« Ah bon ? Sans doute à cause de l'image d'avocat ?  », t'avais pas le caractère le plus avancé et le plus affirmé, tu devais bien l'avouer. T'avais rien à faire là-dedans et c'était un peu comme si elle te le disait de manière détournée. Mais où devrais-tu aller ? Un faible « Oh » vint t'échapper – et tu te demandais comment elle faisait pour garder tout ça secret. « Je comprends », vins-tu alors articuler dans une esquisse, ne jugeant aucunement le silence dont elle faisait preuve face à ses parents. C'était son choix de toute façon et comme elle le disait, elle avait ses raisons. « Apparemment », ça faisait une belle décoration alors que tu n'y mettais aucune énergie. Tu levas un peu les épaules, le sourire discret mais aussi gêné car vraiment, tu aurais pu ne pas être dans une fraternité ça aurait été la même chose. Mais tes parents avaient décidé que tu devrais donc... « Je serai ravie de te servir », articulas-tu avec le sourire, heureuse de pouvoir y croiser un visage familier. « Je ne vais pas beaucoup au cinéma mais si j'y vais, je viendrai », affirmas-tu dans un mouvement du visage. Si elle venait tu devais lui rendre la pareille donc tu passeras. Tu allais bien trouver le temps, un jour. « Oh je ne connais pas », soufflas-tu doucement, à la fois émerveillée mais aussi désespérée car au final tu te rendais compte que tu ne connaissais pas grand chose. Quelle vie menais-tu ? « Ca doit être chouette la guitare », commentas-tu dans un sourire, soulagée qu'elle accepte. La compagnie te ferait du bien, te fera penser à autre chose qu'à ce piano qui te jugeait à chaque fausse note. « Ce que je préfère ? Je joue du classique en général donc... le classique, je dirais », tu lui offris un sourire léger. « Oui pourquoi pas. Je dois juste... », que tu commenças, inspirant, te pinçant les lèvres, les pommettes colorées. « J'ai déjà tout... », tu te raclas la gorge, tu pouvais pas dire non. « Je te donnerai mon emploi du temps. Je pense qu'on peut facilement trouver des créneaux libres des deux côtés et... », tu agitas vaguement la main dans un rire léger mais un brin nerveux. Tu allais devoir recalculer le reste mais c'était pas grave – tu te mordis quelque peu la lèvre. « Est-ce que je te noterai aussi les heures de mes cours de piano ? Et quand je travaille ? Tu pourras me noter quand tu travailles aussi, ça m'évitera de proposer un jour où tu ne pourras pas du tout », proposas-tu, les sons rapides contre tes lèvres. Comment les gens s'arrangeaient en général ? D'habitude tu décalais tout, disant simplement que t'avais rien de prévu alors que tout se mélangeait. T'allais devoir tout accommoder. Et surtout ne pas lui donner la version de ton emploi du temps où même tes révisions étaient notées. Elle allait prendre peur. « Je dois l'avoir sur mon téléphone, tu veux que je te l'envoie tout de suite ? »

La tête allant de haut en bas tu ne pouvais ignorer cette image stricte et dure que tenait celui qui faisait du droit. Un chemin étroit qui n'avait d'autres solutions que de respecter les clous. Chose que tu ne faisais pas en cachant la vérité, plus que ça, tu mentais en disant continuer les études de médecine. Un mensonge qui brûlait ta langue mais qui t'empêchait de sombrer complètement. "C'est gentil.  " Que tu osais commenter sur cette compréhension soudaine d'une inconnue. Elle ignorait tout mais comprenait. Une sorte de lien vous faisant sourire à l'unisson, chacune comprenant l'autre, partageant un bout de sa vie. Peut-être insignifiant pour les autres mais grand pour vous. L'idée de venir voir l'autre passant clairement dans vos esprits, un léger rire ronronna en entendant ses mots. " Hâte de goûter. " Puis de la revoir, c'est ce que tu suggérais indirectement avec cette phrase. " Parfait ! Je te ferai des pop corns gratuits ! " Ou tu remplirais généreusement le bac. C'est d'ailleurs avec surprise que tu apprenais que le mot mochi ne lui disait rien, la main cachant alors ton sourire. "Je te ferai goûter.  " Ajoutais tu simplement, loin de vouloir la gêner. "C'est tout autre chose, c'est vrai que c'est marrant mais ça fait mal aux doigts.  " Comparé aux touches douces du piano, les cordes venaient entamer quelques peaux fragiles. Mais tu ne pouvais pas dire que tu n'appréciais pas. Les sons différents venaient toujours bercer ton oreille, et tu espérais pouvoir lui faire entendre. Travailler avec quelqu'un permettait de se motiver, de garder la concentration également. Tant que l'autre n'était pas du genre à tout balancer après vingt minutes. Ce que Min Ji ne semblait clairement pas être. Une fois mise d'accord sur ce qu'il fallait envoyer tu hochais doucement la tête, sortant ton portable pour le fouiller dans les moindre recoin à la recherche d'un semblant de planning. Contrairement à elle, tu ne disposais pas de planning bien fait, détaillé et prévu. C'était un peu plus chaotique, et permissif. Des heures qui se décalaient au fur et à mesure de la journée. " Je veux bien, le mien n'est pas prêt, je n'ai que mes cours. Je te l'envoie ce soir ? " Si cela lui allait. Mais tu n'avais pas envie de lui envoyer ton planning du travail ainsi que celui des cours. Le tout devait revenir simple. " J'ai souvent les mêmes jours de libres ou de pris. " Les cours ne changeant jamais vous pouviez compter sur ceux ci pour être présents. " J'ai hâte de t'entendre jouer au piano ! "

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« Des pop... oh non si je viens, je tiens à payer », c'était la moindre des choses. Ca te donnerait la sensation d'être criminelle de ne pas payer... même si elle te les offrait. Tu ne pouvais pas refuser non plus. Tu te mordis la lèvre, incertaine. « Quelques uns ? », repris-tu pour tenter d'effacer ce que tu venais de dire, tu ne voulais pas la vexer encore moins la brusquer. Mais ça te perturbait de ne pas devoir payer – c'était ridicule non ? « Merci », tu mimas un sourire timide, espérant que le « mochi » allait te plaire. Ce serait gênant sinon. Tu feras de ton mieux pour le manger et donner ton impression à Eun Ji. Elle était si douce, si gentille, si jolie – tu ne voulais pas lui faire de peine. Au contraire. Tu voudrais pouvoir lui parler encore, la voir sourire encore. Elle avait un côté apaisant, une douceur qui savait réchauffer ton cœur et le calmer. C'était agréable. « Oh oui j'imagine », tu levas les sourcils dans un air ébahi, admirative tout de même. Il était vrai que le piano n'abîmait pas grand chose – à part les années, la jeunesse et ton moral. T'avais vécu trop de leçons de piano pour réussir à vendre l'instrument. Ca te donnait même envie d'apprendre autre chose. De laisser les touches noires et blanches dans un coin pour te pencher sur quelque chose d'autre. La guitare, pourquoi pas. Eun Ji pourrait-elle t'apprendre ? Ce serait peut-être trop en demander, la pauvre. Elle n'avait probablement pas le temps... et toi non plus, d'ailleurs. Dans quel espace pourrais-tu glisser des cours de guitare, franchement ? « Pas de soucis, oui », tu secouas la tête, l'esquisse embêtée. Tu devais lui faire peur avec ton planning prêt au millimètre près. Tu pouvais presque dire où tu seras demain à la même heure. C'était effrayant... Tu attendras son planning ce soir alors, ce n'était pas un souci. C'était comme ça que tu devrais faire normalement non ? Et pas venir avec ton planning tout fait sur un plateau. « D'accord, ce sera plus simple alors... je suppose », tu clignas des paupières avant de hocher la tête pour approuver ton idée. Un faible son dans la gorge, tu mimas un air gêné, les pommettes rosies et l'esquisse intimidée. « Je ne joue pas si bien que ça... », marmonnas-tu, honteuse, baissant un peu le regard. « Je fais encore plein d'erreurs et Madame Park doit souvent me reprendre. Apparemment j'ai un peu perdu. Peut-être que j'arrive moins à assimiler parce que je ne suis plus aussi jeune ? Enfin je suis pas vraiment vieille mais... », tu te mordis férocement la lèvre, le rouge chauffant tes joues. Tu t'étais perdue. Tu marmonnas un petit « Désolée » avant de te racler la gorge. « J'ai hâte de t'entendre jouer aussi », soufflas-tu avec douceur, la contemplation avec émerveillement, et rêverie. Tu avais hâte de pouvoir la revoir, la retrouver et passer un moment agréable. Tu avais presque hâte de jouer du piano, aussi. Chose rare – mais elle te donnait envie de lui faire plaisir et tu comptais bien faire de ton mieux. Tu ne voulais pas lui faire perdre son temps non plus. Le moment écoulé, tu la saluas avec gentillesse, lui promettant de la revoir bientôt – espérant la revoir bientôt avant que tu ne continues ta journée, suivant ton planning.