déjà sous l'eau, t'avais pas besoin de toucher le fond, non plus. Tu restais là alors, à ses côtés, le guidant avec timidité. Le visage faiblement penché sur le côté, un faible son amusé roula dans ta gorge alors que le coin de tes lèvres s'élevait doucement. « Disons que c'est original, plutôt », commentas-tu simplement, un mouvement vif des épaules secouant ton corps. Tu te permettais de le taquiner alors que tu ne le connaissais pas vraiment. « Tu vas changer de pseudo ? », demandas-tu tout de même, curieuse mais quelque peu sceptique. Les lèvres pressées l'une contre l'autre, tu semblais hésiter. Devais-tu rappeler qu'on ne donnait pas son nom aux inconnus ? Non. Il n'était pas si inconnu que ça. Juste... que t'avais peur qu'on écoute. « Ca me va bien, coéquipière », ou Coco pour les intimes, s'il le souhaitait. Tu te concentras sur son jeu, observant les mouvements de son personnage, indiquant les petites astuces qui pourraient le faire gagner. Rien n'était jamais sûr, dans les jeux. Tu clignas des paupières, la chaleur de sa paume réchauffant encore la tienne, tes pommettes rougissant alors que tu lui lançais un regard, le détournant vers l'écran. Tu tentais de rester calme, tentant d'oublier la gêne, continuant de partager tes « maigres » connaissances. Moins démonstrative que lui, tu te contentas simplement de sourire et de l'applaudir. « Je n'ai rien fait », tu secouas un peu les mains. « Et de rien, avec plaisir », tu relevas le regard vers lui, le sourire fin et timide. « Oh non ce n'est pas la peine, j'ai pas... », fait tout ça pour ça. Tu te mordis un peu la lèvre. « Enchanté Seung Hwan », énonças-tu lentement, les pupilles dessinant son visage, comme pour t'en souvenir. Peut-être qu'il n'était qu'un rêve, que sa gentillesse n'était que le reflet de la lune. « Aeri », te présentas-tu enfin, te courbant poliment. Tu restas silencieuse ensuite, jetant quelques regards furtifs aux personnes autour de vous. « Ils proposent des mochi, là-bas », tu indiquas un stand au loin. « Je voudrais en chercher pour ma meilleure amie, elle adore ça. Ils proposent à boire aussi, je crois. Si... tu veux », les doigts entremêlés devant toi et le rouge sur tes joues marquaient ta gêne, et ton incertitude. « J'ai reconnu ton pseudo. Pas Ahhh Ahhh Ohhh. L'autre. Et... enfin. Oui. Voilà. Merci », ça ne voulait absolument rien dire. Etant donné que tu n'étais pas présentée sous « nanikore », il ne devait pas vraiment savoir qui tu étais, pas vrai ? 

Les écrans en guise de masque, ils se prenaient beaucoup trop pour des gangster, des vengeurs masqués ou bien des hommes invisibles. Sur internet rien n'était puni, sur internet on déversait sa haine. Internet et ses vices, ses pièges. Tout le monde en faisait, des erreurs. Mais tu n'avais jamais supporté l'injustice, l'irrespect et toutes ces formes irritantes et dégoûtantes de rabaissement. Laisser les autres tranquille, quand bien même sa vie ne nous plaisait pas. C'était pourtant simple. Et pourtant, il semblait que tout cela était bien trop dur pour certains qui ne cessaient de perdre leur temps, et faire perdre celui des autres. a croire que l'ennui avait gagné leur foyer et que plus rien ne semblait combler ce vide qui les entourait. Pourtant elle n'était pas compliqué à comprendre, cette philosophie de vie qui demandait de s'occuper de son derrière. Parfois se mêler avait pourtant du bon, comme cette petite voix qui venait te donner les réponses discrètement. Comme une coéquipière surprise. L'aide était toujours bien prise même avec un humour léger, riant chacun d'une erreur, d'un moment de relâchement. " Ca l'est !" après tout qui s'appellerait comme ça ? Tu avais vraiment envie de changer d'un coup, prenant cette rencontre comme un vrai signe de chance. " Of course ! j'aime beaucoup trop ce nouveau surnom. " Quant au sien, il te manquait toujours, t'empêchant de l'identifier facilement, laissant l'étrange étiquette générique de coéquipière. Ce qui semblait l'arranger. Mais il n'était guère temps de réfléchir à un nom tandis que le jeu battait encore son plein et que ses conseils arrivaient à toute vitesse, sans être rapides. C'était d'ailleurs grâce à elle que ce long combat. Peut être qu'elle niait une implication importante mais tu savais, que la petite voix au dessus de ton épaule avait fait de toi le roi du jeu. Un peu comme un copilote. Encore mieux même, vous formiez une bonne équipe. Et malgré ce qu'elle disait tu voulais l'inviter, partager un verre qui était bien mérité quand bien même son implication n'était pas si grande comme elle le disait. C'était rare pour toi de te faire des amis, dû à l'âge, la timidité ou cette pression constante de ne pas se sentir comme les autres. La peur au ventre que quelqu'un découvre ton vrai toi. Pourtant ton sourire était vrai, tourné vers elle comme un enfant. Et son prénom tu le retiendrais. "Enchanté également Aeri. C'est joli comme prénom. " Et ça lui allait divinement bien. Gardant cette partie pour toi, idiot mais pas débile au point d'oublier que toute remarque de ce genre pouvait mettre mal à l'aise. D'autant que tu étais un pur inconnu.
Le regard suivant alors le stand qu'elle te montrait c'est l'idée même de mochi qui te donna envie, la tête se secouant dans une acceptation silencieuse mais tonique et énergique. "Parfait allons y alors. Tu aimes bien les mochis toi ? " Parce qu'il fallait se faire plaisir également. C'était un point crucial, comme celui de dire la vérité. Cette même vérité qu'elle n'était en aucun cas obligée de t'avouer et qui pourtant te fit ouvrir de grands yeux. " moi ? Tu me connais ? " Connaître était un bien grand mot. Tu n"étais pas un acteur ou un chanteur. C'était sûrement une idée, un pseudo qui lui disait vaguement quelque chose. "Donc tu joues pour sûr. A connaître tous ces détails, et puis mon pseudo. C'est pas comme si j'étais connu ou que tout le monde parlait de moi. " Il fallait quand même le vouloir pour jouer avec toi. Surtout que tu n'étais pas des plus doués. "Alors Aeri .. Qeu fais tu ici ? " Si elle ne comptait pas essayer de jouer alors qu'elle savait comment faire. La curiosité te prit alors.

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Ca t'avait faite peur de venir ici et de peut-être croiser des gens qui te reconnaîtraient. Pourtant, tu avais changé. Tu n'étais plus la même qu'à l'époque, tu avais grandi. Quelles étaient les chances qu'on te reconnaisse ? Ce n'était pas comme si tu avais ton pseudo inscrit en grand sur ton front, pas vrai ? Tu ne l'avais pas, hein ? Non. Alors tu ne risquais rien, pas vrai ? Tu essayais de t'en convaincre, l'idée t'échappant en croisant des regards, la peur te tordant l'estomac et te faisant détourner le regard. Tu ferais quoi, si on te reconnaissait ? Rien, probablement. Comme à l'époque, tu laisserais faire. Tu tournerais les talons et tu rentrerais. Peut-être même que tu irais t'enfermer dans ta chambre. Que tu ne voudrais plus sortir. Comme à l'époque. Tu te faisais du mal toute seule à imaginer que chaque personne que tu croisais savait qui tu étais. Alors que ce n'était clairement pas le cas. De toute façon, qui oserait dire quelque chose ? Leurs écrans n'étaient pas là pour les protéger, comme à l'époque. Le sourire léger, tu semblas amusé, lui adressant un bref regard avant de le fixer sur l'écran. « Il est adopté alors », articulas-tu doucement, la voix vibrant dans un rire léger alors que tu secouais le visage. Si ce nouveau pseudo lui convenait, qui étais-tu pour dire le contraire ? C'était original. Il pouvait être sûr d'être le seul appelé ainsi. Et puis, il y avait encore plus bizarre comme surnom – t'en avais vu et t'en voyais des bien étranges encore. Tu tentais de faire de ton mieux pour le conseiller, souhaitant à tout prix le voir gagner. Une façon de le remercier pour ce qu'il avait fait à l'époque. En quelque sorte. T'étais pas douée avec les mots et tu te voyais mal lui dire merci de manière brusque. Et il avait gagné, te rendant satisfaite comme si tu avais gagné, toi aussi. Le sourire fin, les pommettes rosies, tu te courbas poliment, enchantée aussi. « Merci beaucoup », tu vins faire passer une mèche de tes cheveux derrière ton oreille, l'esquisse timide.

« J'aime bien, oui. Ma meilleure amie adore ça alors.. j'en mange dès que j'en vois. Par habitude. Et puis je pourrais peut-être lui en amener », tu te pinças un peu les lèvres, ayant l'impression d'en avoir trop dit ou au contraire, pas assez. Mais il était vrai que tu pensais toujours à Eun Ji en voyant des mochi. Tu hochas le visage à sa question pour confirmer, le sourire discret. « Peut-être que oui. Peut-être que non », articulas-tu doucement, essayant maladroitement de faire planer le doute. Mais il n'y en avait aucun ; tu jouais. Tu avais joué. Tu jouais encore, parfois. « Je voulais refaire un tour ici, ça faisait longtemps », tu haussas un peu les épaules. « Je voulais juste... », tu soufflas, la main désignant vaguement l'espace autour de vous. « Ca fait du bien de repasser par là, de revoir les gens jouer comme ça ou de découvrir des choses et d'autres », de tomber sur les bonnes personnes au bon moment, aussi. Tu tournas tes prunelles vers lui, l'observant sans rien dire, le sourire reconnaissant. « T'as l'air d'être vraiment quelqu'un de bien », pas que tu en aies douté mais il aurait pu changer, avec le temps. Ca ne semblait pas être le cas, et c'était agréable. Le coin des lèvres se levant doucement, tu désignas le menu. « Tu veux prendre quoi ? », changement de sujet absolument réussi ! Ou pas. Tu espérais que oui. « Je vais prendre des mochi. Pour ma meilleure amie. Et pour moi aussi. Tu veux goûter ? » 

Penser à la peur que provoquait l'écran était ironiquement horrible. Comme un monstre qui venait vous rattraper pour vous empêcher de bouger. L'écran, internet, ces gens qui pensaient ne pas avoir à subir de punition. Cacher derrière des numéros d'un ip pourtant traçable. Essayait on de les en empêcher ? La police allait elle remonter chaque ordinateur ? Le laxisme allait bon train et chacun prenait de l'ampleur, des grosse voix dans des hauts parleurs. Finalement ce n'était que des ombres tout aussi effrayer d'une lumière aveuglante. Des ombres que tu voulais tout de même rappeler à l'ordre quand cela était possible. L'âge passé, la peur d'être rejeté en moins. La peur de l'échec inexistante tu te lançais simplement, le nez retroussé lorsque tu perdais. Mais avec cette équipière de qualité tu allais gagner n'est ce pas ? Mieux encore tu allais profiter de ce moment à deux et non plus seul. Le but de cette réunion étant de partager. "Parfait ! " Tu veillerais à l'écrire bien, sans promettre de réussir. La joie éclatant alors à la fin du game les bras levés dans une sorte de danse étrange. Des rires partagés et le temps devant vous, vous vous présentiez enfin, plus calmement, loin des attaques de monstre.

Ta place laissée au prochain c'est au prochain stand que vous vous dirigiez, histoire de remplir les estomacs creux. Du moins le tien n'était pas d'accord de ce manque de nourriture. " Ahh c'est mignon. C'est très gentil de ta part, on va voir si on peut en prendre à emporter. Je connais pas trop les salons comme ça. " Relativement nouveau dans ce monde d'écrans tu n'avais pas passer ton adolescence à courir après les jeux mais les médailles. Ce qui ne semblait pas être le cas de ta camarade du jour qui semblait indiquer son habitude à fréquenter ses lieux, bien que le doute planait quant à son activité sur les jeux à ce jour. " Oh je vois. Donc tu jouais, et tu allais souvent dans ce genre d'endroit.. Je comprends pourquoi tu es revenu, c'est vraiment drôle. Et spécial. Ici tout le monde aime la même chose. " Les jeux, les sorties, les nouveautés, parler avec les autres, sociabiliser. Il y avait un côté irréel à trouver tout ici. La surprise toujours sur ton visage de voir quelqu'un qui pouvait te connaître, te reconnaître. Même simplement de pseudo tu trouvais cela grisant, comme un enfant heureux de son premier compliment. "C'est gentil, je fais tout pour l'être en tout cas ! Je suis sûre que tu es quelqu'un de bien aussi Aeri.  " Le sourire présent c'est sa demande qui te sorti de cet enchaînement de compliments. " Ah hum.. j'aime bien les mochis .. j'ai envie d'un bubble tea là... et des mochis aller soyons fous. " Tu ne mangeras probablement pas ce soir en remplissant ainsi ton estomac mais au moins tu auras eu un bon moment. "Tu ne veux rien à boire ? Il fait vite chaud.  " Prêt à payer la commande une fois finaliser tu attendis son dernier choix pour payer, la commande rapidement retirée. "Tu veux t'asseoir pour manger un peu ?  " Proposais tu, ignorant depuis quand elle piétinais ici.


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